LISTE DES MAJ:
MAJ 1 page 3.
MAJ 2 page 4.
MAJ 3 page 6.

Sancerre, du 4 au 6 Mai 2009.

Suite au petit reportage que j’ai fais sur la Côte de Nuits et un grand nombre de MP en retour, cela m’a encouragé à faire de même pour ma région de prédilection.
Y allant entre 2 et 3 fois par an, le but de cette virée fut de récupérer les 2007 chez les vignerons que je suis d’année en année et que je n’ai pas pu rendre visite, pour beaucoup, en Novembre dernier.
Je me suis composé un programme où j’ai concentré pas mal de top niveau de l’appellation, le plus dur étant de synchroniser les RDV.

On commence dès notre arrivée par faire un tour du côté d’Henri Bourgeois à Chavignol. Jean Christophe Bourgeois se chargeant de nous faire la série.

On commence avec Les Monts Damnés 2007, très typé, floral, précis et net, avec une belle longueur sur les agrumes. Un vin, comme le 2008, mûri par concentration, et proposant une belle élégance. Très Bien.

Sa Grande Réserve 2007 est très floral avec un côté exotique naissant. Très gourmand en bouche, appétant de part sa salinité finale. Bien+.

On revient sur Les Monts Damnés, avec un 2000 magnifique, nez pierreux, croute de pain, énormément aromatique, complexifié par son côté fumé.
Dans cette année un peu hard, tout le terroir s’exprime, les marnes kimméridgiennes (coquillages) et argilo-calcaire donnent un tel bel aperçu de leur potentiel. Très Bien+.

Un petit détour sur Pouilly : Demoiselle de Bourgeois 2007.
Plus salin, minéral, arômes de roche et de fleurs blanches, et bouche ronde et fruitée. Plaisant. Bien+.

Avant de changer de sol, on finit avec les Monts Damnés.
Jadis 2006 débarque (vieilles vignes des MD, sans collage ni filtration, avec embouteillage de la partie la plus limpide).
Très minéral, précis et pointu, ça me fait penser à la pub Sharp avec Cantona !
Peu d’évolution, très fermé. Vin secret mais un corps bien dessiné. Très Bien (sur le potentiel).

Jadis 1999, en bouteille bonus donne une vision de cette cuvée dans un grand millésime : Nez fumé, iodé, beau volume, bouche vivante, donnant des arômes confits. Très Bien.

Les huitres digérées, passons à un autre type de sol avec Bourgeoise 2006 siégeant sur des argiles à silex.
Le vin est fin et floral, avec des volutes d’épices et de pain d’épices . L’attaque presque laiteuse est suave puis l’ensemble s’étire magnifiquement et persiste longuement, c’est tout ce que j’aime dans les silex. Beau potentiel. Très Bien.

Le lourd se profile avec une cuvée non filtrée superbe : D’Antan 2006, qui sied sur des silex purs.
Le caractère est plus fumé, aérien. La bouche un tantinet austère est tendue mais développe une grosse puissance, c’est la cavalerie au galop avec un aspect « Coco Chanel ». Potentiel faramineux. Très Bien+.

Jean Christophe, connaissant mes goûts et me voyant au bord du précipice décide de me régaler :
La cuvée du Chêne Saint Étienne 435 ans sur marnes kimméridgiennes sort en bonus sous le label 2002. A savoir qu’il n’y a eu que 3 cuvées faites avec ces fûts, je les possède toutes mais je ne connaissais pas l’avancée du vieillissement.
C’est la classe, le sauvignon magnifique, équilibré, un mélange de buis et d’épices dans un dessin long et complexe. Très beau. Excellent.

Les sucreries pour finir :
Saint Luc 1997 (marnes kimméridgiennes sur La Grande Côte) est une cuvée de sauvignon en vendanges tardives. 60g de résiduel, confit, bonbon anglais, léger, frais et vif. Grande longueur, c’est une sucrerie qui nous rappelle notre enfance. Très Bien.

Les Vendanges de la Saint Charles 1990 (Marnes kimméridgiennes- même parcelle que St Luc mais pas vendangé le même jour), avec ses 45g de résiduel est sur la truffe blanche et possède un caractère aérien, vif, presque pur, une sveltitude et une finesse à tomber. Excellent.

Une très belle série avec un hôte qui sait régaler…

On mange en vitesse à la « Bonne Auberge » puis on file à Bué chez Vincent Pinard.

D’habitude nous sommes reçu par la maman, cette fois-ci c’est Clément le fils qui s’y colle.
L’accueil y est comme toujours très convivial.
Leur 2007, toutes cuvées confondues m’avaient vraiment convaincu, mis à part Nuance 07, je ne connais pas l’état d’avancement des mes bouteilles. Let’s go.

Sancerre rouge 2007 (argilo-calcaire - 32 hl/ha, gros triage, 4 d’acidité totale, 100% fût mais pas neuf) se montre avec un léger vanillé, juteux, gourmand, avec des épices douces et une belle acidité est une cuvée avenante mais doit encore un tout petit peu attendre afin de se fondre complètement. Bien+.

On saute de catégorie avec Charlouise 2006 (argilo-calcaire + Petit Chemarin (calcaire) – vignes de 50 ans – 1/3 fût neuf, 1/3 fût d’1 vin, 1/3 foudre).
Le fruit est opulent, avec des épices, le corps est soyeux (léger type Crozes/Côte Rôtie) : un Sancerre Hermitage !...Clément ;-)
Un vin profond et juteux. Très Bien.

Très rares, les Vendanges Entières se font déguster au domaine (988 bouteilles pour ce 2006). Les vignes ont 35 ans, 25 hl/ha, pas d’égrappage, fermentation en raisins complets.
Gros nez de fruits noirs, bouche soyeuse, pas d’amertume, large. Grosse impression…comme toujours. Très Bien.

Le rosé qui suit est archi bluffant, il est sur des sols plus argileux que calcaire (Florès en Pinot noir). Pas de résiduel : fermentation complète.
Très framboise, très salin, finesse hallucinante, bref très déroutant, un vin de grand intérêt à proposer en verre noir… Bien+.

Florès 2007 . 100% inox, calcaire de Bué.
Fraicheur, roche, minéral et salin, sur la pureté de belle longueur. Bien+.

Nuance 2007 (1/3 fût d’1 an) est magnifique : elle m’avait marqué par son évolution géniale et son brio il y a 2 semaines (cf rubrique ad’hoc).
Je le goute un petit peu différemment que chez moi… je reconnais la trame, les flaveurs de litchi en moins. Cuvée sur le s/bois avec une bouche croquante, de belle texture, saline et citronnée. Très Bien+.
2/3 du fût neuf pour Harmonie 2007 extraite de vignes de 50 ans sur le Chêne Marchand et Petit Chemarin. On sent une période de transition, moins de bois, nez plus profond mais une dureté due à la mise récente persiste. Potentiel énorme, minéral, beaucoup de vin. Très Bien.

Une claque va tomber : Petit Chemarin 2007 (calcaire, vignes de 1968 plantées sur des roches mère – 2 fûts d’1 an et 1 neuf et 1 inox pour l’ouillage).
Le nez est cristallin, la bouche sur l’eau de roche, on suce littéralement le cailloux, un vin terroir, de grand volume et de grande longueur…une craie en bouche adjoint à une grosse dose de TNT. Persistance inouïe. Excellent.

Les vignes de 1959 composent Chêne Marchand, et le 2007 (2 fûts neufs et 1 d’1 an) est digne de cette grande parcelle: floral et aérien, plus flatteur que Petit Chemarin sur son aspect de dentelle. Très pur aromatiquement. Terroir +++. Très Bien+.

Clément nous fait plaisir en passant sur les barriques pour tester quelques 2008.
Harmonie 2008 (tirée du fût du Petit Chemarin qui la compose en partie) est pure, le grain de chêne est classieux, très agrume, une vraie fête.

Le Petit Chemarin 2008 possède une puissance aromatique supérieure, c’est un 2006 avec le squelette de 2007, tandis que le Chêne Marchand 2008 est très typé CM, aérien, avec une grosse acidité, longueur infinie….la meilleure impression de le dégustation.

On repart avec toujours cette même impression du travail accompli, propre, pur. De grands vins de terroirs dans une gangue de velours.

Petit détours par le Domaine du Comte Lafon où j’avais une question précise à élucider.
Le Sancerre blanc 2007 est sur la pomme avec une bouche tendue fraiche et plaisante. Bien.

La Poussie 2007 (calcaire de Bué) possède un caractère fumé, fin, tendu et ample avec des agrumes en finale. Bien.
L'amphithéâtre du Clos de la Poussie.

La Grande Cuvée 2006 est charmeur au nez, très aromatique mais de longueur moyenne. Bien-.
Ma question : « C’est quoi la différence entre la Grande Cuvée et la Spéciale cuvée que j’ai sur 2005 ? » : Aucune réponse….ça en dit long…

Le Haut de la Poussie 1999 est très fumé, sauvignon mûr, presque des notes d’abricot confit, un peu café aussi. Vif et tonique, très jeune. Bien+.

Les rouges dans les 3 mêmes noms proposent de beaux nez très pinot, mais un manque de chair me fait diverger. N’en reste pas moins des cuvées plaisantes mais pas de quoi se rouler par terre.

On récupère notre chambre d’hôtes mais c’est là que je vois qu’on est très en retard pour le RDV suivant, il est 18h20 et il ferme à 18h…on tente le coup et chanceux que l’on est il reste 3 clients.
Jean Louis Vacheron se fait un plaisir de nous recevoir.
Sa gamme est simple : 2 rouges et 2 blancs. Mais quels vins !!! A mon sens les rouges les plus aboutis sur l’appellation….pour peu qu’on aime le silex !!! Et des blancs d’une matière insolente. Une photo de la situation des ses parcelles:

Domaine blanc 2008 (50% silex et 50% calcaire – 100% inox) est déjà en place, très fin, iodé et minéral. Grande classe et aromatiquement chirurgical bien qu’encore variétal. Le silex s’impose et tire le vin. Très Bien.

Les Romains 2007, magnifique parcelle de l’appellation Sancerre à silex, tournent à 30 hl/ha dans un foudre de 36 hl.
Énorme coup de semonce : ça fume déjà !!! Aromatiquement un analogue aux silex de Bourgeois avec une race affirmée. Assez dur mais long. « Un terroir qui est fait pour ». La concentration est recherchée dans cette cuvée car le silex est là pour tromper l’acidité, et quant à la barrique on doit imaginer qu’elle a servi mais on doit l’oublier . Un vin dimensionnel. Très Bien+/ Excellent.

Le rouge Domaine 2007 (50% silex et 50% calcaire – barrique de 2,3 et 5 vins) est minéral et expressif. Tout en finesse, les épices se montrent apportant leur fraicheur sur un fruit charnu. L’équilibre est fou. Pas « Très Bien » mais Très Beau.

Le génie atteint son paroxysme sur Belle Dame 2006, pur silex, où « l’aspect superlatif du pinot noir sur des sol silicieux ». La classe d’un fruit pur et d’un sol racé, le vin est ample, long, vineux, classieux. L’intensité est jouissive. C’est à mon sens la cuvée « Pur Sang » version rouge.
Aucune peine à poutrer certains Chambolle et à dérouter les Bourguignons les plus avertis.
Un vin où la sincérité transpire. Merci. Exceptionnel.

Qu’importe l’heure tardive, on se sent bien, le vigneron en premier, il nous gratifie d’un tour des cuvées parcellaires…Les 2008 plus enrobés seront aussi de très haut niveaux.

Petit repas le soir à La Tour (immanquable) et le lendemain matin retour sur Bué chez François Crochet où Karine nous reçoit.

Difficile entrée en matière, les papilles ont du mal à démarrer.

Sancerre rouge 2006 (calcaire + argilo-calcaire), élevé pour 50% en fût bourguignon de 228 L ouvre le bal. Fruité et croquant, accessible. Bien.

S’ensuit une très grosse incompréhension avec la Réserve de Marcigoué 2006 (calcaire – 100% fût de 500 L).
Robe intense, profonde, nez discret, notes grillées en bouche, très très tanique, mais vraiment des gros tanins hein !!! Grosse chair. Trop extrait ? Je ne comprends rien au vin et pourtant j’en ai bu de cette cuvée...passons

Un détours par le Rosé 2008 plaisant, et nous voilà sur Sancerre blanc 2007 (inox) avec 10% de silex.
Très citron, belle rondeur, assez salin en finale, vif. Bien.

Une info tombe : le domaine s’apprête à lancer pour 2008 une cuvée pur silex….nommée « Exils ». Pas touche ! Je prends tout !

Arrive le Chêne Marchand 2007 (calcaire – inox pendant 1 an). Assez gras, corpulent, encore vif, c’est un autre aspect du CM. Pêche blanche et abricot en finale. Potentiel assuré. Bien+.

De même élevage que CM, Les Amoureuses 2007 (argilo-calcaire – assemblage de 3 parcelles) est plus affirmé, plus minéral, eau de roche, corps puissant, citronné et salin en finale. Bien+.

Dans le même village, direction chez un vigneron qui constitue depuis pas mal de temps mon coup de cœur de part sa simplicité et sa sympathie. Christian Salmon.

Reçu comme d’habitude par Armand, le dit vigneron, on commence par un Rosé 2008 de belle fraicheur avec des arômes de grenadine. Puis vient le Sancerre rouge 2008, et ses épices, sa maturité et ses tanins structurants. Bien+.
Armand nous raconte une anecdote sur la couleur des bouteilles : les vin est perçu plus acide en bouteilles vertes claires et plus rond quand celles-ci sont plus foncées….le vin étant le même…
Pareil pour le rosé : en bouteilles incolores tout était bu et le même rosé en bouteilles vertes personne n’y avait touché…
Les sceptiques des effets psychologiques sur l’ appréciation des vins, et encore plus de l’effet étiquette, peuvent aller réfléchir sur leur certitudes…

Sa cuvée Fût de chêne en Sancerre rouge 2007 montre une évolution notable, le vanillé a disparu, c’est croquant, léger grillé en finale…encore un peu de temps et tout sera nickel. A savoir qu’il récolte quand ses pépins de raisin montrent le fameux goût de noisette, ce qui est essentiel pour avoir des rouges corrects.

Le nez superbe du Sancerre blanc 2008 est le prolongement de 2007, moins marqué par l’acidité (+ de sucre sur 2008), bel équilibre, bouche onctueuse et tenue remarquable en fait un vin festif et typique. Très Bien.

Vient ensuite un échantillon de cuve de la cuvée Clos des Criots ramenée par Marco, son colonel !
Un Pouilly Fumé avec un peu de silex. Très litchi au nez, bouche généreuse, matière superbe. Très Bien.

Et là, Marco prends Salmon de court : « on a une nouveauté ».
L’info est lâchée, « Le S de Salmon, L’empreinte d’un terroir » vient de naitre. Je commence à baver…
MON domaine tant adoré aurait-il fait ce qu’il lui manquait ? Ce que je préfère par-dessus tout ? OUI.
Une cuvée 90% silex, le 2007 m’est proposé... « Euuuuh vous avez miser ? » « oui ».
Apaisé des savoir que j’aurai des Silex de Salmon sur une année de folie me rempli de joie, et porte au nez la généreuse dose de liquide (Marco à la main lourde il faut dire !!!).
Fumé, très minéral, tendu mais toujours enrobé (la patte Salmon), très vineux avec une salinité en finale. Très Bien+. (Le cœur parle aussi..).

On fini par un Chêne Marchand 2006, très terroir, très sol, minéralité à fond. Très Bien.
J’adore l’expression de cette parcelle avec la vision d’Armand qui prône avant tout le fruit. Cela se ressent sur toutes ses cuvées qui sont d’une amabilité assez redoutable dans leur jeunesse.

Pas le temps de manger compte tenu des 3h passées chez Salmon, on capte à l’arrache une baguette histoire de se refaire un palais (très bonne soit dit en passant) et direction…Saint Andelain…

Vous l’aurez compris, je vais chez le mythe, celui qui m’a procuré la plus grosse émotion sur un sauvignon, et qui figure dans mon panthéon des vins blancs avec F. Cotat, Coche et D’Auvenay (Pierrot si tu nous regardes… !!!). Mais l’histoire ne sera pas la même car Didier nous regarde de là haut... Gorgé de rumeurs, de racontars, de « on-dit » sur la possible, l’IMpossible, reprise par le fils du domaine, je décide d’affronter le « soit disant » vide crée par la tragique disparition du maitre du sauvignon.
Benjamin Dagueneau nous accueille.

On chauffe tout de suite avec Blanc Fumé de Pouilly 2007 (argile à silex + marnes) qui est un assemblage de parcelles, très aérien, trame minérale exquise, une entrée en matière déroutante, ça faisait longtemps que je n’en avais bu…la cave dort…Très Bien.
A savoir que ses élevages se font en ½ muids et en fûts en cigares afin d’augmenter l’échange avec les lies. On a deux fois moins de contenance mais la même surface d’échange.

Les argiles à silex, en l’occurrence des petits silex polis sont plus filtrants et donnent des vins plus fins. C’est en cela la substance de Pur Sang , et le 2007 est traçant, voluptueux, avec un goût d’eau de roche. Une grande finesse et une finale interminable tirant sur l’exaltant. Très Bien+.

Il faut faire un formatage tellement la profondeur des vins est complexe, avec un aspect de matière tourbillonnant. Pas facile à aborder…et puis on en ouvre pas tous les jours donc c’est un peu hard à se remémorer.

Buisson Renard 2007 maintenant :
En bas de coteaux, des silex plus gros avec une terre plus riche produisent des vins plus larges et opulents, avec une densité en bore et en manganèse accrue.
La bouche est d’une largeur de fou furieux, aromatiquement plus avenante, grosse concentration, très typée sol. Une véritable usine. Très Bien.

Depuis peu propriétaire de parcelles à Chavignol, Didier arracha et replanta ses Monts Damnés. Donc les jeunes vignes vont parler…C’est pour moi la première rencontre avec cette cuvée, tant mieux car j’ai pas mal de référence sur cette parcelle.
Et pan ! Crayeux, très MD, une classe folle, minéralité XXL, l’aspect vibratoire du théorème Monts Damnés est atteint, la profondeur est insondable, la salinité n’est pas en reste. Très Bien+.

Le mammouth : Silex 2007 (argile très molle et des gros silex).
Nez indescriptible d’évanescence, appelle tous les superlatifs, la structure est tout simplement ce que j’ai vu de mieux sur un jeune sauvignon. La rémanence olfactive prolonge le vin dans le temps …qui s’arrête.
2007 c’est vraiment très grand, les choses semblent faciles et évidentes. Ça vibre, c’est puissant.
A ce niveau il n’y en a qu’un pour l’égaler : François Cotat.

Benjamin nous gratifie d’une seconde série, sur fût cette fois-ci, ce qui est assez rare à ma connaissance car les Dagueneau se goûtent assez mal en cours d’élevage. Au pire je pourrai juger les cuvées du fils par moi même…
Une pièce absolument superbe.

Pouilly Fumé 2008 est un peu réduit, léger perlant, mais l’ampleur est au rendez-vous avec une salinité king size.
Pur sang 2008 est plus aromatique et conserve cet aspect typique filant et persistant. Salin en finale.

Monts Damnés 2008, est un peu sur la pomme (fermentaire ?) mais garde cet aspect MD 2007 en plus aromatique. Vin moins acide que les vins de Pouilly.
Silex 2008, parcelle grêlée MAIS : 14,2° en alcool et 6,2 d’acidité…ça vous parle ? Whaow ça tartine sec.

BJ n’en reste pas là : « On va goûter 2 petites fantaisies pour finir »
Il y a juste 3 rangs dans cette cuvée de Petit Mélier qui est pour la famille.
Très citron, acidité très forte. Une cuvée pour s’amuser…

Benjamin nous confirme que la typicité des vins change à cause du réchauffement climatique : moins d’acidité…séance remise en question.

L’autre extra me fait partir partout sauf sur Sancerre. Je teste et le vigneron me soulage en me donnant la solution : Riesling (4 rangs planté sur la parcelle « à la folie » celle qui donne Pur Sang et Astéroïde).
Très fun, le cépage exprime bien le sol. Didier voulait une fermentation rapide et contrôlée.

Les Bonbons de Jurançon maintenant :
Les Jardins de Babylone 2006 : 100g de résiduel, fin léger long et aérien. Très beau vin.
Les Jardins de Babylone 2005 : Plus floral, riche, confit de coin, presque truffé.

C’en est finit, preuve est faite que les détracteurs peuvent se rhabiller…Le domaine est entre de bonnes mains.

Retour sur Sancerre direction Alphonse Mellot :

La Moussière 2008 (argilo-calcaire) est tout en rondeur, avec une acidité qui tend l’ensemble. Bel équilibre. Sancerre plaisant. Bien+.

Nouvelle cuvée depuis 2 ans, Les Romains (silex) propose de beaux arômes croquants de fleur, avec un léger fumé et eau de roche. Un soupçon de mirabelle et de groseille en fond. Ample et long. Bien+.

Edmond 2007 (sol : marnes/caillottes, s/sol Marnes kimméridgiennes) : fermé, trame intéressante, le fût se sent beaucoup moins, très salin en finale, toujours cette touche de roche/mirabelle. Bien+.

Pouilly Fumé 2008 (négoce) : très typé litchi, aérien, très très salin, structure fine. Négoce ok mais petit coup de cœur pour ce vin. Bien+.

Les cuvées du « Pénitent » sont de moindre intérêt : le chardonnay 2006 est simple et peu persistant bien que très aromatique et le rouge 2007 (55% fût neuf - Marnes kimméridgiennes et argilo-calcaire) est fruité, épicé mais sans prétentions…dû moins je n’en vois pas. N’en demeure pas moins un aspect juste plaisant.

Cette journée marathon prend fin. Bon dodo pour un mercredi qui s'avèrera exceptionnel.

11h stop…Chavignol stop…on est là stop…je descends stop…
La mission est secrète, il est temps de faire le ravitaillement chez Gérard Boulay mais prenons garde à ne pas être suivi…il en dépends de mes 2008 dans quelques mois !!!

A savoir une chose essentielle : il vinifie en culture indigène UNIQUEMENT…partant de ce postulât on comprends la suite des choses plus facilement…

Tradition 2007 (plus calcaire qu’argilo calcaire) est tout en volume, très aromatique. Touche de groseille. L’attaque est douce, très crayeuse, mais une sensation suave et un toucher de bouche caressant confère un caractère unique à ce vin. C’est un mouchoir de soie en bouche. Citron en finale. Bien+./ Très Bien.

On monte doucement en gamme avec le Clos de Beaujeu 2007 (100% inox), enveloppant, texture monstrueuse, ample et long, fidèle à cette parcelle en face des MD, il est plus sur la puissance. Très Bien.

On passe sur la parcelle opposée : Monts Damnés 2007 commence à truffer !!! Le sauvignon est bien mûr, l’acidité, remarquable, balance le tout…c’est le style Raveneau de Chavignol (dixit Gérard). Très beau MD, de haut vol. Très Bien.

Sans doute l’expression de la parcelle la plus aboutit de tout Chavignol (Dagueneau c’est Pouilly !!!) : Comtesse 2007, vieilles vignes de 70 ans en plein milieu des Monts Damnés, est un hymne à ce terroir : Litchi, très exotique, un nez fabuleux. Corps profond et dense, beaucoup de vin. Très long.Où comment un vigneron transcende un sol… Très Bien+/ Excellent.
Fini de rire, il part chercher de quoi ponctuer ce qui est déjà imponctuable !

Très pur, avec des notes confites, d’abricot sec, un vin tanique de part son aspect crayeux démesuré, un corps parfait, on est dans un beau millésime (oui car il sert tout à l’aveugle…), pas grand-chose à dire tellement les limites sont dépassées depuis bien longtemps (en fait depuis que l’on foule le seuil de sa porte !). Une matière rare et une persistance qui n’appartient qu’aux grands vins.
Clos de Beaujeu 1997 vient de se sublimer. Exceptionnel.

Le deuxième bonus est tout aussi géant dans un style différent : je pars sur un beau millésime de MD.
Fleur de vigne, eau de rose, miel d’acacia constituent le nez de ce vin très fin. La bouche est inouïe, la persistance et la minéralité signent cette cuvée. L’ensemble confirme ce que je pense : je maintiens les Monts Damnés dans son expression la plus noble.
Bingo, Monts Damnés 1995. Exceptionnel.

L’émotion est là, c’est grand, merci encore pour cette série de fou, comme à l’accoutumée. Une gamme hallucinante de vérité, de terroir et de longévité.

On grignote au sommet des MD puis on redescends parfaire la mission commando.
Au sommet des MD avec Chavignol en bas.

François Cotat nous attend. J’ai à en découdre ! Pas de notation pour ce qui n’est pas notable.
Lui non plus n’intervient pas dans ses vinifs.

On commence avec Jeunes Vignes 2007 (qui s’appellera « Caillottes » en 2008 et qui pousse sur du calcaire).
Déjà en rondeur, trame vive, l’effet millésime est marqué, très belle maturité pour des jeunes vignes : chapeau l’artiste.

Monts Damnés 2007 (vignes de 25 ans – terroir le plus calcaire des trois, Culs de Beaujeu et Grande Côte ont plus d’argile) est assez austère, grosse structure sur la minéralité, toujours cet aspect tanique dû au côté crayeux de la langue. Vin très terroir. Géant, tourbillonnant.

On augmente l’âge des vignes (35 ans) pour Les Culs de Beaujeu 2007. Plus aromatique (plus d’argile), plus en tension, sur la puissance (caractère de cette parcelle) avec un goût d’eau de roche, très cristallin. Un monstre en devenir.

Grande Côte 2007 (vigne de 45 ans) propose des arômes de fenouil, d’herbes séchées. Un vin que l’on voit pas le trou de la serrure. On est sur l’aspect cristallin et vibratoire de la chose…C’est AC/DC qui rentre en scène, effet coup de poing garanti.

Caillottes 2008 est plus causant que 2007, pamplemousse rose, fleur blanche, râpeux façon « langue sur de la craie ». Vin pur sur l’expression de la roche.
Monts Damnés 2008 est aérien, svelte, ciselé, féminin. Un vin suggéré, superbe de délicatesse. Quelle classe.
Cul de Beaujeu 2008 est bien dessiné, large, plus retenu que le 2007 mais plus de matière.
La Grande Côte 2008 est le moins expressif des 2008, très fermé, mais rond et plus d’épaules que 2007. Longueur infinie.

Les bonus sont de sortie avec un Monts Damnés 2005, qui truffe un peu, léger abricot, bouche voluptueuse façon sucre candy en arôme, crayeux.

François se lâche sur un Grande Côte 1996, très rond, avec un léger résiduel, miellé, gourmand, dimension inquantifiable : taille XXL

Et décide de me plonger dans le soleil pour finir: S/bois, truffe, léger pétrolé, finesse indescriptible, et en bouche…quelle jeunesse. Toujours le sol avec sa craie. Les arômes sont bondissants de crème de café/tiramisu/caramel au beurre salé…Je suis en présence du plus beau Sancerre jamais dégusté.
Le vin est inouï : Grande Côte 1982.

On est au sommet de tout ce qui peut se faire sur Chavignol et dans le Sancerrois tout court : des vins déloyaux de longévité et de complexité. Un vigneron qui a tout compris, timide et qui fait tout passer pas ses vins. Chapeau l’artiste.

La commande préparée, afin de me gratifier d’avoir presque survécu à l’attaque en règle qu’il m’a infligé, il me remonte un cadeau de sa cave « tient c’est pour ta dégustation »…Je dépasse Rocco Sifrédi.

On fini chez Pascal Cotat et ses fûts de 80 ans…tant qu’a faire.
ça c'est l'épaisseur de tartre dedans !!

Ses 2008 sont misés mais pas d’étiquettes…Tant pis ça sera pour Novembre.

Monts Damnés 2008 : Floral, subtil, moins évanescent que celui de son cousin mais tout aussi précis. Minéralité monstre.

Grande Côte 2008 a plus de sucre et est plus riche. Tout en rondeur, pointe de craie en finale. Grande Côte 2007 est floral sur la rose/violette.
Moi : « Énorme »
Lui : « Ah tu trouves ! »
Le citron se mêle à la salinité, très grosse longueur pour ce vin déjà causant.

Les Monts Damnés 2005 est un peu confit, avec des notes de café. Sur l’équilibre, toujours avec cette longueur caractéristique des grands vins. Il me confie avoir eu un 98 en note pour cette cuvée: « J’ai rien demandé moi pour avoir des 98 !».

Les « off » sont de sortie:
Il ouvre un vin qu’il vient de retrouver il y a pas longtemps au fond des sa cave : Monts Damnés 1999.
Truffé, finale qui tombe un peu sur la verdeur, mais le volume demeure intéressant.

La Grande Côte 1995 : magnifique !
Un aspect silex, sur le fumé. Nez sur des notes végétales dans le bon sens en ce qui me concerne, Pascal est plus sceptique. C’est une Grande Côte que je trouve fraiche.
Beau vieillissement, encore un peu de résiduel, bouche très ronde.
Le sommelier d’Enrico Bernardo passé le matin même au domaine l’a trouvé extraordinaire...cool, je peux postuler !

S’ensuit une cuvée très rare : « il n’y a pas beaucoup de français à l’avoir gouté » dit-il.
300 bouteilles produites pour un client étranger…qui ne les a pas récupéré.
Cuvée récoltée en dernier avec 15g de sucre : La Grande Côte 2005 Cuvée Spéciale.
Bouche suave sur l’abricot, très riche et puissant. Grande persistance.
L’analogue : La Grande Côte 2003 Cuvée Spéciale avec 15° d’alcool est légèrement perlante, très atypique, un peu vin du Sud, un vin de fête, très juteux, limite vendange tardive.

Un autre aspect des Cotat, un homme d’une gentillesse et d'une simplicité absolue, comme tous ceux présentés ici.
Le périple s’achève, 5 mois d'attente ça va être long...

bravo franck pour ce magnifique cr, mais une question? Tu as pris une remorque pour aller sur place?:
cordialement

Bravo pour ce reportage de grande qualité !

La voiture était archi bondée !! En fait j'ai mis dans une fiesta ce que je mettais avant dans une focus !!!!

Impressionnant!!!
Les mots me manquent pour qualifier ce compte-rendu vertigineux...
En tous cas ça donne envie!
Vraiment bravo!!

Stéphane

Merci Stéphane

C'est tout à fait remarquable, merci Franck.

Luc

c'est M-O-N-S-T-R-U-E-U-X !!!!
put... quel périple ! quels paysages !
nom de nom, quel pied rien qu'à te lire camarade !
j'ai l'impression d'avoir toutes ces cuvées en bouche alors que je n'en ai aucune !
très content de voir le seul sancerre que j'aie (vacheron) te plaise, ça me donnera l'occasion d'en sacrifier une
mais une chose est sûre, va falloir que je me mette aux grands blancs, ton CR a fini de m'en persuader !
merci !

Difficile de garder les Vacheron, aimables relativement tôt p/r à certains autres producteurs. Tu as quelle cuvée ?
PS: Le Petit Taureau sonne mieux, mais le corps est moins voluptueux que d'habitude, peut être une bouteille en dedans, ça arrive.

Magnifique reportage. On a envie de tout acheter

Lucien Crochet semble moins considéré par les amateurs .
Pourtant son Sancerre "Clos du Chêne Marchand " 1969 oublié dans ma cave et bu en 2005 (36 ans ! ) reste le plus grand Sancerre que j'ai jamais bu. Un très grand vin incroyable de jeunesse .Fait il toujours des vins de cette trempe ?

Lucien Crochet est un peu le fer de lance sur Bué avec Pinard. Il fait de magnifiques vins. Ma préférence pour Croix du Roy plus que Prestige en rouge. Un magnifique Chêne Marchand est produit aussi. Mais je n'avais pas le temps d'y passer cette fois-ci, j'y suis allé il y a un an pour la dernière fois.

c'est le sancerre rouge 2006...
mais mon caviste a aussi le belle-dame et du blanc "simple"

C'est un superbe reportage.Je connais assez bien le Sancerrois,et j'ai appris des trucs(merci!).
Je connais pas mal de producteurs aussi,et je voudrais dire à Franck que je partage aussi ses ressentis sur les vins.Il y a de grands vins en Sancerrois;)

Franchement,ici nous avons un temps pourri,pas de programmes alléchants à la télévision.Heureusement que le net nous divertit,grâce à des "barjots" comme Franck,qui prennent le temps de réaliser de superbes reportages.

Encore une fois merci!

Chapeau et merci pour ce grand reportage dans la terre du sauvignon par excellence.

Beau périple Franck.

Par contre, le Sancerre c'est comme le cochon tout est bon?
Rien en dessous de "Bien", à moins que tu n 'es listé les vins qu'à partir de cette appréciation?

Chapeau pour le périple et reportage qui a suivi. Superbe travail dont la RVF devrait s'inspirer ! Quel est approximativement le prix des Caillottes des Cotat ?

Superbe reportage, quelle région. Elle vaut le détour.

Beau et riche reportage

Cela serait sympa de mettre quelques prix pour se rendre du budget que l'on aura à prévoir lors d'une future visite dans cette région

Cordialement
Claude

Laurent. Non tout n'est pas bon en Sancerre. Mais dans ces domaines, difficile de trouver des daubes. . .

Très beau reportage ..mais si je dois privilégier un millésime entre 2005 à 2008 , je n'ai pas les données !! (

Jean luc t'es dur ! 2005 est très réussi et 2008 est le prolongement de 2007 qui est exceptionnel. Mes goûts vont sur 2008 car plus tendus . Cela reste bien entendu subjectif.

Franck,

Je ne parle pas de daube mais de vins qui sont en dessous de "Bien"...
Surtout que tu as fait le grand écart entre Mellot et Boulay.

C'est pour cela que je les ai noté différemment. . . D'ailleurs les Mellot 2008 je les ai trouvé moins fûté, si ça pouvait durer. . .

Donc du coups les "Biens+" de Mellot en prenne un coup face au "Très Bien+" et "Exceptionnel" de Boulay.
Bon allez, j'arrête de t'embêter, promis.

""On a envie de tout acheter ""....Franck , c'est ce qui justifie mon petit message !!!

C'est effectivement le problème !

Jean-Luc, je n'ai pas encore goûté 2008, mais chez les bons vignerons, il n'y a pas de mauvais millésime entre 2005, 2006 et 2007. Disons quand même que les équilibres ne sont quand même pas tout à fait identiques. 2007 est le plus tendu, sans avoir de l'agressivité. 2005 est sans doute le plus riche, le plus apte à une longue garde à mon avis. 2006 est plutôt opulent, un peu plus "flou" que 2007 et 2005. Mais encore une fois, plutôt trois beau millésimes, mieux que 2004 et 2001 ou, évidemment, 2003 pour comparer aux autres millésimes du siècle.

Amicalement.

Philippe

Je partage ton analyse philippe. Mais sur la garde des 2007 on part pour une grande durée, peut être supérieure à 2005. Le temps nous le dira. PS : Mes excuses aux modérateurs pour mes messages considérés comme spam, visiblement le site n'apprécie pas mon téléphone. Tout rentrera dans l'ordre à mon retour de saint malo vendredi prochain.

Je découvre, ce soir, ce superbe reportage.

Il est magnifique et il devrait rendre jaloux pas mal de professionnels

Un très grand Merci !!!

Amicalement,
Thierry

Quel beau reportage ! Franck, merci de partager ta passion avec la communauté des LPViens.
Seul problème avec ce compte-rendu de voyage... nous allons tous finir par aller nous fournir chez les mêmes vignerons !

Phil