Corton-Charlemagne 2002
Lundi 10 avril 2006
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- Les vins sont carafés avant la dégustation et servis à température.
- L’ordre de service est aléatoire et les vins sont goûtés à l’aveugle mais découverts en séries de 3 ou 4.
- Nombre de dégustateurs : 14.
- PP: Pascal Perez - LG : Laurent Gibet- JP : Jacques Prandi.
- Dégustation préparée par Pascal Perez pour le club Itinéraire des Vins.
- Les commentaires de dégustation sont synthétisés par Laurent Gibet.
Les vins :
1. Corton-Charlemagne – Bonneau du Martray 2002 :
JP16/16,5 – PP16 – LG15,5/16
- Robe assez claire.
- Senteurs multiples s’exprimant dans la discrétion : boisé vanillé, ananas, pêche, menthe, miel, estragon. Plus fruité que réellement minéral.
- Bouche développant des goûts de fleurs blanches, de citron, de menthol. Proportions moyennes, peu de minéralité, assez rude (acidité). Sur la réserve ? Pour Pascal, structuré, de bonne densité mais de longueur moyenne.
- Bien loin du niveau du fantastique 2002 à la minéralité laser goûté au domaine en mars 2006 …
2. Corton-Charlemagne – Domaine G. Roumier 2002 :
JP15,5 – PP15 – LG(14,5)
- Parure peu intense, brillante.
- Nez initialement peu présentable en raison d’un bâillon de boisé brûlé étrange, de notes presque liégeuses pour certains, de cire, de miel et de fruits jaunes (donc très mûres et moins suspectes) pour d’autres.
- Bouche encombrée par beaucoup de bois, grasse, défaillante en expression minérale. On y trouve un peu de pêche, de caramel et de citron mais l’ensemble manque singulièrement d’évidence. Le vin (qui possède une grosse matière s’épurant tout de même à l’aération) se remettra-t-il d’un tel traitement ?
3. Corton-Charlemagne – Domaine Doudet 2002 :
JP17 – PP17 – LG16,5
- Voilà un nez net, grillé mais sans excès, procurant d’accortes exhalaisons de miel, de fleurs, de fruits (dont des fruits exotiques), d’agrumes (pomelo), de réglisse, de menthe.
- Comportement fin, minéral, amical, tout en douceur fruitée. Les saveurs d’agrumes et de craie rappellent Chablis. Un style un peu facile, manquant de détente pour réellement subjuguer. Pour Pascal, vin tendu, encore austère.
4. Corton-Charlemagne – Domaine Bruno Clair 2002 :
JP15,5 – PP15,5 – LG15,5
- Nez signifiant une certaine épaisseur (2003 ?), de spectre assez large : boisé vanillé, fruits exotiques, fleurs, agrumes, anis, clou de girofle.
- Bouche à la limite du huileux, mais persistante et dotée d’une acidité fine. L’alcool y est un peu plus sensible. Les agrumes nobles s’expriment dans une texture opulente, sans lourdeur excessive toutefois. Pour Jacques, le vin est assez banal (alcool, manque d’élan).
5. Corton-Charlemagne – Domaine Rapet Père & Fils 2002 :
JP17,5/18 – PP17,5 – LG16,5/17
- Le nez agréable mais réservé dissipe des odeurs de fruit (pêche, poire), de fleurs de vignes, de miel. On apprécie l’absence d’écran boisé.
- Bouche fine, pure, fruitée (citronnée). Un formidable retour minéral achève une finale réjouissante.
- Ce vin cristallin ressemble un peu à celui proposé par Doudet, avec un élevage très restreint.
6. Corton-Charlemagne – Antonin Guyon – Domaine Hippolyte Thevenot 2002 :
JP17,5/18 – PP18 – LG17,5
- Cette cuvée soumet un trio aromatique de grande classe : fruit/fleurs/minéral. Présence assurée, épicée, légèrement grillée, mentholée.
- Bouche puissante mais fine, longue, pure, parfaitement équilibrée. Saveurs assez complètes de miel, de menthol, de fruits (agrumes, fruits blancs et jaunes). Rémanence réglissée ajoutant de la longueur. Encore un peu caché mais racé.
7. Corton Le Charlemagne – Fontaine-Chandon de Briailles 2002 :
JP13 – PP13 – LG13,5
- Le nez transmet des senteurs approximatives (oxydatives) qui peuvent dénoncer un vin peu protégé par le soufre : raisin sec, pomme blette, caramel, figue.
- Bouche sans grande consistance, plate, pour des flaveurs peu amènes de pomme.
- Problème de bouteille (un superbe Charlemagne 2004 a été goûté au domaine en mars 2006) ?
8. Corton-Charlemagne – Domaine Tollot-Beaut 2002 :
JP15,5 – PP16 – LG(14,5+)
- Le nez réduit (chou) expose des notes grasses (presque rillettes), de poire au sirop. Il est difficile à décrypter et manque de finesse.
- Bouche ample, chaleureuse, façonnée en monobloc, à l’expression boisée encombrante et rébarbative.
- Pour Pascal, l’aération libère des notes plus nettes de fruit, de menthe, de craie pour un profil assez puissant et austère, de longueur moyenne.
9. Corton-Charlemagne – Louis Jadot 2002 :
JP15,5 vers ?? – PP15 – LG(16)
- Le nez lâche ici des notes boisées, opulentes, dominées par des fruits très mûrs, des fruits exotiques et du camphre.
- En bouche, le vin possède une sève puissante, non sans finesse et longueur. Richesse baroque mais l’acidité semble démentir un 2003. Pas en place, ce vin devrait à terme (5 à 10 ans ?) se stabiliser dans une version de bonne qualité. Pascal trouve une densité et une acidité moyennes ainsi qu’un peu d’oxydation.
10. Corton-Charlemagne – Domaine Jacques Prieur 2003 :
JP15 – PP15 ? – LG(14)
- L’olfaction est raffinée, orthodoxe : citron noisette, fleurs blanches, agrumes, craie, …
- Format rectiligne, qui fait un temps illusion, mais franchement desservi par une acidité trop forte (citron mordant), suspecte, qui rend le vin définitivement désagréable.
- Suite à une erreur d’envoi, c’est un intrus (en terme de millésime) qui se faufile dans cette remarquable série : il est ainsi pris en flagrant délit d’acidification tartrique (habile et malhabile à la fois).
11. Corton-Charlemagne – Louis Latour 2002 :
JP17 vers 18 – PP17 – LG17,5
- Nez primaire, confiné (élevage réducteur). Seule une pointe miellée émerge de ce profil ingrat.
- Bouche grillée, peu plaisante en l’état mais fortifiée par une matière concentrée, fraîche, sans aucun relâchement. Ce vin hautement minéral qui attend son heure (10 ans ?) est à attendre impérativement.
Conclusion :
- Une dégustation bien difficile, car les vins, sans trop de surprise, se livrent vraiment peu.
- L’autorité des Corton-Charlemagne produit ici des expressions souvent énigmatiques, parfois retorses, rarement dévoilées.
- On trouve pas mal de surprises dans la hiérarchie supposée des domaines.
- Les évolutions de ces cuvées pourraient amener pas mal de surprises.