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repas de Noël avec un madère 1875 époustouflant

  • François Audouze
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repas de Noël avec un madère 1875 époustouflant a été créé par François Audouze

Au déjeuner du 25, le jambon pata negra se goûte sur un champagne Laurent Perrier Grand Siècle qui a au moins trente ans. Il a perdu près d’un tiers de son volume du fait d’un bouchon défaillant, et le risque est grand qu’il soit perdu. Il ne l’est pas, et l’on goûte même un fort agréable champagne à la bulle rare, mais dont le goût n’est pas dévié.

Sur des foies gras juste poêlés, j’ai pris l’habitude d’essayer des vins madérisés. Ici, c’est un Puligny-Montrachet Ph. Meunier 1949 à la couleur sans ambiguïté : il est madérisé. Comme pour le champagne, j’ai le vin de secours, mais il n’y a pas de nécessité. L’accord est agréable et le vin aussi, même s’il ne faut pas en attendre des miracles. Après les vins blessés, pris en cave pour ne pas prolonger leur agonie, viennent des vins « normaux ».

Sur un poulet de Bresse farci au foie gras, le vin de l’Etoile Philippe Vandelle 1967 est un vin dont je suis amoureux fou. Blanc très pur, au message très clair, qui donne en milieu de bouche une petite touche de pâte de fruit, il frappe par sa longueur et sa définition précise. J’aime ce vin qui m’entraîne dans des saveurs non coutumières. L’accord est beau, mais j’ai prévu aussi un Château Léoville-Poyferré 1955 pour provoquer une autre sensation. Rouge assez léger, facile à vivre, très charmeur au nez, c’est un vin confortable.

La tarte Tatin accueille un vin qui va rejoindre mon Panthéon. J’ai - par ailleurs - un amour infini pour le vin de Chypre 1845. Ce Madère mis en bouteille en 1875 que je possède depuis plus de 25 ans est d’une perfection invraisemblable. Lui donner 100 points Parker serait l’insulter tant il survole tous les goûts que l’on peut imaginer. Très lourd en alcool, il évoque le café, un bois tropical, quelques traces infimes de griottes ou ananas. Sa pureté, son intégration sont touchants. Il est très différent du vin de Chypre, qui est sans doute plus précis quand le Madère est plus sensuel. Imaginer que le bouchon provient d’un arbre planté avant 1800, que le vin a été récolté quand l’automobile et l’électricité n’existaient pas, et lorsque la population mondiale excédait de peu la moitié de la population de l’Inde d’aujourd’hui est renversant. Ce vin, émouvant pour tous, est une pureté gustative inouïe, au-delà de tout ce qui peut se faire de plus grand.
Je n’ai pas pu m’empêcher de le finir le soir sur un reste de biche.
Quelle belle façon de conclure les repas de Noël.


Cordialement,
François Audouze
25 Déc 2006 22:35 #1

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Une fois de plus, merci François pour ce compte rendu !

Surtout pour l'approche historique du Madère.C'est de pouvoir déguster quelque chose encore de vivant et indépendamment de sa qualité intrinsèque, mais que l'on peut imaginer dans son contexte initiale de production et qui est la mémoire de cette période humaine .Nostalgie quand tu nous tiens...

Je vais acheter une bouteille du domaine Puig Parahy " Cuvée Joseph Noëll 1898 " encore disponible au Domaine. J'ai dégusté il y a de cela 3 semaines la cuvée " Georges Puig 1963 " . Excellente !

Quelqu'un a déjà eu l'occasion de déguster ses vieux millésimes ?

bye rda
26 Déc 2006 00:48 #2

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François,

Je garde des grands souvenirs de cette expression tellurique :
Madère - Vino Reserva Velhissima de Adegas do Torreao Reengarrafado en 1958 :
Vinho de armazenista. Nez chavirant, au rancio d’une complexité inouïe : viandox, banane cuite, cachou, citron vert frais, citron confit, havane, figue, pruneau, café, orange amère, … dont on a du mal à « faire le tour ». Bouche marquée par une acidité triomphante, typée (de ces îles atlantiques), qui participe d’un fond incroyable. Le temps (plus d’un siècle) sourd littéralement d’une matière encore vitale, qui décline en spirales les senteurs exhumées au nez. Fin, infiniment long, peut-être moins parfait mais en même temps plus débridé et plus pénétrant que le recioto de Dal Forno (qui n'a certes pas dit son dernier mot). Mystère, magie incarnée, … un véritable élixir de jouvence, tellurique !

En pas mal tout de même :
Madère – Belem’s – « Malvoisie Réserve » 1934
Madère – Henriques y Henriques – Malmsey 1954

Autant je ne suis pas un fou des grands portos (ils me décoivent souvent par trop d'alcool), autant ces vins me font rêver, ainsi que les Jerez, les Malagas (ex : Malaga – Larios S. A. – Dulce Color (Non Millésimé)) et la gamme Massandra collection, d'une variété incroyable et d'un grand intérêt historique.
Le Roussillon peut ne pas être totalement en reste (mais je ne connais pas le domaine cité par rda).
26 Déc 2006 11:08 #3

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si ça intéresse quelqu'un...

infosvin.free.fr/VIN...

bye rda
28 Déc 2006 14:37 #4

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