Philippe (Melake),
c'est un salon qui mérite vraiment le (très long) détour que tu étais tenté de faire. Avec deux amis, je suis retourné à Saint Aubin de Luigné avec la joie au coeur. Sorte de pélerinage des vins d'Anjou, devenu l'un des moments forts de l'année. Les 700 km dans la journée sont bien vite oubliés : on y goûte de très jolis vins, on y rencontre des vignerons talentueux dans une ambiance chaleureuse et détendue et bien entendu on croise nombre de passionnés (dont pas mal de LPViens), qui reviennent pour la plupart dans ce lieu si accueillant (une très belle salle dans un lieu classé).
Comme Laurent, je n'ai pas pris de notes, car la magie du lieu incite plus au butinage et à l'échange. Reste de jolies bouteilles :
- chez Leroy, les 2006 gagnent encore en précision par rapport aux millésimes précédents, en netteté de définition, avec un côté droit et brillant que je n'ai que rarement rencontré dans un vin aussi jeune. Pour Richard, c'est son meilleur millésime. Autant sur 2002, j'ai pu reprocher un boisé un peu trop appuyé sur Montbenault, autant sur ses 2006, il me semble qu'il a trouvé l'adéquation quasi idéale.
Son Clos des Rouliers se goûtait déjà très bien, doté d'une belle acidité "tranchante" (on y retrouve l'acidité caractéristique des vins issus de schistes), à tel point que cela peut évoquer un riesling.
Le Noëls de Montbenault est une réussite sans pareil : plus réservé, plus volumineux en bouche, possèdant plus de matière et de puissance que le Clos de Rouliers. Un vin de grande classe et de grande garde. A 16 €, c'est vraiment donné !
Il faut voir Richard à l'affût des commentaires des dégustateurs, passionné, qui aime partager sa passion et qui s'échappe souvent pour discuter avec ses collègues, avec les amateurs. Je regrette de ne pas avoir eu le temps d'aller faire le tour des vignes puis de déguster chez lui.
Comme l'année passée, les Nourrissons de Stéphane Bernaudeau constitue l'autre cuvée phare (en sec) de ce salon, à mon goût : un style net, droit, concentré. Un grand chenin sec d'Anjou, que ce soit sur 2004 que sur 2005 (plus réservé, en dedans, mais à la matière impressionnante).
Angéli : de jolis vins, avec un Fouchardes 2006 dans un style sec tendre. Dommage qu'il n'ait pas fait goûté les VV Blanderies ou les Vignes Françaises, apparemment à l'équilibre bien plus secs ? il faudra que j'en ouvre précocément pour la science
Son Coteaux du Houet 2006 est un bien joli moelleux, dans le style gourmand qui caractérise les vins d'Angéli.
Cyril Lemoing confirme la belle qualité de son travail et son talent à produire des vins équilibrés et intéressants. Il a déjà vendu ses 2006. Il ne faudra pas tarder pour ses 2007 (millésime difficile, car peu de vins au final, mais de très belle qualité, selon nombre de vignerons présents sur le salon).
Pour la première fois, j'ai bien goûté les secs 2006 de Jo Pithon, en particulier sa cuvée Les Treilles (Anjou), issue de jeunes vignes, plantées sur des pentes vertigineuses, selon Mme Pithon (travaillées à l'aide d'un chenillard, provenant de Suisse).
J'ai mieux dégusté les Anjou secs de Stéphane Pz (dont Bout de Chemin 2006) que l'année dernière : les vins étaient servis à meilleure température. Du joli travail, à prix très raisonnable. On est encore éloigné de la qualité de Cyril Lemoing (plus sûr dans ses choix, probablement), mais tout cela est fort prometteur. Je salue au passage la gentillesse et l'écoute de Stéphane, un vigneron charmant, comme la plupart sur le salon.
Belle dégustation chez René Mosse, avec un Clos des Bonnes Blanches 2006 très minéral et doté d'un potentiel de vieillissement indéniable. La cuvée La Joute 2005 (en magnum) m'est apparue plus austère, mais avec une puissance et une matière impressionnante. Enfin, la cuvée Marie Besnard 2004 possède une complexité qui m'a enchanté et mérite encore de sommeiller en cave, à mon goût.
Didier Chaffardon semblait plus calme, plus souriant, ce samedi. Apparemment, un mal de dos le contraignait à rester assis la plupart du temps. Un style très particulier, peut-être trop travaillé avec des élevages appuyés (Isidore 2005 marqué, mais à la matière mûre, intéressante). L'Anjou sec 2004 se goûtait bien.
Dans le genre "vins naturels", i.e. sans soufre ajouté, j'ai beaucoup apprécié la cuvée Gilbourg de Benoît Courault, un 100% chenin frais, équilibré, avec ce côté glissant et gouleyant propre aux "sans soufre" réussis.
En rouge, ma préférence va à Olivier Cousin, dont un Groslot intéressant, coulant. Mention spéciale pour le rouge (nouveauté !) de Stéphane Bernaudeau, que j'avoue avoir préféré sur le coup à celui de Cyril Lemoing. La cuvée (?) de Benoît Courault est aussi convaincante. décidément, il se distingue de la nouvelle génération, avec JC Garnier. Je suis passé à côté des vins du domaine des Griottes, dont un cabernet sauvignon des plus réfractaires, au nez poulailler des moins avenants ; même la "p'tite gâterie" (gamay) ne m'a pas procuré autant de plaisir voluptueux que l'étiquette promettait.
J'ai remarqué que 5/6 domaines proposent un "Rosé d'un jour" (Cousin, Chaffardon, Courault, etc.) à la suite de Mark Angéli. Souvent de jolis rosés, tendres. Une sorte de porte-étendard de la mouvance "Angéli", qui appelle l'amitié et les plaisirs simples.
Voilà, pour toutes ces raisons (non exhaustives
), ce salon est désormais un
must.