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Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

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Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri a été créé par Jérôme Pérez

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Jérôme Pérez
21 Aoû 2011 15:19 #1

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet CR: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

CR:
Deux visites majeures de deux domaines qui ne le sont pas moins en Trentin inclinent à réfléchir sur la démarche de vigneron, la seule qui vaille la peine aujourd’hui, celle de produire des vins de qualité. Et cette démarche qui possède un but commun emprunte des chemins différents. Ces chemins sont à la fois le parcours et le for intérieur de ceux qui les suivent, parce qu’ils ne ressemblent à aucun autre, et quand bien même ils peuvent se rapprocher d’une philosophie, leur terroir, leur réalité et leur personnalité en donnent les infléchissements. Deux domaines du Trentin illustrent parfaitement cette réflexion : Pojer e Sandri d’une part ou la recherche permanente de la solution technique pour rester au plus près de la nature et Foradori ou le dépouillement maximal de l’interventionisme pour aller chercher le terroir dans le vin. Deux domaines à la pointe qualitative de leur région, mais aussi des personnalités fortes et extrêmement intéressantes qui recherchent finalement la même chose : faire le meilleur vin possible.

Anthithèse : Foradori, retour à la source du vin

Elisabeth Foradori dirige aujourd’hui ce domaine et lui a donné une direction très particulière, à la vigne comme aux chais pour faire vivre l’âme du Teroldego Rotaliano : Biodynamie et vinifications en amphores. Le terroir de prédilection de ce cépage est loin d’être visuellement impressionnant, même s’il est entouré d’un cadre splendide, celui des dolomites. Mais c’est la plaine alluvionnaire qui lui convient, terroir de sable et de graves. Ce cépage est reconnu comme étant d’une très grande qualité, il possède un potentiel énorme, mais hélas, peu de domaines en tirent la quintessence : Foradori est et reste la référence. Unique cépage du domaine en rouge, il représente 16 hectares sur 14 parcelles identifiées et vinifiées séparément. Certaines cuvées sont vinifiées de façon très classique, comme Foradori et Granato : fermentations en cuves inox puis élevage en barriques. Mais deux sélections parcellaires sont vinifiées en amphores d’argile de 400 litres et ce mode de vinification permet des macérations très longues, de l’ordre de 8 mois. Ces contenants viennent d’Espagne, recherchées pour leur grande qualité. L’élevage total de ces cuvées dure 18 mois au total. Le domaine Foradori possède également des vignes de cépage blanc, situés sur les coteaux, non loin de Mezolombardo. (Manzoni et Nosiola).

Manzoni Bianco 2010 : (vinification en cuves béton) - nez fermé qui s’ouvre que des notes florales et minérales. La bouche est grasse, très riche, mais sur un équilibre qui reste très frais. La longueur est très importante sur des saveurs minérales et de beaux amers. C’est très bon.

Nosiola 2009 : (vinification en amphores) – Le nez est immédiatement plus accessible, plus floral. C’est un vin très riche, large qui possède une finale saline évidente mais qui pêche un peu par un équilibre qui mériterait d’être plus frais.

Sgarzon 2009 : (teroldego vinifié et élevé en amphores, sol sableux) – La robe est grenat violine. Le premier nez est fermé avec un peu de réduction puis s’ouvre sur des notes fines fruitées et légèrement fumées. C’est un vin doté d’une grande élégance et d’une grande plénitude au touché : soyeux et délicat avec des tannins très suaves. Belle longueur : une belle découverte.

Foradori 2009 : La robe est très sombre, profonde et bien jeune. Le nez est axé sur les fruits noirs. Le vin est complet, large, opulent, structuré bien long. Un peu de chaleur en final pour ce beau vin droit qui mérite d’être servi un peu rafraîchi (autour de 16°). Le Teroldego dans son expression classique.

Granato 2008 : (teroldego vinifié en cuve et élevé en barriques, sol caillouteux) : le boisé est immédiatement séducteur et se marie très bien au fruit noir. C’est un vin très élégant qui est doté d’un bel équilibre, plus frais que le vin précédent. La grande longueur se conjugue à cet aspect luxueux du vin pour donner la sensation d’un vin de grande stature. Excellent et raffiné.

Thèse : Pojer e Sandri : la lutte permanente contre l’oxydation, la technique au service de la nature

A quelques kilomètres seulement de la plaine de Mezolombardo et du terroir du teroldego rotaliano, les coteaux de Faedo sont recouverts de vignes, pour la plupart de cépages blancs. Le domaine Pojer e Sandri représente à la fois une épopée et une très belle histoire. Deux amis s’installent en 1975 sur 2 hectares de vignes et une distillerie clandestine, un peu babas-cools, à l’époque, même si l’esprit cartésien de Mario Pojer ne fait aucun doute. Cet homme entier et d’une générosité sans égal reconnaît que l’explosion du domaine a fait suite à la reconnaissance des vins par Veronelli, grand dégustateur italien qui ne s’est pas trompé dès lors qu’il a goûté les vins de la cantina. Aujourd’hui, le vignoble s’étend sur 30 hectares et 6 communes. Pojer e Sandri produit du vin, de la grappa et des vinaigres, de sorte que rien ne sort du domaine pour être jeté, tout est recyclé ou transmué, jusqu’aux pépins. Les cépages rouges sont plutôt dans la vallée, cabernets, merlot, Lagrein. Les cépages blancs, sur les coteaux, jusqu’à 900 mètres d’altitude pour le Muller Thurgau. Mario Pojer est un inventeur de génie. Autrefois représentant de machines agricoles, il connaît bien la technique : il s’en inspire, modifie, crée, élabore, parfois pour des découvertes techniques qui font école, comme la mise au point d’un pressurage pneumatique qui aujourd’hui est employé dans les plus grands domaines bordelais, reconnu par des oenologues comme Dubourdieu. Une obsession habite cet homme : la lutte contre l’oxydation : c’est une manie qui ne le lâche pas. Enumérer tout ce qu’il a mis au point serait une entreprise vouée à l’inexactitude. Il vole même les couvercles de casserole de sa femme pour en faire des instruments de vinification ! Toutes les voies sont explorées et rien n’est laissé au hasard. Par exemple, les raisins sont lavés avant d’être vinifiés et cet homme d’expliquer de façon très claire que cela permet de mieux travailler avec les levures indigènes quand la plupart pense qu’un traitement peut les lessiver ! Il a approfondi la notion de préfermentation à froid, étudiant pour cela la forme des cuves expliquant de façon rationnelle et imparable la polymérisation des anthocyanes et des pépins de raisin. Impossible pour le visiteur à moins qu’il soit technicien de
tout comprendre et mémoriser, mais les explications données par Mario Pojer sont un spectacle jouissif et admirable. Toutes ces inventions ne sont mues que pour une qualité ultime du vin et pour que surtout la nature et l’environnement soit préservés de toute chimie, parce que le bonheur est là, à deux pas du chai et de sa technique de pointe, dans sa simplicité naturelle.

Nosiola 1991 : nez floral, légèrement oxydatif, léger rancio. Des notes de fumée. La bouche est belle, bien fraîche, avec des saveurs d’amande. Un vin très complexe et émouvant. (20 ans)

Sauvignon 1994 : la robe est or pâle. Les arômes sont d’une fraîcheur incroyable, comme si le vin n’avait que quelques années. Buis, agrumes, rhubarbe. C’est très frais, ce que confirme la bouche sphérique et moelleuse, mais parfaitement sèche et vive. Un très beau vin.

Pinot noir 2001 : raisins d’altitude (550 m) : la robe est évoluée, avec les ourlets typiques du Pinot noir. Plonger son nez dans ce verre est un cas d’école : un style bourguignon, sur le cuir et l’iode. Cerise en bouche pour le supplément, ce vin est exceptionnel d’équilibre et tromperait pas mal de dégustateurs chevronnés. Très beau

Rosso Faye 1990 : cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot, lagrein. Robe sanguine, très jeune, étonnante de vitalité. Les arômes sont très purs, sur la cerise noire, le cassis et les arômes toastés de l’élevage. La bouche est immense, complète et sans faille, d’une très grande précision et d’une fraîcheur incomparable. Elle situe ce vin au niveau des meilleurs crus Bordelais et rappelle Cos d’Estournel 1982. On touche le sommet.

Merlina : lagrein de 2004 muté à la grappa de 1994 : la robe est noire violine Des saveurs de forêt noire, une véritable gourmandise, même si le bois est encore présent.

Zéro : un vin projet de vignes à 900 mètres d’altitude. 4 hectares préservés de toute chimie protégés par des bois. Effervescent de méthode ancestrale, ce vin est encore dans les limbes, non dégorgé. Des saveurs de pomme, de la minéralité et surtout une acidité incroyable qui gomme les 20 grammes de résiduels pour donner un vin qui se boit sec. Etonnant et à suivre avec attention.

Synthèse : Il n’y a que les routes qui sont belles, peut importe où elles nous mènent… pas sûr !

Deux voies radicalement différentes pour des expériences quine sont pas si éloignées. Elisabeth Foradori a choisi l’école de la biodynamie dans ses vignes et cherche ce qui pourra rendre son vin meilleur. Ses amphores de terre cuite, spectaculaires, magnifiques et étranges sont très intéressantes, sans doute d’ailleurs plus sur les rouges que sur les blancs. Mario Pojer, expérimente plusieurs essences de bois : chêne, acacia, cerisier, chasse l’oxygène où il peut s’en cacher alors qu’Elisabeth cherche dans l’équilibre des forces terrestres et célestes, le biotope des vignes, la vérité qui transparaîtra dans son vin et réfléchit à encore plus de naturel en vinifiant grappe entière certaines de ses cuvées. Ils ne sont pas si éloignés que cela et permettent tous les deux d’espérer que d’autres grands vins naîtront de ces terroirs de Trento. Plus au sud, près d’Avio, Carlo Guerrieri Gonzaga à San Leonardo fait le même constat et se sent bien seul encore, même si quelques frémissements se font jour autour de lui et d’ailleurs sous son impulsion. Ils vivent leur chemin, expérimentent, cherchent est trouvent d’ailleurs les solutions qui leur correspondent : Elisabeth Foradori, dans le naturel à tout prix et la simplicité retrouvée, Mario Pojer, dans ses projets, ses inventions et toujours de nouvelles idées. Mais leur but est commun et c’est bien lui l’important : la recherche du grand vin.

Jérôme Pérez
21 Aoû 2011 15:33 #2

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Des vins, des cépages, des vignerons que j'apprécie au plus haut point.
De plus largement sous estimés si l'on en juge par les prix souvent très abordables en comparaison de tant de vins du Piémont ou de Toscane !
21 Aoû 2011 16:02 #3

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Jérôme,
Quel beau texte !
C'est informatif, documenté, réfléchi.
Chapeau.
ça donne envie de découvrir ces vins que je ne connais pas

(tu) (tu) (tu)


Cordialement,
François Audouze
21 Aoû 2011 16:18 #4

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Merci pour ce reportage très intéressant et qui donne envie de goûter !

Quentin
22 Aoû 2011 09:48 #5

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Pour Foradori, elle est présente au Grand Tasting si je ne me trompe pas. Les blancs m'avaient laissé un peu dubitatif notamment de par leurs prix assez costauds, par contre je garde un bon souvenir des rouges.

Pour la vinification en amphore, je crois également me souvenir qu'Yves Canarelli parlait d'une oxygénation plus importante qu'en barrique, ce qui permettait d'assouplir énormément les tannins. Elle y a fait référence?

Marc
22 Aoû 2011 10:38 #6

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

non, pas fait référence. Par contre je peux attester que les tannins de la cuvée rouge que j'ai goûté avait un soyeux admirable.

Jérôme Pérez
22 Aoû 2011 10:55 #7

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Merci Jérôme pour ce brillant exposé qui donne de suite envie de partir explorer le Trentino...

Pour adorer souvent les vins italiens,je ne connais pas du tout le Teroldego...
Tu excuseras probablement mon ignorance mais pourrais-tu dire ce que tu entends par "Le Teroldego dans son expression classique."

jlj
22 Aoû 2011 11:05 #8

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

effectivement en écrivant cela, je me suis mordu la langue.
En fait, en Trentin, les gens ne sont pas habitués à boire des vins de garde. Et le Teroldego est le plus souvent utilisé pour faire du vin de consommation courante.
Jusqu'à présent, Foradori reste la référence et jusqu'à peu, l'étiquette Foradori et Granato étaient les plus classiques et représentatifs de la qualité sur ce cépage. Je ne doute pas qu'il y ait d'autres cuvées de qualité dans le secteur, mais Foradori est le plus connu et demeure une sorte d'ambassadeur du Teroldego. Les vinifications en amphores lui donnent aujourd'hui un autre visage ...
C'est un cépage proche de la syrah, sans doute des origines communes. José Vouillamoz avait parlé d'une parenté avec le cornalin suisse.
Tout le monde s'accorde pour dire que c'est une variété qui a un énorme potentiel qualitatif.

Jérôme Pérez
22 Aoû 2011 11:23 #9

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Réponse de Thibaultmmm sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Très instructif...(tu)

Thibault
Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables...
22 Aoû 2011 13:53 #10

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Réponse de Patrick Bottcher sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Superbe Jérôme !!!

Patrick Böttcher
VinsLibres.net
22 Aoû 2011 19:21 #11

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Réponse de legarçon sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Merci pour ce superbe hommage à ces grands domaines du Trentin. Nous avions eu la chance, grâce à la complicité de notre ami Jean-Emmanuel Simond, de recevoir CR: Elisabetta Foradori chez nous, et ce fut une remarquable découverte. Nous avions goûté des bouteilles différentes, je copie donc le compte-rendu que j'en avais fait sur notre blog (lien vers l'original ICI ).

"Nous commençons par goûter les vins rouges, tous issus à 100% du cépage Teroldego, un parent éloigné de la Syrah et de la Mondeuse, que l'on ne trouve quasiment que dans cette région des contreforts des Alpes. Ce cépage très ancien, longtemps oublié, est aujourd'hui à nouveau vinifié par les vignerons de la région, dont Elisabetta Foradori est la chef de file.

Nous commençons par goûter la cuvée Foradori 2008. Ce qui surprend immédiatement, c'est l'incroyable fraîcheur du nez, qui se révèle après un peu d'aération, et qui contraste avec la représentation que l'on se fait de ce vin en regardant sa robe particulièrement dense. En bouche, le vin est là encore porté par une très grande fraîcheur, mêlant les cerises sauvages à une grande minéralité, la finale se terminant sur une belle amertume, rappelant le pamplemousse et la réglisse. Le Foradori 2007, issu d'une année plus chaude, se présente sous un angle plus arrondi, mais reste néanmoins dans la continuité: un nez de fruits frais, une bouche soutenue par une belle trame acide, mais sur des fruits rouges plus mûrs, plus soyeux, avec des tannins parfaitement fondus. Quant au Foradori 2004, il révèle le potentiel d'évolution de cet étonnant cépage. Si des arômes secondaires apparaissent bien sûr au nez - des notes giboyeuses et de sous-bois côtoyant les baies de cassis - , on est surpris des notes fraîches, presque mentholées, qui persistent dans ce vin. En bouche, le vin est fidèle aux impressions d'une nez, avec une très belle longueur. Un vin qui a encore de nombreuses années devant lui (on signalera tout de même qu'il était servi en magnum, ce qui a pu accentuer cet effet).

Nous dégustons ensuite les deux cuvées parcellaires du domaine, servies en magnum, qui ont la particularité d'être vinifiées en amphore. Le Sgarzon 2009 se montre d'abord un peu sur la réserve au nez, avant de révéler des notes de fruits noirs et de réglisse d'une grande pureté. En bouche, la surprise est de taille. On est loin de la réserve du nez: l'attaque est vigoureuse, la trame est plus que solide, et le vin arbore un fruit irrésistible. On retrouve un peu la même expérience avec le Morei 2009, dont le nez est toutefois plus ouvert, mais dont la bouche est d'une grande fraîcheur, mais à la fois d'une gourmandise inouïe, d'un velours remarquable. De formidables réussites, qui sont autant de plaidoyers en faveur de la vinification en amphore.

Nous terminons la dégustation des vins rouges par une très belle verticale de la cuvée spéciale du domaine, le Granato. Le Granato 2008, à l'élégant bouquet de fruits noirs, est dense, d'une grande minéralité en bouche, avec une finale d'une très belle longueur, les tanins encore présents n'étant par ailleurs jamais vraiment anguleux. Le Granato 2007 révèle un nez très complexe, où, toujours aux côtés de fruits noirs, on trouve des notes balsamiques, des notes d'épices, voire une touche d'encre et de mine de crayon. La bouche est juteuse, riche d'un beau fruit et de cette minéralité visiblement caractéristique. Le Granato 2006 (en magnum), cohérent avec sa lignée, se distingue par l'apparition au nez de notes légèrement animales, et la présence à peine plus sensible de l'élevage (quelques arômes toastés, bien intégrés). En bouche, la fraîcheur et la longueur du vin ne cessent d'étonner. Le Granato 2004 (en magnum) arbore un nez de myrtille, mêlé à nouveau de graphite et de réglisse, et surtout, à des arômes de sous-bois qui commencent à apparaître distinctement. Le bouche est fidèle au nez, mais c'est encore la présence de notes fraîches dans un vin dont l'évolution est maintenant sensible qui étonne, tout comme la persistance aromatique. Le Granato 2002, plus giboyeux au nez, assume son évolution avec beaucoup d'énergie encore une fois. La bouche est toujours incroyablement fraîche (au risque de se répéter...), les tanins, très fins, sont parfaitement fondus, et la longueur est toujours très belle ; un vin qui pourrait être à son apogée, vu sa cohérence, sa palette aromatique et sa longueur, mais qui donne en même temps le sentiment de pouvoir résister au temps pendant d'encore nombreuses années, vu sa structure et sa trame acide.

Nous goûtons ensuite les deux vins blancs du domaine. Le Myrto 2009, vinifié à partir de Manzoni, un cépage blanc endémique, croisement entre le Pinot Blanc et le Riesling, présente un nez exubérant et riche d'ananas, de poire et de fleurs blanches. En bouche, le vin est gourmand, et présente une jolie longueur, portée encore une fois par une jolie acidité. Le Fontanasanta 2009 est quant à lui obtenu à partir d'un autre cépage local, la Nosiola, et vinifié en amphore. Le nez d'abord un peu fermé, se révèle rapidement d'une grande complexité, mêlant fruits blancs, notes végétales (thé vert, verveine), à des touches épicées (gingembre). La bouche est explosive, d'un fruit et d'une richesse hors norme."

--
Florian
www.normalesupoeno.b...

Florian
23 Aoû 2011 10:24 #12

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Réponse de milleret jean luc sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

Une bonne nouvelle pour les clients du Cave S A ...

Cours : Grande Dégustation d’Automne
Type : Soirée à thème

Les vendanges terminées, quelques grands vignerons avec qui nous avons le plaisir de travailler, parfois depuis de nombreuses années, nous font le plaisir et l’honneur de venir présenter leurs vins. Une occasion unique de les rencontrer dans une ambiance chaleureuse. Un rendez-vous à ne pas manquer ! Liste des vignerons présents, sous réserve de confirmation : - Alsace: André Ostertag - Bourgogne: Nicolas Rossignol & Dominique Lafon - Champagne: Francis Boulard - Genève: Jean-Michel Novelle - Jura: Jacques Puffeney - Languedoc: Xavier Bruguière - Rhône Paul: Amsellem (Domaine Georges Vernay) - Catalogne: Alfredo Arribas (Portal del Priorat) -

TRENTIN : ELISABETTA FORADORI ::o

Valais: Claudy Clavien Quelques produits gastronomiques apportés par les vignerons accompagneront la dégustation. IMPORTANT : Entrée libre pour les adhérents, sur inscription préalable !

Intervenant :
Lieu et date : Gland, Jeudi 3 novembre 2011 - 16:00
Durée estimée : 3 heures 30 minutes
Coût d'inscription : Gratuit
L'inscription aux dégustations est possible à partir de votre Espace Membre.
23 Aoû 2011 22:15 #13

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Réponse de francis b sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

+ pâté croûte champenois et Maroilles de vendanges

Francis
Blog personnel
28 Aoû 2011 14:19 #14

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Réponse de claudius sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

le Pdf apparaît de façon désarticulée sur mon écran :S
02 Sep 2011 18:16 #15

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Dissertation trentine : Foradori / Pojer e Sandri

il faut parfois réactualiser la page.

Jérôme Pérez
03 Sep 2011 18:39 #16

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J'ai la chance de me rendre de temps en temps dans le Trentino, et lors de mon dernier passage (Aout 2011), j'ai eu l'occasion de visiter la cave Pojer & Sandri, vraiment une très belle découverte, surtout leur Besler, fait à base de Pinot nero, Zweigelt, franconia, Negrara et Groppello, un délice!!

Pour ceux qui sont de passage en Trentino:
www.visitpinecembra.it/

Et surtout "Adagio di Vino", un rassemblement eno-gastronomique tous les vendredis de juillet à septembre (chaque année), avec dégustations des produits typiques de la region (charcuterie, fromages, vins et fruits), dans différents restaurants.

(tu)

"Je boirai du lait quand les vaches brouteront du raisin". Henri de Toulouse-Lautrec.
17 Sep 2011 17:20 #17

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