Mercredi
Des " bulles " à l' apéro, une fois n' est pas coutume !
Crémant du Jura. Stéphane Tissot. Cave de la Reine Jeanne. . Ma découverte de l' année en bulles ( hors Champagne ) avec le Montlouis pétillant bien nomné " Bubulles " de Lise et Bertrand Jousset, magnifique.
Stéphane nous fait là une bulle dangereuse, qui fait craindre l' addiction tant le verre se vide à grande vitesse ( au désespoir des retardataires ! ) et éclaire le regard des convives. C' est frais, c' est fin, c' est savoureux. Derrière la bulle fine et allègre, on est à la fois sur un registre de vin sec et d' un vin étonnament fruité avec une saveur d' abricot bien mûr, éclatant de jus, sur une acidité réjouissante. Le mot émoustillant n' a jamais été mieux porté ! Un vin à l' image de l' oeil pétillant et de la joie de vivre communicative de Stéphane. J' adore, tout le monde a adoré.
On trouve ce vin à Monoprix.
Mauzac nature. vin de table de Robert Plageoles.
Changement de décor. Au plaisir immédiat, facile d' accés du Crémant de Tissot, succède une " bulle " à aromes et saveurs variables, plus complexe, plus intrigante où l' effervescence s' amenuise progressivement pour laisser toute la place à une combinaison étonnante de fruits ( pomme, poire ), de légumes ( fenouil, céleri, navet ) qui se suivent, se croisent, se fondent dans un " jus " pétillant peu alcoolisé ( 11,5° ) donnant une impression de fraicheur, de légéreté, avec une définition trés précise des saveurs au fil de leur apparition. Le Tissot est savoureux, le Plageoles est goûteux. A nouveau, pas de hiérarchie, le plaisir du Mauzac, nécessitant un peu d' attention, tiendrait presque de l' exploration, de l' étonnement partagé d' une " bulle " un peu martienne ! :
Roti de Filet de Boeuf avec quelques pommes de terre, haricots verts et cèpes frais sautés.
Mes dernières bouteilles de Bordeaux 1991 : splendeur, décadence et rédemption Ecrit en partie une heure avant l' arrivée des invités, bouteilles ouvertes et presque dégagées à l' épaule :
St Julien. Ducru-Beaucaillou., bouchon presque impeccable, imbibé sur 2mm au contact du vin.robe rouge sombre aux bords trés légèrement tuilés, nez discret ( ou subtil ) tout en couches superposées où les fruits noirs ( mûres ), le pruneau, une touche de céleri, un coté un peu poivré ( poivre noir ) se fondent en un bouquet épicé, bien mûr.Bouche manquant un peu de tonus, un peu courte mais dont le coté demi-corps laisse apparaitre malgré tout une belle harmonie de saveurs fondues prolongeant les arômes, enrobées par l' élevage qui apparait intégré à la matière qui s' étend et tapisse agréablement le fond de la bouche. Si on oublie l' étiquette, c' est vraiment sympa
...peut être un peu lége pour un Ducru ?
St Esthèphe. Montrose, bouchon un peu plus imbibé, mais trés superficiellement, robe sombre peu évoluée, nez distingué, trés élégant tout en fragances subtiles de feuilles de havane, de cèpes séchées, un halo un peu truffé. La bouche n' est pas une demi-bouche: de la matière, de la tenue, de la longueur avec une belle persistance de saveurs racées sur le fruit, les épices, un coté sous-bois captivant qui semble s' étendre sans fin....Avec l' aération, le nez s' affine, révèle des arômes de poivron rouge, d' épices ( cumin ) avec une touche élégamment vanillée en guise de signature. La bouche est fondue comme les strates d' une pastilla dont chaque couche dégagée sous la fourchette révèle de nouvelles saveurs. Au fil d' une nouvelle gorgée, en écrivant ces lignes, l' ange de l' amertume venait de s' envoler au fond de ma gorge.
Superbe
mais l' histoire ne se finit pas là......
En mangeant, deux heures plus tard, Ducru s' est métamorphosé. Comme si le plat lui faisait retrouver ce qui semblait lui manquer précédemment : une impression globale de matière, de tenue, de longueur, d' équilibre. Comme si Ducru rédempté faisait corps alors à tous les composants du plat, à la saveur et la tendresse du filet, au goût et à la texture un peu croquante du cèpe. Un bel accord où Montrose semblait moins à son aise, un peu à coté de l' harmonie parfaite, comme si, à cet instant précis, sa race indéniable soulignait plus son élevage que sa capacité à s' harmoniser au met pourtant tout simple, tout au service du vin. Au vote final, la plupart des convives semblaient préférer Ducru, je n' en reviens pas encore ! Le vin avait-il évolué, gommé sans carafage ce qui m' apparaissait une heure plus tôt comme des défauts ? Je ne le crois pas. Cela tient, me semble t' il à la magie et au mystère de l' accord, au plaisir de la synthèse qui vous emporte en faisant fi de l' analyse comme si elle n' avait plus lieu d' être face à cet instant d' harmonie, d' unité gustative.
Deux jours plus tard, hier soir, comme il restait un fond de Montrose dans la bouteille, je voulais en avoir le coeur net. Toujours ce bouquet épicé, élégant dont la complexité suave vous caresse et semble vous murmurer : " Ne me penses pas, écoutes moi ! ", cette bouche racée, toute en retenue généreuse, élégante dont il me plait d' imaginer que le vin qui lui donne vie, a traversé le poids des années sans défaillir, même si l' on sent bien que son age mûr le rapproche de son terme.Vin de monologue ou vin de dialogue, que me révéleront les Montrose 93 ( 1 ), 89 ( 1 ) et 82 (2 ) qui veillent au fond de ma cave ? Quel plat, quel vin leur tiendront alors compagnie ?
Tarte aux pommes maison ( the best of Bords de Marne ! )
Coteaux du Layon. Domaine Les Grandes Vignes 2003 Un beau domaine dont j' apprécie les Anjou blanc, les Bonnezeaux, les C du Layon.
nez plein de fraicheur évoquant une promenade sous les pommiers, un soir d' été, quand la nature n' est que fragrances, exhalations. Bouche savoureuse, simple mais franche, sans artifices dont l' intense fraicheur, l' acidité stimulante, le fondu du sucre dans le fruit, le coté un peu dentelle de la liqueur faisaient merveille sur la tarte aux pommes.
Santé, les ami (e)s et Joyeux Noêl !
-D
Daniel