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IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

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Club toulousain In Vino Veritas
Tous les Chenins mènent à…
Vendredi 11 janvier 2007

Dégustation préparée par Pierre Citerne et commentée par Philippe Ricard pour l’après-midi et Laurent Gibet pour le soir.


Quelques commentaires de contexte :

La dégustation s’est déroulée en deux phases : l’après-midi à 14h15 puis le soir à 19h30.
Le compte rendu porte sur les deux séances.
En raison du nombre de participants, 2 bouteilles on été ouvertes.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les notes de Didier Sanchez, présent aux deux séances, reflètent ces fluctuations.
Les vins sont dégustés à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les «Expert» de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG Laurent Gibet – PR : Philippe Ricard – MS : Miguel Sennoun – CD : Christian Declume.

Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 34)
L’ordre de présentation retenu est celui du soir.

1. Jasnières : Domaine du Briseau (N.et C. Chaussard) Kharactêr 2004
100% chenin - 13°
L’après-midi : DS(14,5) – PR(13,5) - CD14. Note moyenne AM : (14)
• Robe paille jauni.
• Approche délicate du fait d’un double effet, non pas « Kiss Cool », mais soufre et réduction. C’est en tout cas l’impression première, car l’affirmation progressive d’un terroir très particulier, à l’expression très minérale au point d’en être peu flatteuse en l’état, sème le doute chez certains dégustateurs.
• Bouche verrouillée de façon similaire, sans arôme distinctif, appréciable sur sa structure de caractère, marquée par l’acidité et la fermeté. Monte ensuite en puissance une sensation minérale particulièrement sévère où la coquille d’huître vient trancher dans le vif.

Echantillon retors qui évoque pour certains quelques muscadets profondément imprégnés de leur terroir.
Que cette approche semble difficile !
On ne fait pas les malins…

Le soir : DS15,5/16 - PC16 - LG14,5/15 - MS14,5. Note moyenne SOIR : 15,2
Expressivité originale, baroque : pomme, miel doux, fumée, tisane, végétal (petit pois), huîtres arrosées d'un filet de citron. Bouche exigeante (acidité à vif), austère, minérale. Du fond et de la longueur, pour l'avenir.

2. Savennières Domaine de la Monnaie Eric Morgat L'enclos 2004
100% chenin - 14,5°
L’après-midi : DS15,5 - PR15 - CD15. Note moyenne AM : 15,2
• Robe paille jauni avec quelques reflets verts.
• Nez fermé, sur de discrètes odeurs de poire, agrumes et rhum.
• Bouche acide, tendue, austère, à la matière fine et élégante, aux arômes qui rechignent à se dévoiler mais prometteurs d’une complexité en devenir. Finale nettement minérale, salivante, resserrant les gencives.

Le vin semble être dans une phase peu flatteuse, mais avec un potentiel qui donne envie de prendre rendez-vous.

Le soir : DS13 - PC13 - LG13 - MS13. Note moyenne SOIR : 13
Nez marqué par l'élevage, orientalisant : bâtonnet d'encens à la rose, poire au sirop, menthe. Bouche très mûre, charnue (un peu de sucre résiduel ?). Corsée, finale chaude, sans grande typicité.

Rappel :
Savennières Domaine de la Monnaie L’Enclos 2004 (Eric Morgat) : 16/20 – 11/6/07

Nez proposant du minéral, des fruits blancs (poire), du végétal (un côté racines, réglisse, gentiane). Bouche riche mais équilibrée, puissante, peu typé Savennières (on pense plutôt à l’Anjou pour la rondeur de la silhouette). Une belle amertume accompagne une finale longue et gourmande.

(Cf dernière RVF - selon quel protocole précis ce vin a-t-il été bu ?)

3. Montlouis : François Chidaine Les Choisilles 2002
100% chenin - 12,5°
L’après-midi : DS13,5 - PR13,5 - CD13,5. Note moyenne AM : 13,5
• Robe paille aux reflets jaune et vert.
• Impressions furtives de réduction avec des traces de champignon, de levure, puis un profil local plus typique, à savoir un impact minéral sérieux, avec des notes d’iode, de coquille d’huître, de pierre à fusil, au style plus austère que réjouissant.
• Bouche stricte, articulée autour d’un couple acidité/minéral sans chichi. Matière fine et juteuse, muqueuses resserrées, mais profil aromatique quelque peu monolithique, les sensations au nez se mêlant ici avec de simples notes de citron et de citron vert. Finale acide, un rien étroite.

Le soir : DS15 - PC15,5 - LG15 - MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,3
Ensemble flatteur, complet, se révélant sous forme de fragrances variées : fleurs blanches, cire, citron, gelée de coing, pomme, ... L'ensemble est minéral, pur, parfaitement emballé (sévère mais alléchant, cristallin). Plus de largeur que sur le Clos Baudoin 2002.

4. Afrique du Sud : De Morgenzon Stellen Bosch Cape Of Good Hope 2005
100% chenin - 14°
L’après-midi : DS15- PR14,5- CD15. Note moyenne AM : 14,8
• Robe épaisse, jaune bouton d’or.
• Olfaction opulente, mûre, concentrée : odeurs de fromage de chèvre, citron, miel, crème pâtissière, accompagnées de notes de grillé, de noisette, soulignant un boisé volontaire, toutefois sans disproportion.
• Bouche plantureuse, grasse, au caractère quelque peu solaire. Boisé un rien « international », conjuguant vanille, crème, nougat, grillé, lesquels, mêlés à la richesse tant structurelle qu’aromatique, flattent les papilles des dégustateurs. Finale large, sur la réglisse et les épices.

Si ce vin n’est pas promis à un long avenir, il offre un plaisir immédiat, certes sans race ni mesure, dans un style chaleureux qui le distingue aisément de la fraîcheur ligérienne ambiante, avec un risque certain de lassitude.
Parker en tutu ! (Si je peux me permettre une caricature - ce que le vin, lui, parvient à éviter ! )

Le soir : DS14 - PC14 - LG14 - MS14. Note moyenne SOIR : 14
Nez déluré, presque enivrant, boisé, grillé. Senteurs de fruits blancs, d'épices, de sueur. Bouche intéressante, capiteuse, citronnée, râblée (avec une trace de sucre non négligeable).

5. Chinon : Les Roches (Lenoir) 2003
100% chenin - 12,5°
L’après-midi : DS15 - PR13 - CD14. Note moyenne AM : 14
• Robe jaune clair aux reflets verts.
• Nez peu bavard, dévoilant sans grande complexité des notes de cire, baba au rhum, voire même alcool à brûler. Pas vraiment séducteur…
• Si l’acidité ligérienne ne lui fait pas défaut, cet échantillon dévoile davantage de rondeur, une certaine souplesse. Citron, prune jaune, rhum, une pointe de champignon constituent l’essentiel d’un profil aromatique assez sobre. La finale ne s’attarde pas… Nous non plus…

Le soir : DS16,5 - PC16,5 - LG16 - MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,4
Nez superbe : minéral, pomme cuite, confiture de prune, camomille, légère vapeur camphrée. Bouche peu complexe mais de caractère, dense, tendue. Une fraîcheur superlative (pour le millésime) et un vin qui s'associerait bien à la charcuterie.


6. Anjou : Stéphane Bernaudeau Les Nourrissons Vignes Centenaires 2004

100% chenin - 14°
L’après-midi : DS14 - PR14 - CD16. Note moyenne AM : 14,7
• Robe paille jauni.
• Effluves simples de pomme Granny Smith, de Manzana, de levure, de citron. Frais, mais registre d’un piano à deux doigts plutôt qu’à quatre mains…
• Expression parfaitement digeste de pomme, pamplemousse, ananas, dans un style frais, mûr, sans emphase, qui joue sur la sympathie. Finale assez harmonieuse, mais brève.

Si nos sensations à l’ouverture sont représentatives de ce vin, il faut espérer une complexification avec l’âge et une affirmation du terroir.
Car en l’état, contrairement à son prix, il ne joue vraiment pas dans la même cour que la Coulée de Serrant…

Le soir : DS15,5/16 - PC16 - LG15 - MS16. Note moyenne SOIR : 15,7
Joli nez exhalant des notes de pomme très mûre, de coing, de fleurs blanches, de citron, de fumée discrète, de fruits rouges également (framboise). Peu protégé apparemment, direct, net (appréciable absence d'obstacle boisé ou de notes déviantes). Bouche puissante, dotée d'une acidité conquérante mais unie, un peu à l'état brut.
Un style "sans soufre" convaincant, qui peut rappeler celui de Mark Angéli. Assez dispendieux (38 euros caviste).

7. Savennières : Château de Chamboureau 2001
100% chenin - 12,5°
Bouteille offerte par Hubert Boudrie
Uniquement le soir : DS15 - PC15/15,5 - LG14 - MS14. Note moyenne : 14,6
Nez très mûr, à la limite du rôti, fruité (mirabelle, citron confit), charcutier (rillons de Loire), épicé.
Bouche aux flaveurs de peau d'agrumes, de pomme poêlée au beurre et au miel, de rhum, de gentiane (et l'amertume qui va avec). En raison d'une structure un peu flottante, et en dépit d'une complexité aromatique bien réelle, ce vin un peu étrange passe assez inaperçu.


8. Saumur : Domaine du Collier 2002

100% chenin - 12,5°
L’après-midi : DS14 - PR15 - CD14,5. Note moyenne AM : 14,5
• Robe jaune aux reflets gris vert.
• Expression puissante, un rien gaillarde, de pomme cuite, de baba au rhum, avec une pointe d’alcool à brûler, ainsi qu’un léger boisé en filigrane.
• Bouche en volume et en force, campée sur une acidité citronnée, un boisé filtrant la pureté et la classe du chenin (notes beurrées, grillées, toastées). Arômes de pomme cuite, de coing, de rhum ambré, dans un style quelque peu oxydé. Finale puissante.

Le soir : DS15,5 - PC15 - LG15 - MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,3
Dominante balsamique (résine). Notes additionnelles de bière blanche, de citron, d'eau de vie de prune, de baba au rhum et plus curieusement de tartiflette. Bouche ferme et mordante.

9. Vins de Pays du Gard : Roc d'Anglade 2004
100% chenin - 13°
L’après-midi : DS14,5 - PR14 - CD14. Note moyenne AM : 14,2
• Robe paille clair aux reflets gris.
• Senteurs timides de fruits jaunes (mirabelle, pêche), marquées d’une pointe de marc de raisin. L’aération dévoile le vin peu à peu.
• Matière ample, veloutée, affichant même un certain gras, sans jamais tomber dans la mollesse : l’acidité, bien préservée, offre un équilibre bienvenu. Pamplemousse, citron vert, poire s’expriment avec maturité à défaut de complexité. Finale sobre, sur le duo maturité/fraîcheur qui caractérise ce vin.

Le soir : DS15 - PC14,5 - LG15 - MS15. Note moyenne SOIR : 14,9
Nez peu intense mais subtil, complexe (un peu Sudiste ?) : agrumes, miel, pomme, citron, estragon, anis. Bouche un peu brute, possédant un suivi correct. Un dégustateur pointe une très légère touche acétique. Un vin qui ne fait pas des étincelles mais s'avère réussi.

10. Napa Valley : Chappellet Chenin Blanc Dry 2004
100% chenin - Degré alcoolique non indiqué.
Bouteille offerte par Thierry Laborde
Uniquement le soir : DS12 - PC12 - LG12,5 - MS11. Note moyenne : 11,9
Forts remugles de réduction rappelant la croûte de fromage (reblochon), l'asperge, le poireau. Bouche sans queue ni tête, presque brûlante, avec de bien chiches goûts de sauvignon (buis).

11. Fiefs Vendéens Brem (VDQS) : Domaine Saint-Nicolas Les Haut des Clous 2003
100% chenin - 13°
L’après-midi : DS13 - PR13 - CD12. Note moyenne AM : 12,7
• Robe épaisse, jaune aux reflets gris et dorés.
• Nez lourdaud, à la richesse essentiellement boisée, d’où se distinguent des notes de mirabelle, crème catalane, marc de raisin.
• Bouche massive, grasse, baroque, tyrannisée par son bois, expression simpliste de rhum ambré, sans distinction ni race. Le chenin est méconnaissable !

On crache avec plaisir et on rince abondamment.
Suivant !

Le soir : DS14,5 - PC14,5 - LG14 - MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,4
Présence boisée accompagnant des senteurs de pomme, de coing, de citron, d'eau de vie. Bouche assez impersonnelle, bourrelée, monocorde, restant trop superficielle (déception, mais le millésime est épineux).


12. Vouvray : Huet Le Mont 2005

100% chenin - 13°
L’après-midi : DS16/16,5 - PR16,5 - CD14,5. Note moyenne AM : 15,8
• Robe claire, paille aux reflets gris.
• Nez imprégné d’une minéralité sans équivoque : iode, coquille d’huître, pierre à briquet dominent un profil aromatique où les sensations de champignon, levure, yaourt au citron paraissent secondaires. Ensemble quelque peu janséniste, encore cadenassé, mais prenant.
• Contraste étonnant avec une bouche plus généreuse, où la maturité fait jeu égal avec l’acidité pour offrir un équilibre des plus justes. Corps volumineux, notes de pomme, poire, fleur d’acacia, puis résurgence minérale dans une finale resserrée, salivante, terriblement persistante.

Vin toujours en réserve, au potentiel évident.
A noter que si certains apprécient ce profil quelque peu exigeant, d’autres dégustateurs butent sur son manque d’amabilité et restent ancrés à 13/20.

Le soir : DS16,5/17 - PC16 - LG17 - MS17. Note moyenne SOIR : 16,7
Admirables senteurs typées et racées, mielleuses : craie, citron, fromage de chèvre, coquilles d’huître, tilleul. Bouche à la fois austère et gracieuse, stricte (minérale, acide) et parfumée (avec la petite rondeur du millésime). Cohérence et pureté pour ce vin rassasiant, axé, serré (il a clairement bénéficié ici d’une aération bénéfique de plusieurs heures), subtilement épicé, dans le style parfaitement peaufiné de la maison.

13. Afrique du Sud : Ken Forrester The FMC 2006
100% chenin - 14,5°
L’après-midi : DS14,5 - PR14 - CD15,5. Note moyenne AM : 14,7
• Robe assez grasse, presque jaune, avec des reflets vert.
• Riche, solaire, gourmand, c’est un nez sans pudeur, chargé de bois, crème pâtissière, sucre d’orge et notes de confiserie copieuses.
• Démonstration baroque (rococo) où la trilogie sucre/alcool/bois fait son show ! John Travolta dans « Saturday Night Fever » ! Hyper aromatique (fruits jaunes, vanille, citron confit, abricot, fraise Tagada, guimauve, pâte d’amande), suavité langoureuse, le style international a trouvé sa figure de proue.

Si on admet les qualités d’immédiateté et de générosité de ce vin, son manque de raffinement et de digestibilité le limite cruellement.
Dommage !

Le soir : DS12 – PC(13) - LG12 - MS11. Note moyenne SOIR : 12
Nez un peu réduit dégageant des odeurs de noix de coco et d'ananas. Bouche dans un registre ludique (à moins que le terme qui convienne soit plutôt "régressif"), très "drive-in", grasse et sucrée. Accord probable sur un cochon de lait grillé en accord sucré/salé. On peut avec avantage "passer son chenin".


14. Vouvray : François Chidaine Clos Baudoin 2002

100% chenin - 13°
L’après-midi : DS13,5 - PR13 - CD13,5. Note moyenne AM : 13,3
• Robe paille jauni.
• Senteurs de baba au rhum, poire, pomme cuite, voire blette, dans un style certes mûr, mais assez oxydé, renfrogné.
• Derrière une attaque plutôt grasse et mûre s’affirme une acidité quasi citrique, véritable colonne vertébrale du vin. Pomme, citron, pamplemousse, calvados définissent un profil aromatique assez simple. Finale toute aussi aiguë, ponctuant un ensemble sans grand éclat.

Le soir : DS15 - PC15,5 - LG15/15,5 - MS16. Note moyenne SOIR : 15,4
Olfaction compacte : cire, coing, champignons. Bouche fougueuse, sauvage, avec une acidité aux avant-postes. Un vin qui rince parfaitement la bouche, concentré. Eventail aromatique moindre que sur Choisilles 2002 mais certainement plus de potentiel.

15. Savennières - Coulée de Serrant : Clos de la Coulée de Serrant 2002
100% chenin - 14°
L’après-midi : DS17,5/18 - PR17,5/18 - CD17,5. Note moyenne AM : 17,7
• Robe or clair.
• Archétype d’une grande Coulée, le nez enthousiasme par sa force autant que sa complexité. Il semble qu’en y restant plongé des heures, on aurait toujours quelque chose à y découvrir… Iode, coquille d’huître, curry, poisson séché, haddock, eau de noix, fruits secs, miel, ça fuse de tout côté ! La tablée est en ébullition !
• La bouche n’est pas en reste : équilibre sublime entre gras, moelleux et acidité, palette aromatique excitante (zeste, orange confite, mandarine, mirabelle s’ajoutent à la liste précédente), mariage parfait entre puissance et élégance. Finale racée qui se prolonge jusqu’au vin suivant (le pauvre…).

Quelle chance nous avons eue de tomber sur une Coulée aussi éclatante !
Carton plein dans l’assemblée pour une bouteille vraiment au dessus du lot.

Le soir : DS17,5 - PC17,5 - LG17 - MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,4
D’emblée, on identifie les indices spécifiques de ce vin à part. Nez excentrique, expansif, associant de belles notes particulières et complexes : embruns océaniques, rhum, raisin sec, orange amère, confiture de prune, décoction de gentiane, pomme cuite, pointe végétale de géranium. Bouche stylée, un poil capiteuse, soutenue par une acidité sûre, extravagante mais irréprochable. Qualités indéniables de caractère, de complexité, de finesse, d’équilibre et de longueur ; une admirable violence pour l’un des plus beaux vins de la série de Loire dans laquelle il est inséré (j’entends voler le nom de Curnonsky et aussi « il remet les pendules à l’heure »).

16. Vouvray : Huet Clos du Bourg 2005
100% chenin - 13°
L’après-midi : DS15,5 - PR15 - CD16. Note moyenne AM : 15,5
• Robe assez épaisse, paille clair aux reflets gris.
• Parfum aux notes jaillissantes de poire, coing, pomme cuite, jasmin, rose. Un présent pour Dames !
• Bouche mûre, dominée par son fruit, pur, plutôt gourmand, soutenue par une belle acidité. Finale fraîche, harmonieuse, tendue par une minéralité émergente.

Plus ouvert, plus tendre que Le Mont, mais au potentiel lui aussi évident.
La promesse d’une consolation à notre propre vieillissement…

Le soir : DS16,5 - PC16 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,4
Notes « blanches » charmantes : fruits blancs, craie, cannelle, fleurs, miel. Bouche précise, parfaitement ciselée, finissant sur une relative tendresse. Il y a plus de richesse que dans « le Mont », un peu moins de tension par la même occasion. Finale salivante et belle transparence de fruit griffée.

17. Vins de Pays du Gard : Roc d'Anglade 2002
100% chenin - 14°
L’après-midi : DS14,5 - PR13,5 - CD14. Note moyenne AM : 14
• Robe jaunie aux reflets verts.
• Ampleur, maturité, chaleur caractérisent ce nez sudiste, aux notes marquées de baba au rhum.
• Matière grasse, large, un rien mollassonne, signée d’épices, crème catalane, pêche jaune, avec une touche d’amertume de zeste d’orange. Finale prompte, un peu chaude, imbibée d’épices et de rhum ambré.

Contrairement au 2004, cet échantillon reste cohérent avec nos préjugés sur un chenin méditerranéen, à savoir un cran en dessous des exemples ligériens en termes d’acidité et de fraîcheur.

Le soir : DS13 - PC12 - LG13 - MS13. Note moyenne SOIR : 12,9
Un nez peu reluisant marqué par le bois et des notes de fruits exotiques. La bouche a mal vieilli : elle est anormalement fade et pataude.

18. Vouvray : Foreau 2005
100% chenin - 13,2°
L’après-midi : DS15,5/16 - PR15,5 - CD15. Note moyenne AM : 15,4
• Robe claire, paille aux reflets gris.
• Nez discret : pomme, calvados, agrumes, minéral dans un style assez sérieux, voire austère.
• Maturité moins timide en bouche, mais rapidement contenue par un duo acidité/minéralité assez tranchant. Matière fine, étirée, pure, au final d’une grande fraîcheur citronnée.

Vin superbement bâti, mais au potentiel loin d’être révélé : vin d’avenir…

Le soir : DS16,5 - PC16 - LG16,5 - MS17. Note moyenne SOIR : 16,5
Nez pur mêlant des senteurs de fruits blancs, de citron, de fleurs de pommier, de coquillage, d’épices. Matière altière, moins policée que celle du raffiné Mont 2005 de Huet, de style plus sauvage, persistante. Loin d’être prête à être bue évidemment, elle bénéficie pleinement de la générosité du millésime. Elle semble aussi un peu le compromis entre le charme aromatique du Bourg 2005 et la force structurelle du Mont 2005.

19. Saumur : Domaine des Roches Neuves (Th. Germain) L'Insolite 2006
100% chenin - 13°
Bouteille offerte par Philippe Ricard
L’après-midi : DS14,5 - PR14 - CD14. Note moyenne AM : 14,2
• Robe paille aux reflets gris.
• Senteurs sobres de fruits jaunes mûrs (pêche, prune), de fraise, avec un boisé des plus discrets.
• Bouche ronde, aimable, relevée d’une belle fraîcheur. Expression assez nette et pure d’arômes primaires (poire, pomme, pêche), encore trop jeune pour affirmer une quelconque signature de terroir.

On apprécie la découverte de l’étiquette : nous notons en effet un changement notoire dans la philosophie du domaine (à confirmer) où le bois semble céder la place à davantage d’épure.

Le soir : DS14,5 - PC14,5 - LG14,5 - MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,5
Air de chardonnay boisé. En bouche, la matière paraît bien dimensionnée mais reste peu sophistiquée (simplement citronnée) et son acidité est en l'état grinçante.


20. Anjou : Leroy Les Noëls de Montbenault 2002

100% chenin - 13°
L’après-midi : DS14,5 - PR14 - CD14,5. Note moyenne AM : 14,3
• Robe grasse, jaune bouton d’or.
• Appréciation délicate d’un vin à l’évolution rapide après l’ouverture : initialement boisé, avec ses notes de crème catalane, vanille, le vin affirme progressivement sa maturité avec davantage de sincérité : arômes de fruits jaunes, baba au rhum, champignon, caractère iodé et enfin des notes plus végétales, sur le petit pois, la fougère.
• Bouche symétrique : du boisé assez présent on évolue vers une expression mûre, grasse, croquante (sensation sucrée), dans un style aimable, avant de basculer sur un caractère plus tendu, signé d’une bonne acidité, d’arômes plus épurés d’agrumes, de poire, de mirabelle.

Cette approche peu évidente semblait justifier un carafage préalable.
Elle semble aussi indiquer que le vin est dans une phase évolutive où le beau terroir de Montbenault va peu à peu commencer à prendre le dessus.

Le soir : DS15 - PC15 - LG14 - MS15. Note moyenne SOIR : 14,8
Une matière semblant encore un peu prisonnière du bois. Senteurs déjà un peu évoluées, balsamiques, de fruits exotiques (citron vert), de citron, de coing, de cire. Bouche de bonne concentration mais monobloc, plutôt dure, citronnée. On n’y trouve pas la classe de terroir trouvée par exemple dans les cuvées de Huet.

21. Touraine : Jacky Preys et Fils La Goutte d’Or 1989
100% chenin - 12,5°
Bouteille offerte par Bernard Bergé.
L’après-midi : DS17 - PR16 - CD15. Note moyenne AM : 16
• Robe épaisse, or.
• Noix, champignon, morille, curry, orange amère, s’imposent dans un nez aussi typé que délicat.
• Bouche puissante, au caractère très sec, sans concessions, sur une amertume et une vivacité prononcées. Beaucoup de poids dans ce vin qui respire le Jura, avec les notes caractéristiques citées plus haut auxquelles s’ajoutent le beurre, la crème, réclamant haut et fort sa poule au vin jaune et aux morilles… Finale assez pure, avec une rémanence forte sur la noix sèche.

Heureusement que c’est le dernier vin, il nous aurait flingué la séance !
En tout cas, le choix, à l’aveugle, tombait sous le sens : le savagnin sous voile était d’une évidence à la portée de tout jeune novice !
Que nous sommes donc et resterons longtemps face à ce genre d’expériences…
Une leçon !
Sacré chenin…

Le soir : DS16,5 - LG14. Note moyenne SOIR : 15,3
Très curieux chenin oxydé, assénant des senteurs de raisin de Corinthe, de noix, de curry. Bouche insolite, "étonnante", digne de curiosité.

Conclusion de l’après-midi

Séance très pédagogique qui aide à mieux comprendre les différentes expressions du chenin.

Donnée quasi universelle en Loire : l’acidité.
Tous les vins ligériens présentés peuvent s’enorgueillir d’une acidité remarquable, leur offrant ainsi de la tension, de la fraîcheur et un caractère profondément digeste.

Deuxième constat : une identité propre à chaque région.
Les vins de Touraine (Vouvray, Montlouis, Jasnières) sont capables d’affirmer des expressions minérales très fortes, parfois exclusives, offrant des nez austères et des bouches strictes, véritables modèles de droiture.
Les vins d’Anjou (Anjou, Savennières, Saumur) présentent davantage de volume, de largeur, de gras, d’expressions plus riches.

Difficile de se permettre des généralités après la dégustation de seulement deux échantillons du Roc d’Anglade.
S’ils présentent des textures assez grasses, seul 2002 affiche un caractère solaire que la région natale pouvait laisser envisager.
Le 2004, par contre, démontre une jolie fraîcheur.
Le 2006, goûté en décembre au domaine par certains d’entre nous, semble confirmer ces excellentes dispositions par un profil aromatique évoquant de très belles réalisations bourguignonnes et une acidité décidée.

Cas vraiment à part : les deux chenins sud-africains.
C’est bien simple : le nez n’est pas encore dans le verre qu’ils sont déjà démasqués, sans le moindre doute…
Tout comme en géographie, un monde les sépare des vins hexagonaux !
Ils cultivent l’immédiateté, l’hyper aromatisation, la flatterie, sans aucune pudeur.
S’il faut leur reconnaître une facilité d’approche et une générosité sans égal, séduisant ainsi bien des amateurs à travers le monde, leurs excès peuvent aussi conduire à l’ennui, voire l’écoeurement.
C’est un peu comme pour la confiserie : beaucoup de gens apprécient, certains même en raffolent, mais d’autres ont bien du mal à en faire un repas…
A savoir quand même que ces deux vins n’ont pas été sélectionnés au hasard…
Le FMC est certainement le chenin sud-africain le plus célèbre. Encensé par les plus grands critiques internationaux, il fait figure de référence.
De Morgenzon 2005 a lui été élu chenin de l’année sur l’édition du guide 2007 de John Platter, un des critiques de référence en Afrique du Sud.


Conclusion du soir


• Les vins de Vouvray, d’une typicité minérale réconfortante, caracolent en tête.
• La Coulée de Serrant affirme brillamment sa personnalité.
• La plupart des vins se bonifient à l’aération.
• Notable amélioration à l’air du Chinon de Lenoir.
• A contrario, le vin de Morgat en pâtit irrémédiablement.
• Les vins d’Afrique du Sud en dépit de leur réputation (domestique ?), déconcertent, c’est le moins que l’on puisse dire. Parlera-t-on encore une fois ici de biais culturel ?
• Le chenin US désespère.
• Le vin de Jacky Preys est un OVNI.
22 Jan 2008 09:30 #1

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Laurent,

Merci pour ce petit tour d'horizon du Chenin.
Peux tu confirmer pour les Huet :
16 Clos du Bourg, Moëlleux ?
12 Le Mont, Sec ou 1/2 sec ?
Comme il me semble que les 3 cuvées sont déclinées en sec, 1/2 sec et moëlleux...

Amitiés,
NIKO
22 Jan 2008 11:26 #2

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Belle dégustation.
Je vois que la Coulée de Serrant sort très bien, cela me donne envie de me réconcilier avec ce vin.
22 Jan 2008 11:29 #3

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Niko,

Uniquement des chenins secs.
Sinon, j'aurais indiqué précisément la cuvée.

Gweno,

Se réconcilier avec la Coulée. Un vin presque ésotérique, qui éloigne les esprits pétris de cartésianisme.:)
Récemment, je me suis régalé avec la Coulée 2005 et la Coulée 89 (bue à côté de Grillet 85 et Joliette sec 71, c'est une forme de Nirvana !).
Aller vers Grillet aussi (Grillet 2003 est prodigieux).

Luc ne me croit pas : il pense que je fais le malin avec des mots compliqués et que je me laisse influencer par le contexte.
Quelle tristesse !;)

Il faut dire que Descartes a fait de graves dégats dans la pensée européenne, qui s'est aussi heureusemennt laissé imprégner par la pensée Hindoue (lire Roger-Pol Droit et son "oubli de l'Inde").:)
22 Jan 2008 11:55 #4

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Laurent,

Je te trouve un peu condescendant tout de même...
Penses-tu que le résultat de la verticale de Coulée soit lié à mon cartésianisme ?
Crois-tu que j'étais seul à déguster ces vins et que mon avis n'était pas partagé par mes convives ?
Ne penses-tu pas que la seule chose qui puisse expliquer cet état de fait est une extrême variabilité entre les différents lots ou bouteilles, variabilité inacceptable à ce niveau de prix ?
Penses-tu que lors de la dégustation de cette même Coulée 2002, les membres du CDR Belgique ont été victimes d'une hallucination collective (voir [size=large]ici[/size] ) ?

Luc
22 Jan 2008 12:28 #5

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Luc,

La variabilité de la Coulée est légendaire (idem pour Joliette, qui n'était pas assemblé mais presque toujours top).
22 Jan 2008 13:13 #6

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Et cette variabilité te satisfait ?

Luc
22 Jan 2008 13:28 #7

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Dans le petit "duel" a distance que se livrent les chenins secs 2002 et 2005, vous semblez preferez ces derniers. Une explication particuliere ?

Anthony
22 Jan 2008 13:35 #8

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Luc,

IVV a bien commenté la Coulée 2002 lors de sa verticale (16/20).

Sur ton lien, je vois une devinette sur des bouchons mais point d'avis (individuel ?, collectif ?).

La variabilité existe pour de nombreux vins (ce n'est pas Grands Chênes 2004 qui me démentira).

L'âme humaine n'est pas équanime non plus et je trouve cela plutôt réconfortant.

Anthony,

Diffcile pour moi de statuer sur 2002 vs 2005 ...

2002 pour Chidaine et Leroy
2005 pour Foreau et Huet (des domaines de grande valeur)
22 Jan 2008 14:24 #9

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LE POINT, Jacques Dupont Septembre 2004
Coulée de Serrant 2002 : Vin très coloré, des notes grillées, torréfiées, tabac, champignons blancs. Bouche très riche avec une pointe de sucrosité équilibrée par l’acidité, miel, pâte de coing, riche en saveurs, très long, un peu poivré en finale. Grand vin.

WINE SPECTATOR, James Molesworth Août 2004
Coulée de Serrant 2002 : plutôt fermé maintenant, avec une note forte et puissante de gingembre, de camomille, de fleurs d’oranger, de coing et d’humus. Presque décharné mais révélant un peu de sa chaire cachée après un temps d’aération, elle devient remarquablement élégante et longue en finale. 93/1OO

Guide Bettane et Desseauve 2005
La Coulée de Serrant 2002 est beaucoup plus droit que le 2001, sec, d’une expression minérale exemplaire. Un grand millésime de garde.
Le Clos de la Bergerie 2002 est facile d’accès, tendre, gras, avec une finale bien tendue. A boire
Le Savennières 2002 est d’un style assez évolué en couleur et en arôme, mais pas en structure. Il faut l’attendre.
( Des 1282 domaines sélectionnés par le guide, la Coulée de Serrant fait parti des 38 domaines ayant obtenus 3 étoiles )

In Vino Veritas (Toulouse) - La Coulée de Serrant 2002 : juin 2005 (verticale 2003/1983 - juin 2005 - cr par Pierre Citerne)
DS16,5 – PC16,5 – MS16/16,5 - Prix : 42 €

- Robe grasse, couleur soutenue, reflets vieil or latents.
- De la fraîcheur au nez, de la profondeur, du fruit (encore sur la prune : mirabelle, reine-claude…), du miel, et des notes végétales ou plutôt "vertes" qui nous accompagnerons tout au long de la dégustation (tilleul, verveine, gentiane…).
- La matière est élancée, dense, élégante, cohérente, longue ; bien campée sur cet équilibre (acidité + amertume), austère mais noble, qui sera lui aussi un caractère récurrent dans la série.

P'titphilou
Vin dégusté par : Ptitphilou Le : 04/09/04
Temps de carafe : Non précisé Note : Non précisé
Visite au domaine.
Belle fraîcheur, assez austère, il m'a semblé.
Mais pas la grande émotion pour le moment.

Luc Javaux (LPV)
Coulée de Serrant 2002 - ****

A l'ouverture, la veille, le niveau est parfait, le bouchon ne présente pas de défaut visible et est imbibé de vin sur le 1/3 de sa hauteur. La robe est dorée, le nez est exotique, avec peut-être un petit côté encaustique.
Le jour J, la robe n'a pas bougé, le nez est marqué par les épices, évoquant le pain d'épices, avec une minéralité sur la pierre à fusil, et un fruité exotique, plutôt à l'arrière-plan. En bouche, la fraîcheur est très belle, il y a de l'ampleur, un équilibre sans reproche et une très belle longueur sur d'agréables amers d'écorces d'agrumes. Une très belle bouteille, bien meilleure que celle dégustée avec le CDR Belgique il y a quelques mois. Regoûté le lendemain, le vin ne présentait pas d'évolution notable.
22 Jan 2008 14:58 #10

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Laurent,

C'est bien, maintenant tu relis tous ces CR, et tu me dis si tu as l'impression qu'ils parlent du même vin...

Luc
22 Jan 2008 15:06 #11

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Je les ai reliés, Luc ...:)

Pouvoir se persuader que l'on a parfaitement défini les contours d'un vin (complexe et vivant) est-il une preuve de qualité de ce vin ?

Oserait-on la même chose pour définir un être humain ?
22 Jan 2008 15:08 #12

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Je m'autorise un petit rappel, faisant confiance à la sagacité de Pierre Citerne à la suite de la verticale IVV :
Conclusion :
- Lors de cette dégustation, exhaustive en ce qui concerne les millésimes récents, l'expression de la Coulée de Serrant, qui participe pourtant aussi de la typicité du chenin et de celle de Savennières, affirme très rapidement son unité et son originalité : profonde minéralité, densité et longueur supérieures, expression aromatique typée ("verdeur", prune, minéralité…), captivante mais souvent austère, retenue, parfois même rébarbative, équilibre gustatif sur l'acidité et l'amertume. Peu de vins blancs manifestent autant de qualités de constitution de corps, de longueur, de droiture minérale. D'autres ont pour eux une séduction aromatique immédiate, une exubérance, que n'aura jamais la Coulée. Et c'est très bien ainsi.
- Malgré le caractère particulier, l'expression parfois austère du vin, les appréciations au sein du groupe de dégustateurs sont particulièrement homogènes. Les grandes réussites sont nombreuses, exprimant de façon complète la personnalité du cru, avec des équilibres parfois portés davantage sur la richesse, ou sur la nervosité. Lors de cette dégustation, un millésime récent (1999) et un plus ancien (1985) nous ont paru particulièrement complets, représentatifs du génie propre au terroir. 2002, 2000, 1996, 1995, 1994, 1989, 1988 et 1983 ne sont pas très loin qualitativement. Les millésimes plus difficiles sont souvent surprenants de qualité, d'intensité et de longévité ; certains sont quand même vraiment ingrats (1998, 1993…). 1990 et 2001 se situent en deçà des attentes. 1997, millésime atypique, s'est exprimé de façon plus convaincante qu'en d'autres occasions.
- Malgré la forte cohérence de la série, on remarquera que globalement les millésimes les plus récents présentent un caractère plus capiteux, plus riche qu'auparavant, des expressions aromatiques lorgnant vers la surmaturité; évolution climatique et/ou volonté de l'homme ?


La RVF vante les mérites du forum LPV (qui n'est pas un blog).
LPV irait encore plus loin en demandant à Nicolas Joly de bien vouloir répondre, le plus objectivement du monde, aux questions qui lui ont été posées dans la rubrique "carte blanche".
22 Jan 2008 15:16 #13

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

La variabilité existe pour de nombreux vins

Certes, mais pour certains manifestement bien plus que pour d'autres !
Je ne vois personnellement pas ce qu'il y a de réconfortant, quand je dépense 50 € pour une bouteille, dans le fait de savoir qu'il y a au moins une chance sur deux que la bouteille soit défectueuse (dans mon expérience c'est même bien plus qu'une chance sur deux).

Sur ton lien, je vois une devinette sur des bouchons mais point d'avis (individuel ?, collectif ?).

Peut-être aurais-tu pu prendre la peine de lire...

Envoyé par: Olivier Mottard

SAVENNIERES CLOS DE LA COULEE DE SERRANT - Nicolas JOLY 2002 NN 50,00 € (prix caviste)

A nouveau une robe or mais qui est aussi teintée de brun.
Le vin est probablement à la fois bouchonné et oxydé.
Bouteille découverte, il s'agit évidemment de LA déception de la soirée.
En ce qui me concerne, cet échantillon suscite de nombreuses interrogations par rapport à ce vin.
Au delà d'un vin bouchonné, le caractère oxydé et la robe largement brunie sont inquiétants par rapport à la réputation du domaine.


Envoyé par: Alain Hinant

Savennières Clos de la Coulée de Serrant – Nicolas Joly 2002 – Non notable (50 € - caviste)

Robe ambré clair avec des reflets brunâtres.
Nez liégeux et oxydé, un très gros problème de conservation pour ce vin !
Non goûté.


Envoyé par: Luc Javaux

SAVENNIERES CLOS DE LA COULEE DE SERRANT - Nicolas JOLY 2002 –(*)
Robe intense, vieil or, qui paraît au minimum dix ans de plus que son âge. Nez pas net, je dirais même plus, pas net du tout… Poussiéreux, moisi, iodé, fumé, avec des notes de sueur et quelque chose d’indéfinissable qui m’évoque la dernière farandole à laquelle j’ai assisté dans un home pour personnes âgées… Il faut vraiment être courageux pour mettre un tel breuvage en bouche, mais ne reculant devant aucun sacrifice pour la science, je constate le caractère saillant de l’acidité et des notes de bouchon qui avaient du mal, au nez, à se frayer une place parmi la multitude de notes désagréables. Je n’en dirai pas plus, certains connaissent déjà l’amour qui me lie à cette cuvée, mais je ne peux que constater, une fois de plus, le soin méticuleux apporté à la vinification et au choix des bouchons…

Pouvoir se persuader que l'on a parfaitement défini les contours d'un vin (complexe et vivant) est-il une preuve de qualité de ce vin ?

Avoir quasiment à chaque bouteille ouverte un vin totalement différent, qui va de l'excellent à l'exécrable est-il une preuve que qualité de ce vin ?
Pour ma part, je considère la régularité comme une des qualités indispensables du grand vin. De ce point de vue, la Coulée n'en fait assurément pas partie.
Je la laisse donc à ceux qui s'amusent à disserter sur le caractère insondable de l'âme humaine et de celle de Nicolas Joly en particulier...

Luc
22 Jan 2008 15:23 #14

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Je m'autorise un petit rappel, faisant confiance à la sagacité de Pierre Citerne à la suite de la verticale IVV :

Si je ne m'abuse, la plupart des bouteilles avaient été fournies par le domaine spécialement pour cette verticale.
Il en va de même de la plupart (sinon la totalité) des avis de professionnels.
Je t'engage donc à relire la conclusion de mon CR de la verticale qui se trouve en page d'accueil, je n'ai toujours pas changé d'avis sur la question.

LPV irait encore plus loin en demandant à Nicolas Joly de bien vouloir répondre, le plus objectivement du monde, aux questions qui lui ont été posées dans la rubrique "carte blanche".

Je t'ai déjà signalé que Nicolas Joly connait l'adresse du forum, a connaissance de la rubrique carte blanche puisqu'il a écrit son texte spécialement à cette intention, et qu'il a donc parfaitement le loisir de répondre à toutes les questions s'il le souhaite, ce qui ne semble pas être le cas.

Luc
22 Jan 2008 15:28 #15

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Luc,

Je peux comprendre ton désappointement.

Vous décrivez apparemment un échantillon défectueux (et j'ai lu que tu avais trouvé un flacon meilleur ultérieurement, un flacon conforme en gros à ce qu'en disent les pros et amateurs).

Pour ma part, je n'ai pas à me plaindre de tels dégats sur les Coulée que j'ai eu la chance d'approcher (soit un certain nombre).

Reste aussi le champ du goût individuel avec des dégustateurs de renom qui ne peuvent pas approcher de type de vin (il serait suicidaire qu'ils dépensent leur argent dans zette zone en effet).

Je te rappelle que c'est vous qui avez eu la bonne idée de donner la parole à NJ sur LPV.
C'est bien mais le carottage technico-psychologique est superficiel en effet (et stérile en termes de réponses bienveillantes).

Pour finir, je lis ton analyse de manière forcément connotée : c'est-à-dire que j'inclue également ton point de vue répété et dépréciateur sur mes nombreux posts concernant un autre grand vin de France : j'ai nommé Château-Grillet.
Donc, je ne lis pas que tes mots (la partie immergée de l'iceberg).:)
22 Jan 2008 15:31 #16

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Luc,

Concernant les provenances, je crois que tu as raison (verticale IVV du moins)
C'est un point qu'un modérateur de forum devrait espérer voir aborder dans une rubrique "carte blanche".
Faut-il jusqu'à envisager un comportement frauduleux (qui ne serait pas propre à de domaine, au passage).

J'ai aussi bu des beaux vins, de provenance commerce.

Ce serait vraiment formidable que Nicolas Joly fasse preuve d'un minimum de constance en répondant sur LPV (je pense que cela en intéresserait plus d'un).

Bon, à demain ...;)
Je dois atteindre presque 20 messages (puisqu'aussi bien je m'efforce d'alimenter le débat) et mon temps de parole est écoulé pour aujourd'hui je crois ...(mais j'espère rester un internaute tolérant):)

Note au passage que tu décris un contexte (3 dégustateurs trouvant une Coulée dégradée).
J'en ai rappelé 5 ou 6, pros et amateurs.
22 Jan 2008 15:36 #17

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

c'est-à-dire que j'inclue également ton point de vue répété et dépréciateur sur mes nombreux posts concernant un autre grand vin de France : j'ai nommé Château-Grillet.

Je suis très étonné, je dois avoir bu Château Grillet à deux ou trois reprises au maximum, je ne me permettrais donc pas un jugement définitif sur ce vin. Peut-être davantage sur l'inadéquation qu'il y a parfois entre tes commentaires et tes notes, mais c'est un autre débat.

Note au passage que tu décris un contexte (3 dégustateurs trouvant une Coulée dégradée).
J'en ai rappelé 5 ou 6, pros et amateurs.


3 dégustateurs qui ont laissé un CR sur LPV, mais plus d'une dizaine étaient présents, tous du même avis.
Les défauts de ce 2002 allaient par ailleurs bien au-delà du léger goût de bouchon qui l'affublait.
Lors de la verticale, je n'étais pas seul non plus...
Verticale que j'ai désiré organiser pour me faire une idée plus objective du cru après quelques déconvenues (et également quelques très bonnes bouteilles, je l'ai écrit aussi sur LPV).

Pour le reste, je constate que tu ne réponds pas sur l'importance de la régularité pour un cru qui prétend faire partie de l'élite de la viticulture française. Que penses-tu par ailleurs de la qualité des bouchons ?

Luc
22 Jan 2008 17:11 #18

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Je pense avoir répondu sur la variabilité.

Comme dans le domaine des vins naturels, il faut éventuellement accepter une stabilité moindre (un produit moins standardisé, plus cyclothymique ?).

Je pense que pas mal de gens sur LPV sont sensibles à cela.

Quant aux bouchons, je ne sais pas car je n'ai pas tenté de tracer cela.

Mais j'ai écrit pour Grillet :
Malgré des provenances variées (et des bouchons rogatons), les bouteilles contiennent une expression du viognier plutôt méconnue en ce qu’elle est solide, d’évolution très lente, griffée malgré des déclinaisons gustatives de haut niveau sans cesse renouvelées

Et tu n'es pas le seul à exprimer une méconnaissance de Grillet.

Il faudra que tu m'en dises plus sur cette inadéquation !
De NOS notes (pas de MES notes).

Le Clos Joliette est mythique, la Coulée de Serrant est ésotérique, Grillet est secret (maçonnique ?).

Cela complète formidablement bien le paysage viticole français, non ?
22 Jan 2008 17:29 #19

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J'oubliais : Petrus est-il si régulier que cela ?
22 Jan 2008 17:54 #20

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Comme dans le domaine des vins naturels, il faut éventuellement accepter une stabilité moindre (un produit moins standardisé, plus cyclothymique ?).

Pas d'accord du tout, le naturel n'est pas antinomique avec la régularité. Il suffit de voir ce que parviennent à faire certains domaines comme par exemple Zind-Humbrecht en Alsace.

Quant aux bouchons, je ne sais pas car je n'ai pas tenté de tracer cela.

Tu devrais, c'est très instructif...

La Coulée est ésotérique

C'est sans doute ce que voudrait faire croire son géniteur, mais personnellement je pense qu'elle est souvent gâchée.

Pour terminer, si je suis aussi virulent contre la Coulée, c'est que j'ai la conviction qu'offert à des mains plus expertes, ce vignoble est à même de nous donner, à chaque millésime, un des plus grands si pas le plus grand blanc sec de Loire.
A mon avis, on en est très loin aujourd'hui.

Luc
22 Jan 2008 17:58 #21

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D'accord pour des domaines haut de gamme plus régulier.
Nous avons d'ailleurs eu des débats antérieurs sur ce sujet du pedigree (Roumier, Rousseau, Coche ...).
Il me reste des doutes sérieux sur l'évolution du Riesling Rangen 2000 (doute partagé par mes hôtes ce jour-là, en raison de l'état d'autres bouteilles).

ésotérique : c'est moi qui souligne, Luc !
et Joly ne prêche pas seul dans le désert.

Beau travail de PJ sur les bouchons (un simple coup d'oeil à ceux de Grillet à suffi).
Et puis un bouchon en bon état ne signifie pas un vin impeccable je crois.

Ta dernière hypothèse (de plus transnationale) est tout simplement vertigineuse ...:)
Une ingérence oenophilique profilant un scénario croquignol. (les flamands envahissent la Ligérie ...).
Sur quoi te fondes-tu pour croire en ce vignoble ?
Comment fais-tu pour réinventer l'histoire de ce cru ?
Observer les bouchons est un plus, sonder le sol également (moi, je ne suis pas géologue, et je n'ai jamais mis les pieds sur cette terre, dans ce chai, jamais discuté en tête à tête avec le producteur, non plus).
22 Jan 2008 18:07 #22

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j'ai la conviction qu'offert à des mains plus expertes, ce vignoble est à même de nous donner, à chaque millésime, un des plus grands si pas le plus grand blanc sec de Loire.

Plusieurs viticulteurs de la Loire m'ont dit la même chose ;)

C'est évident que ce domaine a un potentiel énorme, et que mieux exploité, il offrirait d'un vin de très haut niveau,et d'une façon beaucoup plus régulière. Peut-être même le chenin dont rêve Arnaud et qu'il n'a pas encore trouvé? :D

Eric
Mon blog
22 Jan 2008 18:11 #23

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On attend aussi un repreneur pour le Clos Joliette ...
22 Jan 2008 18:12 #24

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Sur quoi te fondes-tu pour croire en ce vignoble ?

Sur Curnonsky... ;)

Joly ne prêche pas seul dans le désert

Peut-être, mais ce qui est sûr c'est qu'il prêche, c'est bien ce que je lui reproche. Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'il ferait mieux de s'occuper un peu plus de son vin.

Et puis un bouchon en bon état ne signifie pas un vin impeccable je crois.


Allons Laurent, me prendrais-tu pour un idiot ?

Luc
22 Jan 2008 18:19 #25

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En tout cas, en contraposée, un bouchon pourri peut cacher un grand vin
Curnonsky plébiscite Grillet, également.

Tu devrais lui dire en privé ...
22 Jan 2008 19:55 #26

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Le 2005 obtient encore un 18,5 dans la RVF de ce mois-ci.

Ce que j'aime beaucoup, c'est que le vin obtient une telle note avec un nez "brouillon, manquant de précision"...

Un autre vin moins prestigieux aurait-il obtenu la même note avec le même nez?? Enfin peut-être que poser la question c'est y répondre...:)

Fx

Amicalement
Fr.-Xavier
22 Jan 2008 20:15 #27

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: IVV : Chenin (vision d'ensemble à plusieurs mains)

Effectivement, j'avais lu cette inadéquation entre la note et le commentaire, qui ressemble comme s'y méprendre à ce que LaurentG nous produit régulièrement... ;)

Luc
22 Jan 2008 20:34 #28

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Luc,

L'intervention de fx te sauve ...

Désolé pour mon in-pertinence ...:)

Je dois aimer le côté bio con ...
22 Jan 2008 20:56 #29

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Chuuut Luc!!!

Sinon on va encore dire que LPV n'est pas un forum mais un exutoire ;)

Fx

Amicalement
Fr.-Xavier
22 Jan 2008 20:58 #30

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