Notre groupe reste sur une périodicité espacée (semestrielle, c’est ce qu’il faut pour pouvoir réserver une grande tablée un vendredi soir…
), avec encore des difficultés pour réunir les membres habituels, du coup on accueille Yann, un ami de Lucas, pami nous. Un amateur de bons vins et de bonne nourriture, quelqu’un d’ouvert et qui ne se prend pas la tête, et qui pour ne rien gâcher a des trucs sympas en cave, voilà une bonne recrue.
Et bien sûr, comme d'habitude, tout est à l'aveugle (ou presque, lorsqu'un compère amène par hasard la même bouteille, ça se reconnaît, surtout si ça goûte pareil), non coordonné, et l'ordre de service est au doigt mouillé.
Apéritif
Mise en bouche (je n’ai pas noté les intitulés)
Domaine Tessier - Meursault les grands charrons 2017
Robe paille.
Nez mûr et (joliment) élevé : du fruit jaune, de la noisette/pralin
Bouche sphérique et équilibrée, aussi longue que large même si d’ampleur modérée, avec aussi un agréable équilibre de saveurs entre les notes de fruits que l’élevage accompagne élégamment.
L'accord avec ma mise en bouche fait ressortir un côté sésame grillé qui apporte une touche de complexité supplémentaire.Un digne représentant de son appellation, que pourtant personne n’a osé proposer.
Entrée : Caviar de courgettes, spaghettis de courgettes à l’ail des ours, ketchup fumé aux épices et crème fouettée au chèvre frais.
Domaine des 2 clés - Corbières blanc 2021
Robe vraiment claire.
Là par contre on est vraiment plus perdu sur l’origine : le nez est pour moi perturbant, intrigant et changeant, avec des notes presque chimiques qui évoluent vers du pop corn, et une sorte de fruit blanc difficile à identifier.
Bouche tendue, plutôt puissante mais la tension domine et son aromatique plus contenue contraste avec le nez. L’amertume initiale disparaît rapidement a l'aération.Très intéressant, à laisser se développer car il est jeune et a besoin d’air. Et impossible à placer en Corbières.
Venus la Universal - Dido La soluciò rosa - Montsant 2019
Robe saumonée/cuivrée
Nez fruité (rouge type groseille, blanc type raisin/pêche) et minéral. Brioche grillée à la longue.
Bouche vive et même tendue, puissante, aromatique relativement discrète même si proche du nez. Ce sont ces arômes de fruit rouge qui pourraient orienter sur un rosé si on buvait dans des verres noirs, car le profil est assez proche d’un vin blanc.
Encore une belle cuvée Dido après le blanc découvert en fin d’année dernière.
Poisson : Déclinaison de fenouil, filet de lieu rôti, salade de fenouils et algues, beurre blanc, œufs de truites.
Domaine des Marnes Blanches - Chardonnay en quatre vis - Côtes du Jura 2018
Robe dorée
Nez fruit blanc et jaune, presque exotique. Peut-être aussi un côté réduit ou soufré, car cela disparaît à l’aération.
Bouche traçante (enfin, pour moi, les compères le percevant nettement plus replet que les précédents), mais enveloppée, avec une juste maturité, un profil qui n’évoque pas nécessairement le chardonnay, ou alors macônnais pour moi (les compères pensent à du viognier, je n’en ai absolument aucun marqueur, ni aromatique ni gustatif, cet écart de perception est saisissant).
Mas Jullien - Pays d'Hérault blanc 2013
Paille doré
Nez bien élevé fruit jaune, citron, pas encore totalement libéré, mais déjà apaisé (si ce n’est délivré).
Charnu, sphérique avec une impression de chardo bien élevé, qui me fait immanquablement penser à Montus blanc. Car l’acidité (mûre) n’est pas en reste et laisse la bouche fraîche et porte la finale longuement.
Le blanc de la soirée pour moi.
Viande : Carré de cochon fermier, jus de viande à la moutarde, concombre et tzatzitki, mousse de fromage blanc et oignon caramélisé. (pas évident le tzatziki pour l’accord a priori… mais ça passe !)
Dveri Pax - Modri pinot 2013
Robe rubis intense
Au nez comme en bouche, on est sur du fruit rouge terreux, les tanins poudreux encore un peu accrocheur dans les coins. La bouche reste fraîche mais enveloppante, plus un profil de gamay élevé que pinot, ou à la rigueur un terroir terrien (l’image que je me fais de Gevrey, Pommard). Elevage encore perceptible sans dire son nom et maturité sûrement relativement poussée.
Un vin plus sérieux que jovial qui ne démériterait pas face à un village bourguignon.
Yves et Mathilde Gangloff - Barbarine - Côte Rotie 2014
Violacé pourpre, plutôt sombre et dense, on voit peu à travers.
Un côté fruité avec de la fraîcheur herbacée qui perturbe mes repères puis évolue rapidement sur l’olive noire (intense, l’olive à la grecque, une fois qu’on a mis un nom dessus, impossible de s’en départir) et un côté sanguin, presque métallique. Profil archétypal d’après Lucas, en tout cas pas dans mes repères de syrah nord-rhodanienne (genre coulis de mûre et de violette au bacon).
La structure est nette, carrée, et pourtant il y a de la finesse et de l’élégance. On n’est toutefois pas encore tout à fait sur l’image d’une main de fer dans un gant de velours. Plutôt du chevalier en apprentissage des codes de la cour. Un vin en devenir certainement, peut-être aussi le millésime frais et moins gourmand.
Fromages : crémeux de Massipou (brebis) et chutney abricot
glace au roquefort et chutney fraise (on reviendra aussi sur les vins précédents)
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et
Dessert : Déclinaison de pêche et mousse estragon avec biscuit aux amandes et coulis de pêche et estragon.
Clos Naudin - Vouvray demi-sec 2007
Robe cuivrée, presque diaphane.Coing, sucre léger (très, quasi insensible) corps nettement effilé qui m’évoque le moelleux de la Taille aux Loups de la précédente session. On n’est pas trop loin, mais encore en-dessous en sucres.Un vin éthéré, qui manque peut-être d’un peu de matière et d’énergie pour me séduire pleinement. Et pas les muscles et/ou le sucre pour les fromages et le dessert à mon goût.
Domaine Vaquer - Rivesaltes Hors d'âge Ambré
Robe nettement ambrée, intense, classique de Rivesaltes vieux.Le nez et la bouche confirment l’origine, avec un vin particulièrement bien exécuté et à belle maturité : le sucre se fait discret et la fraîcheur remarquable (ou alors c’est vraiment cette acidité qui masque le résiduel), les notes de fruits secs, fruits à coque et rancio sont parfaitement équilibrées.
Je suis passé un peu vite sur ce vin pour être plus précis, mais je l’ai trouvé un excellent représentant du genre.
Mas Amiel - Vintage - Maury 2011 et 2013
Alors là c’est la blague : sans concertation, mais pour accorder le dessert fruité, nous voici avec la même cuvée sur 2 millésimes différents.Robe plus ou moins foncée (le 2013 est d’un doré net tandis que le 2011 commence à ambrer).
La parenté au nez est évidente avec du fruit jaune, du floral, miellé, presque capiteux et surtout des notes pétrolées qui pourraient vraiment orienter sur du riesling (SGN vue la richesse). Les fruits sont peut-être un peu plus confits sur le 2011 mais les 2 sont vraiment semblables.
La bouche poursuit sur un évident côté fruité et frais ; le sucre et l’alcool super bien intégrés (même vers 12°C comme recommandé) font que le mutage ne saute pas aux yeux et que l’illusion reste permise. On sent là encore un début d’évolution sur le 2011 mais à mon goût elle n’est pas préjudiciable, et les 2 vins réalisent un accord d’école avec le dessert, notamment la pêche.
(NB : fond de bouteille fini à la maison sur un clafoutis de pêche, c’était encore au top !)
Avec un peu de chance, on arrivera à se recroiser d’ici là, sinon rendez-vous est pris au même en droit dans 6 mois. A la prochaine les amis !!!