Un samedi soir à la Maison du Bonheur !
Les habitués de cette rubrique commence à le savoir, on s'adore !!
Mais faut reconnaitre qu'entre nous, il y a comme deux clans lors de la dégustation des blancs, une sorte de schisme fondamental à vous faire passer la tendresse des Montaigus pour les Capulet pour le monde de Candy, l'attention de Colomba envers Barricini pour de l'affection ou les taquineries Fillon-Coppé pour des jeux de cour de récré entre Bisounours !
Ce soir, le stadier a précautionneusement placé dans le virage nord les cochophiles, ces gens de bon goût, raffinés, réputés pour leur haute tolérance à la tension, au So2 et... aux vins qui conservent !
Et chaud les marrons, fusion dans les caleçons, attention, ce soir, nous avons du renfort avec des invités de luxe, des connaisseurs de longue date, des amateurs 24 carats!
Dans le virage sud et après fouille au corps est installée la paire de dissipés du palais, nos siamois de la tronche en biais, les Hong Kong FuFu du lever de coude, notre duo de punks à chiens adorés !
Et curieusement, en pleine tribune présidentielle, et c'est bien la première fois dans l'histoire du monde qu'on le voit au Centre celui là, y'a... l'Enzo, l'homme qu'aime tout mais pas tout l'monde !
La cuisinière siffle le coup d'envoi, le stade s'enflamme !! X(
A taaaaaaaaable !
Oliv
Simon Maye & Fils, Chamoson, Chardonnay Vieilles Vignes, 2009
Gnama gnama maison
Oliv
La robe est sur un jaune qui tire sur le doré.
Le nez est sympathique, très fruité, sur de jolies notes de poire, de guimauve et un côté floral. L'ensemble est simple mais net !
La bouche est en revanche lourde, très grasse, bien trop massive et large pour moi.
Le vin m'englue littéralement le palais par un côté excessivement glycériné qui manque de gnaque, de fraicheur et d'énergie.
La finale quasi sucrée est chaleureuse et devient vite écœurante.
Je n'ai pas aimé du tout l'équilibre pataud de ce vin.
Enzo
Nez quelque peu amylique de bonbon, puis fruits jaunes, anis et exotique à l'aération sans grand caractère.
La bouche est gourmande et ronde, riche, assez pure avec une acidité suffisante mais pas une grosse tension.
C'est très gras avec une pointe d’élevage amer en finale de bonne longueur. Je trouve ça bon sans plus.
Bien ++.
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Et c'est parti pour la chicore !
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Domaine des Comtes Lafon, Meursault Charmes Premier Cru, 2003 &
Domaine Jean François Coche Dury, Meursault Les Rougeots, 1993
Trio saumon, calamars et moules, sauce au safran du Ventoux
Domaine des Comtes Lafon, Meursault Charmes Premier Cru, 2003
Oliv
La robe est sur un doré assez net.
Le premier nez sent très bon, sur un côté très mûr, avec des notes de pêche blanche, de fruits jaunes, un léger grillé et une note toutefois un peu éthérée.
L'aération change nettement la donne en perturbant assez vite ce bel ensemble qui s'épuise pour laisser ressortir des notes d'élevage moins élégantes.
La bouche présente un gros volume, sur des notes beurrées assez monolithiques et une trame un peu fuyante.
La finale manque d'équilibre, notamment à cause d'une amertume assez forte.
Curieux vin qui semble ne manquer de rien et qui pourtant ne déclenche que peu de plaisir et aucune émotion.
Enzo
Nez de vernis, puis de fruits blancs assez intense, de pomme golden, beurré. C'est plutôt délicat et complexe.
Au réchauffement de moins jolies notes tourbées apparaissent.
La bouche est large, assez gourmande, de bon volume et ne chauffe pas. C'est rond, d'un bel équilibre mais ça manque un peu d’énergie.
La finale est de longueur correcte sur les fruits blancs et des amers sensibles. Ça se boit sans déplaisir, mais pas trop au niveau du cru.
L'effet millésime a du jouer mais c'est correctement fait.
Bien ++.
Domaine Jean François Coche Dury, Meursault Les Rougeots, 1993
Oliv
La robe est évoluée, sur le vieil or.
Le nez est puissant, très marquée par de fortes notes grillés, sur l'huile de sésame et de noisette, une note d'orange et de beurre.
Une pointe métallique un peu rouille lui fait toutefois perdre en fraicheur et en précision en présentant un côté assez évolué.
Je vous dis pas l'ambiance dans le virage sud, ça bruisse, ça hulule, ça brame, je me prépare déjà à ramasser les verres !
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L'attaque en bouche est impressionnante de volume, un gras presque huileux tapisse littéralement le palais. Une superbe acidité permet d'éviter tout effet de saturation en élançant le vin et en lui apportant beaucoup d'énergie. Seule l'aromatique est un peu monolithique, sur le grillé beurré et des notes d'évolution (tabac blond).
L'ensemble possède un équilibre d'école et une grande tenue en bouche.
Très bon !
Enzo
Nez classique de la maison, particulièrement excessif sur le sésame grillé, le pain grillé, tout le grillé y passe avec un côté iodé.
A noter que le fond de bouteille gardé le lendemain m'a permis de gouter un fond de verre qui embaumait la truffe de façon étonnante.
Bref pour moi c'est très monolithique et inratable pour qui connait les blancs du domaine à l'aveugle.
La bouche est très grasse, assez large, d'un gros volume, très ample et assez puissante. L'acidité est masquée par le gras, ce qui m'a surpris pour le domaine, mais on ne tombe pas dans la mollesse pour autant. La finale se retend un peu sur les agrumes.
Rien à dire, en bouche, c'est très bon et particulièrement en accord avec un trio de poisson au safran du ventoux délicieux.
Très Bien.
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Ah djiou !
Si le passage des vins blancs génèrent toujours une ambiance de fin du monde autour de la table, il est un moment qui cloue systématiquement tous les becs, mêmes les plus piaffeurs et bravaches du groupe, ce sont les sauces préparées par Monique & Alain !
Le plat est aussi beau que bon, un vrai délice de finesse et de gourmandise. La sauce douce et safranée s'accorde remarquablement bien avec les notes d'évolution du Rougeots.
Comment ça, y'en a pu ?!
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Domaine Ballot Millot & Fils, Pommard Rugiens, 2002 &
Domaine de Courcel, Pommard Grand Clos des Epenots, 2002
Côte de bœuf à la plancha, trilogie de purée de légumes
Domaine Ballot Millot & Fils, Pommard Rugiens, 2002
Oliv
La robe est peu extraite, sur un grenat léger.
Le nez est fin, précis, sur des notes florales et de petits fruits rouges. L'ensemble formé est pur et appétissant.
La bouche est souple, presque fluide, sur une jolie présence acide et une extraction qui tient plus de l'infusion.
Le vin est élégant, sur des saveurs fruitées agréables mais sans beaucoup matière ni de volume.
Les tanins sont présents mais bien intégrés et participent à la belle énergie en bouche de cette bouteille.
La finale fraiche est assez longue et savoureuse.
Très jolie bouteille !
Enzo
Nez délicat et peu intense mais très pur de cerise, épices, floral. C'est élégant avec une petite touche métallique.
La bouche possède un côté terreux au départ à l'attaque qui partira, une acidité haute, c'est demi-corps, pas très dense avec un peu d'austérité et pas une grosse densité.
Le volume est bon et le vin s’étire bien jusqu'en finale sur des notes de pivoine et une acidité salivante.
Au regard du cru cela manque un peu de fond, plutôt jeune, mais le vin est bien fait et se boit avec plaisir malgré son côté strict.
Bien ++
Domaine de Courcel, Pommard Grand Clos des Epenots, 2002
Oliv
La robe est sombre, sur un bordeaux sans évolution.
Le nez est massif, puissant, sur des notes cacaotées, de fruits noirs et d'épices. L'aération révèle un côté vieux bois humide fort peu avenant.
La bouche est volumineuse, puissante, sur un équilibre instable entre une acidité très forte et des tanins très présents et asséchants.
Les senteurs de vieux bois du nez se retrouvent en bouche sur un côté épicé assez désagréable.
La finale est austère et dure.
Un vin qui n'apporte que peu de plaisir en l'état.
Enzo
Le nez est beaucoup plus évolué, moins pur, sur la viande, les fruits noirs, un côté giboyeux et surtout de vieux bois peu agréable, sans grand caractère.
La bouche est plus dense et riche que le précédent mais sèche de bois avec des tannins durs en finale. Ça le rend plus austère qu'il ne devrait être.
Bonne persistance finale sur les épices mais le vin évolue mal dans le verre et n'incite guère à l'optimisme sur son avenir.
Pas mon style. Un vin qu'on aurait pu mettre n'importe où (ce qu'on a fait).
Bien.
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Grande surprise que la découverte d'un Rugiens sur le Ballot Millot que j'avais pour ma part mis en Volnay. Après le Lafon d'hier soir dont la puissance n'aurait pas dépareillé en Pommard, certaines idées reçues sur les appellations ne tiennent pas toujours la distance de quelques minutes d'aveugle.
Euh, les gars, il est où, Al' ?
"Plop" !
Ah d'accord...
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Domaine Jean François Coche Dury, Volnay, 1985
Oliv
La robe est évoluée, sur un ensemble rubis orangé plutôt clair.
Le nez est résolument tertiaire, sur l'humus, la terre humide, la rose et le tabac blond avec une note marine moins avenante.
La bouche est très agréable, traçante, tendre et d'une jolie suavité.
Le vin est élégant, sans réserve de puissance mais d'une très jolie fraicheur, évident, avec encore du fruit et une belle pointe mentholée.
La finale est en revanche assez courte.
Un bon vin, qu'il est temps de boire.
Enzo
Joli nez évanescent de feuilles mortes, sous-bois, pivoine, tabac, c'est assez complexe et particulièrement avenant.
La bouche possède un joli gras mais elle est plutôt souple avec une acidité haute qui ressort.
C'est plus droit que gourmand mais la finale sur les feuilles mortes est salivante et agréable.
Il est temps de le boire toutefois.
Bien ++.
Domaine Armand Rousseau, Clos de la Roche, 2005 &
Domaine de la Romanée Conti, La Tâche, 2000
Escargots en meurette
Domaine Armand Rousseau, Clos de la Roche, 2005
Oliv
La robe est jeune, sur des notes pourpres bien brillantes.
Le nez est superbe, sur de belles senteurs de fruits rouges bien mûrs, de framboise, de grenade, de sucre cuit avec une légère pointe lactée.
La bouche attaque sur une grande suavité et douceur, le vin est plein et très agréable, volumineux mais énergique et franc.
Les saveurs sont un vrai panier de fruits, se côtoient cerise, framboise et pêche de vigne, c'est d'une buvabilité superbe.
Les tanins sont de qualité superlative, gras et totalement intégrés et laissent à la finale un goût de reviens-y assez irrésistible.
Un vin déjà accessible et de grand plaisir immédiat !
Enzo
Superbe nez floral, de pêche rôtie, mentholé, très pur et très jeune. Il me fait penser vraiment à un moulin à vent de très belle origine.
La bouche est gourmande dès l'attaque avec un croquant de fruit superbe. Elle possède un joli gras et beaucoup d’énergie qui rend le vin aérien dans un beau volume d'ensemble. Ça ne joue pas sur la puissance mais sur un équilibre et une pureté remarquable sans manquer de fond pour autant.
C'est vraiment d'une jeunesse éclatante avec une qualité de tannins de haut niveau. La finale est suave et pleine de fruit à l'image du reste.
Un superbe vin qui sera grand quand il aura pris un peu complexité et donc d'âge.
Très Bien +/Excellent.
Domaine de la Romanée Conti, La Tâche, 2000
Oliv
La robe est grenat clair, sans trace d'évolution notable.
Je n'ai pas le temps de porter le verre à moi que déjà des aromes splendides me chatouillent les narines.
Les mots sont pauvres pour exprimer une telle complexité !
Se côtoient des notes de pinot classique (fruits rouges frais, rose), un phénoménal trait végétal absolument génial (poivre vert), des senteurs épicées orientales qui m'évoquent l'encens et une pointe fumée qui donne trame et virilité. Une vraie boussole aromatique, les points cardinaux du vin !
Quel nez absolument fabuleux, il y a du yin et yang, du fruit et du végétal, du mûr et du vert, des fleurs et du boisé, de la forme et du fond dans ce vin !! L'ensemble est d'une complexité inouïe et l'on se complait à y revenir et à en profiter de longues minutes.
L'attaque en bouche est d'une énergie folle, déroulant avec une cohérence impressionnante la complexité aromatique du nez.
Le vin est aussi volumineux que traçant, sur une trame incroyable de tenue, notamment grâce à une acidité très présente et dont la pointe d'austérité convient incroyablement bien à mon goût.
Le jus est d'une fraicheur diabolique, sur des notes mentholées qui excite son fruit et dont les tanins bien présents participent de cette impression classieuse pour proposer une finale d'anthologie.
La vendange entière à son plus haut niveau donne vraiment un cachet inimitable !
Un vin extraordinaire !
Enzo
Bon là, c'est encore une autre dimension qui est atteinte d'autant que le vin semble à maturité et qu'il est d'une complexité hors norme. Dès le premier coup de nez on est saisi par sa profondeur et son kaléidoscope de parfums. La délicatesse de la rose, de l'encens se mêlent à des notes de suc de viande et de vendanges entière marquées comme la menthe poivrée et le tabac. C'est aussi à l'évolution quelque peu sanguin. Parmi les plus grands nez qu'il m'ait été permis de humer.
Ce qui est fabuleux, c'est que la bouche est à la hauteur, elle confirme ainsi l'émotion imaginée et perçue au nez.
Dès l'attaque c'est large, dense et se déploie par pallier de façon croissante pour saisir tout le palais de ses saveurs prégnantes. La finesse de la texture se dispute avec le volume hors norme, les notes d’épices douces et florales sont intenses, on se demande si l'on n'est pas loin de la perfection gustative.
N'ayant jamais bu La Tâche auparavant, je ne saurais l'attribuer au cru ou à autre chose, mais seule la finale d'une persistance inouïe dénote une pointe de fermeté que la Romanée Saint-Vivant 01 ne m'avait pas fait percevoir tant son harmonie était sans faille du début à la fin, mais ceci ne remet aucunement en cause la grandeur de ce vin, au contraire, cela lui donne même du caractère.
Le fond de verre est aussi diabolique, sur l'encens, la rose, le thé, tellement hors norme qu'il est difficile à décrire.
Quel pied ! A la hauteur du mythe.
Exceptionnel.
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Sur les blancs, tout fout l'camp, sur les rouges, personne ne bouge !
C'est sourire sur les visages et émotion dans les regards, les chicaneries du début de repas sont aux oubliettes de l'histoire et chacun semble planer quelques centimètres au dessus du sol !
Ah bordel de nom di djiou, ce qu'on est bien ! ()
Une table magnifique, des amis qui sont un morceau de vous, des vins qu'on se surprend à boire avec lenteur pour faire durer le plaisir...
On oublie tout le reste, on est là, le temps un instant s'arrête...
Tel un metteur en scène préparant la chute, comme le chef d'orchestre tenant tous les éléments de sa seule baguette, Alain nous sort une nouvelle fois un moment d'exception.
L'accord entre la Tâche et la sauce meurette que nos amis réussissent à la perfection est d'anthologie, le genre de fusion rare comme on n'en croise pas tous les jours.
Moment rare, d'exception... encore un de ces instants figé dans la mémoire de tous.
Encore un..., encore d'autres...
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Château d'Arlay, Côtes du Jura, Vin Jaune, 1988
Tomme de Montagnon, Morbier, Cusiè Chataigne & Tabac, Comté vieux, Brebis de Savoie
Oliv
La robe est vieil or.
Le nez est assez typé, précis, sur des notes de curry, de noix et de peau d'orange. Somme tout très classique.
La bouche est douce, très équilibrée. La matière est suave, d'un joli volume et sur une acidité bien intégrée qui lui donne énergie et trame.
Si le vin n'est pas très puissant, il est en revanche très élégant, bien construit et sur des goûts oxydatifs nets et agréables.
La finale est longue et très agréable, en particulier sur les deux tommes.
Très bon vin, très classique !
Enzo
Nez de noix, de curry, d'alcool fort. C'est assez monolithique.
Par contre la bouche est beaucoup plus intéressante, suave, grasse, assez douce, elle ne brule pas.
Du coup, la douceur apporte de la gourmandise, mais le vin ne manque pas d'ampleur dans un ensemble apaisée peu puissant tel que j'aime les jaunes (non amateur). Un joli vin.
Très Bien.
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Vous vous doutez que c'est pas à ce moment là de la soirée que l'accord mets/vins va se mettre à déraper !
Des copains chéris, du jaune, du Cusiè..........
Ah ce qu'on est bien ! ()
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Extraordinaire soirée marquée une nouvelle fois chez Monique & Alain par un de ces moments de perfection comme tout amateur rêve d'en vivre un dans sa vie !
Quand la symbiose entre des amis indispensables, de grands, très grands, très très grands vins et une table brillantissime de générosité se fait, le tout dans une atmosphère simple, heureuse et familiale, le temps littéralement s'arrête et se fige dans un moment de pur bonheur gourmand !
Et vous savez quoi, d'avoir à mettre par écrit ces impressions est une extraordinaire manière de revivre ces instants rares et d'ainsi percevoir ce qu'ils peuvent avoir d'unique et d'exceptionnel.
La nuit sera courte mais douce...
A demain !
Oliv