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dîner à Yquem avec Yquem 1861

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dîner à Yquem avec Yquem 1861 a été créé par François Audouze

Je vais donner ici le compte-rendu de ce dîner à Yquem avec mes vins.
Il s'agit pour moi d'un rêve que je n'aurais même pas pensé pouvoir concevoir.
Il ne faudrait pas, en lisant ce texte, commettre le contresens de juger par rapport à soi-même, puisque ce texte raconte quelque chose d'inaccessible. Cet événement est unique.
Il faut le lire comme on lit "j'ai marché sur la Lune" ou "vingt mille lieues sous les mers".
Cet événement n'étant pas reproductible, je ne cherche pas à prouver mais seulement à raconter, car un forum de langue française doit accueillir ce témoignage d'un moment rare.
Je suis évidemment très fier d'avoir pu le vivre.

J’avais apporté il y a deux jours les bouteilles du 67ème dîner de wine-dinners au château d’Yquem. J’arrive le jour « J » un peu avant 16 heures, les sourires sont sur toutes les lèvres. Sandrine Garbay ne sera pas là quand j’ouvre les bouteilles mais nous les commenterons longuement lorsqu’elle me rejoindra. Un photographe m’accompagne pour immortaliser l’ouverture des vins que Valérie observe avec grand intérêt, et Christiane, gardienne attentive de ce beau patrimoine observe ces allées et venues avec des yeux miroitant d’envie gourmande. Le Carbonnieux blanc 1948 paraissant tellement plus jeune que le Laville Haut-Brion 1976, j’observe le dessous de la capsule et le bouchon qui confirment bien que la bouteille est d’origine. Sa conservation est magnifique. L’odeur du Carbonnieux rouge 1928 est si capiteuse que je rebouche avec un bouchon neutre. Les émanations du Corton 1929 me font un peu peur, mais cela va sans doute se corriger, et le Château Chalon 1955 m’étonne. Là où j’attendais de la noix, c’est la truffe qu’exhale ce vin jaune. Arrive enfin le grand moment. Le Château d’Yquem 1861 très foncé sera-t-il caramélisé ou aura-t-il la chatoyante perfection d’Yquem ? C’est maintenant que je le saurai. La capsule est noircie et collante. J’enfonce une mèche dans le bouchon. Je soulève, et voici que le verre s’effrite. J’enlève quelques éclats, je nettoie alors que le bouchon est à peine soulevé, et j’utilise un sèche-cheveux pour qu’aucune poussière de verre ne puisse subsister. Le bouchon se brise en mille morceaux comme une fleur qui perdrait ses pétales. Aucune parcelle ne tombera dans la bouteille. Et là, bingo, jackpot, le parfum de ce vin est extraordinaire. Le caramel est infime, alors que le cassis, le poivre que j’avais sentis dans des 2005, les fruits confits, lancent des milliers de signes de vie. Je goûte et c’est l’extase. Il s’agit d’un immense Yquem. Valérie avait imprimé une fiche de dégustation du livre sur Yquem dont voici le texte : « " vin incroyable. Sa dégustation est un sommet d'expérience dans la vie d’un œnophile...un nectar qui verra le siècle à venir en parfait état. Acajou aux reflets dorés. Nez riche, fascinant; texture de liqueur. Très longue suite. Equilibre parfait. Exquis." (The Underground Wine Letter, 1983). Goûté à deux reprises par Alexandre de Lur Saluces, qui à chaque fois fut étonné par sa vitalité, sa profondeur et sa complexité. Vendanges commencées le 24 septembre. ». Ce que je découvre est exactement ce qui fut écrit il y a 23 ans. Si vous voulez prendre conscience de l’état de ma joie à ce moment là, allez voir sur le blog la photo qui fut prise de ma jouissance intérieure.
La longueur de ce vin est infinie, et je sentirai des dizaines de fois le fond de ce premier verre. Il s’agit d’un vin issu d’une bouteille qui n’aura jamais été ouverte en 145 ans puisqu’elle est d’origine, ce qui lui confère une rareté encore plus grande. A partir de là ma vie devient plus belle. Sandrine Garbay qui nous rejoint sent les vins avec moi et nous les commentons. Une bouteille entamée d’Yquem 1957 trainant à portée de main, Sandrine m’en verse quelques gouttes pour apaiser mon émotion. Ouvert depuis plusieurs jours, il a perdu de sa longueur, mais Yquem reste Yquem. En prenant ma douche dans une chambre mise à ma disposition, j’ai les mêmes sensations qu’un acteur à qui l’on aurait annoncé qu’il recevra l’Oscar du meilleur acteur. Sur un nuage, je vis un moment d’une intensité suprême. Je me dis que ma vie de collectionneur pourrait s’arrêter là. Mais attendons au moins le dîner.
Les invités arrivent et sont accueillis par Pierre Lurton qui nous fait visiter les chais. Les 2005 et 2004 sont en formation et les 2003 viennent d’être embouteillés. Dans la salle de dégustation nous goûtons Yquem 2001. Quel diabolique Yquem qui a tout pour lui, insolent gamin promis aux plus belles destinées. En le buvant, on « croque » le plus beau botrytis qui ait été fait.
Nous entrons au château et je vais rapidement saluer Marc Demund avec lequel j’ai eu de longues conversations de mise au point du menu. Dans le beau salon, le Dom Pérignon 1985 a pour mission d’effacer les traces indélébiles d’Yquem 2001. Mais au-delà de cela, il cause ! Champagne étonnamment complexe, aux mille évocations, il aurait besoin d’un beau plat, alors que les sacrosaints biscuits d’apéritif, dont je n’ai pas pu négocier l’absence, tradition oblige, brident sa longueur et son enthousiasme.
Nous nous rendons dans la merveilleuse salle à manger du château où nous serons neuf. Pierre Lurton et Carole, qui avaient déjà participé à l’un de mes dîners, deux relations qui m’avaient connu par France Info, un couple de russes et un couple d’ukrainiens. La connaissance des vins est loin d’être homogène, mais il y a de solides palais et une volonté commune d’apprendre.
N’ayant connu la cuisine de Marc Demund qu’en invité des lieux, je n’avais pas une vision exhaustive de sa cuisine. Son menu fut élégant, avec quelques audaces qui furent plébiscitées, et le tout d’un agrément certain : Œuf Poché au Corail d’Oursins / Noix de st Jacques sur Effilures d’Echalotes Confites / Homard Rôti aux Truffes / Esturgeon et Poireaux Bordelaise / Mignon de Veau à la Fleur de Lavande / Foie Gras de Canard Poêlé aux Amandes / Comté / Pavé de Mangue et Agrumes / Mignardises. Beau voyage bordelais.
Le Laville Haut-Brion 1976 a une couleur dorée. Son nez est expressif, et en bouche la qualité des plus grands blancs de Bordeaux apparait. Rond, à maturité, intégré et de belle longueur, il se marie à l’oursin de jolie façon. Pour ma jolie voisine, c’est le vin le plus ancien de sa vie, ce qui annonce bien des surprises à venir. J’ai senti qu’elle apprécie et apprend avec entrain. Le Château Carbonnieux blanc 1948 surprend toute la table par sa couleur de vin jeune. Le nez est de la même eau : éblouissant de jeunesse. C’est en bouche que l’on comprend qu’une palette de saveurs aussi bien constituée ne peut venir que d’un grand vin ancien. Je n’ai pas osé les échalotes, il parait que ce fut bon. La chair de la Saint-Jacques suffisait à mon bonheur.
J’ai fait cohabiter le Château Pavie 1971 et le Château Carbonnieux 1928 sur le homard, choix que j’adore. La truffe va remarquablement avec le Carbonnieux 1928 lourd comme du plomb, au nez de truffe. Tel un vieux porto il envahit le palais. Capiteux, il déroute quelques convives alors que je profite de chaque goutte d’un immense vin. A coté de lui, le Pavie d’une jeunesse folle (par comparaison), dandy chantant, se joue avec bonheur de toutes les composantes du plat. La chair du homard lui va bien. Beau Pavie très long, strict comme un Pomerol, et touché par la grâce d’une année qui réussit à la rive droite. Pierre Lurton apprécie en connaisseur l’élégance de ce saint-émilion, sans doute plus délicat que les réalisations actuelles de ce grand château.
Le Chambolle Musigny Bouchard Père & Fils 1967 offre la plus belle senteur de la soirée si l’on excepte Yquem. Magnifique odeur complexe et chaleureuse. Comme pour chaque vin, je suis émerveillé de ce qu’ils expriment lorsqu’ils ont eu l’oxygène qui leur convient. Que de fois dans d’autres dîners, on s’aperçoit à regret que c’est la dernière gorgée qui est la plus belle. Là, le vin est chaleureux dès son apparition. Et ce Chambolle Musigny est magnifique de charme et de gentille complexité. Il ne s’en laisse pas compter par l’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1991, car celui-ci joue sur d’autres registres. Redoutablement séducteur comme les vins de ce domaine, il trouve dans la sauce de l’esturgeon un tremplin de pur bonheur. Quel accord splendide ! Marier une Bordelaise à deux vins de Bourgogne est un de mes plaisirs mutins, surtout lorsqu’on le fait dans ce site symbolique de la magie du bordelais. Deux bourgognes magnifiques qui forment un agréable pendant à la paire de bordeaux, quatre expressions du rouge dans des états d’un grand épanouissement.
Le délicieux mignon de veau accueille le Corton « cuvée B » Brossault 1929 dont l’odeur m’avait fait peur à l’ouverture. Il reste des soupçons d’âge, mais à mon agréable surprise tout le monde adhère à ce vin délicat, clair comme les Corton peuvent l’être. Sa longueur est belle, son palais fort subtil démontrant, s’il en était besoin, que 1929 restera dans l’histoire du vin. La Bourgogne dans sa majesté.
J’ai changé l’ordre des vins et des plats du fait de la dégustation d’Yquem 2001 qui demandait un traitement spécial du palais. Le foie gras se trouve donc ici, comme on le faisait au 19ème siècle, et j’ai gardé le champagne Krug 1988 sur ce plat. C’est une erreur que j’assume. Bien sûr, c’est possible. Mais ça n’apporte rien. Le champagne est grand, le foie gras est bon, aucun des deux ne se parle vraiment.
Un comté très approprié, car je l’avais demandé peu âgé, met remarquablement en valeur le Château Chalon Jean Bourdy 1955 qui a effacé mes craintes. Ayant un type « vin jaune » moins prononcé qu’à l’accoutumée, cela convient parfaitement à des convives novices qui n’eurent pas le réflexe fréquent de l’incompréhension. L’accord glisse avec facilité. Tout s’enchaîne avec bonheur.
Le Château d’Yquem 1961, offert par Pierre Lurton, pour servir de témoin à son aîné d’un siècle est un Yquem dans la ligne historique. La couleur est d’un or pur, joliment miellé, le nez est intense, d’un beau botrytis qui n’en impose pas. Et en bouche, c’est la récompense d’un Yquem sage, chaud, quasiment parfait. Le dessert lui va comme un gant, ce qui est sans doute l’un des plus beaux desserts que j’aie goûté en ce lieu que je révère, et va nous préparer à accueillir le vin qui justifie que l’on tînt ici ce dîner.
Le Château d'Yquem 1861 est d’une couleur foncée, lourde, mais lorsque le liquide s’écoule, des lueurs d’or et d’orange passent fugacement. Cette couleur est infiniment plus belle que celle qu’on apercevait à travers une bouteille opacifiée par l’âge. Le nez est éblouissant, sans doute plus pour moi que pour les autres convives, non parce que je serais celui qui « sait » mais parce que ma route a été jalonnée de témoignages de grands anciens. Pour Pierre, c’est son premier Yquem du 19ème siècle. Pour moi c’est mon plus ancien, car j’ai toujours raté les wagons qu’il eût fallu prendre où l’on ouvrait les 1847 et 1811, années qui me fascinent.
En bouche, c’est un nirvana absolu, car mieux que pour le 1950 récent, ce 1861 a dompté son côté caramel pour ouvrir ses bras aux fruits confits, aux compotes de pruneaux, et de temps en temps aux fruits oranges et aux agrumes. On ne peut pas boire cet Yquem sans émotion et sans penser qu’il a traversé 145 ans pour être bu. La date est historique pour nos hôtes russes, ce qui a justifié leur inscription à ce dîner. Je suis comblé par la perfection de ce nectar dont la longueur est telle que pendant la nuit et le lendemain matin, sa trace ne me quitta pas. Il faut évidemment des références pour goûter ce vin extrême. Mais les « novices » aussi sont touchés par sa majestueuse grandeur.
Pour la première fois je n’ai pas fait voter pour les vins, parce que l’atmosphère ne s’y prêtait pas. Je vais donc remplir l’unique bulletin de vote en commençant par Yquem 1861, suivi de Chambolle Musigny Bouchard 1967, Carbonnieux blanc 1948 et Château Pavie 1971. Il est certain qu’Yquem 1961 mériterait la vedette dans d’autres dîners. L’honneur qu’il porte à son aîné est magistralement mérité.
Ce soir fut la récompense la plus inespérée de ma passion des vins anciens. Merci à ceux qui l’ont permis.


Cordialement,
François Audouze
28 Mar 2006 01:09 #1

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

François, ce n'était pas le Yquem 1861 de Grandpère au moins ?:):)

Mais quel beau diner !
28 Mar 2006 12:02 #2

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

François,

Je pensais que vous aviez remarqué, dans le forum "echanges et ventes" la proposition de vente justement d'un Yquem 1861 par un dénommé grandpere.
31 Mar 2006 09:42 #3

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

Je viens effectivement de le lire.
Car à première lecture, je n'avais pas compris votre remarque.
L'offre que j'ai lue rapidement me parait bizarre.
J'ai pensé à un canular, car, comme par hasard, c'est l'année de la bouteille dont j'ai annoncé l'ouverture.
Chacun fait ce qu'il veut.


Cordialement,
François Audouze
31 Mar 2006 15:38 #4

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Réponse de Loup sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

Bonjour Monsieur Audouze.

Ce morceau de vie si joliment dépeint à Yquem nous fait pénétrer la magie d’un lieu mythique et d’un dîner somptueux. Vous narrez une nouvelle fois avec véracité des instants mémorables qui forcent l’admiration, pour moi en tous cas mais je ne suis sans doute pas le seul. Je crois qu’il faut interpréter les silences qui suivent la lecture de ces périples gastronomiques et intellectuels comme des signes d’estime, plus que d’indifférence.

Chapeau, Monsieur!

S’agissant des vénérables vins dégustés, ceux-ci conservent-ils le plus souvent leur pureté de saveur et leur noblesse ou bien ces caractéristiques se développent-elles encore, ou au contraire s’atténuent-elles jusqu’à disparaître, si tant est qu’il soit possible de généraliser ?

Je crains pour les vins très mûrs, une salinité peut-être excessive comme je l’ai connue avec le Musigny De Vogüé 85 pourtant jeune selon vos critères. Me tromperais-je ?

A vous lire, je constate que battez en brèche les idées toutes faites contenues dans les cartes des millésimes. Cela rassure et démontre que l’on peut déguster avec grand plaisir des crus d’années jugées inférieures à d’autres, sinon ingrates. Ah ces préjugés….

Continuez Monsieur !

Bien à vous.

Loup.

PR
03 Avr 2006 15:06 #5

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Réponse de chinbourg sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

Loup vous n'allez pas faire l'apologie des vins anciens des petites années quand même?

Remarquez, si l'idée se propage, bientôt les diners de François deviendront accessible au plus grand nombre. C'est beau l'esprit de partage. ;-)

Laurent L
03 Avr 2006 15:15 #6

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Réponse de Loup sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

Bonjour Laurent.

Ma foi, ce n'était pas voulu, mais ça n'en reste pas moins une bonne idée. Que dis-je...une excellente idée.

Allez faut voir les propositions. ;-)

Bien cordialement et avec le sourire.

Loup.

( Faut que je me remette au boulot ! )

PR
03 Avr 2006 15:22 #7

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

Laurent,
Je crois qu'il faut faire la distinction entre l'apologie des petites années peu anciennes et l'apologie des petites années déja anciennes.
Je crois ce que je bois.
Quand j'ai bu Cheval Blanc 1941, j'ai eu un plaisir totalement inattendu.
Quand j'ai bu Cos d'Estournel 1954, j'ai eu un plaisir inattendu.
Lorsque nous avons fait la dégustation des 38 millésimes de Montrose, j'ai vu la différence d'approche entre les experts et moi.
Connaissant la réputation d'une année, ils ont déjà une idée préconçue.
Même si je ne suis pas ignorant de ces réputations, j'ai la chance de les aborder comme elles viennent. Et j'ai profité des petites années beaucoup plus que les experts, dont j'ai senti le poids de leur science dans leur jugement.

J'ai aussi une chance, c'est d'être ouvert au message d'un vin sur toutes ses années. Ainsi, pour parler de millésimes récents, si je bois un vin de 1997, je sais que c'est une année plus légère. Je goûte donc avec plaisir l'expression d'un vin dans une acception plus légère. Et je ne me sens pas frustré parce que ce vin n'a pas la puissance d'une année énorme.
Ainsi pour faire un exemple, j'aime bien l'Hermitage Chave 1997 parce qu'il n'est pas aussi expansif que des années énormes.

Loup,
Merci de ce message.
Les vins ont forcément des limites.
je l'ai vu avec les Montrose, parce que c'est assez rare d'avoir 38 millésimes dont 9 du 19ème siècle, aussi je m'y réfère. Il est objectif que la limite de plénitude est vers 1915. Avant, on va trouver ici ou là de manifiques vins émouvants. Mais aller au delà de 1915 n'a pas vraiment de sens.
Il y avait un ou deux vins du 19ème qui étaient réellement émouvants. c'est bien, mais c'est trop tard.
Pour les liquoreux, ça dépend tellement du bouchon. Le 1780 que j'ai bu était immense de jeunesse. Alors ... Si le bouchon avait été inventé plus tôt, quel rêve ce serait de boire des vins du temps de Louis XIV ou Henri IV !!!
Je recherche tous les vins préphylloxériques que je peux trouver, car c'est fascinant de goûter des vins de vignes qui ont disparu et qui étaient endémiques sur plus d'un millénaire !!!
Je suis passionné par les vins sous toutes leurs expressions. Le fait d'avoir si bien classé le Chambolle Musigny Bouchard 1967 montre que je ne juge que ce que je bois. Alors que le Corton 1929 et le Yquem 1961 ou le Carbonnieux 1928 sont d'un autre calibre.


Cordialement,
François Audouze
03 Avr 2006 18:26 #8

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

Laurent,
Juste une précision sur les vins de mes dîners.
J'ai une statistique sur 666 vins.
Je prends la décennie 40.
Il y a 74 vins :

1940 3
1941 4
1942 1
1943 10
1944 0
1945 13
1946 0
1947 23
1948 4
1949 16

Il y a donc dans mes dîners une très large majorité de vins des grandes années.
Mais ça ne me dérange pas d'explorer les autres.

Sur la décénnie des années 20, les années 21 plus 24 plus 26 plus 28 et 29, grandes années, font 80% de ce que j'ai ouvert.


Cordialement,
François Audouze
03 Avr 2006 18:42 #9

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Réponse de milleret sur le sujet Re: dîner à Yquem avec Yquem 1861

François Audouze a écrit:
> Je goûte donc avec plaisir l'expression
> d'un vin dans une acception plus légère. Et je ne
> me sens pas frustré parce que ce vin n'a pas la
> puissance d'une année énorme.
> Ainsi pour faire un exemple, j'aime bien
> l'Hermitage Chave 1997 parce qu'il n'est pas aussi
> expansif que des années énormes.
>
> J'ai parlé de ce Chave 97, pas plus tard que ce matin lors d'une magnifique dégustation au domaine Trosset : si je dois donner un avis sur la Mondeuse Trosset 97 dégustée ce matin , c'est à ce vin que je pense immédiatement ( c'est un SUPER compliment pour cette magnifique Mondeuse ) ...Sinon , une bien belle dégustation, avec un REMARQUABLE 90 ...J'ai réservé quelques flacons pour glisser ce vin dans une belle série de 90 Rhône Nord ...

ps : Laurent va nous préparer un long commentaire sur cette belle journée , avec toutefois une petite déception suite à l'absence d'Eric Duret ( contrôle technique de sa voiture ce matin .....et on ne " badine " pas en Suisse avec les services responsables !
03 Avr 2006 22:06 #10

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