Chers amis,
Voici quelques notes succinctes se rapportant à la série des vins goûtés le 20 décembre dernier .
1 SYLVANER 1983 ZOTZENBERG SELTZ : robe discrètement dorée, premier nez grillé puis évolution sur les agrumes, bouche marquée par sa minéralité, le vin étant tendu sur son acidité avec une finale iodée. Belle tenue pour un vin de vingt ans, confirmant l'aptitude à la garde des sylvaners en vieilles vignes plantés sur des grands crus. A boire 13 /20.
2 RIESLING WIEBELSBERG 83 KREYDENWEISS : robe étonnamment pâle pour un vin de cet âge, premier nez sur la réserve s'exprimant lentement dans le registre minéral, la citronnelle, agrumes à peine confits, épices(D.Schlier), bouche coordonnée axée sur l'acidité, le volume étant moyen, assurément de gastronomie avec la certitude de magnifier le vin en trouvant un bel accord à table. A boire dans les 3 années. 14/20.
3 RIESLING FREDERIC EMILE 85 TRIMBACH : robe paille, le nez étant d'emblée puissant, rond, harmonieux, plein , dominé par les agrumes avec une petite touche d'évolution tourbée(J.P.Greff). Un peu de sucre perceptible à l'attaque, la bouche étant gourmande (ananas) enrobant une acidité très mûre et irréprochable de finesse. Un peu baroque par rapport à l'idée que nous avons de cette cuvée et qui me rappelle le style du 89. à boire dans les 5 années. 16,5/20.
4 RIESLING KESSLER 85 DIRLER : un premier exemplaire confus au nez et en bouche nous a menés à la présentation d'une seconde bouteille un peu plus nette mais présentant les mêmes défauts au fur et à mesure de l'aération. Théoriquement, tenant compte et du terroir et du millésime ainsi que du producteur, la cuvée aurait du se présenter sous de meilleurs hospices. Ayant fait l'acquisition des bouteilles en salle et n'ayant aucune garantie concernant les conditions de garde, je m'abstiens de toute notation.
5 PINOT GRIS KANZLERBERG 83LORENTZ : robe discrètement dorée, nez fumé variétal, bouche idem. Manque cruel de complexité pour ce terroir original plutôt réputé pour ses rieslings. 10/20.
6 PINOT GRIS MUENCHBERG 88 OSTERTAG comme toujours refusé en commission d'agrément et nommé pour cette raison A 360 P qui est la dénomination cadastrale de la parcelle : robe or clair étincelante, premier nez finement boisé laissant apparaître un registre complexe de miel, coing, fleurs etc. Identifié très vite et formellement par Béatrice Greff grâce à la béquille qu'est pour la mémoire l'association d'idées. Logiquement placé par la majorité sur un chardonnay, Ostertag élevant ce vin à la bourguignonne. La bouche est marquée par son gras avec peut être un tout petit manque de définition à l'attaque vite rattrapé par le développement magnifique de fruits blancs mais aussi avec une rémanence du terroir (grès volcanique) en finale . Superbe et à boire.17/20.
7 RIESLING SGN 76 HUGEL : doré, nez de miel de fleurs assez frais, bouche marquée par sa légèreté pour un sgn, les extraits secs lui conférant presque une dimension tannique, la totalité du sucre étant fondue. En fait nous avons devant nous un magnifique cadre doré à la feuille dans les règles de l'art, charmant par sa patine mais tout compte fait décevant
parce que vidé de l'essentiel, l'Å“uvre, la complexité, le terroir. 14/20. (noté 98/100 par Bob qui adore les friandises comme beaucoup de ses collègues nord-américains!)
8 SAVENNIERES COULEE DE SERRANT 89. N.JOLY : se tire remarquablement du rôle difficile qui lui est donné de passer à la suite d'un SGN, épreuve redoutable pour plus d'un dégustateur dont un des nôtres (qui se reconnaîtra) a encore bien du mal à se remettre. Robe à peine dorée, nez complexe très mûr, tisanné (bergamote pour JP GREFF), cire, notes minérales. Bouche encore compartimentée malgré les 12 heures de carafe avec une attaque sur un peu de sucre restant suivie aussitôt par une acidité étoffée par le gras conférant au vin un gros volume qui ne manque toutefois pas de relief, une densité qui reste toujours élégante avec une finale longue sur l'amande. Pour ces dames,long, viril et dominateur. Magnifique à revoir dans cinq ans après 24 heures d'aération. 17/20 - 19/20 potentiels.
9 QUART DE CHAUME 79 BELLERIVE : robe d'or, nez fumé minéral, floral, vanille et caramel au réchauffement. Bouche pour le moment monolithique dominée par le minéral, expression des grands chenins ancrés dans un beau terroir. Increvable .16/20.
1O SAVENNIERES. CLOS DU PAPILLON 89. CHATEAU DE CHAMBOUREAU : robe paille légère, un extrait minéral (pierre liquide) balbutiant aussi bien au nez qu'en bouche, plutôt sous estimé à cette place dans la chronologie. Expression du terroir dans la verticalité comparée au vin de Joly dans le même millésime, l'exposition des parcelles étant vraisemblablement moins chaude, la finesse étant privilégiée .Brut de décoffrage, introverti mais présentant toutes les composantes qui en feront un grand vin dans 10 à 15 ans. 18/20 _ 19 potentiels.
11 GWZ. SGN 76. HUGEL : voir le 7. 13/20.
12 QUART DE CHAUME. L'AMANDIER 89. CHATEAU DE CHAMBOUREAU : nez fumé plutôt timide des vins en grosse surmaturité, bouche très riche sur les agrumes , le sucre restant étant énorme, l'acidité en rapport, la finale minérale. Très difficile à jauger aujourd'hui mais taillé pour une garde de 40 ans (les enfants apprécieront son côté quinquina en ayant une pensée pour leurs vieux………….) 17/20 potentiels.
13 PINOT GRIS. SGN.76 HUGEL : voir le 10. 13,5/20.
En conclusion , je note :
- L'aptitude à la garde des Sylvaner vieilles vignes.
- Les caractéristiques originales du Wiebelsberg dont les rieslings sont à conserver (et peut être à apprécier après les Kastelberg ?).
- Qu'il se confirme qu'en général l'aromaticité diminue quand les sucres restants augmentent.
- Qu'esthétiquement Fréderic Emile 85 et la Coulée en 89 partagent le même hédonisme un peu atypique par rapport à l'image que véhiculent ces vins habituellement.
- Que rien n'est plus attristant qu'un vin, même bien fait, orphelin de son terroir.
Comme pour lors de toute bonne dégustation, cette réunion soulève plus de questionnements qu'elle n'amène de certitudes.
A bientôt,
Lionel.
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