Emouvantes retrouvailles…:)o de notes prises sur une dégustation du Domaine de Chevalier, présentée par Olivier Bernard.
Je savais qu’elles existaient, nichées dans l’un de mes innombrables classeurs, coincées entre deux revues, éventuellement dissimulées entre mes intégrales de Marivaux ou de Corneille, logées pourquoi pas dans un blister ( je me sers de mes emballages de whisky comme serre-livre ! je fais côtoyer Glenrothes avec un dictionnaire de la Grèce Antique, Dalwhinnie avec un Guide de Musique Baroque, Oban avec Hugo… Très kitsch !), ou camouflées dans les coffrets de rangement de la RVF.
Un an que je cherche après.
Et aujourd’hui, elles réapparaissent, de dessous un carnet de moleskine.
Fidèle à la façon dont je notais à ce moment-là, je découvre un entrelacement de lignes et de colonnes, pour catégoriser
- les indications du millésime,
- les analyses les plus objectivement perceptibles aux plus personnelles largement entourées et triplement soulignées, suivies parfois d'un point d’interrogation, de rajouts liés aux retours que je m’accorde,
et, les annotations de croix ou de flèches pour me guider dans les achats ultérieurs.
Je les livre donc telles quelles, sans fioriture et sans rien changer, car je n’ai pas eu l’heur depuis de goûter à nouveau un Domaine de Chevalier. Ce qui ne veut pas dire que je ne bois pas, c’est juste que le temps passe trop vite. D’autre part, je suis d’une constance et d’une fidélité dans mes goûts à toute épreuve. Mes notes aujourd’hui seraient certes plus rédigées mais identiques.
Il s’agissait uniquement de Chevalier blanc. La dégustation date du 10 mai 2006
En préliminaire, je me souviens que Olivier Bernard a signalé que selon lui, le Bordelais ne comptait que deux grands blancs secs, Haut Brion et Domaine de Chevalier.
Le 2005, en primeur évidemment, dévoilait un nez très expressif sur une dominante florale, composée de fleurs sucrées, rappelant le miel d’acacia noyé d’une infusion de tilleul. Ensuite, la fleur de vigne et le chèvrefeuille.
La bouche exprimait peu d’acidité, une légère astringence, une forte minéralité liée aux arômes de silex, pierre et mine de crayon. Une très forte concentration, un fumé agréable et beaucoup de fraîcheur dans la finale.
Le 2003 présentait un nez « crayeux », très expressif également. La bouche manifestait une grande ampleur au niveau du fruité, frais, de la fraise et de la cerise, le rendant exubérant par une fraîcheur légèrement chlorophyllienne et orientée fenouil.
Le 2002 révélait un nez moins minéral que les précédents, abordait les nuances olfactives du melon et des bonbons acidulés. La bouche était moins ample, néanmoins très douce sur le brioché, mais en attente d’une belle évolution. J’ai rajouté «
Domaine de la Solitude », l’ai souligné deux fois et ai entouré le mot Solitude… Je ne sais plus pourquoi. Je suppose que la comparaison m’a paru évidente à ce moment-là…
Le 1999 présentait un nez sur la noisette, le miel, la noix et le nougat. La bouche présentait beaucoup de rondeur, un bouquet profond qui par touche rappelait le miel et le fruit confit, avertissait d'une évolution sur la peau de fruit, le zeste, et présentait un léger boisé .
Anecdote : pour ce millésime, j’ai pris soin d’indiquer quatre croix, mention décisive pour guider mes achats.
Il avait été – et de loin - le millésime que j’avais le plus apprécié.
Or, Olivier Bernard parce qu’il était convaincu de la qualité exceptionnelle du 2002, et de l’intérêt que pouvait présenter ce 1999, par vote à mains levées, avait questionné l’assistance sur sa préférence à l’issue de la dégustation. Majoritairement, le 2002 l’avait emporté. Le 1999 avait été le deuxième vin choisi.
1998 : peu de notes. Forte minéralité par un fumé dominant en bouche, un nez plus fermé que les précédents
1995 : un millésime de garde. Le nez reprenait les flaveurs de noix, de miel, de fruits confits et d’infusion. La bouche révélait en plus de la noix la fleur de vigne, et se tramait une belle minéralité.
Avec
le 1985 le nez pénétrait dans le registre des agrumes, avec le citronné et la bergamote. L’amande et le miel s’exprimaient ensuite et caractérisaient quant à eux plus spécifiquement la bouche. Un vin excellent.
Le 1975 livrait des notes à peu près similaires au précédent, mais plus expressives, reprenant les fruits confits, une nette sucrosité. Le vin se voulait d’une rare élégance, puissant et fin, racé et mellifère.
Compte rendu plutôt abrupt et sans relief, d’une regrettable sobriété pour parler du 1998 en l’occurrence.
Je viens de relire l’ensemble des posts concernant les blancs, afin de m’assurer qu’il n’y ait pas redite. Je trouve plutôt des impressions complémentaires, que je cite
Domaine de Chevalier ( Pessac- Léognan ) Blanc 1999, par Daniel S, le 18 juillet 2004
Robe jaune pâle, limpide , intense, le nez , tout d'abord assez peu expressif, s'ouvre à l'agitation et avec la remontée en température du vin, avec des arômes purs et précis d' agrumes ( zest et pulpe de pamplemousse et de citron ) , des notes florales( tilleul et verveine ) légèrement mentholées, et un soupçon de vanille ( élevage )
L'entrée en bouche est d'une grande fraîcheur, le vin est très fin , équilibré, minéral et concenté au milieu, avec des beaux fruits; la finale est longue ( 40 s ) très fraîche, parfumée (zest d'agrumes: pamplemousse, orange, citron ), avec une pointe d'amertume.
Domaine de Chevalier blanc 2002,, par Yves Zermatten le 25 avril 2005
Nez marqué par le sauvignon, le cirtron, la fumée, La bouche est vive, fraîche, sur les fruits blancs et les agrumes, avec de la minéralité. Très longue finale et bel équilibre d'ensemble.
Mais de
Luc Javaux, le 19 mars 2006, une note contraire, plutôt intéressante :
En ce qui concerne le blanc, deux expériences plutôt malheureuses, un 1997 sévèrement bouchonné et très récemment un 1999 qui a fait très pâle figure à côté d'un Silex de Dagueneau du même millésime. Lourd, pataud, alourdi par le bois, pas beaucoup de charme.
Je me rappelle par contre en avoir bu un excellent lors d'un DBA, mais je ne me souviens plus du millésime.
Effectivement, le 1999 est le seul millésime pour lequel le boisé m’est apparu nettement.
Isabelle