Je reprend un peu le débat en cours et pardon si je répète des trucs qui ont déjà été dit.
Une chose me semble essentielle dans le choix que fait un vigneron dans ses méthodes culturales, c'est sa ou ses véritables motivations :
1 - le choix est-il fait pour se faire mousser ?
2 - Est il dicté par à des convictions sincères et profondes qui induisent un choix de vie cohérent (travail de petites surfaces, travail manuel, choix de sa nourriture, de ses soins médicaux, relative pauvreté et insécurité, etc.)
3 - le choix est motivé par une politique commerciale ou marketing ?
4 - le fait-on pour des problèmes de sécurité alimentaire : pour soi, pour son personnel, pour ses clients ?
5 - est-ce une question de conscience "verte", de sauvegarde de son environnement proche ?
6 - enfin, le choix est-il fait en se posant la question : mon vin sera-t'il,à mon avis et pour mes clients, meilleur ?
En mélangeant tous ces choix, on se rend compte assez vite des motivations réelles de chaque vigneron. Pour moi, la dernière question est la primordiale, la 4 est prioritaire, la 5 très importante. En revanche, la 2 m'est assez étrangère et la 1 me fait bouillir. J'ai beaucoup apprécié les interventions de Bruno qui démontrent magistralement que rien n'est ni noir ni blanc, en particulier les vignerons "bio" qui balancent de la roténone sur tout ce qui bouge ou les "sans souffre" (ou presque...) qui embouteillent à 15 mg de libre...
Au-delà, sur les problèmes de QUALITÉ alimentaire, on ne peut que s'interroger sur la qualité des semences. Pour ceux qui ne connaissent pas le GNIS et son histoire, tristement commencé sous l'occupation et ayant eu depuis des conséquences graves sur toute la filière agricole, je vous conseille la lecture (et le soutient...) à l'association KOKOPELLI. En savoir plus sur :
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Pour ceux qui ne sauraient pas : "Il est essentiel de préciser que tout ce qui est consommé dans l’assiette d’un Européen est enregistré dans l’un des catalogues nationaux de la Communauté Européenne. Cela veut dire qu’il est strictement interdit par la loi de cultiver, pour la consommation ou pour la semence, un légume ou une céréale de toute variété qui ne serait pas inscrite sur l’un de ces catalogues."
Enfin, entre un légume cultivé en lutte raisonnée, donc chimique, mais en pleine terre, sans engrais chimique donc pas bouffit d'azote à en crever, sur une bonne variété adaptée au terroir, sans avoir été "gonflé" à la flotte juste avant la vente (voir les fraises et les tomates en ce moment...), cueillit mûr EN SAISON, par un personnel qualifié et distribué en circuit court et un légume "bio" vendu chez Carrefour toute l’année, je sais pour ma part lequel mon fils, ma femme et moi même préférons. Et je pense que les mules de mon laboureur aussi.
Ne mélangeons pas, par pitié, mode de culture (extensif, intensif, hors sols, spécialisé), production moderne ("qualité" décidée par une "norme", aspect visuel privilégié, longue conservation indispensable), mode de distribution court ou long, artisanal ou industriel et... le choix du mode de protection des cultures.
Si les légumes et les fruits des grands parents vous manquent, c’est parce que ces hommes et ces femmes là possédaient un vrai savoir faire et qu’il était important pour eux que leurs légumes soient BONS. Aujourd’hui, ce qui est important, c’est qu’ils soient pas cher, disponibles toute l’année, le plus proche de chez soi possible, visuellement parfaits et qu’ils se conservent trois semaines.
Attention : seuls ceux qui n’ont JAMAIS mangés de tomate mozzarella ou de ratatouille en hiver ont le droit de protester ou d’argumenter
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Si le bio EN LUI MEME améliorait la qualité des vins ou des légumes, on ne boirait tout que ça. En revanche, dire que le tout chimique utilisé à outrance par des imbéciles (forcés de produire toujours plus et toujours moins chers, il faut le dire) en dégrade la qualité, ce n'est pas idiot non plus.
L’équilibre étant par définition « un état de repos entre deux forces opposées », ce n’est pas étonnant que la majeure partie des grands vignerons de ce pays s’oriente vers un mode de culture où les intrants chimiques ont diminué jusqu’à êtres divisés par dix sans pour autant disparaître totalement. Tout simplement parce qu’ils sont motivés par la qualité de leur vin, ce qui n’est pas le cas, avouons le, de tous les vignerons labellisés « bio », qui, trop souvent, ne veulent pas faire un bon vin mais veulent avoir raison…
Hervé