« Le Quinté Sens Club de Bordeaux », club de dégustation officiel, s’est attaqué aux vins blancs de Loire cette semaine, en cadrant seulement 2 cépages (Chenin et Sauvignon).
Tous les vins sont dégustés à l’aveugle et les notes prises qui suivent le sont également. Le « jeu » de la soirée consiste à retrouver les cépages (exercice qui s’avère assez simple), les millésimes et appellations (exercice déjà plus difficile mais auquel certains réussiront).
1) Domaine Huet, cuvée Le Mont, appellation Vouvray, millésime 2006 (Chenin)
- Robe claire, paille et brillante
- Nez d’une intensité correcte sur les agrumes avec notamment le citron.
- Bouche souple, bien équilibrée, dotée d’une acidité modeste s’exprimant au sein d’un gras généreux et d’une concentration correcte ; d’une belle longueur, le vin s’exprime autour d’une palette gustative en accord avec la gamme aromatique introductive, bien que peu vive.
Noté 15/20
Il est ma seul inversion de cépage de la soirée en raison du côté « agrume » que je relève.
2) Domaine de la taille aux loups, cuvée Rémus, appellation « Montlouis sur Loire », millésime 2006 (Chenin)
- Robe paille, aux reflets cuivrés légers
- Nez d’une bonne intensité sur des notes de pomme cuite et de poire.
- En bouche, le vin se montre bien sec et d’un bel équilibre avec un joli fruit rappelant la pomme et le coing. D’un toucher ambiguë (entre gras et aqueux), le vin offre un certain plaisir et est d’une longueur correcte.
Noté 15,5/20
3) Domaine Henri Bourgeois, cuvée La bourgeoise, appellation Sancerre, millésime 1999 (Sauvignon)
- La robe est or, brillante et intense
- Le nez, d’une très belle intensité, exhale des senteurs de bourgeons de cassis, de fleurs blanches et de citron.
- En bouche, l’attaque est un peu molle et déçoit d’un manque de concentration en raison des arômes qui laissaient espérer bien plus. Le toucher est gras, l’équilibre est bon et le fruit est de belle qualité.
Noté 16/20
4) Domaine des roches neuves, cuvée L'insolite, appellation Saumur, millésime 2005 (Chenin)
- La robe est or aux reflets cuivrés légers.
- Le nez rappelle des notes oxydatives avec notamment la pomme cuite. Il est d’une intensité modeste.
- En bouche, le vin présente un bel équilibre, il est bien fait sans être extraordinaire mais dans la suite logique du nez. D’une longueur correcte, le vin est assez bien apprécié.
Noté 15/20
5) Domaine Alphonse Mellot, cuvée Génération XIX, appellation Sancerre, millésime 2005 (Sauvignon)
- Robe paille très claire avec un bel éclat et de nombreuses larmes
- Le nez est d’une intensité modeste et laisse entrevoir des senteurs citronnées
- La bouche est d’une acidité remarquable et informe le dégustateur de son potentiel d’évolution. Cependant, je trouve que le vin se goûte mal, il est un peu fermé et je ne réussit pas à rentrer dans son jeu...
à revoir pour moi
6) Nicolas Joly, Clos de la coulée de Serrant, appellation Savennières, millésime 1999 (Chenin)
- La robe est ambrée, vieil or et offre quelques larmes
- Le nez est d’une très belle intensité et d’une remarquable complexité, alliant la pomme cuite, l’abricot sec, le miel et la cire. D’une expression sucrée, confite, il me transporte à lui seul.
- La bouche est sèche à mon grand étonnement et d’une pureté emblématique. Le vin étonne le dégustateur par la dissociation qu’il présente entre ses parfums et ses saveurs. D’une minéralité enfin digne de ce nom, la bouche révèle des caractères pomme poire associés à une très légère note d’oxydation subtilement dosée pour complexifier le vin sans l’écraser. D’une belle longueur, ce vin se démarque franchement des précédents.
Noté 17,5/20
7) Didier Daguenau, cuvée Pur sang, appellation Pouilly Fumé, millésime 2005 (Sauvignon)
- La robe est paille, brillante
- Le nez, d’une très grande intensité, est incontestablement sur le bourgeons de cassis et le citron. Aussitôt, je reconnais la patte de D Daguenau et ce millésime si réussit.
- La bouche est d’un bel équilibre et d’une intensité remarquable. Il y a une belle acidité et une minéralité sans équivoque, offrant au vin non seulement beaucoup de tenue, mais aussi une longueur terrifiante.
Noté 17,5/20 ce vin est sur le podium des secs de la soirée avec Le Clos de la Coulée de Serrant, deux vins si différents.
8) Didier Daguenau, cuvée Silex, appellation Pouilly Fumé, millésime 2004 (Sauvignon)
Je suis un peu déçu car nous avions commandé le 2005 pour comparer ces deux dernières cuvées, mais il y eut une affreuse erreur relevée à la livraison... Ce fut tout de même intéressant pour moi de découvrir ce vin dans ce millésime. Je n’avais alors dégusté que le 2000 et le 2005, ce 2004 se situant qualitativement entre les deux.
Bref, laissons place au récit...
- La robe est paille, comparable au pur sang.
- Le nez est bien plus discret mais joue sur les mêmes arômes. Malgré ma méconnaissance du millésime, de « joue » encore pour une cuvée de M. D Daguenau, ce qui me permet d’avoir un résultat final honorable... (Ouf)
- La bouche est là encore la suite logique, il y a certes de la minéralité et l’équilibre est bon, mais la concentration est inférieure et son passage derrière le 2005 le fait un peu souffrir...
Une belle bouteille tout de même, notée 16,5/20
PLACE AUX VINS DOUX ! ! ! !
9) Domaine Huet, cuvée Le Clos du bourg, appellation Vouvray, millésime 1996 (Chenin)
- La robe est assez claire
- Le nez est d’une bonne intensité, mais je pense que l’on doit attendre plus des vins de Loire à caractère sucré.
- En bouche, c’est élégant, on ressent des saveurs de coing, mais ça manque nettement de complexité et de concentration à mon sens.
Noté 14/20
10) Domaine René Renou, cuvée Zenith, appellation Bonnezeaux, millésime 1999 (Chenin)
- La robe est or, brillante et aux larmes généreuses.
- Le nez, d’une assez bonne intensité évoque la cire, le miel et la marmelade d’orange.
- En bouche, la structure est sirupeuse, offerte par un fort dosage ressenti en sucre. Une pointe d’acidité évite au vin de s’effondrer mais ce dernier ne manque pas de souffrir d’une minéralité absente et qui pourtant lui aurait offert une meilleure tenue... Dommage.
Noté 15,5/20
11) Domaine de la Juchépie, cuvée Quintessence, appellation Coteaux du layon, millésime 2002 (Chenin)
- La robe est ambrée, vieil or avec de belles larmes
- Le nez est d’une belle intensité, sur le caramel, la confiture d’abricot et la tarte tatin
- En bouche c’est un monument ! Les arômes introductifs se transforment en saveurs et sont soutenus par une acidité qui s’accorde parfaitement avec la densité en sucre, offrant au vin une tenue immense dans une expression envoûtante. Tout le monde est comblé, les avis convergent quant à la grande qualité de ce vin qui compte parmi les meilleurs vins blancs doux dégustés à ce jour.
Un domaine que j’ai eu la chance de découvrir lors des dégustations en primeur cette année à Bordeaux, dans le cadre de Biodyvin (vins inscrit dans une démarche biodynamique). C’est une propriété dirigée par un couple fort aimable et qui propose des vins à tarifs intéressants sur l’ensemble de la gamme (sec et liquoreux).
Je suis assez content d’avoir retrouvé ce vin à l’aveugle… Il ne me manque que le millésime, et c’est là qu’il y a un hic ! En effet, ce 2002 a connu le botrytis contrairement au 2004... Honte à moi d’avoir confondus ces deux millésimes (heureusement que Sylvain aura relevé le niveau !)
Noté 18,5/20
12) Domaine du petit metrie, appellation Quart de chaume, millésime 2003 (Chenin)
- La robe est or, étincelante et présente de nombreux reflets dorés.
- Le nez est d’une bonne intensité et s’exprime ) travers de jolis fruits comme la pêche, la poire et les fleures blanches.
- En bouche c’est élégant, riche, d’une bonne tenue et d’une belle longueur.
Noté 17,5/20
Ces deux derniers vins, de style très différent sont selon moi de très belles réussites qui se complètent parfaitement dans une cave.
Une très belle dégustation orchestrée par nos deux compères du domaine de la Solitude à Pessac Leognan, et qui a su montrer le grand potentiel de cette région souvent méconnue des Bordelais que nous sommes. Les cépages Chenin et Sauvignon offrent des palettes de parfums et de saveurs si différentes qu’il est difficile pour un dégustateur de na pas trouver son bonheur ! De plus, quand l’on s’aperçoit objectivement, grâce à nos sens, qu’un même cépage comme le Chenin peut présenter des facettes aussi variées, le raisonnement précédent n’en ai qu’accentué.
Bravo messieurs Vignerons !
Très Cordialement,
JU