J'en reviens et j'ai passé une journée MAGNIFIQUE !!
Une ambiance décontractée, un cadre agréable, un public d'amateurs (P’tit Philou, Maclo, Philippe Barret pour les membres de LPV, Gautier, Thierry Meyer pour ceux de DC, liste non exhaustive car j'ai loupé le Châ tardif (
)) de beaux verres et un carnet de notes.
Michel Grisard est un homme fantastique, la passion chevillée au corps, l'accueil simple et enthousiaste qui vous met de suite à l'aise. Nous nous connaissions via DC de manière épistolaire et cette rencontre m'a permis de confirmer ce que je pressentais de l'homme. Une grande simplicité dans l'abord, une belle honnêteté et beaucoup de recul vis à vis de son travail.
Je n'ose vous dire qu'il avait prévu 2 verticales d'anthologie de peur de vous rendre jaloux.
Pour résumer:
Domaine Prieuré St Christophe Roussette 2004, 2003, 2002, 2000, 1999, 1998, 1997, 1996, 1995 et 1993. :
Oui, rien que ça. Coup de cœur pour ma part pour les millésimes 2002 sur des notes de poire william d'une suprême élégance, pour la minéralité nette du 2000 mais c'est le 95 qui emporte le tout avec son somptueux équilibre et sa très belle longueur.
Comme Michel avait visiblement prévu d'éduquer les amateurs au potentiel des vins de Savoie, la Mondeuse était proposée comme suit. Tradition 2004 (Magnum), Tradition et Prestige 2003, Tradition et Prestige 2002, Tradition 2000, Tradition et Prestige 1998, Tradition (?) sur 1997 et 1995. :
Il valait mieux prévoir son temps pour passer sur le stand de Michel et ne pas avoir un train à prendre, même si la gare de l'Est n’est qu’à 2 pas!
Coup de cœur pour le Prestige 2002, le Tradition 2000, le Prestige 98 et le 1997. Des vins puissants, aux notes épicées/poivrées, aux tanins présents mais bien élevés.
Délicieux blancs au
Domaine des Ardoisières, sur un registre un peu moins riche mais plus sur le fruit qu’au Prieuré. Intéressante comparaison entre les Cuvées Schiste 2006 (75% Jacquère, 10% Pinot Gris, 10% Roussanne et 5% Mondeuse Blanche) et la 2005 (80% Jacquère, 10% PN, 10 Roussanne). La première est sur une belle rondeur, des notes de fruits blancs (poire, pêche) tandis que la seconde a fait sa malo et est beaucoup plus fermée, sur un équilibre fin et une matière cristalline. Idem pour la 2004 avec l’impression d’un vin parfaitement en place. J’ai adoré ! La cuvée sur 2003 est marquée par des notes de caramel au lait au nez, par une matière grasse qui tapisse le palais mais reste bien droite grâce à son acidité. La cuvée Quartz (100% Altesse) est superbe, idem pour les malo entre les 2006 et 2005, équilibres similaires à la cuvée Schiste mais avec plus de tout, puissance et matière. Coup de coeur pour le 2002.
La famille
Dupasquier étant disséminée aux quatre coins de France, c’est donc le même Michel « Vishnou » Grisard qui s’occupe du service de leurs vins. On change de registre, les vins sont beaucoup plus puissants, présentent des sucres résiduels plus importants. Une magistrale Roussette 2005, sur la poire, avec des notes réglissées et miellées. Les 2004 et 2001 sont plus fermées. Très belle bouteille que le 1988, sur un nez de vin de paille, très raisin de corinthe macéré, écorce d’orange.
Pour poursuivre dans le registre des vins imposants, je passe chez
Louis Magnin. La Roussette 2006 vinifiée en cuve inox présente un nez beurré et une belle matière. Le Chignin Bergeron m’a plus convaincu en 2004 sur des notes florales et exotiques qu’en 2005 où j’ai trop perçu ses 14°5 d’alcool. Très belle Mondeuse 2005 La Brova (la Belle en patois savoyard, il parait), une parcelle isolée vinifiée sous bois, bouche épicée, beau toucher de bouche, suavité.
Gilles Berlioz présentait seulement 2 vins, le Chignin Bergeron 2005 (pas pris de notes ?) et un beau Chignin fin, floral, très élégant.
Mon carnet de notes commence à s’appauvrir et devient moins précis au fur et à mesure que la journée se déroule… Donc un peu en vrac…
Chez
Béatrice Bernard, un bien joli Apremont Vieilles Vignes, fin et apéritif, un super vin de soif. Plus convaincu par l’assemblage (Altesse-Jacquère-Chardonnay) Trilogie 2004 que par le Chardonnay 05 ou Roussette 06, trop simple à mon goût. Une cuvée de Mondeuse gourmande, sur la fraise et la réglisse. Simple mais délicieuse. Des vins qu’on a envie de boire sans les attendre.
Jolis vins de soif également au
Domaine St Germain. J’ai beaucoup aimé les Roussette, notamment la différence entre les notes fines exotiques et quasi pétrolées du 2001 et le 2000 qui présentait un ensemble plus gras et puissant (rendement 40 hl). Moins convaincu en revanche par les rouges, trop simples (Gamay, Persan 2006), aux tanins un peu rustiques et mordants.
De beaux rouges glissants présentés par un personnage qui visiblement se sent mieux dans les vignes qu’à la capitale,
Jacques Maillet et sa cuvée Autrement. L’homme parle de lui, de ses convictions (Biodynamie), de son domaine de 3h qu’il gère seul. Assemblage de 45% Gamay, 35% Pinot Noir et 20% mondeuse). C’est très naturel, expressif en bouche, délicieusement fruité.
En vrac et pour conclure, une jolie Marestel 2006 chez
Edmond Jacquin, simple, grasse, équilibrée, ce vin est déjà prêt à boire. Pas trop convaincu par les Chasselas du
Château de Marignan mais j’attends les commentaires de Michel Grisard ou de Jean Luc Milleret ou d’autres régionaux de l’étape sur cette tradition savoyarde OVNI (objet vinique non identifié): La Chèvre ?
Que retenir d’une telle journée ?
Des cépages originaux, des vins élégants aux notes aromatiques typées (j’ai souvent perçu la poire et la réglisse sur les Altesse, les notes poivrées épicés sur les Mondeuses) et plus que tout, un magnifique potentiel de garde pour les vins les plus concentrés.
Un grand moment d’éducation pour le modeste amateur, une initiative de Michel Grisard qui peut devenir un vrai modèle à suivre pour tous les vignobles enclavés, délaissés ou victimes d’a priori historiques.
Ajouter à cela les délicieux poissons de M. et Mme Jacquier (Rillette de Féra, goujonnette de lotte du Lac, une vraie merveille de finesse, ce poisson !!), l’accueil tonitruant du patron des Zinguots et splendeur parmi les splendeurs, des fromages savoyards à se damner (Bleu de Termignon, Abondance, Beaufort et différentes tommes dont j’ai eu la bêtise de ne pas noter la dénomination
), vous comprendrez que la journée a été belle, très belle.
Michel, pour tout cela, simplement, merci.