Tout d'abord un grand merci à Olivier et son épouse pour leur accueil toujours aussi chaleureux.
Je tiens également à faire savoir que si chaque fois que je m'éloigne quelques jours du forum, mon retour donne lieu à l'ouverture d'une bouteille de Clos de Tart 2001, je compte désormais programmer une bonne douzaine de départs et de retours chaque année...
Merci Olivier pour ta générosité qui, comme ton soutien, est toujours sans faille.
0. Domaine Bernard Baudry - La Croix Boissée - Chinon blanc 2007
Pas de notes prises, mais le souvenir d'un vin fruité, frais, bien équilibré, et surtout, bien typé chenin...
1. Hugel & Fils - Riesling Jubilee 2001 - 11,5/20
Le nez me semble à ce stade trop variétal, avec quelques notes végétales faisant suspecter un manque de maturité. En bouche, l'acidité est marquée, le volume très moyen, tout comme la longueur. A ce stade, pas convaincu du tout par ce vin qui me semble bien trop marqué par son acidité citronnée.
2. Domaine Gérard Schueller - Riesling Bildstoecklé 2001 - 15,5/20
La robe est d'une intensité beaucoup plus profonde, grasse, aux reflets or légèrement évolués. Le nez fait beaucoup parler de lui pour son caractère atypique sur le pain d'épices, les fruits blancs très mûrs, le miel, avec un peu d'encaustique et de caramel. Pas vraiment oxydatif non plus car le nez ne fera que s'améliorer et s'affiner à l'aération. Et comme aucune des caractéristiques variétales du riesling ne saute aux narines, c'est incontestablement déconcertant et déstabilisant. L'attaque en bouche se montre grasse, puissante, volumineuse, laisserait même craindre un peu de mollesse si l'acidité de faisait pas un retour en force dans une finale de très belle longueur. Un vin à ne pas mettre entre toutes les lèvres, qui demande assurément un peu d'air pour affiner sa palette aromatique, mais quelle bouche !
Pas vraiment d'accord, donc, avec l'analyse de mon ami Olivier sur cette bouteille.
3. Domaine René Muré - Clos Saint Landelin - Riesling Grand Cru Vorbourg 2001 - 15/20
La robe est de belle intensité, aux reflets dorés. Le nez nous ramène vers des chemins plus balisés, avec cependant une très belle maturité, des agrumes confits, de la mandarine, une pointe de pétrole et un côté plus étonnant que je qualifierais de "lactique" ou de "fermentaire". En bouche, le volume imposant et la pointe de sucre résiduel ne masquent pas la belle vivacité de cette cuvée très bien équilibrée et d'une belle longueur que je n'ose désormais plus qualifier de minérale. Belle bouteille dans un style classique et mûr (ce qui en soi n'est déjà pas si classique...
). Une fois encore, je trouve Olivier un peu sévère.
4. Domaine Guy Wach - Riesling Grand Cru Kastelberg 2001 - 15,5/20
Robe de belle intensité aux reflets jaunes tirant vers l'or. Le nez est relativement discret sur le côté variétal et dénote une très belle maturité des raisins, avec ses notes de mandarine et d'agrumes confits. La bouche est marquée par un sucre résiduel bien présent, un beau volume, mais évite cependant toute lourdeur grâce à sa très belle acidité qui lui offre un bel équilibre. Très longue finale marquée par les épices et un caractère salin bien agréable. Une bouteille qui n'est pas à conseiller à ceux qui recherchent un riesling sec et austère, mais qui me semble très réussie dans son style. Olivier et moi ne sommes décidément pas d'accord ce soir...
5. Domaine Léon Beyer - Riesling Cuvée des Comtes d’Eguisheim 2001 - 12,5/20
Nez assez peu expressif à ce stade, discret et fin, fumé, épicé, pas exagérément variétal, et d'une maturité qui semble correcte. En bouche, s'il se montre sec et tendu, le volume me semble moyen et surtout il manque à mon sens de longueur, avec une finale quelque peu évanescente. Cette fois, c'est moi qui suis plus sévère...
6. Domaine Trimbach - Riesling Cuvée Frédéric Emile 2001 - 15,5/20
De légères notes pétrolées soulignent un nez de maturité moyenne marqué par les agrumes et des notés épicées évoquant le gingembre. En bouche, le vin est sec, tranchant, tendu comme un "i", mais ne me semble pas déséquilibré ou maigre pour autant et possède une très belle longueur. Personnellement, j'ai beaucoup aimé, contrairement à beaucoup d'autres. Un vin de ce style, d'une austérité certaine, n'est sans doute pas favorisé dans une dégustation de ce type, mais nul doute qu'à table il aurait recueilli davantage de faveurs.
7. Domaine Gérard Schueller - Riesling Grand Cru Pfersigberg 2001 - 16/20
Avec un air de parenté indiscutable avec son compagnon d'écurie, il ne peut renier être issu de la mouvance "nature", ce qui me fait dire que le "formatage" ne se loge pas toujours forcément là où certains veulent la voir...
Cela étant dit, certains semblent déjà s'habituer à l'absence de notes variétales, à ces notes de pain d'épices et à la grande maturité qui se dégagent du profil aromatique. En bouche, il se démarque du Bildstoecklé par son caractère plus sec et plus tendu, avec moins de gras, mais un équilibre remarquable et une longueur qui ne l'est pas moins. Très beau, une fois encore, et ce qui ne gâche rien, je constate que pour une fois Olivier est d'accord avec moi !
8. Domaine André & Remy Gresser - Riesling Grand Cru Kastelberg 2001 - 15/20
Pris en sandwich entre deux vins au caractère trempé (un peu comme quand je suis assis à table entre ma femme et ma belle-mère...
), ce Kastelberg se fait plus discret mais n'en présente pas moins d'indéniables qualités. Le nez conjugue maturité et minéralité (mince, je l'ai encore dit !), avec un fruité mûr sur la mandarine. En bouche, le sucre résiduel est bien perceptible, tout comme le gras, mais ils me semblent parfaitement balancés par l'acidité jusque dans la finale qui, si elle n'est pas la plus longue de la série, est tout à fait respectable. Très bien.
9. Domaine Zind-Humbrecht - Riesling Grand Cru Brand 2001 - 18/20
Robe de grande intensité, d'un or profond. Nez magnifique, très mûr, minéral (cette fois, je le jure, c'est la dernière fois !), épicé, exotique, donnant l'impression qu'on se trouve en face d'un vin liquoreux. Et pourtant, en bouche, les quelques grammes de sucre résiduel sont à peine perceptibles et le vin peut être qualifié de sec du point de vue gustatif (même s'il ne l'est sans doute pas vraiment du point de vue analytique). La matière est énorme mais on ne ressent pas la moindre sensation de lourdeur, la très belle acidité permettant d'obtenir un équilibre remarquable qui se prolonge sur une finale interminable. Grand vin qui soulève l'enthousiasme général ! Enfin, pas si général que cela si je compare mes notes à celles de mes petits camarades, je vois même un 12,5 qui me fait frémir...
10. Domaine Julien Meyer - Riesling Grand Cru Muenchberg 2001 - 10/20?
Difficile de passer après un Brand grandiose, c'est certain, et le suivant ne pouvait que souffrir de la comparaison. Cependant, pour avoir déjà dégusté ce Muenchberg 2001 de Meyer à au moins 3 reprises, je pense que cette bouteille n'était pas à son niveau habituel, elle en était même très loin. L'acidité de cet échantillon était telle qu'il le rendait quasiment imbuvable. A mon sens, seul un problème de bouteille peut expliquer pareille contre-performance. A revoir.
11. Domaine Zind-Humbrecht - Riesling Clos Häuserer 2001 - 12/20
Comme quoi, on peut grandement apprécier les vins d'un producteur en général, tomber en pâmoison devant un de ses riesling 2001, et ne pas comprendre un autre. La robe déjà m'étonne par un côté jaune or très intense, presque fluorescent. Le nez, où sont présents les agrumes confits, me semble par ailleurs très marqué par le soufre, au point qu'il en devient presque dérangeant. En bouche le vin est sec, marqué par une forte acidité, avec un corps moyen, tout comme la longueur. Je reste perplexe, mais si j'en crois les notes de mes petits camarades, peu semblent avoir été plus convaincus que moi par cette bouteille.
12. Domaine Pierre Frick - Riesling Grand Cru Steinert 2001 - 14/20?
Robe de belle intensité, aux reflets jaunes dorés. Le nez est très expressif, épicé, marqué par un fruité bien mûr. En bouche, le sucre résiduel est assez important mais l'acidité est suffisante pour équilibrer l'ensemble de très belle manière. Certains décèlent cependant une très légère note de moisi et c'est vrai qu'en bouche elle semble bien présente bien que discrète. Un petit problème de bouchon n'est donc pas à exclure, sans qu'il parvienne cependant à gâcher totalement les qualités de ce vin de belle longueur.
13. Domaine Zind-Humbrecht - Riesling 2001 - 12/20
La cuvée de base en riesling pour le domaine présente, comme le Clos Häuserer, un nez marqué par des notes que j'assimile au soufre, ce qui n'a pas manqué de m'étonner à la découverte des étiquettes. Pour le reste, il présente une aromatique des plus classiques faite d'agrumes et de légères notes pétrolées. En bouche, l'acidité citronnée domine et ne me semble pas suffisamment équilibrée par la matière, délivrant au final un vin (trop) tendu, manquant de gras et de longueur. Voilà une bouteille qui conforte mon idée selon laquelle acheter les cuvées de base dans les domaines les plus prestigieux est rarement un bon choix en termes de rapport qualité-prix. Par contre, si quelqu'un a une explication autre pour ces notes que j'attribue à un excès de soufre, je suis preneur...
14. Domaine Weinbach - Riesling Cuvée Sainte Catherine II 2001 - 13/20?
La robe est intense, aux reflets or. Nez fin, mûr, pas très expressif mais élégant, si ce n'est une petite touche iodée qui point à l'aération. En bouche, le vin est sec ou presque, frais en attaque, tendu, et toujours marqué par cette note iodée qui me gêne un peu. La longueur est bonne, sans plus. Problème de bouteille, de bouchon, présence de pourriture pas forcément très noble ? Je ne suis pas qualifié pour répondre, mais en l'état je ne suis pas totalement convaincu par le résultat.
15. Domaine Ostertag - Riesling Grand Cru Muenchberg 2001 - 15,5/20
La robe est intense, dorée. Le nez est bien mûr, très peu marqué par le cépage, avec des notes de fruits blancs, de fleurs et d'épices. En bouche, un sucre résiduel bien présent ne masque pas le caractère tendu de cette très belle bouteille à l'équilibre et à la longueur de très bon niveau. J'aime beaucoup.
Au final, une dégustation passionnante, tant par la grande variété de style des vins proposés et leur qualité moyenne élevée, que par les différences d'appréciation entre dégustateurs qui ont rarement été aussi marquées dans ce groupe habituellement plus homogène dans ses goûts.
Si, lors de certaines dégustations (je pense en particulier à celle consacrée aux 2003 de la rive droite bordelaise), on a parfois l'impression de boire une dizaine de fois le même vin, ce n'est absolument pas le cas ici, tant les styles proposés sont variés. La grande diversité des terroirs alsaciens et la capacité du riesling à traduire cette diversité n'y est sans doute pas étrangère, comme ne le sont pas non plus les choix effectués à la vigne mais également à la cave, orientant de manière décisive le résultat final.
J'ai été très étonné de constater les très grands écarts qui existent dans la notation de certains vins, écarts atteignant à plusieurs reprises 5 points voire même un peu plus, ce qui me semble beaucoup pour un groupe qui commence à avoir l'habitude de déguster ensemble. Avec de tels écarts, je ne suis pas certain que les moyennes de notes, voire même le classement général obtenu en additionnant les notes de chacun, donnent des informations très pertinentes au lecteur. La lecture des différents comptes rendus , même si elle peut sembler fastidieuse, prend à mon avis ici tout son sens.
Mon classement :
1. Domaine Zind-Humbrecht - Riesling Grand Cru Brand 2001
2. Domaine Gérard Schueller - Riesling Grand Cru Pfersigberg 2001
3. Domaine Gérard Schueller - Riesling Bildstoecklé 2001,
Domaine Guy Wach - Riesling Grand Cru Kastelberg 2001,
Domaine Trimbach - Riesling Cuvée Frédéric Emile 2001 et
Domaine Ostertag - Riesling Grand Cru Muenchberg 2001, à égalité de points, mais pas de style...
Olivier, sans doute gavé de blancs, nous sert ensuite deux vins rouges à l'aveugle, pour lesquels je n'ai pas pris de notes.
Clos Rougeard - Saumur-Champigny 2003
Alors que le 2002 qui nous avait été servi il y a quelques mois, lui aussi à l'aveugle, m'avait fait perdre mes repères et dirigé vers la Bourgogne, ce 2003 est davantage marqué par le cabernet franc et laisse peu de doutes quant à son origine. Cela étant dit, la bouteille est très belle, d'une grande finesse, j'ai beaucoup apprécié.
Clos de Tart 2001
[size=x-large]MERCI OLIVIER[/size] pour cette attention qui me va droit au coeur, je n'en dirai pas plus sur cette bouteille que j'ai déjà décrite plusieurs fois et qui s'est à nouveau présentée de la plus belle des manières, comme à son habitude.
Luc