Bonjour Quatrequart,
j'imagine donc que tu n'achète jamais de crus de Bourgogne ou même du Languedoc? Parce que retenir autant de noms et de lieux différents (pour la Bourgogne) ou autant d'encépagement et de nature de terroirs différents (pour le Languedoc par exemple), c'est au moins aussi compliqué que l'Alsace avec ses quelques "communales" supplémentaires.
Lorsque tu achète un chilien ou un argentin, que regardes-tu sur l'étiquette?
Le cépage? Le millésime? Jamais le producteur ou la cuvée? En quoi est-il plus compliqué de retenir ces informations que celles concernant un nom de lieu englobant une ou quelques communes alsacienne (d'autant que les producteurs dont on connait le nom ne seront pas effacés de l'étiquette, eux)?
En quoi le fait de créer quelques noms d'appellations supplémentaires va-t-il révolutionner notre approche des vins d'Alsace? Il nous faudra nous familiariser avec, c'est tout.
Il est tout à fait probable, comme le dit Oliv, que ce soit une première approche pour anticiper cette fameuse libéralisation des droits de plantation qu'évoquait M. Deiss dans le sujet qu'il avait lancé.
On parle de simplification de l'accès à ces crus pour le consommateur moyen (je me permettrai d'ajouter "moyen plus" quand même, car le "moyen" s'arrête aux vins en dessous de 5€).
Mais mettons nous à la place de ce consommateur: Si demain il n'a plus que, par exemple, la région et le cépage, il rencontrera de nombreuses qualités différentes (je ne parle pas ici de niveaux différents mais bien de vins de même niveau mais d'expressions variées) sous une même étiquette, et ce beaucoup plus encore qu'actuellement. Est-ce que vous pensez que ce consommateur va se demander si cela provient du terroir ou du producteur ou quoi encore? Moi non, sinon c'est qu'il est déjà prêt à retenir 4 ou 5 noms de communales qu'il préfèrera parmi 14.
A partir de là, on peut imaginer qu'il va donc, soit essayer de regarder les producteurs (ce qu'il peut déjà et qu'il pourra encore faire) et les millésimes (idem), soit se dire que finalement on ne peut pas compter sur les alsaciens pour fournir une appellation à laquelle on puisse se fier "comme une marque", pour un niveau moyen ET un style d'une certaine homogénéité. Et donc s'en détourner encore plus sûrement.
Visiblement, le raisonnement est que, pour un niveau "intermédiaire", il doit y avoir une lisibilité plus simple que pour les différents grands crus et autres vins considérés comme de haut niveau (qui intéressent des consommateurs qui chercheront l'information si nécessaire), mais également qu'il faut apporter un plus en terme d'image et d'identité par rapport à tous les autres vins de cépages d'appellation régionale alsace qui ne parviendront sans doute pas toujours à tirer leur épingle du jeu face à d'autres vins de cépage d'autres régions du monde.
Pour ce qui est de l'importance du producteur, elle est effectivement primordiale, mais ne dépend pas du système d'appellation qui existe ou non. N'essayons pas de faire croire que les appellations ne servent à rien pour personne, si demain on supprime tous les noms d'appellation et de lieu-dit pour ne laisser que les cépages, les producteurs et le millésime, le fameux consommateur-qui-ne-veut-pas-faire-d'effort-pour-chercher fait comment pour s'y retrouver parmi les différentes cuvées d'un producteur donné?
Ces appellations sont de nouveaux points de repère, comme d'autres ils peuvent s'avérer plus ou moins pertinents, utiles ou fourre-tout et peu judicieux, mais nous ne pouvons pas vraiment le savoir pour l'instant.
Personnellement, avant de juger ces modifications, je vais d'abord essayer d'en percevoir les effets.
Cordialement,
Pierre