Merci pour ces rebonds
J'en arrive à ces conclusions, par au moins les biais suivants :
* ce que je constate sur le terrain (moi, les autres aussi variés soient-ils, ...)
* mon approche du sujet depuis plusieurs années, y compris dans le domaine professionnel (partage des connaissances)
* la lecture assidue de poins de vue innovants, un rien déroutants éventuellement (vous noterez que je ne dis rien de l'oenologie, de la plus académique à la plus ésotérique, c'est encore autre chose)
Je t'ai répondu plus en détail en privé.
Je n'assène pas une certitude (sinon, je serais en contradiction, encore que celle-ci ne soit pas bloquante dans mon approche) mais une réflexion et aussi une sensibilité determinées.
Sommes-nous d'accords que le (grand) vin s'adresse à la tête, au corps, au coeur (l'un et l'autre, pas l'un contre l'autre) ?
Et la présence de l'autre, avec qui on partage la libation, est déterminante.
Tout cela n'est pas négatif, ne conduit pas à la fin de la dégustation : au contraire !
Dans mon approche, intellectualité et pragmatisme/hédonisme/méditation ne s'opposent pas mais se complètent (c'est la base de l'approche systémique, et je n'ai pas la place de développer ici).
C'est juste une dimension nouvelle, développée ailleurs par des personnalités du vin, et qui me semble intéressante à incarner, à relayer (de nouveau, je ne nie pas l'intérêt d'autres approches), parce que profondément humaine (l'amateur, le critique, le vigneron, l'oenologue, le chef de culture, l'ampélographe, le sommelier, le caviste, le restaurateur, ...).
Je crois aussi (tout comme toi) Jérôme à la nécessité d'observer le vin dans la durée, mais tout va vite dans notre société marchande et spectaculaire.
Exemples concrets :
* peut-on accepter que 2 avis opposés aient raison sur la qualité d'une coulée de Serrant 87 ? qui peut légitimement s'autoriser à me donner un avis définitif sur ce vin, et sur quelles bases ?
* je ne demande pas mieux que de me régaler dans qq temps sur 2 vins que j'ai préalablement honnis, mais pour lesquels j'ai lu des commentaires (avisés) favorables :
* Maghani 95 (dans la RVF)
* Clos des Truffiers 98 (avis de Hervé Bizeul)
Je pourrais précisément me bouffir d'orgeuil et, comme c'est parfois le cas, insulter très immodestement mes contradicteurs, dissimulant de fait mes doutes derrière mes certitudes.
Me ferait-on alors plus confiance, parce que (comme disent les Deschiens), je n'en veux ?
Et quel aveuglement de ne même pas s'interroger sur la variabilité des échantillons, des bouteilles, des contextes, ...
Le monde va suffisamment mal comme cela pour que je ne choisisse pas une approche plus écologique.
Je pense en conclusion que la force d'un dégustateur réside dans sa capacité à s'interroger, à accepter l'erreur, à apprendre des autres.
Qu'est-ce d'autre qu'un intellectuel ?
On peut parfaitement jouir de l'intellectualité.
La problématique de la fusion (car il y a la passion comme liant essentiel) est aussi intéressante. C'est éclairant de poser la question de notre rapport aux vins aux gens qui vivent avec nous, en conscience !
Est-ce encore à ce stade utile de préciser pour intérêt pour la cognition ?
Mais un critique potentiellement marchand peut-il se permettre de se tromper ?
Et un internaute volontaire, motivé, entreprenant a-t-il plus de lattitude, de liberté ?
Les égos, les peurs, les contractions, les mégalomanies, les narcisismes sont-ils en mesure de résister à tant de pression (courtisanerie, vénalité, gratifications diverses, ...) ?
Je ne donne volontairement pas d'exemple, et je ne mets d'emblée pas à l'écart (modestement) de toute critique (moi aussi, j'ai besoin de reconnaissance, à mon niveau). Je suis impliqué, qq part entre idéalisme et dogmatisme, mais avec beaucoup de détermination.
Voilà j'espère vous avoir un peu intéressés ...
A propos, un grand bravo, Jérôme (et les autres) pour la richesse d'échanges que permet ce type de forum !
Et vive aussi les rencontres humaines directes pour mieux se connaître, s'apprécier.
Laurent Gibet