Bon, nous y voilà et ce n'est pas le meilleur moment pour le faire, mais comme mes malos ne sont pas toutes finies, j'ai pas pû attendre plus, avant de vous donner mes impressions sur ce millésime.
Voici donc mes impressions sur ce millésime décrié avant d'être ramassé, voir presque entérré.
Comme je l'ai eu dis dans des messages précedents, 2007 a été (je suis d'accord) une année difficile, mais pas si pluvieuse que ça.
Certes nous avons eu un été plus que maussade avec beaucoup de journées de pluies (mais tellement fines)qui ont enormement dérangées les estivants et vacanciers. Elles auront suffis au mildiou afin qu'il se développe d'une manière parfois desastreuse. Certains collègues ont eu une pression des plus forte, mais rien que dans notre département on constate d'énormes différences entre 2 communes voisines.
Donc 2007 millésime de vigneron, ça c'est sur, mais pas si mauvais que ça. Je suis parti passé quelques jours chez des amis Suisse (4 seulement, j'en ai encore des sequelles...pour y revenir bien sur...(
)). Nous étions le 17 Août et ma pluviométrie n'en était qu'à 432 mm. Incroyable. Pour un volume approximatif de 850 mm pur une année normale. Il a plu le 20 Août, 34 mm et le 24, 4 mm. Puis plus rien jusqu'au milieu des vendanges où en tout et pour tout nous avons eu 18mm.
Alors rien d'affolant (ici je sais bien, d'autres vignerons ont été malheureusement plus touchés), sauf que par rapport à la mi floraison, je prévoyai les vendanges presque plus tôt que 2003 (là ça aurait été affolant) et au lieu de 3 semaines d'avance nous avons eu plutôt 8 jours de retard.
Les merlots dans leur ensemble n'ont pas atteind leur maturité optimum du côté des sucres (plutôt bloqué vers 12° rarement plus), par contre le potentiel d'anthocyane était extraordinaire, du jamais vu (pour ma part) depuis au-moins 1998, date la plus tardive que j'ai pu trouver.
Ils ont été ramassés en fonction des objectifs de chacun, mais surtout en fonction de l'état sanitaire, à des dates variants de parfois 3 semaines. Le temps ensoleillé et sec (je sais pas qui c'est qu'il faut bénir, mais faut en trouver un(
) a permis d'attendre le maximum, qui pour certains vignerons en fonction de leur terroir aura été très loin, bravo à eux.
Les cabernets, par contre ont eu beaucoup plus de journées ensolleillés et l'attente aura été surtout aidé par beaucoup de dégustations de baies journalières pour suivre l'évolution.
Très peu de conséquence du côté des maladies (les dégats chez ceux qui en ont eu été faits bien avant). Je me suis permi, afin de voir justement sur une année dite pas facile de tester l'efficacité de tous les travaux en verts que je pratique, de ne pas traiter contre le botrytis sur une parcelle de 1.5 ha. Certe l'année ne s'y prétait pas des plus (on aurai pu croire le contraire), mais il me fallait un test. Hé bien j'ai vendangé le plus tard possible comme je le voulais et pas un grain sur cette parcelle, juste un peu sur une autre qui a une zone très (trop) souvent à l'ombre. Comme quoi, s'il avait plu comme certains ont bien voulus le dire, on en aurait eu tous.
Par contre un effet presque général, dans le département, de ces températures plutôt froides s'est ressenti plutôt sur les cabernets: le déssechement de la rafle qui suivant les endroits a fait perdre presque un tiers de la récolte. Beaucoup de bas de grappes étaient secs, si vous avez eu l'opportunité de gouter, les baies étaient "vidées" de leur jus mais surtout c'était délavé, pas de gout, vraiment pas bon. En vendangeant, on aura perdu beaucoup de temps à faire tomber tous ces petits bouts de rafles et donc aussi le rendement en a subi les conséquences.
Au niveau vinif maintenant, tous les discours que l'on entendait des oenologues de chacun, étaient de ne pas trop laisser macérer après les fin de FA. ouais, bon et pourquoi?, on a constaté que justement que laisser macérer était bien justifié pour avoir un certain équilibre. 33 jours pour les merlots, et 32 pour les CS et sans faire dans l'excés (chez moi).
En fin de FA moment où on commence à vraiment découvrir le potentiel, j'ai trouvé les merlots peut-être comme je ne les ai jamais eu (mais je n'ai fait que 3 millésimes chez moi)et les cabernets d'un bien joli niveau. On aura un meilleur avis quand les malos seront finis et que je ferais la dégustation d'assemblage.
Pour essayer de parler en général du millésime, j'ai eu la chance de déguster chez pas mal de copains (qui ont eu surtout la sincèrité de me faire gouter l'ensemble de la récolte et non pas les meilleurs cuves...) et très sincèrement je suis pas vraiment surpris. Il y a un très joli potentiel chez beaucoup, pour la plupart bien mieux que 2006 puiqu'en général on parle du milésime précédent.
Alors bien sur il y aura des surprises (dans les 2 sens)et la différence entre ceux qui ont travaillé au vignoble et qui ont su attendre se fera sentir cette année plus qu'une autre.Il ne faut pas négliger non plus ceux qui auront subis de pleins fouet ce climat si changeant qui, pour s'adapter, auront dû fournir beaucoup plus d'efforts.
Les premières dégustations courant Mars voir Avril pour les primeurs, faites par les professionnels ou par des passionnés comme on en trouve partout, nous donneront beaucoup plus d'infos sur la réalité du terrain. Pour ma part, il me tarde la fin des malos et l'assemblage pour, enfin, me faire une meilleure idée de ce millésiem en 7 qui j'en suis persuadé ne ressemblera pas aux autres. Dans ce métier on essais toujours d'être objectif, quand c'est bon, faut savoir le dire et se defendre si on entend le contraire, comme la possibilité d'avoir un millésime en deça de nos attentes et là aussi faut savoir le dire.
Alors chers amis, 2007 n'est pas mort après avoir failli être entérré, sachons l'apprécier parce que nous n'aurons peut-être pas souvent la grande chance d'avoir un été indien venu de nulle part pour nous permettre de finir le travail commencé. Je suis bien conscient que sans ces mois de septembre et octobre aussi ensoleillé on aurait pas fait un millésime en 7, on risquait plutôt de ne pas en entendre parler.
Maintenant à vous de jouer, prenez vos verres et dégustez, dégustez et encore dégustez, plus vous en ferai et plus on aura un meilleur jugement.
2007 sera un millésime surprenant, surement dans les 2 sens, il y aura de belles surprises comme de belles déceptions.
Et sur chez moi, j'en parlerai sur mon site, ici, ce n'est pas à moi d'en parler mais à vous.
Bon, c'est pas le tout, mais j'ai bien travaillé, j'vé boire un coup maintenant:)o
Patrick (qui n'a plus d'ongle aux deux doigts)