Après Botrys, nous partons vers l'Est du pays...

TROISIEME PARTIE "Rencontre avec le domaine Le Noble: noblesse oblige..."

Après une petite heure de route depuis Beyrouth et après avoir dépassé les longues files de camions qui vont vers Damas et le Moyen-Orient puis affronté les embouteillages liés au contournement d'un pont détruit en 2006 lors du conflit avec Israël (et sur le point d'être reconstruit), nous arrivons à Jdita, sur les contreforts de la plaine de la Bekaa, avec, au loin, les montagnes de la Syrie.

Nous rencontrons Marwan El Mechelany qui a bien été prévenu par Yvan Jobard. Avec gentillesse, il nous fait visiter ses installations qui ont récemment été modernisées; on constate que le domaine est très petit (il ne compte que deux employés) et que c'est aussi un vin de garage au sens propre du terme... L'hygiène et la modernité des installations nous semble impeccable (on utilise notamment de petites cagettes pour les vendanges et que l'on verra sur une photo ci-dessous).

Une particularité: outre l'emploi ponctuel de saisonniers et en dépit d'installations modernes, le domaine continue à faire appel à quinze bédouines pour l'égrappage, manuel et en finesse, du raisin !!!

Nous goûtons les 2009 qui viennent de terminer leur fermentation alcoolique (les cuvaisons sont, comme à Batroun, de vingt et un jours, environ) et sont encore en cuve. Le Merlot est très beau, sur des arômes de cerise noire (griotte) tandis que le Cabernet Sauvignon est bien structuré (mais quand même plus strict et un peu moins aimable). Marwan El Mechelany considère que 2009 sera un bon millésime (en dépit de la pluie qui est intervenue en fait alors que les vendanges étaient presque terminées).

Nous goûtons les 2008 qui sont encore en fût et pas encore assemblés (les fûts viennent de France et sont récents). Le Merlot est sur le cassis et est très gourmand; le Cabernet Sauvignon est très structuré et richement épicé. Je suis sûr que l'assemblage sera magnifique et donnera un vin très ample.

Nous goûtons ensuite cette cuvée MMVII 2007 en bouteille (le premier millésime d'Yvan Jobard et Louis Tannoury): couleur pourpre, nez de fruits noirs, très bel équilibre et longueur; le vin est assez fermé par rapport aux deux composantes du millésime 2008. Ce vin est à attendre sans doute cinq ans au moins, afin d'en apprécier toute la complexité. Regoûté le lendemain (Marwan El Mechelany nous a offert la bouteille ouverte), il était toujours aussi beau et structuré mais pas beaucoup plus ouvert. J'ai été réconcilié avec ces deux cépages, moi qui n'apprécie plus beaucoup les vins de Bordeaux. Yvan Jobard considère que cette cuvée est déjà accessible et pourra se déguster sur quinze ans.

Marwan El Mechelany nous fait ensuite visiter le vignoble qui a été planté en 1991 et compte huit hectares, pour une superficie totale d'un peu moins de vingt hectares (dont une source en contrebas ainsi qu'un sanctuaire de la Vierge Marie). Les sols sont pauvres, arides et calcaires, pour la plupart, avec du stress hydrique vers le milieu de l'été. La densité de plantation est de 3.250 pieds par hectare. Les rendements des parcelles composant la cuvée MMVII sont d'environ vingt hectolitres par hectare et 3.000 bouteilles ont été produites en 2007. Le vin est vendu en restauration actuellement à 20 Euros la bouteille. J'ai pu acheter deux flacons de 2007 (au prix de 17 Euros pièce). Un tel prix pour un tel vin de garage, on peut dire que c'est un grand vin pour peu de thunes (désolé, je n'ai pas pu m'empêcher ce jeu de mot improbable)...
Ce domaine produit aussi notamment du Chardonnay et de la Syrah et ces raisins sont vendus au négoce (au prix d'1 USD le kilo). Initialement, ce domaine vendait ses raisins à Ksara (qui lui a ainsi recommandé l'achat de plants français).

Au détour de la route du retour vers le chai, nous voyons d'autres vignes qui appartiennent au Clos Saint Thomas (un autre domaine que j'avais initialement l'intention de visiter mais on ne peut pas faire tout ce que l'on veut, faute de temps). Les contreforts de la plaine de la Bekaa sont assez abrupts, en tout cas, et ces vignes semblaient assez haut perchées. De façon générale, on est vraiment dans une zone montagneuse assez aride, très différente de la région côtière qui est finalement proche de ce que l'on connaît tout autour de le mer Méditerranée. Quel dépaysement !

Voici les coordonnées de Marwan El Mechelany: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. (le domaine n'a pas de site Internet). Vous pouvez aussi contacter Yvan Jobard: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Nous descendons ensuite vers la plaine de la Bekaa, afin notamment de visiter Baalbek et le temple de Bacchus. Baalbek est une petite ville agréable, assez touristique Pour y accéder, on traverse, depuis Jdita, des régions où vivent essentiellement des chiites et des bédouins. La terre y est très fertile, presque noire, attestant que cette région est un des greniers à blé du Moyen-Orient. On y trouve aussi de la vigne, cultivée en pergola, essentiellement pour produire du raisin de table. Un beau souvenir, bien que nous ayons passé peu de temps dans cette vallée car il fallait regagner Zahlé au plus vite, afin de visiter un dernier domaine, Château Khoury, situé sur les hauteurs de cette ville chrétienne.