Voici le commentaire à  chaud d'une dégustation de huit vins, dont deux blancs.
Très franchement sur le papier, c'était prometteur et je dois dire qu'il y a eu peu d'émotions avec ces vins. Bon Clos Nicrosi, beau Gros Noré, Pibarnon très correct et Béates sur un très bon équilibre.

Corse, Coteaux du Cap Corse, Clos Nicrosi 2001
Vermentino muscat
Le nez est assez complexe et difficile à  définir, des notes de fumée et de fleurs blanches, fruits blancs aussi. Ce qui frappe c'est le gras, le volume en bouche et cette belle fraîcheur que souligne un gaz assez important. La finale est longue et très fraîche sur l'abricot. Joli vin blanc.

Bandol, Château Pibarnon blanc 1999
Clairette, bourboulenc, autres
la robe est bien dorée avec des tonalités orangées.
Le nez est nettement sur la cire et le miel avec une touche minérale. En bouche l'attaque est belle et fraîche mais le vin ne tient pas et s'écroule un peu.

Côtes de Provence, Rimauresq 2000
Cabernet sauvignon syrah tibouren carignan grenache mourvèdre
Poivron vert, violette et épice au nez.
En bouche le vin se présente assez mal, mince et sec. Certains évoquent un manque de maturité. C'est un peu fluide et décharné.

Les Baux de Provence, Domaine Terres Blanches 1998
Grenache, Syrah, Mourvèdre, Cinsault, Counoise, Cabernet-Sauvignon
La robe présente des tons d'évolution. Joli nez floral sur la violette avec des notes de guigne. Mais là  aussi le vin manque de gras c'est assez mince et sec.

Coteaux d'Aix, Domaine des Béates 1998
Grenache syrah cabernet mourvèdre
La robe est sombre. Le nez est discret et distingué avec des notes fumées, un très joli boisé discret. En bouche, c'est plein, le vin tient jusqu'au bout dans un bel équilibre.

Bandol, Domaine du Gros Noré 2000
Mourvèdre
Le nez est typé mourvèdre, très prommetteur. Un beau fruit, le nez est net.
Du volume en bouche, c'est bien consistant. Tannins marqués mais mûrs. C'est un beau vin puissant qui est bien dans l'idée que l'on se fait de cette appellation. A regarder évoluer.

Bandol, Château Pibarnon 1998
mourvèdre
La robe montre beaucoup de profondeur. Joli nez sur des notes de cuir et de fumée.
En bouche le vin présente un beau volume. C'est bien ample et déjà  souple avec cependant des tannins présent. Flatteur avec assez de profondeur.

Vin de Pays des Bouches du Rhône, Domaine de Trévallon 1999
Cabernet sauvignon et syrah
La robe est médium.
Le nez est très luxueux avec un boisé très chic et de la complexité, c'est très agréable au nez.
Mais la bouche est très simple, mince, avec une finale portée par l'acidité puis de l'amertume, mais le vin s'est évanoui avant.

Effectivement - et te connaissant - on realise a la lecture que ces vins ont manque de "gnac" !

J'ai bu une fois le Rimaurescq rouge (millesime 98 ou 97) et il ne m'a laisse aucun souvenir probant ... c'est dire, je me rappelle plus du rose que du rouge !

Un peu surprenant pour Pibarnon car j'avais eu ouie dire que le 98 etait de grande facture. J'ai une bouteille du 97 en cave, que suggeres-tu que je fasse ? Le garder ou le boire maintenant ?

Salutations,
Anthony

Première remarque:
A mon avis, le Pibarnon blanc 99 est le meilleur blanc du domaine de ces dernières années.
A côté, les 00 et 01 semblent manquer de complexité aromatique.
J'avais pris bouteilles et magnum de ce 99 pour accompagner une brandade...

2ème remarque:
J'ai bu depuis la mise en bouteille, à  plusieurs reprises, le Pibarnon rouge 98.
L'été dernier, il me semblait nettement mieux qu'en 2001.
Je vais attendre , avec patience, mes bouteilles.

3ème remarque:
J'avais acheté 12 Béates 98.
Le vin était tellement séducteur, jeune, que j'ai tout bu rapidement...

Amitiés,
Thierry

Anthony, thierry,

Mes commentaires à  chaud ont peut-être trahi une certaine déception.
Pibarnon, Gros Noré et Béate sont de très bons vins.
Le clos Nicrosi à  mon avis gagnera à  être attendu un peu: cela a été pour moi une découverte.
Les trois autres rouges n'étaient vraiment pas au top.
J'ai sentiment mêlé de colère et dans un certain sens confirmation au sujet du Trévallon: de qui se moque-t-on? (acheté 48 euros)

Jérôme,

48 Euros pour Trevalon c'est effectivement fort cher (je l'ai payé pour ma part 34 Euros). Le 1999 n'est sans doute pas la plus grande réussite du domaine, le 2000 est paraît-il d'un niveau nettement supérieur (acheté mais pas encore goûté). J'ai dégusté le 1999 en fin d'année dernière avec mon club et en voici le compte-rendu : La robe est assez peu soutenue, violet à  rubis. Le nez est surprenant par son arôme très dominateur de sirop de cassis, derrière lequel on a assez bien de mal à  distinguer autre chose. A l'aération, apparaissent le cuir, le silex, la réglisse et la truffe. En bouche naissent des notes de tabac. L'équilibre est très bon, avec un degré d'alcool annoncé de seulement 12 ° et une extraction manifestement mesurée. Axé d'avantage sur la finesse que sur la puissance, ce vin ne manque pas de charme. (8,1/10 – 8/10). Le vin ne nous avait pas impressionnés, mais j'avais bien aimé sa finesse. Il avait de plus été placé entre un superbe Volnay Caillerets 1999 de Bouchard et un Grange des Pères 1999 nettement plus puissant, ce qui ne l'a sans doute pas avantagé. Il est à  mon avis à  attendre quelques années pour que se développe sa complexité, mais ce ne sera jamais un monstre de puissance.

Luc

Luc,

Je vois plusieurs écueils, d'ailleurs bien contradictoires, à  la dégustation de ce type de bouteille.

1- On en connait la réputation, alors on y prête une attention particulière et on en cherche vraiment les qualités, que l'on peut d'ailleurs trouver. Mais porterait-on la même attention à  un cru de plus faible notoriété, serait-on aussi indulgent? Si le même vin émanait d'un domaine moins réputé et si le vin coûtait 8 euros, prédirait-on la même garde avec le même espoir?

2- On est borné (comme moi) et on a un a priori (idem), on n'a pas aimé les commentaires de Durbach qui disait que son vin était bu par un troupeau de connards snobs et friqués qui n'y comprennent rien au vin, et on se dit que de toute façon c'est beaucoup trop cher. Et là  ce n'est guère mieux.

Cependant, dans cette dégustation, certains ne connaissait ni Trévallon ni les propos de son géniteur (je ne me suis quand même pas gêné pour les en informer!). Sur cette assemblée, une dame a préféré ce vin, justement pour sa finesse, je crois que les autres, une dizaine, ont été circonspects.

Je suis d'accord avec le très beau nez de ce vin. Mais que c'est maigre tout de même. (le plus objectivement possible!-)) )
Je progresse! Aucun point de suspension et pourtant tant de sous-entendus... (celui-là , je ne peux pas l'éviter!)

Jérôme,

Si j'ai plus d'espoir pour Trévalon que pour un vin inconnu à  8 euros, c'est justement que le vieillissement de Trévalon est je pense bien balisé depuis de nombreuses années et qu'à  priori, sauf exception, ce vin évolue plutôt bien. Quant aux propos de Mr Durbach, je n'en avais pas connaissance, mais c'est le genre de propos qu'il faut remettre dans leur contexte, qui sont sans doute exagérés mais pas totalement injustifiés à  mon avis (on pourrait faire la même remarque pour la Grange des Pères sans doute), mais je ne sais pas pourquoi, je ne me sens pas visé... :-)

Luc

Luc,

je m'attendais à  cette réponse.
Ce que je veux dire aussi, au sujet de domaines comme Trévallon, Clos des Fées, Marfée, Grange des Pères, c'est que la notoriété tient au moins autant à  la mayonnaise qui est bien montée, à  la petitesse de l'offre par rapport à  la demande, qu'à  la qualité intrinsèque des vins.

Attention, je ne dis pas que ce n'est pas bon, mais qu'on fait beaucoup de bruit, et un bruit un peu disproportionné en regard de ce qu'il devrait-être.

Mes deus expériences de Trévallon à  ce jour ne sont pas des grands bonheurs. 93 et 99: d'accord ce ne sont pas les bons millésimes (même si 93 me semblait avoir plus de qualités). Je ne demande qu'à  avoir tort et à  connaître enfin l'émotion.

Jérôme,

Tu n'as sans doute pas tort, mais j'ai du mal à  croire que, sur la durée en tout cas, les amateurs continuent à  acheter des vins chers si la qualité n'est pas au rendez-vous. Sauf bien sur les connards snobs et friqués... :-)
La mayonnaise comme tu dis, cela peut marcher pendant un an ou deux, mais l'effet retombe en général rapidement si la déception est dans le verre, seul élément qui compte finalement.

Luc

Certainement, mais on peut aussi ouvrir sa petite bouteille le dimanche et se persuader que c'est bon. Comme on l'a payée cher, on n'a surtout pas envie d'avoir tort.
Alors effectivement, la sentence d'Eloi peut prendre du sens.
Les dégustations comparatives, surtout à  l'aveugle (ce qui n'était pas le cas pour la mienne et je le regrette) sont incontournables et sans conscession de ce point de vue.

Jérôme,

Entièrement d'accord avec toi, mais encore faut-il comparer ce qui est comparable, et quand je revois les vins que tu as dégustés avant Trévalon, je ne peux m'empêcher de remarquer que ce sont des vins plutôt marqués par la puissance. Placer un vin dont la caractéristique est plutôt la finesse (de plus dans un millésime moyen) après trois vins puissants (dans de bons millésimes), rien de mieux pour que le dernier paraisse effectivement maigre et décharné, et il sera toujours défavorisé dans ce genre de dégustation. Cela rejoint à  mon avis un peu le débat sur Rayas, sans conteste le plus fin des châteauneufs, qui est semble t'il pas mal décrié pour le moment, peut-être en grande partie parce qu'on le compare à  des monstres de puissance, très extraits et parfois boisés (dom. de la Mordorée par exemple, qui reçoit des notes mirobolantes...). De plus, comme il est plus cher, on a tendance à  le placer en fin de dégustation, alors qu'il faudrait sans doute le mettre en tout début.
Ce n'est qu'une tentative d'explication, sans vouloir défendre à  tout prix Trévalon, mais ce vin mérite à  mon avis que tu lui offres une seconde chance, dans un contexte plus approprié à  mettre ses qualités en valeur.

Amitiés,

Luc

Luc,

Tes arguments sont très recevables. En effet c'est en raison de sa notoriété et de son prix que j'ai placé ce vin en dernier et que ce n'était pas sa place.
Tu as également raison dans le fait que je doive absolument boire un Trévallon d'un bon millésime pour me faire une idée plus nette de ce domaine.
C'est promis, je quitterai mes oeillères et chercherai une bonne année. Laquelle me conseilles-tu?

Mais je persiste à  dire que sur ce millésime ce vin n'a pas les qualités affichées par la prétention de son prix et de sa notoriété. Même fin, un vin peut-être long:Ici, la finale est d'abord acide puis un peu amère, mais le vin n'a que peu de persisitance aromatique proprement dite.

Je dois reconnaître enfin que le style fin n'est absolument pas celui auquel je m'attendais après les lectures que j'ai eues sur ce vin. J'ai eu un peu le même désagrément, je dirais désenchantement qu'avec le Pradeaux 97. (ou dans une moindre mesure 98)
Je me dis aussi qu'un vin de Provence qui affiche 12°, c'est quand même étonnant et significatif de la qualité et richesse de la vendange. Dans ces cas là , le producteur doit en tirer les conséquences sereinement.

Jérôme,

Tu pourras lire sur DC le compte-rendu d'une très belle verticale de Trévallon réalisée par un groupe d'amateur belges (ce qui ne gâche rien...), qui ont semble t'il préféré les millésimes 1988, 1989 et 1990, qui seront sans doute difficile à  trouver actuellement. Dans les millésimes plus jeunes, la palme revient selon eux aux 1995 (j'ai goûté et je confirme, c'est superbe), 1996 et 1998 (goûté également, très beau vin mais beaucoup trop jeune). Tu constateras que le 1999 ne semble pas être une grande réussite pour eux non plus. En attendant le 2000 peut-être...

Luc

Luc,

La finesse est-elle une caractéristique de Trévallon ? ce n'est pas l'impression que j'ai eue en buvant les 89 et 90. Ils étaient déjà  étoffés et structurés dans leur jeunesse, je peux en témoigner, et ont très bien vieilli. Ce sont des vins qui ont de la finesse mai pas des vins que je qualifierais de fins.

En revanche, si je me réfère à  ce que j'ai pu lire ça et là , je me demande si dans l'ensemble, la qualité de Trévallon n'a pas décliné un peu depuis 1992, peut-être en raison de la qualité moyenne des millésimes.

C'est une interrogation plus qu'une affirmation car le dernier millésime de Trévallon que j'aie bu est le 93. Ensuite, j'ai trouvé trop cher et de qualité trop incertaine pour lui rester fidèle.

Par ailleurs, la dégustation de Jérôme confirme que Pibarnon rouge reste une valeur sûre.

A propos, combien a coûté les Béates ?

amicalement

Yves

Les Béates, je les ai payées entre 11 et 12 euros, c'est à  dire 11 et des poussières.