Agapes de fin d'année
C'est avec une belle sélection de bouteille que nous avons fini la fin d'année avec des gros formats qui plus est! Le protocole d'ouverture et de dégustation reste inchangé, environ 5 à 6h d'aération lente pour les rouges, 2 à 3h pour les blancs et 1h pour les champagnes, sauf pour les vieux par peur de perte d'effervescence. L'ordre du récit ne reflète pas l'ordre de dégustation, et ce, pour plus de visibilité.
Les Champagnes
Champagne Nathalie Falmet “Le Val Cornet” 2014
Dgt 12/2019
Joli nez sur les fleurs blanches, les sels minéraux et la brioche.
En bouche, les agrumes bien mûrs dominent. C’est très agréable, vif mais délié, avec un fond très salin et crayeux. Par contre la suite se corse un peu en finale avec des amers prépondérants qui coupent le vin en le déséquilibrant. Difficile de dire si c’est la bouteille ou la cuvée étant donné que c’est la première bouteille que j’ouvre du domaine. J’ai d’autres bouteilles de cuvées différentes, on verra bien.
Bon champagne, mais frustrant car il se coupe net.
Champagne domaine Pierre Paillard “La Grande Récolte Collection privée” 2008
Il y a un an tout juste un an j’avais déjà bu ce vin. Je lui avais trouvé de belles qualités mais un manque de longueur en finale. Je n’ai pas hésité à en racheter, sauf qu’ici le lot sur lequel j’ai fait main basse est inscrit “collection privée” alors que sur celle bue en 2022 il était inscrit juste la mention “millésime”.
La contre étiquette mentionne ici un dégorgement en 01/2020 et un assemblage de 45% chardonnay et 55% pinot noir. Lorsque l’on se verse un verre, la robe annonce la couleur, avec une robe évoluée.
Nez légèrement oxydatif, arômes de poires, de pêches et de pomme sur un fond d’embruns marins.
Bouche crémeuse malgré un dosage minimal à 1g. Un peu d’autolyse, beaucoup de sels minéraux et une belle acidité qui catapulte l’ensemble sur un fond fruité, oscillant entre fruits noirs et poire. C’est beau, vivant et complet à la fois, où la pierre mouillée domine largement. En finale, le Pinot Noir reprend largement le dessus avec une belle vinosité traçante, là où la cuvée “millésime" faisait défaut.
Très beau champagne. Racé, complet, texturé et traçant à la fois.
Champagne domaine Bérêche “Rive Gauche Vallée de la Marne” 2009
Dgt 01/2013. 100% Pinot Meunier.
Nez de mandarine et de kumquat confits, avec une belle note oxydative.
Bouche à la maturité évidente, notes de de mandarine confite et d’huile de noix. C’est très riche mais l’acidité permet de préserver une belle fraicheur. Fidèle au millésime. Vin très équilibré, un brin austère dans son expression. La finale est dissociée de l’ensemble avec une grosse note oxydative et des amers prononcés sur une bonne longueur.
Bon champagne, dommage pour la finale qui manque de cohérence avec la bouche.
Champagne Cristal Roederer 1990
Souvenir d’avoir bu ce vin il y a 10 ans. Puissance fut le qualificatif en 2013 lorsque je l’ai bu.
Aujourd’hui, c’est tout autre chose, le vin a fait sa mue. Effervescence encore bien présente et fine.
Nez d’orange, de miel, d’amandes confites et de caramel.
La bouche est désormais beaucoup plus douce. C’est délicat et plein de nuance, avec un jus structuré qui se dévoile par strate. On a d’abord le jasmin tout en finesse, puis on arrive sur les arômes confits, où l’orange se mêle aux amandes. La texture est concentrée, c’est caramélisé, mais aussi sirupeux qu’aérien à la fois. Belle acidité que délie un ensemble profond et épanoui. Le vin déroule avec un coté onctueux. Évidemment le dosage est perceptible eu égard aux standards actuels mais c’est harmonieux. Belle finale, qui réussit ici aussi l’alliance entre l'intensité caramélisée des arômes tertiaires et une longueur aérienne et florale impressionnante.
Grand Champagne.
Champagne rosé domaine Jacques Selosse rosé brut
Dgt 02/2009
Nez envoûtant sur la framboise, la fumée, la lavande et la pierre mouillée.
En bouche, la fraîcheur est magnifique pour un champagne dont le dégorgement remonte à 14 ans. Le toucher est vif et onctueux à la fois, permettant au vin de développer toute sa palette d’arômes, avec notamment la framboise et la fumée, les 2 arômes dominants.
Puis l’équilibre magnifique d’acidité et fraîcheur permet au jus de dérouler sur des arômes floraux et de sels minéraux. Ce rosé allie densité et délicatesse, il a une présence, quelque chose d’évident. La finale est superbe, crayeuse, saline et sur la pierre mouillée, sur une longueur vibrante.
Grand champagne rosé.
Dom Pérignon rosé 1990
En Magnum.
Magnifique nez de fraise écrasée, rose, et fumée.
Bouche remplie de plénitude, l’attaque en bouche est douce, tout en délicatesse, sur un fruit rouge éclatant. A aucun moment on ne peut dire que ce vin a 34 ans d’age. Effervescence fine et belle acidité, ce rosé est vraiment harmonieux, un vrai bourguignon. Puis les saveurs florales prennent le relais, sur fond de pierre mouillée. C’est un vin magnifique, tout en élégance et en contraste. Chaque gorgée révèle une nouvelle facette mais je dois avouer que j’ai rarement eu un rosé si floral. Belle finale fumée sur la fraise, grande longueur saline.
Grand rosé, profond, délicat et encore si jeune! Je me souviens l’avoir bu une première fois en 2016 et ce champagne m’avait laissé un peu sur ma faim, ce ne fut pas le cas cette fois-ci où il a tenu son rang.
Champagne Louis Roederer Cristal rosé 1988
Nez sur les fruits rouges, abricot confit et fumée. Effervescence délicate.
Bouche complexe et stratifiée possédant une grande fraîcheur qui permet au vin de dévoiler toutes ses facettes avec grande sérénité. Il y a d’abord de la framboise écrasée, puis des fruits confits. Viennent ensuite des arômes torréfiés et plus curieux encore, de la truffe avec des arômes terriens qui prendront de l’ampleur à l’aération. Vin kaléidoscopique qui n’aura pas cessé d’évoluer au fil de la dégustation. Jus dense, servi par un magnifique équilibre. Le vin ne fait pas son âge, il est très raffiné et son évolution est positive. Grande finale sur la fumée, avec une magnifique longueur.
Grand champagne rosé.
Les blancs secs
Riesling Schlossberg Grand Cru domaine Bott-Geyl 2016
Nez sur les hydrocarbures et le citron.
Bouche très étirée, c’est floral et salin à la fois. Vin très sec avec un bon équilibre. Manque un peu de profondeur et de relance, le vin semble caler un peu en seconde moitié de bouche avant de finir sur une bonne finale terpénique avec du tilleul. Longueur correcte.
Bon Riesling
Riesling Rangen de Thann domaine Zind Humbrecht Clos Saint Urbain 2004
Nez d’hydrocarbures, de mandarine et d’écorces d’orange.
Bouche riche mais dotée d’une acidité superbe qui tend un jus sur des saveurs d’abricot légèrement confit, de mandarine et de pêche. C’est très racé et le vin se goûte très sec malgré la présence de quelques sucres résiduels au fond de la bouteille. L’équilibre est impressionnant au vu de la richesse du vin qui se fait catapulter par l’acidité. Grande finale sur de beaux amers d’écorces d’orange et une longueur miellée qui s’étire longuement.
Grand Riesling à maturité.
Trebbiano d’Abruzzo Azienda Valentini 2009
Bouteille bue une première fois en 2022.
Nez sur les fruits tropicaux, notamment l'ananas et avec un côté herbacé affirmé.
En bouche, le jus possède une grosse maturité, avec des arômes de fruits exotiques puis une belle minéralité et des herbes fraîchement coupées qui reviennent en seconde partie de bouche. Texture onctueuse, l’acidité apparaît suffisante pour que le vin résiste au temps même si on est pas sur un modèle de rectitude au vu de la richesse que le vin déploie. Belle finale, oscillante entre la pierre mouillée et les herbes douces, sur une bonne longueur.
Très bon vin blanc, très consistant.
Sonoma County Chardonnay Peter Michael “Mon Plaisir” 2014
Nez délicat de fleurs blanches, chevrefeuille, abricot et agrumes.
Belle bouche, au toucher crémeux et texturé, possédant un jus riche de belle ampleur. Les notes florales et d’abricots s’entremêlent, pour passer la main à des notes plus tropicales. Le vin reste très délicat malgré cette richesse et la viscosité qui l’entoure, notamment grâce à une très belle acidité qui apporte tension et fraîcheur, permettant au jus de se délier tout en longueur. Finale tout en finesse, vanillée et épicée, avec une longueur saline.
Très beau chardonnay qui allie profondeur, richesse et finesse tout à la fois.
Batard-Montrachet Grand Cru Domaine Marc Colin 2008
Nez très élégant sur les fleurs blanches, très légèrement vanillé, et de la pierre à fusil.
Bouche au toucher très vif, c’est huileux sans être gras, avec une magnifique acidité qui va guider un jus qualitatif et dense. L’attaque est aussi saline que beurrée. Le vin fait très jeune, ce qui est à signaler au vu de la période touchée par les premox. Ensuite le vin déploie toutes ses facettes, avec d’abord un boisé très bien intégré qui fait corps avec le vin, fleurs blanches, fruits blancs et noisettes s’enchainent de façon harmonieuse. Le jus a toujours cette consistance huileuse sans aucune sensation de gras. C’est complet et équilibré. Puis vient la finale où la puissance du Batard s’exprime à plein: le vin prend une ampleur énorme et monte dans les tours pour se déployer en queue de paon et exploser sur des arômes beurrés et de pierre à fusil pour ensuite se délier sur une longueur florale magnifique.
Grand chardonnay bourguignon qui me réconcilie avec le savoir faire de la région.
Les rouges
Gevrey Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques domaine Bruno Clair 2009
Les vins de Bruno Clair nécessitent beaucoup d’aération. Celui-ci ne s’est vraiment exprimé qu’après 4h d’aération, à l’ouverture le vin était complètement atone.
Le nez est sur un bouquet de cerise et de groseille avec un trait de fumée.
Belle bouche avec un jus texturé, c’est grainé et soyeux à la fois. On distingue la richesse caractéristique du millésime mais de façon très fine, tout est intégré dans un profil sans excès, tout en élégance. Belle structure raffinée, ça manque un peu d’intensité en seconde partie de bouche mais la finale est belle, pierreuse et florale à la fois, sur une finale finement saline.
Très beau Bourgogne, qui doit vieillir encore un peu à mon sens pour atteindre son apogée dans quelques années.
Romanée Saint Vivant Grand Cru domaine Hudelot Noellat 2008
Bouteille achetée au domaine et conservée dans ma cave depuis.
Nez de fruits rouges et d’épices douces.
La bouche fait immédiatement penser à Vosne, notamment grâce aux épices douces qui dominent. Sensation de jeunesse, acidité précise, le jus n’est pas des plus intense mais les arômes de thé, d’épices et de fruits rouges viennent combler ce déficit. Très belle texture soyeuse qui fait glisser le vin et qui fait oublier (presque) un manque de profondeur eu égard au pedigree. L’équilibre est présent, qui nous amène à une finale, certes intense, quoique courte eu égard encore une fois à l’appellation.
Très bon Bourgogne, mais qui peine déjà à justifier son prix domaine au vu du manque de complexité et de profondeur, alors au prix du marché c’est juste une folie. Pas de miracle sur cette bouteille, les limites du millésime 2008 sont bien présentes.
Montepulciano d'Abruzzo Azienda Valentini 1997
J'ai déjà bu cette quille plusieurs fois avec le souvenir d'un vin délicieux mais ici, le nez sur le vernis à ongle et une bouche décharnée furent les signes d'une bouteille morte. A l'aération, ça a fini par sentir vraiment le cadavre...
Barolo Fratelli Parusso “Bussia” 1990
Nez harmonieux sur des notes terreuses, fruits noirs, rose fanée et épices.
En bouche, la fraîcheur du vin est frappante. Le jus est fringant sur une attaque franche, le jus est délié, déroulant des arômes de fruits noirs et de sous-bois. Bel équilibre avec une acidité vivante qui étire un vin dense. Seconde moitié de bouche sur la rose et les épices douces. Belle finale épicée sur une longueur délicate et appréciable sur la rose fanée.
Très beau Barolo, loin d’être sur le déclin.
Barolo Vigna Rionda Poderi et Cantine Oddero Riserva 2006
Nez parfumé typique du Barolo: floral, épicé et fruits noirs.
Bouche mentholée avec un fruit acidulé. Le cèdre est intégré et une fine acidité élance bien un beau jus au duo floral/épicé en seconde partie de bouche. C’est équilibré et sapide, très agréable et aux antipodes des Riserva séchants qui sont encore trop nombreux. Ici le style est au Barolo agréable et floral, où le boisé sert de relais harmonieux pour que le vin s’exprime au mieux. Belle finale suave sur une bonne longueur.
Très bon Barolo.
Barolo Luciano Sandrone Cannubi Boschi 2005
En magnum.
Bouquet sur les épices, les fruits noirs, le cuir et une pointe de balsamique.
Bouche mentholée avec un jus dense mais totalement délié qu’étire une belle acidité intégrée. Les épices dominent et se mêlent harmonieusement aux fruits noirs et à la pointe de cèdre. Belle complexité avec des herbes médicinales qui pointent à l’aération, du cuir et cette touche de balsamique en finale qui réhausse l’intensité tout en gardant un coté très digeste avec une belle longueur
Très beau Barolo, sapide et racé.
Les blancs liquoreux
Ma nouvelle marotte depuis peu, ce sont les vins allemands.
Riesling Willi Schaefer Graacher Himmelreich Auslese #12 2003
Nez sur les fruits tropicaux, mangue, fruit de la passion et vanille.
Bouche à la richesse affirmée, mais servie par une belle acidité. Aucune lourdeur ici, le jus est porté de bout en bout par une belle trame acide, et pourtant, de la concentration, il y en a, avec du marzipan, un mélange de pêche confite, d’ananas, d’orange et de vanille. La tension donne de la cohérence à cet ensemble. Belle finale sur la mangue, dotée d’une longueur saline appréciable.
Très bon vin mosellan.
Riesling Mosel Saar Eitelsbacher Karthauserhofberg Trockenbeerenauslese #20 Versteigerung 2005
(cuvée enchère)
Nez intense sur l’ananas confit, les hydrocarbures et les fruits tropicaux.
La bouche est impactante, le jus d’une densité énorme frappe tout de suite le palais. Le vin est épais, un véritable miel vineux, sur des arômes d’ananas prédominants mais l’acidité énorme arrive tout de suite derrière pour prendre le relais et apporter une tension bienvenue qui évite toute lourdeur. C’est ainsi que les arômes floraux et de fruits tropicaux s’installent avec beaucoup de sérénité sur ce vin riche mais à l'acidité redoutable. Cela s’étire tout en longueur avec une intensité rare jusqu’à une finale qui “claque” dans la gorge toujours sur de beaux arômes de fruits tropicaux et de miel sur une excellente longueur.
Très beau vin, mais qui manque un peu de nuance et de délicatesse selon moi. La marque du millésime de ce que j’ai pu comprendre.
Riesling Trockenbeerenauslese Hessische Staatsweingüter Kloster Eberbach Hochheimer Domdechaney 1976
Robe digne d’un vin rouge.
Nez de café, cassonade, sucre brûlé et figue confite.
Bouche cacaotée, jus énorme de densité et de sucre que l’acidité encore fringante bien que sur le déclin permet de propulser et étirer pour que le vin exprime une très belle complexité harmonieuse telle que décrite au nez. Le café mêlé à la cassonade domine mais le vin reste particulièrement digeste compte tenu de sa concentration hors norme. Belle finale salivante sur la figue et les fruits confits sur une bonne longueur.
C'est un vin complexe et excellent mais qui commence à être sur le déclin pour être honnête. Il y a 10 ans il devait être grand.
En voilà une belle série! Pour les champagnes, les grandes maisons ont tenu leur rang, prouvant une fois de plus la capacité de vieillissement de leurs cuvées. Légère déception pour le Falmet et le Bérêche, tandis que j'ai vraiment apprécié le Paillard.
Pour les blancs, ils étaient chacun dans un style très différent, donc difficile d'en sortir un classement. Mon favori fut néanmoins le Batard Montrachet. J'ai beaucoup apprécié la découverte du Peter Michael.
Les rouges, le Romanée Saint Vivant m'a déçu. Le Valentini totalement mort fut remplacé avantageusement par le Bussia 1990 que je considérais à tort comme un outsider. J'ai beaucoup aimé l'Oddero aussi.
Enfin, pour ls vins liquoreux, je goute enfin un beau Schaefer, le Karthauserhof manquait de nuance pour moi, et le Kloster Eberbach fut vraiment agréable.