Voici quelques détail sur les vins. Je n'ai pas pris de notes le soir-même (le soirée ne s'y prêtait pas vraiment). Ce seront donc plus des impressions que des compte-rendus ultre précis...
Servi en verre de bienvenue du jambon ibérique (serrano et bellota) et du pâté en croûte
Albino 2001, Sine Qua Non (Californie, 46% chardonnay, 40% roussanne, 14% viognier): robe or pâle. Nez puissant mais fin et élégant sur la bergamotte, le chèvrefeuille, l'ardoise et le cèdre. Bouche ample, sphérique, avec une matière dense, séveuse, d'une grande puissance aromatique. Fraîcheur et équilibre sont au rendez-vous dans ce vin qui affiche tout de même 15.1% Longue et puissante finale sur la bergamotte et le bois précieux.
Ce qui épate dans ce vin, c'est son élégance toute en retenue, alors que les cépages et le degré annoncés pourrait laisser imaginer un vin plus exubérant. Bluffant, malgré tout
Servi sur des dés de foie gras et pêche rôtie & croûte de pain d'épices:
Champagne Beaufort Polisy 1988 demi-sec (dégorgement 2004!): La robe est dorée, moins évoluée que je l'aurais cru. Le bulle est fine, mais bien présente. Le nez est intense et d'une grande complexité sur la pomme rôtie au beurre, l'encaustique (notes de cire et de thérébentine) , les fruits confits, la brioche et le genièvre. L'attaque est vive pour un champagne de 18 ans, mais c'est surtout l'ampleur qui impressionne: un véritable uppercut en bouche! C'est d'une densité et d'une vinosité incroyable. Tout le monde est ébahi! Le côté demi-sec ne se fait pas du tout sentir grâce à une minéralité prégnante. Grande et belle finale.
Eblouissant!
Servi sur des ris de veau aux morilles & zestes d'orange:
Château de Roquebrun 2004, Saint Chinian blanc (70% vieilles vignes de roussanne, 30% grenache): robe d'un bel or, présence de larmes. Nez sur l'orange confite, les fruits jaunes, la brioche dorée et la vanille. Bouche ample, grasse, soyeuse, aux arômes exubérants d'agrumes confits (on y retrouve beaucoup plus la roussanne que dans l'Albino). Bel équilibre toutefois, et de la fraîcheur.
Beau numéro que nous fait ce vin qui a remplacé à la dernière minute un vin défaillant
Servis en parallèle sur des ris de veau aux cépes, sauce vigneronne (échalotte, cèpes, bacon):
Château Talbot 1966: robe très évoluée avec des reflets vermillon. Nez sur le sous-bois, le cuir, le lard fumé, l'encens (benjoin) et le fruit noir confit en note de tête. Attaque nette, bouche large, très expressive en début de bouche, suivie d'un decrescendo lent mais inéluctable.
Finale assez courte. Le vin est en fin de vie mais délivre un beau chant du cygne.
Richebourg 1982, DRC: robe rouge orangée assez fluide. Nez sur la griotte, la rose séchée, l'humus et la boîte à cigare. Une superbe acidité soutient le vin de bout en bout jusqu'à une finale interminable. En style, c'est l'opposé du vin précédent. Il n'est pas franchement impressionnant à l'attaque, mais après, il dure, il dure... Les propos de Hubert de Montille dans Mondovino sont ici parfaitement illustrés... Ici, aucune explosion en bouche: vous avez l'impression de n'avoir qu'un fil de votre bouche à votre gorge, mais ce fil irradie: frais, vif, intense, d'une précision incroyable, aux saveurs de cerise et de ronce. Et c'est long, très long...
Servi sur des souris d'agneau aux girolles:
Château Leoville Barton 1995: robe grenat sombre, très peu évoluée. nez assez intense sur les fruits noirs un peu confits, le tabac et le cèdre. Avec bien plus de vigueur, bien sûr, et des tannins plus solides, la bouche s'apparente étonnamment au talbot précédent. C'est émouvant de sentir cette parenté entre ces Saint-Julien à 29 ans d'intervalle. Le Talbot s'éteint. Le Barton n'en est qu'à son adolescence (early maturity diraient nos amis anglophones). Sa puissance demande encore à s'épanouir. Ses 3 heures de carafe l'ont ouvert et arrondi. Mais 10 ans de plus en bouteilles lui seront profitables.
Servi sur une chantilly de gorgonzola, puis sur un ananas & mangue rôti, sorbet à la clémentine:
Monbazillac 1997, cuvée de l'Abbaye, Domaine de l'Ancienne Cure (90% semillon, 10% muscadelle): robe ambrée. Nez sur le raisin de corynthe, l'orange confite et le miel. Bouche ample, riche, soyeuse d'une très grande intensité aromatique. Très grande richesse en sucres, mais équilibré par une acidité assez énorme (on sent en arrière-bouche une acidité volatile élevée). Vin exubérant mais toute en finesse, et aérien, somme toute
Si je devais classer les vins "à la François", je dirais 1-le champagne 2- l'Albino, 3-le richebourg. Mais ça n'a peu de sens de comparer des vins si différents, qui avaient tous de belles choses à dire
Eric