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Laville 47, Mission 48, 26, 29 avec mon ami américain au Chapon Fin

  • François Audouze
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En retrouvant mon ami et son fils à Bordeaux au Chapon Fin le samedi soir, c’est avec étonnement que je constate qu’ils sont dans une forme éblouissante. Nous sommes cinq autour de la table pour le dîner final, rejoints par un couple d’amateurs de vins bordelais jeunes et fort sympathiques. J’étais venu à 16 heures pour ouvrir mes deux bouteilles. Celles de mes amis sont ouvertes au dernier moment. Nous aurons un amuse bouche en forme d’émulsion au foie gras, une langoustine au caviar, un Saint-pierre et un roboratif pigeon délicieux.

Le Château Laville Haut-Brion 1947 est très différent du 1945 que nous avions bu il y a seulement huit jours, lors du premier dîner de la longue série de mon ami. Le 1945 était d’une puissance généreuse. Celui-ci est plus subtil, un peu plus élégant, mais n’a pas la classe du 1945.

Nous commençons les rouges par le Château d’Issan 1899 que j’avais ouvert à 16 heures, et dont le parfum m’avait plu. Il sentait la confiture de framboise et évoquait les fûts de chêne. Hélas, en processus de décoloration, le vin tourne en vinaigre. Cette bouteille, reconditionnée et rebouchée au château en 1999 n’aurait jamais dû être rebouchée. Car la blessure qu’elle affiche aujourd’hui n’est pas récente. Elle eût dû être détectée à ce moment là. Fort heureusement ma deuxième bouteille, Mission Haut-Brion 1948, est parfaite. La couleur est belle, d’un rouge profond, l’odeur est de truffe et le goût est intense, puissant, envahissant de plaisir. Très évocateur de Mission, ce vin est très plaisant.

Le Château Talbot 1926 est très romantique, très aérien, délicat. Un vin fort agréable à boire qui fait contraste au Mission Haut-Brion 1926, d’une année de pleine réussite pour les Graves, un peu plus léger que le 1948. Ce vin a une trame parfaite, emplit la bouche d’un liquide serein, structuré qui rassure sur la beauté de son terroir d’origine. Cette bouteille a été parfaitement reconditionnée en 1979.

Je savais que mon ami allait apporter Mission 1926 et c’est à dessein que j’avais choisi le 1948. Le troisième compère, en apportant Mission Haut-Brion 1929 ne connaissait pas nos apports. La surprise n’en fut que plus belle, d’autant plus que son vin fut pour tous le plus parfait des trois. Mission 1929 est intéressant parce qu’il montre que les dimensions d’un vin sont sans limite. On se plait avec le 1948, on applaudit la structure du 1926, et le 1929 vient montrer qu’il existe un Mission Haut-Brion qui est la synthèse de tout. D’un équilibre majeur, sans aucune faute de goût, ce vin est « la » définition de Mission. Vin de plaisir où tout semble facile, tant c’est brillamment exécuté.

Le Château Doisy 1922 est un régal. C’est un sauternes que l’on pourrait qualifier de léger, de peu sucré, mais qui n’en dégage que mieux ses subtiles qualités. J’adore ces sauternes qui suggèrent plus qu’ils n’assènent des vérités.

Nous avons voté, comme on le fait habituellement dans mes dîners. La Mission 1929 recueillit quatre votes de premier sur cinq votants. Le Laville 1947 eut un vote de premier. La moyenne des votes serait : Mission 1929, Mission 1948 ex aequo avec 1926 et Laville 1947.

Mon vote est : La Mission 1929, Laville Haut-Brion 1947, La Mission 1926 et La Mission 1948.

Ce dîner mettait un terme au voyage extraordinaire de mon ami américain en terres françaises où il distribua 24 bouteilles de nos plus grands vins à de nombreux acteurs du vin. Je suis fier d’avoir partagé le premier et le dernier dîner de son périple avec des vins de première grandeur. Nous nous sommes promis de nous voir au moins trois fois par an. Il y a tant de grandissimes bouteilles qu’il nous faut partager avec nos enfants.


Cordialement,
François Audouze
18 Avr 2007 22:39 #1

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Je cite juste, car je suis bluffé, les vins que mon ami américain a bus entre le premier dîner avec Mouton 45 et le dernier dîner raconté ci-dessus. Ceci explique pourquoi je suis étonné quils soient, le père et son jeune fils, en bonne forme :

J’ai noté les vins qu’il m’a énoncés, car c’est assez incroyable. On aura à l’énoncé des vins une idée soit du lieu, soit des compères de table. Je le laisse deviner.

Le lundi : magnum de Dom Ruinart blanc de blancs, Haut-Brion blanc 1978, Bouscaut blanc 1947, Ausone 1945, Taillefer 1945, Château Margaux 1924, Pichon Comtesse 1924, Latour 1924, Vouvray Huet 1924, Château d’Arche 1921. La quasi totalité des vins étaient offerts par mon ami, qui poussa le raffinement jusqu’à offrir à ses invités des cigares cubains de 1921.

Le mardi, champagne Billecart-Salmon, Domaine de Chevalier blanc 1987, 1977, 1967, château Bravet 1947, La Gaffelière 967, Domaine de Chevalier rouge 1957, 1947, 1937, Château La Respide 1917, Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1985, Château Guiraud 1926, et des cigares Montecristo 1960.

Le mercredi en petit comité, Haut-Brion blanc 1971, Le Pin 1985, Vieux Château Certan 1952 et Yquem 1962.

Le jeudi : Pavillon blanc de Margaux 1993, Château Margaux 1989 et 1985, Bollinger 1952 et une demie Yquem 1983.

Le vendredi midi : Krug 1988, Haut-Brion blanc 1975 et Gruaud Larose 1949.

Si je cite ces vins de repas où je n’étais pas, c’est pour montrer la passion de cet américain généreux.


Cordialement,
François Audouze
18 Avr 2007 22:45 #2

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Bonjour François,
Petite question. Lorsque j'ouvre un vin présentant un vrai défaut (grosse réduction, bouchon, piqure etc), j'ai d'énormes difficultés à enchainer sur la bouteille suivante.
N'ayant jamais l'occasion d'ouvrir des bouteilles similaires (même de très très loin:) ),je m'interroge sur le risque que présente une bouteille défectueuse de te flinguer le palais, ce qui serait terrible, un peu comme se réveiller enrhûmé le jour de la dégustation de vins d'une telle finesse.

Le goût de vinaigre du Issan 99 ne vous a-t-il pas gêné pour enchainer sur les vins suivants et si oui, comment vous êtes vous débarrassés de ces arômes prégnants?
19 Avr 2007 10:42 #3

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Ma remarque sur le vinaigre est très excessive. Le vin était buvable.
J'étais surtout vexé de deux choses :
- ne pas avoir une bouteille parfaite, car c'est ma fierté
- m'être fait avoir quand je l'ai achetée, car le vendeur m'avait certifié qu'elle était géniale.

Je n'ai jamais de vin aussi catastrophique que ce que tu décris, car si je m'en aperçois, je l'enlève. Là, l'odeur me paraissait prometteuse à l'ouverture cinq heures avant.


Cordialement,
François Audouze
19 Avr 2007 12:55 #4

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