Magnifique spectacle ce samedi régi par un binôme d’édiles hors pair : Julien un géant que la générosité et gentillesse rendent plus impressionnant encore, accompagné de sa douce fée Bénédicte, une éblouissante jeune dame à la délicatesse et au tact inénarrables. Comprenne qui voudra : mais nous les adorons follement. Un énorme merci à nouveau pour nous avoir pareillement choyés.
Notre petit rat d’opéra Sylvain au sourire jocondien a bien voulu consigner quelques uns de ces instants et c’est un grand plaisir de le lire. Les clichés pris par Benji 1er, notre reporter gastronomique en chef feront sans doute l’objet d’une sélection des plus justes et des plus belles images. Souvenirs des crus dégustés :
Vin n° 1 : Champagne Lanson Brut, série limitée Fifa World Cup Germany 2006
Un nez chardonnaysant de manière agréable, avec dynamisme. S’étiole très sensiblement par la suite. Bulles fines et très douces en bouche. Le tout semble se déliter après quelques minutes d’aération dans le verre. Belle complexité aromatique néanmoins, malgré une suite discutable.
Vin n° 2 : Condrieu Guigal 2006 La Doriane
Couleur dorée, jeune. Le nez est joli, généreux, sur les fleurs blanches. La bouche reprend les mêmes flaveurs mais avec en outre un côté agrumé tangible. Belle structure mais à mon sens une chaleur hélas beaucoup trop perceptible et déséquilibrant le vin. Un gâchis !
Vin n° 3 : Domaine de la Bongran par E. J. Thévenet, 2002, Macon Viré Clessé
Couleur paille claire. Nez sincère et flatteur. Fruits exotiques manifestes. Une bouche ambitieuse et même trop, me lasse rapidement. Un cru assez typé chardonnay, crémeux mais qui part dans tous les sens et dont je ne retire finalement que peu de plaisirs. Je ne crois pas à un avenir meilleur et à une intégration harmonieuse de tous les composants. C’est d’autant plus dommage que d’autres cuvées même moindres du domaine, m’avaient précédemment pleinement réjoui.
Vin n° 4 : Clos Windsbuhl 2007 riesling sec par Zind-Humbrecht
Robe pronde. Le nez exprime une réelle minéralité complétée d’une agréable senteur de citron et d’une touche fumée. En entrée de bouche le cru laisse deviner un léger picotement qui s’efface vite. De parfait équilibre de matière et de flaveurs. Un vin savoureux élégant, long et de caractère. Un maître vin.
Vin n° 5 : Clos de la Coulée de Serrant 2007 par Nicolas Joly, Savennière-Coulée de Serrant
Robe doré profond. Le nez est spontané, d’un caractère manifeste. Fins esters d’alcool âgé, apaisé. Le vin est rond et tourne avec souplesse en bouche en délivrant de jolies notes de feuilles sèches. Goûteux et sur la pomme cuite nette. Très bonne surprise à la lecture de l’étiquette d’une dégustation d’un cru que je pensais plus vieux d’une dizaine d’années. Aucune trace oxydative. A boire jeune c’est sûr et avec un réel plaisir, mais plus âgé là, le doute est permis.
Vin n° 6 : Brunello di Montalcino 1988, Col d'Orcia
Robe rubis profond à reflets mats. Le nez est frais et délicat. Un charme certain. La bouche est des plus classiques sur les fruits rouges mûrs, légèrement cacaotés. Ce que d’aucuns pourront contester. Quelques épices agrémentent le tout. Structure en demi-corps tout à fait convenable, mais au final à mon sens, un vin sans vice mais aussi sans vertu majeure.
Vin n° 7 : Vega Sicilia Unico 1994, Ribera del Duero
Robe opaque, reflets mats. Le nez est manifestement noble et laisse percevoir encore un peu de chêne comme d’autres parfums de caramel eu lait, de coulis de fruits. L’attaque en bouche confirme l’impression laissée par le nez, d’un vin premier, et même un peu hautain. J’y ai trouvé un juste équilibre de corps et d’harmonie sans rien concéder d’élégance. Je regrette juste de ne pas voir retrouvé la remarquable rondeur du grain des tanins du millésime 98. Superbe néanmoins. De haut lignage.
Vin n° 8 : Chateau Musar, Liban par Gaston Hochar, 1999
Vin d’une jolie robe et au nez de fruits et sous-bois, sans rien de tertiaire. Du tonus. Bouche avenante et suite en charme. Belles proportions de corps et un esthétisme véritable. Incontestable réussite, on applaudit.
Vin n° 9 : Château Rayas, Châteauneuf du Pape 2001
Une robe sans intensité exagérée, vive. Le nez est plaisant, justement poivré. Pointe de viandox agréable. Bouche en finesse et tension, nulle agressivité. Les flaveurs tardent à se libérer mais on perçoit aisément un cru de belle noblesse. Puissance mesurée, tanins imperceptibles. Charmant et frais.
Vin n° 10 : Domaine Charvin - Châteauneuf du Pape 2005
Nul souvenir particulier de la robe. Je crois à un vin moins attrayant que le Rayas précédent. Une matière honorable, des flaveurs et une puissance aromatique correctes. Un vin plus qu’aimable, délicieux même si pas « transcendental » ce jour là.
Vin n° 11 : Espectacle 2004, Montsant par René Barbier
Une robe obscure. Un nez qui fait relever les têtes, que j’ai personnellement senti plus pur que certains de mes amis. Coulis de fruits noirs, finesse. Le cru est en bouche à la fois souple et tendu, presque duveteux. De hauts goûts et immensément sensuel. C’est ce genre de vin qui provoque le scintillement des yeux.
Vin n° 12 : Clos de l'Obac 1998, Priorat
Nul souvenir particulier de la robe. Un souvenir du nez en retenue, parfums classiques de fruits rouges sans caractère notable. Un souvenir en bouche d’un vin également sur la réserve. De bon équilibre et plaisir. A forcément pâti de suivre Espectacle.
Vin n° 13: La Tyre 2000 - Madiran d’Alain Brumont
Une robe opaque à la brillance relative (de mémoire). Le nez est expressif, confituré. Ce n’est pas le soyeux qu’il convient d’évoquer comme qualité majeure en bouche, mais le cru délivre tout de même une bonne mâche dénuée de mordant. Un cru davantage en structure qu’en flaveurs qui m’a fort bien plu ce soir. Fruits multiples, longue vie, non dépourvu d’attraits et à terme, de charmes, je pense.
Vin n° 14 : Marcel Deiss, Sélection de Grains Nobles de Pinot Gris 2000
Je me souviens d’un cru à l’or bien cuivré mais hélas aux senteurs par trop discrètes. Touches de fruits jaunes, un peu d’exotisme. La bouche est grasse mais molle, pénalisée par une sucrosité résiduelle importante en l’état. Le manque de vivacité est manifeste et donne un vin très vite lassant. Les fruits demeurent en arrière plan. Peut-être davantage de vieillissement permettra t-il d’inverser ces regrettables opinions? Rien n’est moins sûr.
Vin n° 15 : Domaine Kracher, Trockenbeeren Auslese n° 11 - millésime 2007, Autriche.
Un nectar que je n’ai eu de cesse de siroter à petites lampées. De l’or liquide aux saveurs exotiques mûres, multiples, totalement originales. Un kaléidoscope de parfums d’une beauté unique qui crée la connivence. La bouche suit, en phase, et s’allonge langoureusement. L’équilibre entre force et douceur, entre fougue et quiétude, entre masse et légèreté. Un pur délice que ce mémorable vin.
Devoir accompli de main de maître par nos admirables amphitryons ayant permis ce soir tous ces bonheurs et ces yeux encore pétillants de joie le lendemain. Ne manquaient plus que les pointes et autres roues et roulades et sauts de l'Ange de notre Nijinski local mais ça, c’est inscrit au programme prochain. Pour l’heure ces instants de vie sont à marquer d’une pierre blanche. Avec les vivats de chacun, très chers Bénédicte et Julien.
Et ces boulettes de ganache fondantes…mon Dieu !
Loup
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