Il m'arrive parfois de me demander si nous ne devenons pas toujours trop exigeants en matière de vin.

Paski faisait remarquer il y a peu le caractère relatif du jugement sur le vin, qui était souvent indexé sur les bouteilles que nous avions bues dans les jours ou les heures qui précèdent. Je partage cette façon de voir les choses.

L'excellence nous rend sans cesse plus exigeants et tous les amateurs recherchent les impressions de perfection que les plus grandes bouteilles qu'ils ont bues dans leur vie leur ont données. Cette quête de perfection ne nous rend-elle pas trop exigeants ? ne demandons-nous pas trop à  des vins qui n'incarnent que des particularismes et des contingences? ne sommes-nous pas sans cesse en quête de cette bouteille idéale ? Existe-t-elle seulement ? Ne devrions-nous pas régulièrement nous obliger à  goûter régulièrement un vin dégueulasse pour remettre nos compteurs gustatifs à  zéro ?

Ces quelques réflexions et interrogations pour lancer la discussion.

cordialement

Yves Z

L'exigence toujours plus grande des amateurs est le meilleur incitant pour les vignerons à  produire de meilleurs vins. Je pense au contraire que nous (je parle ici de l'amateur de vin en général) ne sommes pas encore assez exigeants au vu du grand nombre de vins de qualité moyenne (et je suis gentil...) qui trouvent néanmoins leurs acheteurs, malgré parfois un prix élevé. Je ne suis pas en quête de la bouteille idéale, mais bien de l'équilibre idéal que chaque vin devrait trouver en fonction de tous les paramètres intervenant dans son élaboration. Amen.

Luc

J'ai toujours dit que les petits vins ne m'interessaient pas. J'entends par "petits vins", des vins de piètre qualité ou même moyens, passe-partout, anonymes. Cette première sélection constitue un début d'exigence.
Ensuite, tout est question de prix. Plus le vin sera vendu cher, plus il faudra qu'il justifie son prix, ce qui me parait un minimum et celà  indépendamment de sa rareté.
Par exemple, je serai plus exigeant avec un Haut-Condissas (non classé) à  50 Euros qu'avec un Dufort-Vivens (2ème cru classé) vendu "seuleument" 25 Euros.
Mais pour être exigeant encore faut-il savoir qu'il est possible de faire mieux, donc d'avoir bu au préalable de belles bouteilles qui servent de base, d'étalon en matière de haute qualité.

Amitiés,
M@nuel.

Sans doute n'est-on jamais trop exigeant en ce qui concerne la qualité d'un vin. Peut-on dire qu'il existe une "bouteille idéale"? La tienne n'est pas la mienne, et vice-versa.

Et puis, le jour où nous croirons l'avoir trouvée, nous continuerons à  en chercher une autre... parce qu'il y en aura toujours d'autres à  découvrir... et c'est tant mieux !

J'aime à  croire que les "amateurs éclairés" ont eu et continuent d'avoir une influence sur le niveau de qualité qui est en progression constante dans les vins de pays.

Pour M@nuel, que les petits vins n'interessent pas ("vins de piètre qualité ou même moyens, passe-partout, anonymes"). Je crois que ces vins (pas ceux de piètre qualité, bien sûr, mais les passe-partout), par leur valeur moyenne en qualité comme en prix, peuvent plaire dès l'abord aux gens qui ne sont pas connaisseurs et les amener tout doucement vers d'autres, plus difficiles à  apprécier par les néophytes. A chacun son rythme... Tout le monde n'a pas la chance d'avoir accès aux grands crus dès son plus jeune âge ! :-))

Mais tout de même, je ne suivrai pas le chemin d'Averroes : boire, même de temps en temps et même pour "remettre mes pendules à  l'heure", du Beaujolais nouveau ou autre cochonnerie est au-dessus de mes forces !

Amicalement,
Eliane

Ma bouteille idéale: la suivante...avec tous les espoirs placées en elle!

Come Eliane, boire un vin dégue..j'ai du mal, je préfère pour remettre les compteurs à  zéro faire une jeûne de 15 jours 3 à  4 fois par an ( les résultats sont remarquables)

jmm

Eliane,

ce n'est pas une discipline que je m'impose. Il m'arrive parfois, dans des apéritifs professionnels ou dans d'autres circonstances comparables, d'être confronté à  des vins si mauvais que je n'en imaginais même pas l'existence. Et quand je goûte de tels vins, je me dis que je suis parfois bien sévère avec d'autres vins que je bois.

C'est le sens de ma question : à  force de boire de bonnes bouteilles, ne devient-on pas trop exigeant ? un petit creux en bouche, un peu de dilution, une finale trop sèche et les avatars d'un millésime ingrat suffisent parfois à  faire sévèrement condamner un vin.

bien cordialement

Yves

Yves,

Bien sûr, vu sous cet angle, vous avez parfaitement raison. C'est vrai que qu'après avoir dû ingurgiter une infâme piquette, on trouve des qualités à  des vins qu'en temps ordinaire on aurait qualifiés...d'ordinaires, justement.

Mais pour le reste... un creux en milieu de bouche reste un creux en milieu de bouche, une finale asséchante idem, et même après une piquette, un vin dilué ne peut pas paraître rond et plein, et des tanins rugueux ne deviennent pas soyeux et fondus !

En ce qui concerne les avatars d'un millésime, notre appréciation du vin se fait généralement en connaissance de cause. Mais tout en étant prévenu on peut encore avoir de sérieuses déceptions : J'ai ouvert un Corton Clos du Roy 94 tellement dilué et acide que je n'ai même pas pu en avaler une gorgée (je n'ai compris qu'après coup pourquoi Olivier m'avait permis de le prendre...)

Cordialement,

Eliane

Eliane,

tu as raison mais d'autre part je peux t'assurer qu'après avoir bu un Monbousquet ou un Angelica Zapata par ex, il vaut mieux recalibrer son palais, sinon les vins qui suivent risquent de paraître légers et peu concentrés, même en servant des grosses pointures.

Amicalement

Claudius,

Tu as raison, bien entendu. J'en ai fait l'expérience après avoir dégusté un Madiran jeune (Peyros 1990) : impossible après cela d'apprécier correctement quoi que ce soit, les tanins extrêmement puissants m'ayant pratiquement "anesthésié" le palais...

Mais j'avais l'impression qu'Averroes voulait dire "d'une dégustation à  l'autre", d'où ma réaction.

Cordialement,
Eliane

Voilà  une question intéressante. Je me suis souvent demandé à  quoi je jouais vraiment en voulant toujours goûter un vin plus grand que le précédent, acheter des bouteilles toujours plus chères. Et avais-je avec ces grandes bouteilles autant d'émotion qu'avec mes premières découvertes. Je l'avoue, probablement pas !

Et si je m'allongeais sur le divant, cette fuite en avant ne serait-elle pas finalement révélatrice d'un manque, ailleurs dans ma vie, ou le signe d'une vanité exprimée dans la recherche du meilleur flacon ? Combien de fois ai-je vu des amateurs qui ne voyaient plus que les défauts dans un vin et qui comme "compliment suprême" n'avait plus à  la bouche que : "Il n'y a rien à  dire". N'est-ce pas un peu triste ? Pour avoir parfois dégusté à  côté de dégustateurs professionnels, je n'ai jamais eu l'impression qu'ils vivaient dans l'extase mais qu'il faisait juste leur job sans émotion aucune.

Personnellement j'essaie (et c'est pas évident) en ce moment de revenir vers des vins plus simples et surtout d'en goûter moins souvent car la saturation guette. Il n'y a pas meilleur que le premier vin d'une dégustation marathon, ou celui qu'on goûte après 2 semaines d'abstinence. Comme dirait Herta, ne passons pas à  côté des choses simples.

Nick,

Depuis quelques années, je fais un peu la même chose...

Après avoir cherché la perfection dans les grandes bouteilles et après avoir mis la barre de plus en plus haut, je suis parti à  la découverte de vins moins illustres mais qui me surprennent par leurs qualité et leur prix modeste...

J'ai autant de plaisir, actuellement, avec un Barton 89 qu'en découvrant le clos du Breuil 98 de Chidaine.

Cordialement,
Thierry

Yves,

Je ne sais pas si "trop" est le bon terme, "plus" est vraiment évident, pour mois en tout cas.
A force de se frotter aux sensibilités des autres, à  la fine appréciation des vins, je deviens de plus en plus exigeant sur la qualité des vins.

Anne-Marie te dira que je deviens trop exigeant et que je ne suis plus à  même d'apprécier un vin simple.

A cela je rétorque qu'un vin simple bien fait, je sais l'apprécier, un vin simple mal fait, bâclé, manquant de fruit, de chair, mais pas de boisé (pour ne parler que de certains bordeaux) je n'apprécie vraiment plus.

Amitiés,
Michel.