Dégustation au domaine Daniel DUGOIS (Les Arsures) 14 février 2013 – AOC Arbois
Premier arrêt d’un voyage vinicole dans le Jura avec la bande de copains habituels, le domaine Dugois ne nous est pas inconnu mais nous ne nous y étions encore jamais rendu. On n’a pas fait les choses à moitié : on a carrément loué le gîte attenant aux installations du domaine (ainsi que du caveau et de lu logement des Dugois). A noter que le gîte dispose d’une cave pour les locataires – ça fonctionne comme un mini-bar d’hôtel.
Commence alors vers 17h une incroyable dégustation. Le début de notre voyage s’annonce sous les meilleurs augures…
Monique Dugois – l’épouse de Daniel Dugois, le fondateur du domaine, nous reçoit.
Daniel Dugois a commencé en 1974 dans la vigne. Un très mauvais millésime. Sans capital viti-vinicole au départ, il cultive et vend au négoce jusqu’en 1983. A partir de là, il met en bouteilles et démarre la vente aux particuliers en parallèle avec la vente en restauration et aux cavistes. Cette structure reste toujours la même aujourd’hui alors que son fils est maintenant aux commandes.
Le domaine fait aujourd’hui 12 hectares, dont un tiers de Trousseau, essentiellement sur les Arsures, les parcelles sont assez rapprochées, ce qui permet un traitement rapide de la vendange. Le domaine pourrait être étendu jusque 20 hectares. La conduite de la vigne est en agriculture raisonnée. Travail des sols (pas de désherbants) au chenillard maintenant mais auparavant au bœuf et au cheval ; vendanges manuelles ; levures indigènes. Le domaine ne dédaignerait pas le bio mais dans une millésime difficile comme 2012, s’interroge sur les conséquences dans le prix de vente et dès lors sur la clientèle. Les prix sont doux (7,20€ pour le Crémant du Jura, les Trousseau de 7,20 à 13€), le Jaune à 28€) et l’accueil chaleureux.
Crémant du Jura du Jura blanc (80% chardonnay, 20% trousseau)
Bulles fines, à la fois fruité et floral avec une finale florale. Bien.
Ploussard 2011
Robe tirant vers la saumoné. Nez fruité (cerise, grenadine) et floral. Bouche florale, finale légèrement poivrée. Bien
Trousseau 2010 (assemblage de parcelles)
Belle robe grenat. Notes de fruits des bois (fraises des bois), finale poivrée. Un vin tout en souplesse. Bien.
Trousseau 2009
Robe plus soutenue, nez sur les fruits rouges très mûrs, c’est chaleureux. Bouche ronde et structurée, finale épicée. Encore un peu serré à l’heure actuelle. Bien +
Trousseau Grevillière 2010 (vignes de plus de 60 ans, sud sud-ouest, sol comprenant beaucoup de graviers)
La concentration augmente, le vin est plus fin, plus long et d’un équilibre plus souverain que les précédents. Longue finale fruitée. Très bien.
Trousseau Grevillière 2009
Riche, très fruité (un poil chaleureux), très structuré, la finale est peu serrée. Le verre vide, une note de tabec. Bien (mais certainement beaucoup mieux avec quelques années de bouteille)
En général les Trousseau 2009 sont assez fermés pour le moment, sentiment confirmé par les vignerons croisés durant ce séjour.
Trousseau Damelière 2010 (trousseau à la Dame – variété à petites grappes, jeunes vignes)
Robe plus claire, nez très fin, bouquet floral, bouche fraîche et fruitée. Finale un peu courte. Tannins souples. Bien
A ce moment là, une assiette se fraie une place entre nos verres. Une saucisse cuite dans le marc du domaine, marc distillé deux jours plus tôt.
Trousseau Grevillière 1999
Robe évoluant vers des reflets orangés. Nez mêlant les fruits des bois et le sous-bois. Notes poivrées. Superbe équilibre. Belle persistance pour un vin qui commence sa maturité. Excellent (épuisé à la vente mais nous avons pu terminé la soirée au gîte avec le reste de la bouteille ouverte rien que pour nous).
Chardonnay 2011
Floral, fruit blancs et jaunes, assez souple.
Chardonnay Brise Bois 2009 (parcelle orientée à l’Ouest, sur les contreforts de Grevillière, élevage de 24 mois en fûts de 228 l et 600l, sol de marnes rouges)
Un vin à la matière imposante, sur la noisette, le tilleul, un zeste de pomme. Longueur salivante et une finale bondissante. Très bien.
Chardonnay Mouchet 2009 (calcaires kimméridgiens, 24 mois de fûts)
Arômes d’anis, d’aneth, de silex. Belle vivacité, finale sur une touche beurrée. Un vin droit, salivant et minéral. Très bien +.
Blanc de Grevillière 2010 (Trousseau vinifié en blanc)
Un côté charnu, fruité mais aussi tannique. Déroutant.
Auréoline 2008 (savagnin ouillé)
Fruité, floral, des notes de massepain (amandes). Frais, une pointe d’acidité en milieu de bouche mais une finale grasse, sur l’amertume des peaux de raisin.
A la suite de Monique Dugois, Daniel Dugois et son fils prendront le relais pour une dégustation familiale remplie de surprises…
Pinot gris 1993 (quelques arpents d’une vigne complantée vinifiée séparément cette année là)
Dégusté à l’aveugle, un vin d’une jolie acidité, assez fruité, des notes florales, un côté noisette et une finale amère. Bluffé. Terminée elle aussi au gîte.
Savagnin 2008 (sous voile, 3 ans de fûts)
Nez assez marqué par la pomme, une bouche vive et assez sèche. Austère et strict en l’état.
A ce moment là, une assiette se fraie une place entre nos verres. Les dés de Comté sont de circonstances. Ca tombe bien, on a faim.
Savagnin 1993 (sous voile)
Vif, acidité prononcée, forte note de pommes, assez tranchant. Terminée elle aussi au gîte. L’aération lui aura fait beaucoup de bien car le gras et les épices se sont invités.
Vin Jaune 2005
Nez fin sur la noisette et le curry. Finale grasse et puissante, longueur filante. Très bien.
Vin Jaune 2006
Plus fin mais plus strict et moins gras que le 2005.
Savagnin 1992 (n’ayant jamais pris le voile, il a été laissé 18 ans dans les hangars à cuves. 15,5°)
Servi à l’aveugle, l’abricot, la prune, l’encaustique se manifestent.
Vin de Paille 2008 (chardonnay, savagnin, trousseau et poulsard)
Nez très porté sur les fruits confits (dattes, figues), notes de café. Bel équilibre entre liqueur et acidité, finale franche et nette. Très bien.
Macvin (100% jus de chardonnay)
Fruité et épicé mais un peu trop marqué par l’alcool à mon goût.
Il est 20h45, heureusement nous avions prévu de manger au gîte. L’accueil et la générosité des Dugois furent donc extraordinaires mais ils ne se sont pas limités à cette grande dégustation. Le lendemain matin nous avons encore accompagné Daniel Dugois pour la visite des caves et greniers de vieillissement des vins jaunes et du séchage de raisins pour le vin de Paille. L’automne 2012 ayant été humide, les raisins n’étaient toujours pas pressés. L’occasion de les goûter…
En conclusion, une envie très forte d’y revenir, sachant qu’en plus de tout le reste, le gîte est d’un excellent rapport qualité-prix ! Un grand merci à la famille Dugois pour ces moments inoubliables !
Julien