Hier soir donc, rendez-vous était pris pour une dégustation chez Fabrice. Nous lui avions, Hervé et moi, fourni une liste de vins dans laquelle il pouvait piocher et adapter un menu autour de ces bouteilles.
Furent nominées:
Chablis Premier Cru Montée de Tonnerre 1997, Raveneau,
Chablis Grand Cru Les Blanchots 2002, Laroche,
Chateauneuf du Pape Beaucastel blanc 1998,
(Pinot noir L'Aide Mémoire 2005, domaine Bornard en vin du Jura, à l'aveugle) non sélectionné mais amené en invité surprise,
Bourgueil La Petite Cave 2002, Yannick Amirault,
Nuits Saint George Clos des Porrets 1999, Gouges,
Bandol Longue Garde 2001, JP Gaussen,
(Faugéres Jadis 2005, Léon Barral, en aveugle également),
Rivesaltes Rancio Tuilé 1996, Chateau de Nouvelles.
Pour accompagner cette jolie sélection, Fabrice et Sophie nous ont préparé un menu digne d'un excellent restaurant. Quelques agapes, avec un peu de "Vignola 2006 blanc" vin de Corse Calvi en guise de mise en bouche. Puis arrive déjà la premiére belle bouteille: Montée de Tonnerre 1997 par Raveneau. Bouteille carafée 1 heure par Hervé. Premier nez sans appel, la bouteille est bouchonnée...Derriére le liége, nous avons trouvé un peu de noisette, et une belle matiére malheureusement gâchée en bouche...Ma premiére expérience avec Raveneau aura tourné court!
Fabrice nous sert alors l'entrée. Saint Jacques façon hamburger, farcies avec un mélange de champignons, sauce au beurre, à l'échalotte et au vin blanc, cerfeuil et gros sel. Divin!!! La cuisson des noix de Saint Jacques était idéale, un vrai régal et l'accord avec le Chablis GC Blanchots 2002 de Laroche était parfait. La sauce excitait l'acidité du vin et réciproquement, un vin au nez encore un peu marqué par l'élevage avec des notes de réglisse et de pain grillé, mais également du citron confit, du beurre frais, puis à l'aération, du miel de bruyére. Un nez pas hyper expressif mais vraiment classe! La bouche est grasse, puissante, pas vraiment marqué Chablis, il manquait pour cela une pointe de minéralité et d'acidité, mais quel vin! Ajoutez à cela une finale qui s'étire longuement sur le gras et une matiére fine et ciselée et vous obtenez une superbe bouteille, que j'aimerais beaucoup regoûter d'ici 10 ans!!! Et cet accord avec les Saint Jacques...j'ai adoré!
Puis vint Beaucastel blanc 1998. Une bouteille achetée en vente aux enchéres publiques. La robe est trés évoluée, tirant sur le vieil or. Le nez est à des kilométres de ce à quoi je m'attendais, avec des notes oxydatives. En aveugle, je serais parti sur un vieux Vouvray moelleux ou demi-sec...En bouche, c'était un mélange de Vin Jaune et de Vouvray avec une pointe de sucre résiduel... Fabrice et Hervé ont bien aimé, voire adoré. Sophie et moi étions plus partagé. Pas mon style, je m'attendais à autre chose...
Un certain lien de parenté avec un Savenniéres assez connu
Fabrice qui avait préparé des braises dans sa cheminée, commença alors la cuisson de 2 côtes à l'os sur lesdites braises. En tant que charognard converti, j'en avais la bave aux lévres!!
En accompagnement de cette viande de boeuf, servie avec des pommes de terre en pelure et haricots verts, je décide de servir le premier vin à l'aveugle. Non carafé, il était au tout début un peu alcooleux au nez et en bouche. Aprés une légére aération, mes compéres ont aisément reconnu le pinot noir, par ses notes terreuses et d'épices. Par contre, la robe assez soutenue et une pointe d'acidité les détourne de la Bourgogne. Fabrice avance même un assemblage pinot/syrah. Que nenni! Je découvre alors la bouteille et nous découvrons un pinot noir du Jura, la cuvée "L'Aide-Mémoire" 2005 du domaine Bornard. La concentration de matiére est intéressante, probablement inhabituelle dans cette région. Trés beau vin au final, à l'excellent rapport Q/P qui m'avait tapé dans l'oeil lorsque je suis allé à la fête des vignerons de Pupillin, malheureusement ma derniére bouteille...J'ai trouvé l'accord avec le boeuf trés intéressant, la matiére juteuse à souhait et épicé emmenait bien l'ensemble et résistait à la sauce "vinaigrette améliorée".
Nous avons ensuite servi le Bourgueil "La Petite Cave" 2002 de Yannick Amirault. Jolie bouteille, l'élevage est digéré. Nez sanguin et légérement foxé, belle matiére et belle concentration. Accord sympa avec la viande mais qui jouait dans le même registre. Je dois avouer que j'avais arrêté de prendre des notes à ce moment-là...
Cette bouteille fut suivie du NSG 1er cru Clos des Porrets 1999 de Gouges. Bouteille à la jeunesse insolente, pas le moindre signe de vieillissement. Il faut dire qu'elle a été conservée dans des conditions trés proches de l'optimale, dans la cave de Daniel Bécu. Difficile de donner 10 ans à ce vin, tant il est marqué par la fraicheur et le fruit, impressionnant! Typé pinot avec une bouche marquée par la framboise, les épices et un peu de terre. J'aime beaucoup. La matiére et la concentration nous font dire que ce vin a un avenir énorme. C'est déjà un régal, mais l'imaginer avec quelques notes tertiaires nous donne trés envie de le regoûter dans 10 ans. Il va falloir que je repasse à la Cave de la Crosse moi!
Vint ensuite un Bandol, Longue Garde 2001 de JP Gaussen. Nous avons chaussé des gencives et des papilles "modéle renforcé" pour nous y attaquer!!! Vindiou!! C'est pas un vin de femme ça!! Grosse matiére trés expressive. Grosse concentration et grosse puissance aromatique, tout est là pour être trés optimiste sur son avenir. En l'état, trop jeune je pense et un peu brut de décoffrage. C'est moi qui suis reparti avec, je le regoûte ce midi sur un poulet rôti.
Je me décide enfin à servir la seconde bouteille en aveugle, qui aurait peut-être dû passer avant le Bandol, mais comme au final nous avons pas mal discuté entre ces deux vins...ça allait. Robe assez soutenue, jeune, grenat aux reflets violines. Nez assez marqué par l'olive qui oriente vers un assemblage à bonne proportion de syrah (en fait, il s'agit d'un assemblage de carignan, syrah et grenache.) Le nez est d'une térs belle complexité, avec des notes de fraise, de cuir, de garrigue...trés élégant. En bouche, la fraicheur nous éloigne de son apellation, Fabrice propose un Rhône Nord. De jolis notes de garrigue cotoient une matiére dense et des tannins serrés mais trés fins, un régal! Je découvre alors la bouteille: Jadis 2005 par Léon Barral. Pour moi, la bouteille de la soirée, superbe d'élégance et de complexité, j'en rachéterai si j'en ai l'occasion!
Vint enfin, avec en guise d'accompagnement un Calais, spécialité locale au moka et café, le Rivesaltes Rancio 1996 du Chateau de Nouvelles. Le dessert était un peu trop sucré pour que l'accord se fasse réellement. Trés jolie bouteille néanmoins, au rapport prix/plaisir impressionnant et qui a magnifiquement fermé le pas de cette trés belle dégustation.
Un trés grand merci à Fabrice et Sophie pour cette invitation et le temps passé aux fourneaux pour nous régaler(tu). Merci à vous tous pour ce trés bon moment passé en votre compagnie.