Je serai (beaucoup) moins sévère que mon compagnon de tablée sur mes notes, mais il faut dire que je n'ai jusque-là que rarement eu un joli ratio bonnes bouteilles/bouteilles passées sur des millésimes plus anciens…
Et la joie de goûter pour la première fois un Grange des Pères, un Clos de Tart et un Meursault de Coche Dury m'ont sans doute rendu plus indulgent dans ce CR (dans la réécriture des notes).
Maison Perrier-Jouët, Champagne, "Grand Brut" 1998
Nez assez discret sur les fruits secs, avec un brin d'évolution, qui détonne ce qu'infirme sa jolie vivacité en bouche. De la fraicheur, des bulles fines associées à cette fine acidité donnent du peps à cette cuvée, avec effectivement un côté "salivant" et de petites notes d'agrumes. Raffraîchissant à souhait.
B+
domaine Weinbach, Riesling, Alsace Grand Cru Schlossberg "Clos des Capucins" 1996
Robe évoluée, avec un nez qui semble confirmer avec des notes tertiaires et oxydatives peu engageantes (noix, champignon, sous bois…), et brin d'hydrocarbures. En bouche, c'est mieux, il y une matière honorable avec une fraîcheur toujours présente. Des notes de mousse verte reviennent, un avec un léger salin en finale. Bien, mais plutôt sur une pente descendante
B-
Nicolas Joly, Savennières Coulée de Serrant, "Cuvée de Moelleux" 1995
On s'attendait à un second sec dans cette paire, mais la couleur, puis, le nez mettent le doute. Au nez, des notes assez nettes d'encaustique, de résine, mais aussi un côté sucré/vanillé, quelques notes exotiques et une pointe d'alcool. En bouche, c'est bien à un moelleux ayant commencé à manger ses sucres qu'on a affaire. De nouveau un peu de vanille, de fruits jaunes, du miel, de la cire sur un corps assez gras et riche. Au delà de la surprise (placement), j'aime plutôt bien…
B
Henri Bourgeois, Sancerre, "Jadis" 2000
La seconde paire s'ouvre sur un joli nez avec un petit côté grillé-brioché agréable. En tendant un peu plus le nez, on perçoit de petites notes d'agrumes (citron, pamplemousse), quelqu'un (Alain ?) dit Bourgeon de Cassis, et, effectivement, j'acquiesce. Regoûté le lendemain, le nez n'a rien perdu de sa superbe, riche en arômes et me rappelle un peu les fioles du "goût du Vin" de Lenoir, avec ce côté presque sirupeux. En bouche l'acidité et toujours là et on se surprend à ressentir même un côté craie/calcaire en finale. Ce n'est pas (plus ?) l'acidité du siècle, mais la fraîcheur équilibre tout de même bien tous ces arômes/saveurs. J'ai l'impression qu'il ne faut plus trop l'attendre. J'aime tout de même beaucoup.
TB
Vincent Dauvissat, Chablis Gand Cru, "Les Clos" 1997
Début de la série malheureuse, au-delà du nez oxydé, on se tente à des pronostics sur l'origine du vin, son/ses cépages(s), et personne n'évoque Chablis, c'est bien que les défauts masquent trop largement le vin pour en ressortir quoi que ce soit.
NN
Vincent Dauvissat, Chablis Gand Cru, "Les Preuses" 1997
… Rebelote
NN
Vincent Girardin, Meursault 1er Cru "Les Perrières" 1997
… Et dix de der'
Décidément 1997 ne restera pas dans les mémoires. Quoi que si, il faut se souvenir de vraiment faire attention avant d'acheter du Bourgogne blanc de ce millésime :p
J'en profite pour regarder dans mon livre de cave les blancs 97 dégustés, et je m'aperçois (même si ce n'était pas d'aussi jolies étiquettes) que j'ai déjà eu des soucis avec pas mal de vins de ce millésime…
NN
J.-F. Coche-Dury, Meursault 2004
Aah ben là évidemment, ça change (
) ; La Robe, déjà, est bien plus claire (ouf !). Un grillé/fumé très net au nez (pétard, pas celui "herbacé" :p), accompagné de notes d'agrumes. L'attaque est (très) vive, c'est très salivant en bouche, d'une netteté et d'une vivacité indéniables, la matière est là, cela tapisse litéralement la bouche, avec quelques notes épicées/poivrées et le plaisir se prolonge longtemps en bouche. Tendu, du peps, quelques notes grillées, je pars sur Chassagne. Perdu… Mais le blanc de la soirée est (enfin !) trouvé. L'accord avec le saumon/julienne de courgettes est pas mal, le gras du poisson étant contrebalancé par la tension du vin. Mon premier Coche : Merci Alain !
TB
Domaine Gauby, Côtes du Roussilon Villages, Vieilles Vignes 2007
Oucch, les rouges commencent par du costaud au nez : animal, giboyeux, ça renarde dur. Quelques notes de "caoutchouc brulé" ne viennent pas améliorer l'ensemble. Bon à l'aération les plus gros défauts s'atténuent, et quelques notes de fruits noirs et cuits s'immiscent … Je pense à du Mourvedre jeune. En bouche, l'impression est mitigée : on sent une certaine fraîcheur voire un peu de verdeur, des tannins encore présents, et en même temps, on a une impression de chaleur, avec des relents de colle/d'alcool… Coup de chaud, phase de fermeture (?), en tout cas en l'état, un peu déroutant et peu de plaisir.
M+
Domaine de la Grange des Pères, Vin de Pays de l'Hérault, 2005
A la décharge du Gauby, il a été servi aux côtés d'un vin qui accentuaient ses faiblesses. Car ce second vin est très agréable (et complexe !) au nez : un brin de fruits, de l'orange sanguine, quelques olives, mais surtout une impression de salinité (!), de sang/métallique étonnante au nez. En allant un peu plus loin, pourquoi pas un peu de truffe(?), aussi.
La matière, riche/grasse, donne pourtant une impression d'étoffe, de velours, avec des épices douces, et ce qu'il faut d'amertume et de fraîcheur pour rehausser l'ensemble. Je suis sous le charme. Mon voisin a déjà reconnu la bouteille qu'il a amenée, nous demande de deviner. Je me rappelle de CR sur LPV dans lesquels certains évoquaient de façon surprenante les arômes "d'anchois"… Ben ça pourrait bien ressembler à ça, et je lance, sans jamais y avoir goûté avant : "Grange des Pères" ? Gagné  Merci Mathieu !
TB+
On passe alors en mode Trio. Un rapide tour des "nez" nous donne l'impression d'une très grande hétérogènéité de ces 3 vins...
Bouchard Père & Fils, Beaune 1er Cru Grèves, "Vignes de l'Enfant Jésus" 2004
Le premier vin est plaisant au nez, complètement différents des vins précédents : il est fin, léger sur les fraises, les épices (poivre). En bouche, c'est salivant, frais, sur les fruits acidulés avec, en plus, un léger côté végétal qui accroche encore un chouille les papilles. Sur une trame plutôt acide, mais le vin est équilibré. J'évoque un vin issu de "vendange entière" (faux ? plutôt, le côté 2004 ? :p). Belle longueur en bouche. La fraîcheur et les fruits rouges nous évoquent un Pinot bourguignon, un peu plus âgé que ce que l'étiquette nous dévoile.
B+
Guy Castagnier, Latricières-Chambertin Grand Cru 1988
Le second, au nez, apparaît vieillissant : des fruits cuits, de la cerise kirschée, une impression "poussièreuese". En bouche, ce n'est pas non plus très causant, avec un côté "vieux vin" assez net, avec des notes tertiaires, un manque de tonus. On nous demande de deviner, je lance sans conviction "Gevrey, 89 ?" et, encore une fois, coup de bol, je ne suis pas passé loin.
M
Mommessin, Clos de Tart Grand Cru 2001
Nez gourmand sur la framboise, le réglisse qui rappelle un peu une confiserie. Les tannins sont fondus , et le côté gourmand se confirme en bouche avec des notes de "corbeille de fruits" (cerise griotte sucrée, fraise…), une fine acidité et une texture tout en douceur. C'est long également. Très (très) bon à mon goût, donc (j'avais noté TB+ avant la chute de la chaussette :p), mais on a quand même l'impression que l'ensemble reste un peu engonçé, et à la découverte de l'étiquette, on se dit qu'on s'attendait peut-être à "plus grand".
TB/TB+
Château Gazin, Pomerol 1979
Derrière un nez un peu "poussiéreux", quelques notes de graphite, poivron mûr au nez qui m'orientent vers un rive gauche. En bouche c'est assez doux avec des tannins qui se fondent et une finale un peu "ferreuse". La longueur n'est pas phénoménale, mais cela reste relativement équilibré (pas d'acidité de vin "passé" ) et on ne s'attendait pas à un vin d'un tel âge (surtout au vu du millésime).
B
L'Angelus, Saint Emilion Grand Cru Classé 1986
Lorsque je l'ai carafe avant de passer à table, un agréable nez de fruits (entre autre) s'était dégagé, me rassurant du bouchon, certes toujours ferme, mais imbibé entièrement. 1h30-2h plus tard, le nez est déjà moins engageant et fait même plus que son âge, avec des notes animales, de musc et sous bois. Quelques notes de tabac apparaissent à l'aération. En bouche, c'est moins désagréable, avec quelques notes fumées, mais cela manque de volume, et confirme que le vin est sur pente bien descendante.
AB+
Weingut Karl Erbes, Riesling, Urziger Würzgarten, Auslese*** 1995
Mon voisin reconnaît tout de suite la provenance, dès le premier nez. Pour moi, c'est tout nouveau : un nez qui pétrole beaucoup, des fruits frais (exotiques ?), quelques fleurs mélées à des touches mentholées. En bouche, derrière un léger perlant, c'est un savant équilibre entre une sensation de moelleux, de sucres de fruits, contrebalancés par une belle acidité, une grande fraicheur, toujours ces notes de menthe poivrée, et on a plutôt l'impression d'un équilibre d'un demi-sec. La longueur n'est pas extraordinaire. Découverte pour moi, et enthousiasmant, si on n'est pas réticent à ces notes pétrolées assez marquée au nez. Merci encore à Matthieu pour ces vins.
B+/TB
Patick Baudouin Côteaux du Layon, "Maria Juby" 2003
En parallèle du Riesling Mosellan, les sucres de ce liquoreux ont tendance à ressortir. Mais la matière est belle, et en bouche, les notes de caramel au lait se mèlent aux fruits confits, à la rose et au miel. Léger manque d'acidité pour mon côté "jurançonnais", mais les SR sont loin d'être écoeurants et l'ensemble équilibré.
B+
Bodega Toro Albala - Montilla Moriles - Pedro Ximenez 1979
Dernière découverte pour moi (car mon voisin avait de nouveau deviné : "ce ne peut-être qu'un Pedro Ximenez !"), avec ce vin marqué par des arômes et saveurs de café assez nettes, et une matière (très) imposante ; les sucres se font bien sentit également. En cherchant, on devinait quelques notes de pruneaux et figues séchées. L'accord avec le moelleux au chocolat/crème anglaise n'était pas forcément à mon goût (surtout après ce long repas et ces nombreuses bouteilles), le côté "sucré/riche" de chacun s'accentuant. Un petit verre en digestif avec un cigare, pourquoi pas :p Merci Hoang Dang pour la découverte.
B
Malgré quelques déceptions, belle soirée qui partait joyeusement un peu dans tous les sens, qui nous a permis de rencontrer Mathieu D et Matthieu G, avec également cette touche féminine supplémentaire qu'on n'aura pas, je l'espère, découragé de revenir
Tuukka