Les comptes-rendus et les quelques notes de dégustation se trouvent dans les rubriques ad hoc mais je ne résiste pas à raconter quelques anecdotes d’un séjour de 2 jours et demi sur place (il n’en faudrait pas plus pour nos portefeuilles et pour notre santé) à la rencontre des vignerons ligériens. Ingrédients pour 6 personnes : 30 bouteilles (bues) et plus de 100 vins (goûtés). Il a donc de quoi nourrir un petit récit.
Notre balade a lieu le week-end de l’Ascension, on ne peut dire qu’il ait fait très beau. Bah, on s’occupe comme on peut : le programme sera limité aux visites vinicoles et de restauration. La pause du voyage fût arrosée par
Dom. La Tournelle Pétillant On Zoue (poulsard d’Arbois).
Jour 1- le jeudi.
En amuse-bouche, visite au domaine de
Cyril Sevin (relatée en détail
ici
). Un très chouette moment avec un vigneron très humble de son travail. Mon coup de cœur va à son crémant rosé et son Sauvignon Une Lente Mélopée (AOC Cheverny).
On loge le soir à l’hôtel-restaurant la Caillère, adresse recommandée par le Rouge et le Blanc. On y annonce une bonne cuisine, simple mais avec des produits bien choisis. Installés dans un coin (pas grave, on fait du bruit), nous commandons les grands menus. Las, si les produits sont bons, les accompagnements sont très simples (tranche de fois gras avec peu d’associations de goûts) et le service est très moyen : on a attendu le pain pour le foie gras pendant au moins 20 min’. Heureusement les vins sont à la hauteur (mais de nouveau, le service brillait par son absence, on l’a fait nous même) : on commence par un
Vouvray Dom. De la Fontainerie Les Coteaux Brûlés 2001, à point, distingué avec ses notes terpéniques et son volume en bouche. La petite sœur nous a accompagné. J’avais demandé de carafer le
Chinon P. Alliet Coteau de Noiré 2006, j’ai bien fait car on a un vin qui se livre, sans boisé marquant, sur une texture soyeuse et une grosse matière. Superbe vin avec beaucoup de potentiel. C’est pas tout ça mais on a encore soif, on enchaîne par un
Chinon Dom. C. Joguet Les Varennes du Grand Clos 2008 qui n’a pu être carafé mais qui nous a épaté par sa finesse et son fruit. Un très beau vin également. Enfin, on a terminé le repas sur un
Bonnezeaux Ch. De Fesles la Chapelle 1985. Le vin a mangé ses sucres, il est frais, sur des notes mellifères, c’est savoureux.
Jour 2- le vendredi.
La journée commence par une balade dans Amboise avant notre rendez-vous au
Rocher des violettes (dégustation relatée
ici
). On ne perd pas de temps et on enchaîne par une visite du
domaine de la Taille aux loups (dégustation relatée
ici
) et des vins du
domaine de la Butte (dégustation relatée
ici
). Accueil trois étoiles dans le salon du domaine (je n’avais encore jamais dégusté dans un divan), gamme magnifique. On commande, on se fait renseigner une bonne adresse pour le déjeuner et on se donne rendez-vous dans l’après-midi pour une visite des vignes (Clos de Mosny).
Déjeuner au restaurant Toqué Vins à Montlouis (pas loin de la cave insolite de François Chidaine) : cuisine parfaite, à des prix sages (20€ pour un menu 2 services de très haut niveau – écrevisses et faux filet par exemple), magnifique plateau de fromages. Pour les vins, ce sera
Montlouis Dom. De la Taille aux Loups Dix Arpents 2011 et
St-Nicolas de Bourgueil F Mabileau Les Rouillères 2010 qui montre la belle qualité de cette cuvée du domaine : du fruit non dénué de structure et des tannins présents mais déjà aimables.
S’en suit donc la visite des vignes du Clos Mosny avant de passer su l’autre rive de la Loire et de rendre visite à l’endormie, l’AOC Vouvray. « Endormie » selon l’expression de Jacky Blot qui nous recommande
Sébastien Brunet qui – selon lui – mériterait par son dynamisme d’être à Montlouis. On va donc vérifier tout ça lors d’une très sympathique dégustation (relatée
ici
) avec au final un Sébastien Brunet plutôt flatté du « compliment » de Jacky Blot.
C’est pas tout ça mais on a faim. Direction le Grand Vatel à Vouvray, restaurant à la magnifique et intarissable carte des vins, surtout sur Vouvray (des bouteilles remontant jusque 1919). Après des bulles pour se mettre en bouche (Bulles de Sébastien Brunet, bues d’ailleurs en montant la tente au camping – cela fera donc trois fois qu’on les boit sur la journée), place avec la superbe cuisine du chef (trio de fois gras et accompagnement – très bon pain cuit sur place-, rougets, beuchelle tourangelle, ris de veau aux morilles) à une déferlante de belles bouteilles. On commence par
Montlouis François Chidaine les Choisilles 2006 qui ne trahit pas son millésime riche et un peu lourd mais l’accord avec le foie gras est réussi. Il faut se rincer la bouche et on enchaîne (sur le rouget) avec
Vouvray Clos Naudin - Brut Réserve 2004-2005. Les ris de veau se présentent et d’aucuns veulent du rouge. Les suggestions du serveur sont excellentes, le plaisir est assuré par
Vouvray Huet - Le Mont ½ sec 2005 et
Chinon Bernard Baudry Le Clos Guillot 2009, ce dernier étant d’une texture soyeuse si remarquable qu’on en oublie sa jeunesse. Nouvelle suggestion pour continuer un peu sur le rouge (en fin de repas les limites sont repoussées) avec un
Chinon Marc Brédif 2006, domaine inconnu pour moi, une bonne bouteille mais pas d’émotion. Arrivent les desserts (soupe de quartiers d’orange à la vanille) et le coup de cœur du soir :
Vouvray moelleux Clos Baudoin Prince Poniatowski 1996. Le vin est à point, les sucres sont totalement intégrés, ça porte long et loin. Certains finissent avec les digestifs et d’autres se laissent tenter par une nouvelle suggestion témoignage (offert par la maison) en la personne d’un
Vouvray brut 1993 (pas noté le nom du domaine) à la bulle vive mais le vin est surtout porté par son acidité. C’est alors que le patron-cuistot en chef arrive et qu’après discussions animées nous emmène visiter la cave et ses trésors de tous le XXème siècle ! Fabuleux, un moment d’anthologie. Rendez-vous est alors pris pour le petit déjeuner au restaurant le lendemain 8h.
Jour 3 - Samedi
On arrive donc à 8h en se demandant ce qui nous attend. Le patron est là, très content de nous voir. Il a préparé son affaire : café, pain mais aussi rillons, rillauds chauds et surtout la pièce de foie gras poché dégusté la veille. Avec ça un
Vouvray Delaleu Terroir 2009 et un
Chinon Bernard Baudry Les Granges 2010. Waouw, ça commence fort… Mais tout ça passe finalement très bien et le patron commence en même temps que le vin à déguster le pack de bières spéciales belges qu’on lui a offert (nous prenons toujours un assortiment et offrons une sélection aux vignerons visités). La discussion s’anime sur tous sujets et le voilà qui revient avec
Chinon P. Alliet L’Huisserie 2009, déjà une très belle bouteille qui promet encore. 9h30, il est temps d’y aller, Bernard Baudry et son fils Mathieu nous attendent.
Les belles dégustations s’enchaînent et celle-ci (relatée
ici
)
ne déroge pas à la règle : un excellent moment passé à la fois avec
Bernard et Mathieu Baudry. Les bières offertes font énormément plaisir aux deux (même si le père avait un peu la tête en vrac) – le fils nous racontant des dégustations comparatives (je n’ai jamais fait ça en Belgique).
L’heure de midi arrive et nous commandons une excellente andouillette 5A au Café des Arts à Chinon, très bel endroit de déco moderne au service prévenant et à la belle carte des vins (Alliet, Rougeard, Th. Germain et j’en passe). En apéro ce sera
Saumur Dom. Des Roches neuves Bulles de Roche, très vineux et minéral et sur l’andouillette
St-Nicolas de Bourgueil S. David L’hurluberlu 2011 entièrement consacré au fruit, ça glisse tout seul.
Le voyage se poursuit en Anjou pour arriver en fin d’après-midi au
Château Pierre-Bise (rencontre avec le maître des lieux racontée
ici
). On s’embarque ensuite (un membre du groupe a beaucoup d’amis dans le coin) aux portes ouverte du Vignoble du Martinet (j’avoue, j’ai arrêté de prendre des notes) pour finir à la table de notre hôte du soir, ami d’une partie du groupe. On n’arrête pas la série et on commence par
Chinon rosé Bernard Baudry 2011, on enchaîne par
Ferme de Montbenault Stéphane Rocher – Rosé moelleux Strawberry fields (coup de cœur de ces vins gourmands, au fruit très pur), on poursuit par l’Anjou rouge
Le clos des mûriers du même Stéphane Rocher pour terminer par le pétillant naturel
Grappe de Bulles du même vigneron. Une trilogie qui donne envie d’en savoir un peu plus sur ce vigneron prometteur ! (infos
ici
et
ici
).
Jour 4 – Dimanche.
Il est temps de rentrer, le portefeuille est à sec et notre foie méritant a besoin de se reconstituer !
Ceci ne démentira certainement pas les légendes sur les Belges mais que ça fait du bien un tel week-end entre copains !
Julien