Repas chez Emmanuelle et Jean-Luc Germain
Samedi 20 mai 2006
Une production Ganesh Club
Le contexte :
Merci à Emmanuelle et Jean-Luc (JLG) pour cette invitation amicale et conviviale dans leur maison des proches environs toulousains.
Outre nos hôtes, sont présents Cathy et Alain Girault, Jocelyne Puibusque, Laurent Gibet (LG), Jacques Prandi et Pascal Perez (PP).
Leur fils Richard et son ami Julien Ruiz, élèves à l’école hôtelière de Toulouse, sont aux manettes pour préparer l’intégralité du repas et mettre ainsi en pratique leurs fraîches connaissances. Il est particulièrement touchant, et ceci est bien entendu encore plus vrai pour leurs parents, d’assister à l’éveil culinaire technique et sensible de ces deux adolescents. Pour leurs compétences, leur enthousiasme et leur disponibilité, bravo et merci à eux :
- Sablés aux saucisses et herbes de Provence ou au Chèvre, miel et toujours herbes de Provence
- Huîtres à la béchamel gratinée ou plus classiquement au vinaigre et échalote
- Foie gras poêlé, magret séché maison et semoule aux fruits secs
- Pavé de saumon en papillote, riz pilaf, tuile au parmesan et gruyère, piquillos à la brandade de morue
- Granité au Curaçao bleu
- Escalope de dinde panée à la poudre d’amande, champignon farci aux légumes, peau de courgette au curry
- Petits chèvres aromatisés à la papaye, à l’ananas, à la poire, aux airelles, à la ciboulette ou au poivre
- Tarte aux poires et crème d’amande, sorbet à la cerise
VdP : Vin de Pays. VdL : Vin de Liqueur. ED : échantillon défectueux.
Synthèse des commentaires de dégustation par Pascal Perez.
Les vins :
1. Champagne – Jean Marniquet – Cuvée Prestige 2000 :
JLG15 - LG15,5 – PP16
- Nez net et retenu, tout blanc : craie, fruits blancs et fleurs blanches.
- Bouche synchrone, sur la fraîcheur, la droiture, dotée d’une bonne allonge. Beaucoup de minéralité et d’agrumes participent à cet ensemble pur, cohérent mais un peu simple aromatiquement.
2. Champagne – Jacques Selosse – Extra Brut 1996 :
JLG17+ - LG15+ – PP17
- Dégorgé en février 2005.
- Olfaction plus lourde, vineuse, avec des fruits jaunes bien mûrs (pêche) « condimentés » d’une pointe oxydative de fruits secs et soutenus d’un trait de menthe.
- Beaucoup de caractère pour ce vin qui ne reçoit pourtant pas que des louanges. Pour la majorité, il offre du volume, de l’amplitude, de la vinosité, de la maturité (toujours les fruits jaunes) et une bonne rémanence. En devenir assurément. Ses rares détracteurs le trouvent abrupt, peu plaisant. Il est vrai que son absence de dosage peut le rendre délicat à appréhender.
3. VdP du Comté Tolosan – SCEA Baldes – Le Sec du Clos – Vin de Lune 2004 :
JLG13,5 - LG13 – PP13,5
- Le Cahors blanc du célèbre Clos Triguedina (assemblage de Viognier et Chardonnay).
- Nez beurré, agrémenté de pêche et de réglisse blanches.
- Quoique agréable et pourvu d’une matière certaine, son profil joufflu et déficient en fraîcheur l’empêche de gravir des échelons qualitatifs supplémentaires. Il constitue une curiosité peu identifiable mais intéressante à découvrir.
4. Jurançon – Domaine Nigri – Réserve du Domaine 2004 :
JLG16,5/17 - LG15 – PP17
- Nez au fruité exotique éclatant (mangue), pur, dans lequel une partie des convives décèle une touche de botrytis (?).
- Il impressionne avec sa belle liqueur, pure, nette, équilibrée par une fraîcheur sans faille et rehaussée de touches minérales. Il dévoile un exotisme mesuré (mangue, ananas), saupoudré de zestes d’agrumes. Son équilibre est irréprochable et sa longueur au diapason. Cet avis ne fait cependant pas l’unanimité et certains le trouvent peu net, doté d’une forte amertume (note végétale) et d’autres de bonne qualité sans plus, en tout cas délicat à situer.
5. Chablis Grand Cru Les Clos – Domaine Pinson 1999 :
JLG15 - LG15,5 – PP16
- Il propose des senteurs qui hésitent entre Sancerre (lierre) et Chablis (miel léger, mousseron), avec la minéralité commune aux deux terroirs.
- Même constat en bouche avec un profil vertébré et crayeux, droit et austère, doté d’une densité convenable, simplement terni par une trace végétale moins convaincante et, peut-être, un soupçon d’évolution précoce. Longueur suffisante.
6. Mâcon-Village – Guillemot-Michel – Quintaine 1999 :
JLG14,5 - LG14,5 – PP14,5
- Olfaction fruitée (pêche jaune), exotique, débridée, en surmaturité, avec une quasi-sensation de sucrosité. De la fumée aussi.
- Expression bien mâconnaise, opulente, exotique (ananas), dotée d’un volume appréciable. On y décèle aussi de la minéralité. Elle est malheureusement un peu monolithique, encombrée de sucre résiduel, pénalisée par une rémanence trop modeste et, pour tout dire, ne possède pas la classe habituelle de la cuvée.
7. Saint-Estèphe – Château Haut-Marbuzet 1990 :
JLG14 - LGED – PP14,5
- Bouquet avenant et emballant : fruits rouges, graphite, sous-bois et truffe.
- Sans être désagréable (le fruit est encore là), il déçoit, offrant une trame un peu usée pour son âge, une certaine rusticité tannique et donne vraiment l’impression que son heure de gloire est déjà certainement révolue. En résumé, il offre un plaisir trop chiche et on serait légitimement en droit d’attendre plus de son pedigree.
8. Volnay 1er cru Santenots du Milieu – Comtes Lafon 1992 :
JLG14 - LG13 – PP15+?
- Le nez est expressif, capiteux. On peut aller jusqu’à le qualifier de baroque : fruits rouges/noirs (mûre, cerise) explosifs, fumée, herbes aromatiques, eucalyptus.
- Ce vin est une énigme. En premier lieu, sa vigueur, sa qualité de fruit (mûre) et sa très faible évolution étonnent et semblent en complet décalage avec son âge et la piètre qualité de son millésime. Dans un deuxième temps, on constate qu’il offre un profil quelque peu anguleux et une acidité marquée qui posent, et ce en dépit des qualités précédemment décrites, des questions quant à son avenir. On peut aussi noter qu’il n’est coupable d’aucune sécheresse. A revoir avec curiosité et en croisant les doigts.
9. Saint-Julien – Château Gruaud-Larose 1989 :
JLG16,5 - LG15 – PP16,5
- Très belle palette olfactive, complexe et racée, avec des fruits rouges (cassis), un poivron mûr, de la minéralité (graphite) et des notes de sous-bois et de fourrure.
- Si d’aucuns le jugent sévère et difficile, il délivre, pour la majorité de l’assemblée, une belle expression médocaine. Pour commencer, un beau volume, du fruit et un équilibre indéniable. Ensuite, de la minéralité, de la réglisse et une longueur appréciable. Ses tannins sont grenus. Sans esbroufe, sans génie non plus, mais une certaine classe.
10. VdL – Pierre Overnoy/Emmanuel Houillon 2001 :
JLG16,5 - LG15,5 – PP16,5
- Nez signé avec ses tonalités de marc, de fruits blancs, de framboise et sa subtile trace oxydative de fruits secs (noix) qui lorgnent du côté des macvins.
- Sans surprise, le produit est confondant de naturel, empreint de douceur fruitée (mirabelle, pêche jaune et fruits rouges), tout en retenue (sucre et alcool mesurés), mais pourtant bien droit et d’une vigueur certaine. Il ne possède toutefois pas la sauvagerie et l’intransigeance tout aussi fascinantes de certains macvins (Arlay) jurassiens. On loue aussi son équilibre, sa suavité de texture et son allonge.
Conclusion :
- La soirée se termine par un instructif comparatif entre :
- Rhum - J. M. 1996,
- Whisky - Balvenie - Single Barrel de 15 ans d’âge,
- Whisky - Ardbeg 10 ans,
- Bas-Armagnac - Francis Darroze - Domaine de Jouanchicot 1975 (mise novembre 2003).
- Les points d’orgue sont Selosse 1996 et le Jurançon de Nigri 2004 et, à un degré moindre, Gruaud-Larose 1989 et le VdL du tandem Overnoy/Houillon.
- Le Champagne de Marniquet constitue une bonne surprise.
- Le Chablis Les Clos 1999 du domaine Pinson reste à un bon niveau.
- Le Cahors blanc de Baldes, le Mâcon 1999 de Guillemot-Michel, le Haut-Marbuzet 1990 et le Santenots du Milieu 1992 des Comtes Lafon déçoivent ou au mieux intriguent et, en tout cas, nous laissent sur notre soif.