Je discutais récemment avec un professionnel, à  propos d'un vin « à  la Bordelaise » ( à  savoir Almaviva 1998 / Chili, cépages, viticulteurs, et vinification d'inspirations bordelaises ).
Trouvant ce vin « trop beau trop tôt », cette précocité dans l'expression le rendait sceptique, quant à  son évolution et à  sa longévité …
« DE TOUT CE QUE J'AI Dà‰Jà€ Dà‰GUSTà‰, JE N'AI JAMAIS RENCONTRà‰ DE GRANDS VINS « BORDELAIS » QUI SOIT FLATTEURS DàˆS LEUR JEUNESSE » ajouta-t-il pour « enfoncer » le clou …
La formule est abrupte ( comme toutes les formules ) , et pas nouvelle …

 Que pensez vous de cette affirmation ?

Reformulée autrement, ce pourrait être : « TOUT GRAND VIN DE BORDEAUX EST ( voir se doit d'être ) INGRAT DANS SA JEUNESSE ! »
Je sens qu'ça va polémiquer …

Ch' Cap, (c'est de quelle origine ce prénom ?) ;-)

Pas forcément, tout dépend de la vinification et des cépages utilisés.
Faut-il aussi parler du terroir ? ;-))

Et puis on peut citer aussi la fable de la fontaine "le lièvre et la tortue" : "rien ne sert de courrir il faut partir à  point".

Encore une fois, je dirais qu'il faut boire les vins quand ils se présentent au mieux. Ca peut-être 4 ans, 10 ans, 20 ans, 35 ans, etc.... Tout dépend du vin.

En général, je dis bien, en général, je n'ai pas grand plaisir à  boire un médoc jeune (moins de 8-10 en grand millésime), , les vins du libournais sont, il vrai, plus abordables un peu plus jeunes.

Pour ce qui est des nouveaux vins (new style) déjà  très expressifs dans leur jeunesse, je pense que personne encore n'a assez de recul pour pouvoir juger de leur amélioration au vieillissement. Car encore faut-il qu'il s'améliore sinon autant le boire jeune ...... ;-)

Amitiés,
M@nuel.

Joli sujet: allons-y.
Les procédés de vinification ont bien évolué et permettent d'accéder aux vins bien plus tôt qu'autrefois.
Le style des vins a lui aussi changé.
Personnelement, je dis l'inverse: je n'ai jamais vu un bon vin qui n'ait pas été bon jeune. Et je ne connais aucune jeune daube devenue un grand vin.
Certains vins passent par des phases de fermeture, mais même lors de ces phases, ils restent bons!
Quand c'est bon, c'est bon aussi jeune. Certains amateurs "modernes" apprécient beaucoup les vins jeunes (je me demande si je ne fais pas partie de cette petite société).
Mieux vaut trop tôt que trop tard.

Voilà , ça fait un peu jeté en vrac, mais c'est ce qui m'est venu à  l'esprit, à  chaud.

Marrant, je relisais hier un article de M. Bettane sur ce sujet. J'ai juste retenu qu'il faisait référence à  ses meilleurs souvenirs de vins du 19e siècle, "histoire d'enfoncer le clou pourrait-on aussi dire".

Bettane, il les a bu jeunes, les vins du 19ème siècle? Dis donc, il est bien conservé, le "vieux".. ;-)

Pour contredire, je dirai que j'ai un souvenir éblouissant et unique de Mouton 82 ou Latour 82, dégustés en 1984 après leur mise en bouteille (ils se sont fermés ensuite après 4-5 ans). Je suis certain qu'on peut trouver plein d'autres exemples plus récents...

Alain

BIBO .... Bullshit In - Bullshit Out .... Cette terminologie bien connue des informaticiens vaut tout aussi bien pour l'oenologue qui, s'il ne rentre pas une belle matiere, n'aura pas un grand vin. Et 100% d'accord avec Jerome: meme si le vin est encore trop agressif, on doit sentir la qualite de la matiere des sa mise en bouteille.

Je vois dans cette formule un certain choc des generations. Mes parents seraient surement plus d'accord avec son sens que je le suis. Ils ont vecu en achetant des Bordeaux qu'ils ouvraient - pour la 1e bouteille - 10 ans plus tard.
Les coutumes et les moeurs ayant un peu evolue, et l'homme devenant plus impatient et desirant "tout, tout de suite", les methodes ont change afin de rendre les vins plus accessibles mais, je crois, sans grande influence sur leur capacite de bonification avec l'age (pour les meilleurs en tout cas).

Prendre Almaviva comme exemple n'est pas rendre cause au debat en cours, car le terroir est completement different de celui de Bordeaux, meme si la magie utilisee pour faire ce cru suit les memes idees. Maipo recoit des centaines heures de plus de soleil que Pauillac. La proximite des Andes apporte l'eau necessaire au developpement de la vigne. Il ne pleut pas pendant les 6 mois d'ete. Les temperatures montent alegrement jusqu'a 35 degres. L'amplitude thermique jour-nuit peut atteindre 18-20 degres. La composition du sol est differente.

Il y a des centaines d'argument qui veulent qu'Almaviva ne sera jamais un vin bordelais, meme s'il s'en approche. Son aptitude au vieillissement est encore inconnue, meme si les conditions climatiques font que l'acidite des baies est naturelleement basse. Le 1er millesime etait en 1996 (si je ne m'abuse) et certains posts recents ont montre que des vins chiliens de moins haut niveau se sont merveilleusement gardes pendant 15 ans.
On jugera mieux dans 10 ans.

Et puis, pour l'amateur impatient que nous sommes, c'est une aubaine. On peut boire Almaviva en attendant Leoville !

Salutations,
Anthony

En général, je suis d'accord avec Jérôme: les vins qui sont bons sont toujours bons et je n'ai jamais vu de crapaud transformé en prince charmant avec le temps.

Il existe quelques exceptions, des crus qui sont bons juste après la mise, mais qui se ferment ensuite rapidement avant de s'épanouir dix ans plus tard. Certains Cahors, Calon-Ségur et quelques autres en font partie.

Par ailleurs, il me semble que les Bordeaux connaissent toujours une phase un peu ingrate, durant laquelle les notes fruitées s'atténuent, sans pour autant faire place à  des arômes tertiaires. De nombreux Bordeaux 95 et 96 sont dans cette phase actuellement.

cordialement

Yves Z