Voyage en Côte de Nuits ! Extrait :
Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Lucien Parantoux-Vivant qui m’a fait parler. Lucien, un buveur, un passionné lui aussi, un camarade. On se rencontre donc rue du Temps-Perdu. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, on va finir passerillé ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas d’enjambeur, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n’y a personne dans les rues ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à ce propos : « Les gens de la Côte ont l’air toujours de n’avoir pas de vin, mais en fait, ils nous promènent du matin au soir ; la preuve, c’est que, lorsqu’il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des canons et empiler des palettes. C’est ainsi ! Siècle de qualité extrême ! qu’ils disent. Où ça ? Grands terroirs ! qu’ils racontent. Comment ça ? Rien n’est changé en vérité. Ils continuent à s’admirer et c’est tout. Et ça n’est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup, même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits… » Bien fiers alors d’avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeurés là assis, ravis, à regarder les dames du café.
Marc