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l'académie des vins anciens - 2ème séance

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l'académie des vins anciens - 2ème séance a été créé par François Audouze

Nous allons avoir la deuxième séance de l'académie des vins anciens dont l"objet est de faire sortir de caves des bouteilles qu'il faut boire.
Je fais appel à la générosité de chacun, et tout le monde n'a pas la même conception de "ancien".
Mais pour l'instant, c'est assez peu formalisé, on rôde la formule.

Nous serons 54 avec 48 bouteilles (je mets au début un champagne de soif, pour que le palais se prépare).
Chacun boira 16 vins.

Voici la liste de ce qui sera bu, par ordre d'âge :

Magnum Château Olivier 1990
Côte-Rôtie Chapoutier 1989
Château Climens 1989
Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988
Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985
Château La Gaffelière 1985
Lynch Bages 1983
Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982
Corton Rouge Les Languettes Dom Bichot 1977
Chambolle Musigny Amoureuses domaine Clair-Daü 1977
Gewürztraminer 1976 Sélection de Grains Nobles Hugel
Vieux Château Certan 1973
Cos d'Estournel 1973
Lafon-Rochet 1972
Chassagne Montrachet 1966 de Thorin
Côtes du Jura blanc Marcel Blanchard 1964
Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964
Château Phélan Segur 1964
Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1964
Chasse Spleen 1961
Champagne Salon 1959
Maury vignerons de Maury 1959
Château Gilette bordeaux sup 1958, blanc sec
Carruades de Château Lafite-Rothschild 1958
Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1957
La Mission Haut-Brion 1955
Château Latour 1955
vin nature de champagne 1950
Chablis 1er cru Montée de Tonnerre Jean Quenard 1950
vin nature de champagne 1950
Corton Charlemagne 1949
Suduiraut 1945
Château Rabaud 1945
Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942
Château d'Yquem 1937
Château Malescot Saint-Exupéry 1934
Bouzy Delamotte 1933
Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929
Pommard 1929 Prop ou Nég inconnu
Tokay Hugel 1928
Alvar Pedro Jimenez dulce 1927
château Figeac 1925
Domaine de Chevalier 1924
Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915

Il y a dans tout cela des niveaux de qualité variables.
Il y a des morceaux de légende.
Je vais demander à chacun d'apporter autant de respect au petit qu'au grand vin.
Je pense qu'un tel événement est assez fort, fondé sur la générosité de ceux qui croient en ce mouvement que j'ai créé.
De très grands vignerons seront là (on peut deviner avec certaines bouteilles) mais ils ne font pas plus de 10% du contingent.
Leur approbation sans réserve me rend extrêmement fier.
Je vous dirai comment ça s'est passé.


Cordialement,
François Audouze
26 Jan 2006 13:11 #1

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

J'écrirai ce week-end les remarques que m'inspire cet événement.
Je suis évidemment fatigué, car l'organisation est toujours consommatrice d'énergie.
Mais je voudrais vous dire deux ou trois points marquants :
- les vins que l'on a bus étaient exceptionnels.
- j'avais demandé à chacun d'avoir autant d'attention pour les petits vins que pour les grands vins
- quand j'ai vu que certains manifestaient leur humeur parce qu'on était dans les vins de début, donc jeunes ou limités, j'étais triste. Car chaque vin mérite une attention. J'ai demandé à chacun d'avoir de l'humilité face à tous ces vins qui racontent l'histoire du vin, mais certains voulaient avec ces vins faire comme les gens qui ne prennent au buffet que les toasts au caviar. Une telle attitude me désole. Heureusement ce fut marginal, mais il suffit de trois maladroits pour m'agacer.
- le final à chaque table était éblouissant. Une journaliste du vin qui est très connue, arrivée en retard, n'a eu que les plus beaux vins de la fin. Elle en pleurait presque de voir rassemblés de tels chefs-d'oeuvre.
- je devais avoir Pierre Lurton à mes cotés. Malade, il m'a appelé deux fois pour me demander s'il devait quand même venir. Il m'a assuré de son appui. Quand je lui ai dit : que fait-on de la Yquem 1937, il m'a dit que bien sûr on devait la boire
- j'avais à mes cotés Jean Hugel qui avait apporté un Tokay 1928 absolument exceptionnel et le plus grand vin de la soirée pour moi : le Riesling SGN 1915.
Il est le plus grand pour moi non pas parce qu'il est le plus vieux, mais parce que le cépage a révélé son aptitude à permettre un équilibre ultime que même le Yquem 1937 n'avait pas ni le Rabaud 1945 étonnamment brillant (au dessus de Suduiraut 1945 pourtant géant)
- Michel Bettane est venu en ami. Je lui ai demandé de prononcer quelques mots à la fin, car c'est quand même "la" référence française de ces vins. Ceux qui étaient à sa table sont venus me voir pour me dire qu'il les avait captivés
- mais ce qui m'a fait le plus chaud au coeur, c'est qu'Aubert de Villaine était à ma droite.
Lorsqu'il s'est inscrit, en ami, apportant le Grands Echézeaux 1942, je n'en ai parlé à personne, car je respecte le caractère privé et amical de son inscription. Lorsqu'il fut là, je lui ai demandé s'il m'autorisait à dire qu'il était présent. Il a dit oui. Donc je me sens autorisé à dire qu'avoir la caution morale, et l'appui d'Aubert de Villaine dans ce que je suis en train de créer est pour moi un immense sujet de fierté.

Tous les vins ont été ouverts de 15h30 à 18h00 (j'en ai ouvert plus de la moitié et deux amis m'ont aidé). Aucun n'était bouchonné. Quelques uns furent jugés fatigués par des gens impatients.
Le seul vraiment mort était le Salon 1959 (quelle tristesse), mais Aubert de Villaine essayait de lui trouver du charme. Il a été beaucoup plus critique envers mon Musigny 1929 qu'il soupçonnait d'avoir abusé de l'algérien. Je lui ai dit que contrairement à lui, ça ne me gêne pas autant, puisqu'on sait bien que ça se faisait. Et si c'est bon aujourd'hui, il y a prescription.
Pour beaucoup de participants, il y avait des vins qu'ils n'auront sans doute jamais l'occasion de boire à nouveau, sauf bien sûr s'ils reviennent à l'académie.

Cette soirée constitue pour moi un immense moment de fierté.


Cordialement,
François Audouze
27 Jan 2006 18:55 #2

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Les vins ont été répartis en trois groupes, et voici ce que chacun a pu boire, de l'un des groupes (mais des petits malins ont échangé des verres) :

Groupe 1 : champagne Léon Camuzet ; Champagne Salon 1959; Château Gilette bordeaux sup 1958, blanc sec; Chassagne Montrachet 1966 de Thorin; Magnum Château Olivier rouge 1990 ; Lafon-Rochet 1972 ; Lynch Bages 1983; Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982; château Figeac 1925; Corton Rouge Les Languettes Dom Bichot 1977 ; Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942; Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929; Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985; Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915; Château Rabaud 1945 ; Château d'Yquem 1937.

Groupe 2 : champagne Léon Camuzet ; vin nature de champagne 1950; Chablis 1er cru Montée de Tonnerre Jean Quenard 1950; Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988; Tokay Hugel 1928; Magnum Château Olivier rouge 1990; Cos d'Estournel 1973; Château Phélan Segur 1964; Chasse Spleen 1961 ; La Mission Haut-Brion 1955; Château Latour 1955; Domaine de Chevalier 1924; Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964 ; Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1957 ; Gewürztraminer 1976 Sélection de Grains Nobles Hugel ; Suduiraut 1945.

Groupe 3 : champagne Léon Camuzet ; vin nature de champagne 1950; Bouzy Delamotte 1933; Côtes du Jura blanc Marcel Blanchard 1964; Corton Charlemagne Louis Jadot 1949 ; Carruades de Château Lafite-Rothschild 1958 ; Vieux Château Certan 1973; Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1964; Château Malescot Saint-Exupéry 1934; Chambolle Musigny Amoureuses domaine Clair-Daü 1977 ; Pommard 1929 Prop ou Nég inconnu; Côte-Rôtie Chapoutier 1989; Château Climens 1989; Maury vignerons de Maury 1959; Alvar Pedro Jimenez dulce 1927.

Les vins ont été indiqués ici dans l'ordre de service. le champagne de début est le champagne que fait une des mes cousines très éloignée à Vertus. Il n'avait comme objectif que de se faire la bouche.
J'étais dans le groupe 1.

Les vins que j'ai aimés le plus (des amis sympas m'ont parfois fait goûter) dans l'ordre forcément approxiamtif de mes préférences :

Riesling Hugel 1915
Latour 1955
Grands Echézeaux DRC 1942
Rabaud 1945
Suduiraut 1945
Domaine de Chevalier 1924
Tokay Hugel 1928
Gilette sec 1958
Chambolle Musigny 1964
Figeac 1925
Yquem 1937
Bouzy Delamotte 1933
Climens 1989
Pichon Lalande 1982
Mission 1955

Ma façon de classer dépend parfois non pas de la valeur intrinsèque, puisque Yquem 1937 est immense, mais de ce que j'en attendais.
Les autres étaient soient très bons, soit je ne les ai pas bus.


Cordialement,
François Audouze
27 Jan 2006 19:14 #3

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

"......... Car chaque vin mérite une attention. J'ai demandé à chacun d'avoir de l'humilité face à tous ces vins qui racontent l'histoire du vin, mais certains voulaient avec ces vins faire comme les gens qui ne prennent au buffet que les toasts au caviar. Une telle attitude me désole.........."

Remarque pertinente.
Je me souviens lors d'une dégustation verticale de 9 Calvados de 5 à 60 ans d'age ,certains voulaient gouter tout de suite le 60 ans d'âge . J'ai refusé (c'était chez moi ! ).

On peut penser aussi à ceux qui ne regardent que les blondes décolletées, oubliant les beautés plus discrètes :););)

M'irritent aussi ceux (ou plus souvent celles ) qui laissent remplir leur verre pour ne pas le boire...........J'espère que ce n'est pas arrivé trop souvent hier soir !
27 Jan 2006 19:55 #4

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Réponse de 2tone sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Quel que soit le nombre de réponse que suscitera ce post, je suis certain qu'un grand nombre de passionnés aurait aimé être présent à cette soirée.

Et je serais exigeant en disant qu'encore plus que la liste des crus dégustés, j'attend votre CR avec impatience.

Cordialement,

2tone
27 Jan 2006 21:43 #5

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Réponse de Anthony sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Francois, Raymond,

Aucun n'était bouchonné. Quelques uns furent jugés fatigués par des gens impatients.

Je suis entierement d'accord que la plus grande qualite d'un degustateur (qu'importe son status) soit son humilite. Mais l'humilite est une route a 2 voies et elle devrait egalement permettre au meme degustateur de dire que tel vin ne merite pas l'eloge qu'on lui fait ou qu'il n'est simplement pas de son gout, voir pas bon.

Doit on obligatoirement etre clement et poli avec un vin simplement parce qu'il est du 3e age, comme on le fait avec les personnes ? Ce n'est pas mon avis.

Anthony
28 Jan 2006 06:54 #6

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Anthony,

Je ne parlais pas de la qualité des vins, qu'il faut pouvoir critiquer , mais en les replaçant dans leur contexte et essayant de faire abstraction de ses propres gouts surtout s'ils vont vers les vins jeunes !

Je pensais plutot aux buveurs d'étiquettes qui vont se précipiter sur Yquem ou Montrachet et délaisser Côte du Jura ou Phelan Segur par ex , parce que dans le fond ils n'aiment pas vraiment le Vin .

Encore que dans la liste ci dessus , question étiquettes, il n'y ait pas grand chose à délaisser :)
28 Jan 2006 08:34 #7

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Réponse de Anthony sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Raymond, je suis en fait un peu allergique a ce theme de "contexte". Humilite, retenue, decouverte tout a fait. Mais devoir avoir une attitude differente pour un vin de 50 ans que pour un vin qui vient di sortir chez mon caviste, pourquoi ?

C'est comme dire que je dois plus de repect a ma grand-meme qu'a ma soeur et quelque part je touve que cette echelle a deux mesures ne s'applique pas au vin.

Je te dis cela etant personnellement un amoureux de vieux Bordeaux (tant qu'ils sont bons) mais ce n'est pas mon caractere d'etre plus indulgent pour un vin age justement a cause de son age.

Anthony
28 Jan 2006 08:48 #8

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Anthony,
Je ne suis pas tout à fait d'accord et je vais expliquer pourquoi :
Il y avait un Chablis 1950.
J'ai dit à tout le monde : si vous vous attendez à trouver dans ce vin le goût d'un Chablis 1990, vous allez être déçus.

la plupart de ces vins anciens ne sont plus du tout dans le fruit.
Si vous n'aimez que les vins qui ont du fruit, ce n'est pas la peine que vous veniez.

Et comme pour une grande majorité des présents, il n'ont pas l'expérience des vins anciens, ils n'ont pas de repère.
Donc, quand on n'a pas de repère, il vaut mieux rester prudent, et essayer de comprendre plutôt que de juger.

Je demande toujours : "ne jugez pas ces vins, essayez de les comprendre", car il n'y a pas de repère.

Sur une route où il n'y a pas de marquage au sol, on vous dit de ralentir.
Pareil pour ces vins.

Ils ne méritent pas plus de respect, ils méritent plus d'attention, car peu de gens ont les clefs pour les lire comme il faut.


Cordialement,
François Audouze
28 Jan 2006 13:06 #9

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Réponse de G.VIVES sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Francois,

Le "1927" sur le PX d'Alvear n'est que la date de création de la solera.
Sa production d'ailleurs quasi industrielle, fait qu'il ne doit rester de cette année au mieux que quelques traces.

Le "1830" de la même maison à la production cette fois ci confidentielle (600bt), est par contre un vrai "vénérable" (une centaine d'année d'âge moyen)

La qualité de vin facilement accessible ou compréhensible serait je crois, pour vous, une formidable alliée...

Cordialement

Gilles
28 Jan 2006 21:43 #10

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

un vin sans fruit.....est-ce encore du vin ???

Yves Zermatten
28 Jan 2006 21:49 #11

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Yves,
C'est une belle question.
ça m'étonnerait quand même que vous n'ayiez jamais bu de vin ancien.
Vous devriez normalement savoir ce qu'est un vin ancien. J'aurais du mal à croire le contraire.

Je fais souvent la comparaison avec les tapisseries.
Un Picart-Ledoux, un Lurçat font des tapisseries avec des fils aux couleurs d'une belle intensité.

Les Aubusson, les Bruxelles, les Gobelins, les Savonnerie du 18ème siècle ont des couleurs moins fringantes (traduisez fruit), mais elles sont sacrément belles.

Je trouve un charme fou aux vins anciens, et apparemment les 52 particpants de cette assemblée n'avaient pas l'air d'avoir souffert.

Mais je comprends parfaitement (hum, hum) que vous puissiez leur refuser le nom de vin, même si on peut penser que c'est assez violent.

Les vignerons présents avaient l'air de penser que c'était du vin. Qui dois-je croire ?


Cordialement,
François Audouze
28 Jan 2006 22:57 #12

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Gilles,
J'avais à gérer pas mal de flacons.
celui qui a apporté le vin m'avait prévenu qu'il l'apporterait seulement au dernier moment.
Et pour cause : sa bouteille est à capsule aluminium que l'on ouvre comme une bouteille de sirop.
J'ai pris la dénomination pour argent comptant, mais peut-être lui aussi, car la seule chose qu'on voit sur l'étiquette, c'est 1927, ce qui est une belle tromperie.
En salles de vente il y a souvent de ces 1927. Elles sont très peu chères car c'est une année repère et non réelle.
Dans ce cas, annoncée de 1927, je l'ai notée comme de 1927.
(j'ai fait environ 500 mails pour gérer tout cet événement, ce qui peut expliquer certaines imperfections).


Cordialement,
François Audouze
28 Jan 2006 23:03 #13

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

François,

je ne vais pas me lancer dans des interprétations sur le conformisme en dégustation mais, en deux mots, et pour moi, un vin sans fruit n'est pas du vin....gustativement parlant.

mais je ne m'offusque pas que l'on puisse s'extasier sur de telles bouteilles. Comme tu l'as très bien expliqué ailleurs sur le forum, tout est question de grille de lecture et je ne suis pas un dogmatique. Tant que la passion authentique est là.

quant aux vieilles bouteilles, j'ai peu d'expérience en la matière, et le plus vieux vin que j'aie bu est un clos de vougeot 1929. J'en avais parlé il y a longtemps sur le forum, dans une expérience quasi audouzienne ;) cf www.lapassionduvin.c...

cordialement

Yves Zermatten

Yves Zermatten
28 Jan 2006 23:08 #14

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

J'ai lu ce très beau compte-rendu, avec en plus une belle histoire, et j'avoue que je comprends encore moins.

Si quelqu'un me dit : j'ai bu une 1929, elle était morte, donc pour moi, tous les vins anciens sont morts, je lui dirais, attendez, ne jugez pas sur une seule bouteille.

Mais si, ayant bu une seule bouteille de 1929 que vous trouvez bonne et qui vous surprend, vous en concluez que les vins anciens ne sont pas du vin, alors voilà un cas que je n'ai jamais rencontré.

Vous connaissez cette histoire qu'on raconte : un français arrive à Londres et voit un anglais roux. Et il en conclut : tous les anglais sont roux.

Vous, vous voyez un anglais roux (un 1929 que vous avez aimé), et vous concluez : aucun anglais n'est roux (aucun vin ancien n'est vraiment du vin).

Là, je m'incline : "trop fort", comme on dit aujourd'hui.

Savez-vous que ce Riesling 1915 était la forme ultime de la perfection du Riesling. Et ce ne serait pas du vin. J'espère que Jean Hugel ne va pas lire !!!


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 00:11 #15

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

C'est pas tout ça, mais je vais préparer mes commentaires.
Ce ne sera pas aussi riche d'enseignements que ce que certains LPViens écrivent brillamment, mais ce sera ce que j'ai ressenti.


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 00:16 #16

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

François,

Pourquoi compliquer autant ce qui est simple et projeter des raisonnements que je ne tiens pas. Mieux vaut me lire attentivement avant de partir dans tes logorrhées.

Ce Clos de Vougeot 1929 avait encore du fruit. C'était donc du vin.

Je n'ai pas dit que je n'aimais pas les vins anciens, je me suis juste posé la question de savoir si un vin sans fruit était encore du vin. tu ferais mieux de répondre à ma question : comment un breuvage sans fruit peut-il être encore considéré comme du vin ?

cordialement

Yves

Yves Zermatten
29 Jan 2006 00:35 #17

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Réponse de Anthony sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Francois, je ne dis aucunement qu'un vin vieux doit ressembler a un vin jeune et mon manque d'experience me rappelerait le besoin d'humilite en faisant face a un nectar que j'ai de la peine a dechiffrer.

Mais si un vin vieux est mort, je veux pouvoir le dire. Le fait qu'il a 50 ans ne doit pas me forcer a prendre des gants et lui trouver des excuses, ou pire des qualites qu'il n'a pas, juste par politesse.

Anthony
29 Jan 2006 07:55 #18

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

François a beaucoup de mal, et c'est très curieux, à ne pas se sentir offensé personnellement dès lors que l'on pose qu'un vin d'un âge vénérable puisse ne pas être fidèle aux attentes et forcément meilleur que dans sa prime jeunesse.
Je crois, un peu comme le dis Anthony, que les vieux flacons ont d'emblée des circonstances atténuantes à partir du moment où une certaine émotion naît en contemplant le millésime et que dans certains cas, on se satisfait, ému, d'y trouver encore un souffle de vie. Mais est-ce objectivement suffisant?
Je suis dans cet état d'esprit et ne demande qu'à changer d'avis. C'est pour cette raison que je vais à ce repas de mardi. En toute humilité et en toute objectivité ou autant qu'il est possible de l'être. (Je laisse ma carte de la LCR dans le tirroir!;) )

Jérôme Pérez
29 Jan 2006 09:16 #19

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Réponse de Hamitan sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Bonjour,
Question connexe : qu'est-ce pour vous qu'avoir "du fruit" ?

Cordialement,
Hamitan
29 Jan 2006 14:06 #20

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Je donnais pesonnellement du vin ancien la définition suivante : quand on perd la prédominance du fruit.
Ce n'est pas très scientifique mais ça résume assez bien ce que je ressens.

Je ne me sens pas attaqué, mais je constate que si quelqu'un dit : j'ai bu un Clos Fourtet 2001 qui était splendide, tout le monde dit : bravo.
Si je dis j'ai bu un Clos Fourtet 1947 qui était splendide (et c'est une des plus belles réussites de 1947), la première réaction est d'en douter : "il se laisse influencer par l'année, il a un goût morbide pour les vins anciens".
Ce qui veut dire que l'on accepte le jugement de celui qui parle d'un vin jeune. On n'accepte pas le jugement de celui qui parle d'un vin vieux, et on ratiocine sans cesse pour essayer de faire croire qu'il n'a pas de jugement.
Je ne me sens pas attaqué. je constate qu'il y a une réticence immense à accepter qu'un vin ancien soit bon.
Pourquoi celui qui aime un vin ancien n'aurait pas de palais ?
C'est ça qui m'hallucine.

Bon, comme il y a quand même des gens qui sont intéressés par cet événement assez unique, j'en donne mes commentaires en indiquant une chose : comme jamais deux bouteilles du même vin n'auront le même goût (la preuve le Salon 1959), et comme je ne suis pas en charge de l'écriture d'un guide (et j'en serais incapable), j'écris ce que je ressens. Pas ce qu'il faudrait écrire.
C'est ma vision personnelle de ma passion.


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 14:32 #21

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Voilà ce que j’ai ressenti.
Le champagne Léon Camuzet, de ma vieille cousine de Vertus est le même que celui que j’avais ajouté chez Guy Savoy, quand le Bisinger 1953 avait rendu l’âme. Je l’ai mis en premier à chaque table, pour qu’on « se fasse la bouche ». C’est nécessaire avant d’aborder des chefs d’œuvre. J’aime bien ce champagne simple que je connais par cœur, d’une belle pureté. On nous sert le champagne Salon 1959, ouvert à l’instant. Sa couleur de bouillon ne dit rien qui vaille. Dégorgé sans doute il y a plus de trente ans il n’a plus de bulles. Aubert de Villaine, assis à mes côtés, cherche à trouver des morceaux de message, et j’apprécie cette attitude positive. Force est de constater que le vin est mort. C’est triste, car dans l’absolu, c’est un des plus grands champagnes qui aient été faits.
Le Château Gilette sec 1958 m’étonne profondément. Il est sec, bien sûr, mais il ne peut pas cacher qu’il vient de Gilette. Je pense immédiatement à « Y » d’Yquem 1964, d’une année où Yquem n’a pas été millésimé, qui contient « forcément » du goût d’Yquem. Là, on a cette combinaison subtile du vin sec et du charme du grand sauternes. Un vin charmeur, plaisant, à la trace lourde en bouche.
Le Chassagne Montrachet Thorin 1966 a un très joli nez. Il est dans cette période intéressante pour les blancs où le vin est encore jeune et pas encore vieux, en bascule. Suffisamment d’énigme pour animer le palais. J’aime bien ce vin simple et direct.
Le Château Olivier rouge 1990 servi à deux groupes en magnum n’entre pas dans les critères de l’académie car il est très jeune, mais l’esprit de cette séance est à l’ouverture. Cela ne nous empêche pas d’apprécier ce vin jeune, fruité, agréable. Le Lafont-Rochet 1972 a plus de présence que ce que son année suggère. Une palette d’arômes et de saveurs assez vaste sur un message court.
Le Lynch Bages 1983 se présente très au dessus de ce que j’attendais. Ce vin raconte des histoires ensoleillées. Ce n’est pas le jeune dandy sans cervelle. Il cause ! Vivant, très jeune, je l’ai beaucoup aimé.
Le Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982 est un grand vin célébré à juste titre par les critiques. Je l’avais bu lors de la fabuleuse dégustation au Taillevent que j’ai racontée. Lui non plus n’est pas un vin de l’académie tant son avenir est grand. Nous avons pu apprécier la beauté de ce vin précis, presque archétypal, « droit dans ses bottes », au message dense et profond.
On découvre tout à coup que l’académie commence quand on nous sert Château Figeac 1925. C’est une année plutôt difficile d’une décennie prestigieuse. Mais quel beau discours. C’est un vin romantique, discret, à la séduction féminine. Quand on prend bien garde de l’étudier comme il convient, on sent tous ces petits détails qui assoient son charme. C’est un vin délicat. Son « auteur », à ma table, était ému de le voir si beau. Quel contraste immense avec le Domaine de Chevalier 1924 que l’on m’apporte maintenant. Ils n’ont qu’un an de distance mais tout les oppose. Le Domaine de Chevalier est puissant, intense, légèrement torréfié, d’une densité rare et d’une longueur extrême. Lequel est le plus charmant ? Mais les deux bien sûr, car ils donnent deux facettes de cette décennie, l’un dans la force l’autre dans la subtilité. Et les conservations en cave peuvent jouer autant de rôle que les millésimes.
Le Corton rouge Les languettes du domaine Bichot 1977 est un vin d’une parcelle que ni Aubert de Villaine ni moi ne connaissons. L’année 1977 est une année faible. Mais le nez interpelle agréablement. Le vin n’est pas très long, mais il a encore du charme bourguignon.
Etant assis auprès d’Aubert de Villaine, je me demandais si j’arriverais à être objectif face à son vin. Je sens le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942, et intérieurement, je fais ouf ! Je pourrai dire ce que je pense. Le nez est absolument spectaculaire. Je retrouve tout le charme de ce domaine dans ce nez énigmatique, séducteur, mais provoquant. Ce vin, c’est Carmen qui me dit : « si je t’aime, prends garde à toi ». La bouche confirme l’impression du nez : vin splendide, qui ne joue pas en force mais en complexité, d’une émotion rare. J’aime l’empreinte des vins du domaine. Celui-ci est infiniment plus long que ce qu’on attendrait de son année. L’oxygénation lui a fait un bien fou.
Alors que mon voisin de table montrait sa capacité à rechercher en chaque vin ce qu’il a de positif, le voici qui éreinte l’un des vins que j’avais apportés : Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929. Ce qui le gêne, c’est que la proportion de vin algérien dans ce Musigny doit être significative. Défenseur qu’il est de l’intégrité de la Bourgogne, je le comprends. Mais il y a prescription ! J’ai tant dégusté des vins de ce calibre qui sont des sangs-mêlés que cela ne me gêne pas. Et on ne réécrit pas l’histoire. Mon palais n’a pas de devoir de repentance. J’ai donc aimé. Aubert moins. C’est ainsi.
Rien n’a plus d’importance quand arrive sur table le Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915. J’avais entre temps goûté le Tokay 1928 Hugel qui est absolument grandiose, vin sec au soleil lourd, dense, accompli. Mais là, on est dans la perfection ultime de ce que le Riesling peut produire de plus beau. Je crois n’avoir jamais bu un vin d’un tel équilibre, d’un tel accomplissement. C’est un trésor en bouche. C’est une hostie consacrée par Bacchus, si l’on accepte cette catachrèse panthéiste.
Une journaliste amie arrive à ce moment là. Avant qu’elle ne goûte ce nectar et ceux qui allaient suivre elle porte à ses lèvres le Grands Echézeaux. Une immersion aussi brutale dans la perfection l’a tellement émue que je la sentais physiquement troublée de cet étalage de splendeurs. Est-ce que tous les académiciens auront compris comme elle la rareté de ce que nous goûtions ? Je l’espère.
Arrive alors devant moi un tiercé dont on pourrait rêver toute une vie. J’avais au programme un Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985, mais les sauternes étant insistants, je ne l’ai pas goûté, son nez envoûtant suffisant à me combler d’aise. Le Château Rabaud 1945 me crée une émotion invraisemblable. D’une douceur, d’une délicatesse rare. Le Château Suduiraut 1945, plus flamboyant, semblait fait du même moule, mais, plus sûr de lui, j’avais l’œil plus attiré par le Rabaud. Le château d’Yquem 1937 a une couleur de thé presque irréelle de jeunesse. En bouche, on sent immédiatement que c’est Yquem. Mais ayant bu déjà un Yquem 1937 plus extraordinaire encore, je choisirai dans ces trois exemples de la perfection du sauternes accompli le Rabaud, puis Suduiraut et enfin Yquem, classement purement sentimental, sans référence à des faits objectifs et seulement à des émotions.
En cours de route, mes amis m’en avaient fait boire de belles ! La Mission Haut-Brion 1955, magnifique exemple de la pertinence de l’année 1955 que je ne cesse de clamer dans mes bulletins et naguère dans mon livre. Mais chapeaux bas, Château Latour 1955 est encore cent coudées au dessus. Certainement le Latour le plus grand que j’aie bu, alors que j’ai à mon palmarès 1870 et 1900 qui sont de solides prétendants. Gorgée furtive mais éblouissement total, ce vin sublime m’a donné un jab au cœur.
Je n’ai pris du Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964 qu’une parcelle de nez. Et si je l’ai eu en bouche ce n’est que du nez que je me souviens, nez sublime, parfait.
Michel Bettane, à qui j’ai demandé de prononcer quelques mots, est venu à notre table porter Château Climens 1989 en disant : voilà le botrytis parfait. Ce vin évidemment hors académie tant nos arrière-petits-enfants s’en réjouiront est un exemple réussi du sauternes actuel. Le Chasse-Spleen 1961 est l’exemple accompli du Moulis-en-Médoc, dont l’icône reste pour moi Poujeaux 1928 que j’ai apprécié de nombreuses fois.
Nos papilles académiciennes ont été sollicitées par des anges. Je me suis amusé à faire un classement. Bien évidemment sa valeur est subjective et ne préjuge en rien de la prochaine bouteille que l’on boira d’un même cru. Mais cela montre à quel point des vins m’ont ému :
Riesling Hugel SGN 1915, Château Latour 1955, Grands Echézeaux DRC 1942, Château Rabaud 1945, Château Suduiraut 1945, Domaine de Chevalier 1924, Tokay Hugel 1928, Château Gilette sec 1958, Chambolle Musigny 1964, Château Figeac 1925, Château d’Yquem 1937, Bouzy Delamotte 1933, Château Climens 1989, Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982, Mission Haut-Brion 1955.
La seule lecture de ce classement montre l’ampleur de l’événement que nous avons vécu. La générosité des académiciens fut immense. Le support moral de grands noms du vin est un encouragement immense. Je pressens qu’il y a ici les germes de quelque chose de grand pour la connaissance, la mise en valeur de l’un des beaux patrimoines de la culture française : les vins anciens.


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 14:37 #22

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Par comparaison, voici les notes d'un ami sommelier, qui participait à cette séance. On verra nettement la différence d'approche.
Je sais qu'à sa table ils ont apprécié Mission 55 et Latour 55 au même niveau.
J'ai ressenti Latour très largement plus haut.
Voici ses notes :

Cette séance a été historique, un événement magique très bien organisé.
Elle fait suite à celle du 4 octobre dernier qui m’avait impressionné,
la dégustation à l’hôtel de Crillon est un bon choix, le service et la mise en place sans défauts, choix des verres, nombre de vins dégustés et surtout,
qualité des vins présentés « EXCEPTIONNEL »
L’ordre des vins et l’ouverture des vins 4 heures avant,
méthode à breveter « Audouze » font partie également du succès.

NB :La table n°4 était très sympa, des amateurs passionnés, un bon esprit et une soif de connaissances autour de chacun des vins dégustés. Certains vins ont atteint leur apogée,
vins de références proche de la perfection, d’autres un peu fatigués, d’autres « softs »,
mais tous ont eu des choses à raconter : étonnant !

Notes de dégustations du 26 janvier 2006

Champagne Léon Camuzet:
Beau vin d’apéritif aux notes toastées, nez discret d’agrumes et de fleurs blanches.
Bouche fraîche et complexe où se mêlent douceur du fruité et rondeur de sa structure.

Vin nature de champagne 1950:
Robe jaune doré dense, le nez est un vrai poème en perpétuelle évolution,
le miel, le pain d’épices, la noix , l’agrume confite.
En bouche fruits mûrs, poiré, dattes et figues, également la brioche.
Finale fumée très agréable, arrivé à maturité

Chablis Montée de Tonnerre Jean Quénard 1950:
Une analogie intéressante entre vins de la même année, le chardonnay de Bourgogne
et celui du champagne 1950 Saran, dégusté juste avant, la mémoire du cépage est encore présente dans ces 2 vins, notes beurrées et brioches. Ce vin un peu fatigué, révèle au nez des
fruits blettes:coings et fruits secs confits. En bouche, des notes toastés, mais finale très courte.

Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988:
Robe sombre, orange à reflets topaze, nez subtil de crème brulée, caramel et vanille, en bouche une saveur concentrée compôsée de mélasse, miel, figue et chêne vieux. Finale un peu courte, car il manque à ce vin la minéralité et la fraîcheur digne des grands Montrachet.

Tokay pinot gris Hugel 1928:
Avec plus de 350 ans d’existence la maison a une influence décisive sur le vignoble alsacien,
Jean Hugel nous a présenté un très grand vin sans doute des Grands Crus Sporen, d’où sont issus des vendanges tardives et sélection de grains nobles qui sont des cas d’école !
Ce 1928 est extraordinairement visqueux, qui confirme une belle onctuosité au palais,
nez complexe de fruits à surmaturité et de fruits secs : pêche blanche, abricots, raisins de Corinthe. Bouche extraordinaire, puissante avec un équilibre proche de la perfection.

Magnum Château Olivier 1990:
Robe grenat , légèrement tuilée, nez dévoilant une palette aromatique évoluée,
marqué par le sous-bois humide d’automne, le compost et des notes animales giboyeuses.
Bouche évoquant le truffe, pleine, dotée de beaux tannins doux et fondus.
Vin déjà agréable à boire que je recommande sur des viandes grillées et pas sur un fromage !
Finale courte pour un millésime qui présente sur le papier un grand potentiel de garde.

Cos d’Estournel 1973:
Vin tannique, mais juste ce qu’il faut, avec un bouquet terreux, d’épices et de chocolat,
En bouche, des notes de vanille et de cannelle. Un petit millésime, en déclin, dommage.
Il manque les fruits noirs et la puissance d’un Cos d’Estournel.

Château Phélan-Ségur 1964:
Un Saint-Estèphe typé, un grand millésime, que du bonheur!
Robe orangée, nez de cuir, de tabac blond et de gibier.
Bouche ample, tanins soyeux et fondus, caractérisée par son élégance et son volume.
Du caractère, très agréable.

Château Chasse-Pleen 1961:
Quel vin.. Depuis le début de cette dégustation, se confirme une vérité,
nous ne comparons pas seulement des terroirs et des vinifications, mais surtout
les millésimes qui apportent pour certains la magie, d’autres la normalité, et d’autres encore, la déception.. Ce Chasse-Spleen 61 est étonnant, pour un Moulis, dont le caractère soyeux et la souplesse sont proches des Margaux, tout en dentelle, quelle finesse et élégance, un vin d’émotion. J’adore ce 1961, ou domine la puissance et la fraîcheur mentholée(iodée dira mon voisin de gauche) combinée à la complexité d’un vin mature très long en bouche, fruits noirs, compotés, tabac blond, boîte à cigare et touches de café. Magnifique vin de référence de cette appellation, le meilleur que j’ai dégusté en Moulis, un grand Bordeaux.

Château Mission-Haut-Brion 1955:
A l’aveugle, j’aurai dit Haut-Brion : ce vin est parfait, extraordinairement dense, riche en sève, puissant, le bouquet est concentré, son ampleur aromatique immense, son moelleux est harmonieux, ce 1955 à la manière de Dali, j’ose dire est« Mo-nu-men-tal »
Ce vin de la Mission est sans doute plus « masculin » que Haut-Brion, mais quelle classe.

Château Latour 1955:
Un vin réellement monumental. Noir, puissant, opaque, massif,
il possède une noblesse de saveur unique et somptueuse,
une intensité et un fruité d’une extrême opulence. Très Latour..
Ce vin tout comme Le Mission-Haut-Brion de 1955 sont les plus réguliers en excellence,
faits pour résister à l’épreuve des années. Idéal pour une séance de l’Académie des vins anciens. Nb: J’ai pu goûter à Londres en 1999, les Latour 45, 55, 61 et 70 à l’aveugle.
Ma meilleure note était déjà pour Latour 55 pour lequel j’avais mis 98/100, confirmée
ce 26 janvier à égalité avec Mission-Haut-Brion 55, que je note également 98/100.

Domaine de Chevalier 1924:
Robe pâle orangée, reflets topaze. Premier nez de tabacs blonds et de fruits rôtis,
notes de torréfaction et de chocolat se dégagent, bouche épicée, girofle et gibier.
Vin élégant, finale courte sur des tannins secs, devait être à son apogée dans les années 1990.

Volnay 1er Cru Bouchard 1957:
Robe rose pâle, reflets orangés. Nez subtil de fruits mûrs, notes de griottes et d’épices,
purée de cassis, soulignée par des touches boisées. Bouche encore gourmande pour un vin
de mon année de naissance, mais finale courte, dommage.
Le potentiel de garde d’un Volnay étant de 15-20 ans,
sur des terroirs comme Les Champans ou Les Caillerets.

Chambolle Musigny Les Amoureuse Domaine Ropiteau 1964:
« Le Musigny est aux rouges ce que le Montrachet est aux blancs, un pur coups d’Archet » disait Jean-François Bazin. Ce Chambolle Les Amoureuses est gourmand, sublime, opulent, encore plein de fruits rouges, notes réglissée. Finale grandiose, un grand Bourgogne
qui tient sa place malgrè les « monuments » dégustés auparavent, superbe !

Gewurztraminer 1976 Sélection de grains Nobles Hugel:
Un grand Cru Sporen de chez Jean Hugel, et bien sûr, un cas d’école..
Grande complexité d’arômes fruités: litchi, abricots, mangue ,fruits exotiques et épices confites, délicieux. Quelle fraîcheur ! véritablement impressionnant, un moelleux qui
frôle le sublime. très minéral, ce vin qui a la richesse d’un nectar va traverser le temps
comme ce Tokay 28 dégusté auparavent.

Château Suduiraut 1945:
Tellement Sauternes, fruité d’une grande complexité aromatique,
miel d’accacia, cire d’abeille, abricots cuits, ananas et fruits confits, tout y est !
Avec en plus les épices et les notes de caramel, et de torréfaction apportée par ce millésime très concentré, étonnamment Jeune. A Suduiraut, l’aura de qualité est liée a une faible production, ainsi qu’à un terroir complémentaire: « Argile, silice et calcaire pour la chair,
le corps et la distinction » résume Nicolas De Rabaudy.
Un vin émouvant, pour terminer en fanfare cette dégustation historique.

Mes Favoris:
1 et 2 Mission Haut-Brion 55 a égalité avec Latour 55
3 Suduiraut 45
4 et 5 Chasse-Spleen 61 a égalité avec Chambolle Les Amoureuses 64 Ropiteau
Coups de Cœur: Tokay 28 et Gewurztraminer 76 Hugel


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 15:32 #23

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Pour la question : un vin sans fruit est-il du vin, je pense que le mieux est d'en boire, et de se faire une opinion.
C'est ce que tente de faire l'académie, car pour beaucoup de participants, on est entré dans un monde de vins qu'ils ne soupçonnaient pas.

Le plus compliqué de ceux que j'ai cités et bus, pour un néophyte, c'est le Figeac 1925 et ensuite le Grands Echézeaux 1942. Mais mon amie journaliste qui ne boit que des vins jeunes pour son journal a immédiatemment fondu devant la perfection de ce vin où le fruit n'est pas la caractéristique dominante.

Donc, c'est plus par l'essai que par les mots que l'on comprend l'immense intérêt de ces vins où le fruit ne domine plus.


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 15:40 #24

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Réponse de chouffe sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

François,

Vous répondez de façon indirecte à Yves.

"ce vin où le fruit n'est pas la caractéristique dominante."
"l'immense intérêt de ces vins où le fruit ne domine plus."


Ces vins ont donc encore du fruit, ce n'est simplement plus les arômes dominants.
Posons donc la question différemment, avez-vous déjà bu un vin où le fruit avait totalement disparu ? Si oui était-ce, selon votre point-de-vue, encore du vin ?

Stéphane
29 Jan 2006 15:47 #25

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Je ne suis pas assez compétent.


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 15:54 #26

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Une question : dans un vieux Chateau Chalon, est-ce que vous trouvez du fruit ?
Si oui, lequel ?
Si vous n'en trouvez pas, est-ce que le vin jaune est du vin ?


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 15:57 #27

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Et ne me répondez pas la noix, s'il vous plait !!!!


Cordialement,
François Audouze
29 Jan 2006 15:58 #28

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

Pourquoi pas, la noix c'est un fruit, non ? :D

Plus sérieusement, je m'étonne de cette question relative à l'obligation de présenter des arômes fruités pour être qualifié de vin...
Dans mon dictionnaire, on indique "vin : boisson fermentée préparée à partir de raisin frais". Il n'y a pas d'autres conditions, et certainement pas celle d'y retrouver des arômes fruités. Le reste, c'est une question de goût.

Luc
29 Jan 2006 16:19 #29

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Réponse de MarcF sur le sujet Re: l'académie des vins anciens - 2ème séance

J’ai eu l’immense chance et plaisir de participer jeudi soir à la deuxième séance de l’Académie des Vins Anciens et, une fois encore, j’en remercie son instigateur et organisateur, François.

N’étant que simple (et jeune) amateur et ne connaissant pas personnellement les nombreux intervenants de ce forum, je ne souhaite aucunement rentrer dans une quelconque polémique sur l’age et le « niveau de fruit » à partir duquel un vin n’aurait plus droit à ce titre.

Ce que je peux dire toutefois, c’est qu’au-delà de l’extraordinaire soirée passée à déguster des vins d’exception en compagnie d’académiciens dont la générosité n’a d’égal que l’ouverture d’esprit (et des papilles), j’ai découvert un univers œnologique qui m’était inconnu.

Il va de soi que des Latour 55, La Mission Haut Brion 55 (que mon manque d’expérience m’a d’ailleurs fait préférer au Latour) ou Yquem 37 sont des vins exceptionnels : le but de l’Académie et de François n’est pas de boire des vins « morts ». Mais même si ces trois vins furent pour moi les plus grandioses de la soirée ce ne sont pas ceux qui m’ont le plus marqué. Ce fut en effet bien plus surprenant (et c’est cela à mon avis l’objectif de l’Académie, François n’hésitez pas à me corriger si je détourne votre création) de découvrir qu’un Chambolle Musigny 64 ou un Tokay 28 pouvait être non seulement grand et émouvant mais également excellent !

A titre d’illustration de ces propos qui je le conçois sont bien théoriques, je garderai un plus grand souvenir du Chablis 50 (sans fruit) que du Château Olivier 90. Cela ne doit être pris ni comme une critique de ce jeune Bordeaux (j’avais moi-même apporté une bouteille bien jeune dans les standards de l’Académie), ni une dévotion religieuse aux vins anciens (que je découvrais) mais uniquement comme le résultat d’une expérience œnologique qui ne demande qu’à être renouvelée(:!P)

Je souhaite à tous les LPViens qui participeront au dîner organisé par François de vivre et profiter de ce moment qui je l’espère et le pense sera à la hauteur de ce que nous avons vécu et bu jeudi.

Cordialement,

Marc
29 Jan 2006 16:30 #30

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