La Cave Ste-Anne (Héritier-Favre) à  Sion a fêté cette année ses 70 ans. Cette maison aux traditions bien ancrées a engagé voici trois ans un directeur dynamique et passionné: Pierre Devanthéry. Sans renier les crus qui, à  l'image de la ligne Ste-Anne, ont fait la réputation de l'entreprise sédunoise, cet ancien cadre de La Poste, passionné par les grands vins du monde, a immédiatement apporté sa touche. Principal résultat : la création de vins estampillés "3e Millénaire". Objectif avoué : toucher des consommateurs plus jeunes que la clientèle traditionnelle de la maison. Les trois assemblages proposés - un blanc, un rouge, un liquoreux - bénéficient d'un habillage résolument moderne et les deux premiers sont vendus dans des bouteilles 50 cl.

"Nous voulions conserver une certaine cohérence en matière de prix. Ce conditionnement permet de rester dans des normes acceptables, justifie Pierre Devanthéry. De plus, ces petites bouteilles sont appréciées en restauration et nous en avons davantage à  proposer à  nos clients.

Recette en évolution

Baptisé "4e dimension", l'assemblage blanc est encore en phase d'étude. Avec le millésime 2000, premier du genre, il s'agissait d'un mariage d'arvine, de malvoisie, de chasselas et de muscat. L'année suivante, la formule a complètement changé. Chardonnay et johannisberg sont complétés par une tombée de muscat (5%), histoire d'apporter une touche aromatique et une complexité supplémentaire. "La composition du vin est encore en évolution", précise Rodolphe Roux, l'Å“nologue maison. "C'est pour lui une sorte de formation continue. Je lui laisse toute latitude pour réaliser son vin", renchérit le directeur.

Reste que le résultat est déjà  très intéressant. Le millésime 2000, avec son nez suavement miellé, fait preuve de finesse et d'une jolie ampleur dans une bouche certes un peu courte. Le 2001 joue entre le fruité du chardonnay (ananas, fruit exotiques) et la structure du johannisberg. Beaucoup de gras et une belle longueur pour ce vin agréablement charnu et frais.

Son alter ego en rouge, "Le Sorcier", a par contre déjà  trouvé ses marques. Avec son nom évoquant à  la fois le voisinage de la Tour des Sorciers et l'alchimie présidant à  la réalisation d'un vin d'assemblage, il n'a pourtant rien à  voir avec une quelconque potion peu ragoûtante.

Le rôle des barriques

Unissant les qualités du cornalin, de l'humagne rouge, du diolinoir et du pinot noir, cet assemblage a fort belle allure."La recette devrait rester définitive. Par rapport au premier millésime, nous avons diminué la proportion de pinot noir. Cornalin et diolinoir représentent 60%, les deux autres cépages se partageant le reste", explique Rodolphe Roux. L'autre modification concerne l'âge des barriques. Désormais, seul le diolinoir est vinifié en fûts neufs. "Nous allons jouer là -dessus en fonction de la qualité de chaque vendange, de la strucutre des vins", confirme le vinificateur.

Ces changements se retrouvent dans les vins. Le nez du 2001 est davantage toasté et les notes de café dominent les fruits noirs. La bouche est complexe, avec de jolis tannins à  la fois fermes et fins. Comme son prédécesseur, le 2002 possède une belle robe d'un rubis profond assorti de nuances pourpres. Là , le fruité est dominant. Tant au nez qu'en bouche, les baies rouges et noires se disputent la vedette. Le tout en harmonie et en fraîcheur avec de jolis tannins déjà  bien enrobés.

En route pour le 7e Ciel

La ligne vedette de la Cave Ste-Anne possède un autre atout : son liquoreux baptisé "7e Ciel". Le premier millésime, le 2000, est aujourd'hui en pleine maturité. Il s'agit d'une pure malvoisie répondant aux critères de l'exigeante Charte Grain Noble ConfidenCiel. Ses arômes de fruits confits - abricots, ananas, coing - et son harmonie font aujourd'hui merveille. En 2001, on a opté pour un assemblage d'ermitage et de malvoisie. Le nez est bien typé ermitage avec ses fragrances évoquant l'alcool de framboise et la truffe. La bouche fait preuve d'une belle liqueur et d'un équilibre très intéressant entre acidité et sucrosité. Ce vin a lui aussi obtenu le label Grain Noble ConfidenCiel.

Sachez encore que le 2002, toujours en barriques, est un pur ermitage. "Nous maintiendrons cette option, d'autant plus que nous disposons désormais de nouvelles parcelles d'ermitage et que nous pourrons utiliser toutes les vieilles vignes pour notre grain noble", conclut Pierre Devanthéry.

Tiré du Journal de Sierre - 20 novembre 2003

Message edité (20-12-2003 11:09)