En fin d'après-midi hier, mon frère m'a rendu visite accompagné d'une bouteille au look très "Grande Distribution" pour me faire partager sa découverte ! Ca s'appelle "Botrytis Semillon" de chez Riverina, 2005, capsule à vis, 10°alcool.
Au nez, c'est franchement attractif, miel, fruits jaunes et botrytis.
En bouche, le botrytis est exubérant, il laisse peu de place à la pêche et aux agrumes qui se font ressentir par la suite.
C'est là que ça bascule, au final on est écoeuré tant le sucre, en grande quantité (>200g/l), est grossier et l'acidité imperceptible.
Ca donne franchement l'impression d'un ajout massif de sucre !
D'où ma question !

Peut-être, sûrement ... mais que je sache, la chaptalisation n'est pas interdite en Australie. Ni en France dans les plus grands terroirs

Dans ce cas, on parlerai plutôt d'édulcoration.

En me relisant, c'est vrai que j'ai pas été clair, ma question était de savoir si c'était autorisé là-bas et dans quelle mesure ?
Maintenant je sais qu'ils y ont droit mais dans les mêmes proportions qu'ici ?

Gaultier,

Il me semble que Riverina est la région, non le nom du producteur. En effet cette région, située en Nouvelle Galles du Sud, est la plus connue, sinon la seule, des région productrices de botrytis en Australie.

En général, je trouve aussi que les arômes du botrytis écrasent les arôme du cépage, c'est pourquoi je préfère par exemple les vendanges tardives au vins botrytisés (SGN).

J'ai goûté il y a peu le Botrytis semillon 2005 d'Elderton, produit à Riverina, j'ai assez apprécié, ni plus ni moins qu'un vin botrytisé d'Alsace ou qu'un Tokay. Pour ce qui est du taux de sucre, il me semble qu'il est le même en Australie qu'ailleurs, plus de 200 g/l (si pas de 250 g/l pour les SGN alsaciens) et, si je ne me trompe, jusqu'à 300 g/l pour un Tokay 6 Potonyos.

Je trouve que ce côté grossier et ecoeurant tient plus du botrytis que de la région productrice.

Pour répondre à la question, si la chaptalisation est certainement autorisée en Australie, elle n'est sans doute pas fort utilisée vu le climat en général, et je doute que dans le cas d'un SGN ce soit le cas.

je ne trouve pas que le botrytis ait pour caractéristique de générer des vins grossiers et écœurants. J'ai même tendance à penser le contraire puisqu'il se conjugue souvent avec une belle acidité, à l'inverse des vins passerillés.

Je trouve que ce côté grossier et ecoeurant tient plus du botrytis que de la région productrice.

Cette réflexion montre une méconnaissance du processus de botrytisation. Le botrytis s'attaque au raisin pour sa richesse en sucre et ne s'intéresse guère aux acides contenus dans le jus. Du coup, plus la botrytisation avance, plus la proportion sucre/acides se modifie en faveur des seconds (seule la perte importante en eau permet une plus grande concentration en sucre). Un vin issu d'un raisin très botrytisé est beaucoup plus acide que celle d'un vin issu d'un raisin qui l'est peu. Ca se constate à la dégustation du raisin et du vin.

- les raisin en "pourri plein" manquent cruellement d'acidité et sont "plats". Les raisins en "pourri rôtis" ont une acidité impressionnante.

- les vins de vendange peu botrytisée (et chaptalisés pour qu'ils ressemblent à des liquoreux) sont écoeurants et peu acides. Ce qui est logique : non seulement le botrytis n'a pas eu le temps de s'attaquer au sucre pour rééquilibrer la balance sucre/acidité, mais on rajoute encore du sucre là-dessus !

- les vins de vendange très botrytisée ont une "colonne" acide très importante limitant sérieusement toute sensation écoeurante.

Même chez un producteur qui fait bien sont travail sur l'ensemble de sa gamme de liquoreux, il est flagrant que les vins les plus riches en sucres sont aussi ceux qui ont le plus d'acidité.

Intéressant...

Je n'ai peut-être pas goûté de bons exemples alors...

C'est ce que l'on dit des liquoreux allemands, un taux de sucre énorme mais une forte acidité qui équilibre bien l'ensemble....

Robert75 écrivait:

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> Je n'ai peut-être pas goûté de bons exemples
> alors...

Certainement ! Et ça se vérifie facilement avec les TBA qui ont parfois des acidité "monstrueuse" !

Bonjour,

Je reviens à l'instant d'un voyage dans la Barossa Valley... Pour ce que j'en ai vu et à ma grande surprise la chaptalisation n'est pas autorisée sur les rouges... en même temps au vu du climat en auraient-ils vraiment besoin? Le probleme se pose d'ailleurs plutôt à l'inverse....
Pour les liquoreux je ne connais pas la loi ... mais ce que je peux vous dire c'est que pour les botrytis "génériques" des grands (en taille) domaines australiens (en tout cas pour les 2 que j'ai vu) la pourriture noble n'est pas obtenue par voie tout à fait "naturelle" comme chez Yquem (soleil qui chauffe le petit ruisseau d'à côté - le Ciron si je me souviens bien - ce qui crée de la brume et donc du botrytis...enfin c'est ce que j'ai compris)... mais est provoquée artificiellement en arrosant mécaniquement les raisins au moment où le soleil tape. Donc pour eux c'est prise de botrytis à tous les coups.
En outre il n'y a pas de sélection des grappes suivant le niveau de prise de pourriture noble. En fait ils prennent et pressent toutes les grappes sans trier.
D'où peut-être une prise de pourriture noble plus "brutale" et donc moins d'élégance .... Mais ce ne sont là que mes propres conclusions et peut-être que des specialistes de la vinification pourraient confirmer ou infirmer mon propos.

Cordialement

Raoul

Voilà qui est intéressant et qui explique effectivement cette éxubérance de botrytis !
Par contre, je suis sur le c** !
Prions pour que ça ne donne pas d'idées aux producteurs en Europe !
Et que ceux qui voulaient faire du rosé en mélangeant du blanc et du rouge, n'aient pas de nouveau une idée saugrenue en l'autorisant ici !
Profitons-en avant que l'Europe n'uniformise la législation sur les vins, ce n'est pas au programme à ma connaissance, mais ça ne saurait tarder !