Club toulousain In Vino Veritas
Vins étrangers : Les cépages bordelais
Vendredi 12 décembre 2003

Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par Pierre Citerne.

Quelques commentaires de contexte :
- Les vins sont dégustés à  l'aveugle.
- Nombre de dégustateurs : Une vingtaine.
- DS : Didier Sanchez - LG : Laurent Gibet - PC : Pierre Citerne - PP: Pascal Perez.

Ordre de dégustation :
1. Vin pirate : Château Montrose 1995 :
DS14 – PP15 – PC14,5/15 – LG14. Note moyenne : 14,5 - Prix : 60 €
- Robe intense, opaque, bords vieux rose.
- Nez « assez bordelais » (à  l'aveugle) : poivron rouge, fumé, brûlé, une pointe de floralité apporte de l'élégance.
- Alcool modéré en bouche, grain fin, volume et persistance moyens.

2. Chili – Valdivieso "Single Vineyard Cabernet Franc" 1998 :
DS14 – PP14,5 – PC12,5 /13 – LG13. Note moyenne : 13,5 - Prix : 28 €
- Aspect dense, opaque.
- Nez assez violent, monolithique, variétal, crème de mûre et feuille de cassis.
- Bouche crémeuse, sucrailleuse, « exotique », courte, simple.

3. Chili – Concha y Toro "Don Melchor Private réserve" 1996 :
DS14 – PP14 – PC13,5 – LG13,5. Note moyenne : 14 - Prix : 42 €
Cépage : Cabernet Sauvignon.
- Nez très mentholé, camphré, eucalyptus… avec un fond variétal de cassis.
- Bouche très souple aux accents caramélisés, avec un grain assez fin toutefois.

4. Chili – Almaviva 1997 :
DS15 – PP15 – PC14,5 – LG14,5. Note moyenne : 15 - Prix : 68 €
Cépages : Cabernet Sauvignon/Merlot
- Robe très dense, opaque, noire.
- Nez intense sur le bourgeon de cassis, avec des notes viandées de rôti de boeuf.
- Bouche volumineuse, crémeuse ; les arômes sont assez caricaturaux mais le jus est sain, dense, avec une finale réglissée alerte.

5. Chili – Valdivieso "Single Vineyard Merlot" 1998 :
DS13,5 – PP14 – PC12 /13 – LG14. Note moyenne : 13,5 - Prix : 28 €
- Robe dense, bordure grenat/brun.
- Nez vulgaire de poivron et de caramel.
- Matière corpulente, peu structurée, sucrailleuse ; l'acidité ne semble pas intégrée au vin.

6. Espagne Penedes – Torres "Grand Corona Mas Rabel de Fontenac" 1995 :
DS14,5 – PP14,5 – PC14,5 – LG15. Note moyenne : 14,5 - Prix : 20 €
Cépages : Cabernet Sauvignon/Merlot
- Grenat profond en bordure, centre noir.
- Premier nez réduit, qui s'ouvre sur un bouquet assez complexe mêlant rose fanée, poivre et petit gibier.
- Matière fine, évoluée, de la tenue et de la définition dans les arômes mais un certain manque de vigueur.

7. Chili – Valdivieso "Caballo Loco n°4" NM :
DS13 – PP12 – PCED ou 11 – LG13. Note moyenne : ED ou 12,5 - Prix : 40 €
Cépage : Merlot
- Nez peu net, beaucoup d'acidité volatile.
- Bouche alcooleuse, doucereuse et peu nette aromatiquement.

8. Espagne Penedes - Torres "Mas de la Plana" 1994 :
DS15,5 – PP15,5 – PC15,5 – LG14. Note moyenne : 15,5 - Prix : 40 €
Cépages : Cabernet Sauvignon/Merlot
- Premier nez violent, viandé, réduit, puis expression virile de noix, de bois brûlé, de terre battue.
- Bouche structurée (enfin…), de vrais tannins et une acidité nette ; voila un vin peu flatteur mais très sérieux.

9. Afrique du Sud - Sejana 1998 :
DS15 – PP15 – PC15,5/16 – LG13,5/14. Note moyenne : 15 - Prix : 54 €
Cépage : Merlot
- Robe noire.
- Nez séducteur sans mièvrerie, assez « classique » : crème de cassis, viande grillée, sang frais, bois brûlé, menthe…
- Bouche juteuse, texture soyeuse, une pointe d'exotisme (d'eucalyptus) dans la saveur dominée par des notes fumées, belle finale poivrée, nette et tannique.

10. Chili – Cousino Macul "Finis Terrae" 1998 :
DS11 – PP11 – PC10 – LG11. Note moyenne : 11 - Prix : 42 €
Cépages : 25% Cabernet Sauvignon/75% Merlot
- Robe brunie.
- Nez vulgaire, cassis synthétique et acidité volatile.
- Sucrailleux, fade, alcooleux, tannins grossiers.

11. Californie - Dominus 1998 :
DS14 – PP13 – PC12 – LG11. Note moyenne : 12,5 - Prix :160 €
Cépage : Merlot/Cabernet Sauvignon
- Robe dense, opaque.
- Nez puissant, très torréfié, capiteux.
- Bouche crémeuse, sucrailleuse, lourde, sans finesse.

12. Chili – Cousino Macul "Cabernet Sauvignon Antigua reserva" 1996 :
DS13 – PP12 – PC13 – LG12. Note moyenne : 12,5 - Prix : 19 €
- Robe évoluée, grenat sans éclat.
- Nez simple de crème de cassis et d'eucalyptus.
- Bouche fluette, goût fumé marqué, finale tannique.

13. Italie Bolgheri – Sassicaia 1998 :
DS15,5 – PP15 – PC16 – LG15,5. Note moyenne : 15,5 - Prix : 183 €
Cépages : 20% Cabernet Franc/80% Cabernet Sauvignon.
- Robe dense, mince bordure vieux rose.
- Nez très cabernet, expressif et cohérent, bel élevage respectueux du fruit : petits fruits noirs, moka, fumé, terre battue – une expression assez bordelaise.
- Grosse matière, la générosité (chair, alcool) est bien équilibrée par la structure, de la présence, de l'allonge ; ne parvient pas à  éviter complètement une certaine pesanteur roborative.

14. Italie Umbria – Falesco "Vitiano" 1998 :
Echantillon défectueux - Prix : 20 €

15. Chili – Valdivieso "Malbec V" 1998 :
DS13,5 – PP14 – PC14 – LG13,5. Note moyenne : 13,5/14 - Prix : 55 €
- Nez puissant, fumé, mentholé, café, animal (sang, cuir), avec du fruit aussi (cerise).
- Bouche serrée, de l'acidité et des tannins ; un jus violent mais crédible.

16. Chili – Almaviva 1996 :
DS15,5 – PP15 – PC15/15,5 – LG14,5/15. Note moyenne : 15 - Prix : 68 €
Cépages : Cabernet sauvignon/Merlot.
- Robe dense, bordure grenat/brun.
- Bourgeon de cassis, pansement (iode ?), viande fumée au nez.
- Bouche dense et structurée, tannique, de la présence de la vitalité, goût de cèdre et de noix assez médocain, finale qui ne manque ni d'allure ni d'allonge.

17. Autriche - Feiler-Artinger "Cuvée 1000" 1994 :
DS14,5 – PP15,5 – PC15 – LG15. Note moyenne : 15 - Prix : 22 €
Cépages : Cabernet Sauvignon/ Merlot.
- Robe grenat marquée par l'évolution
- Nez austère mais articulé et intense : herbacé, tabac, goudron, noix…
- Bouche vive et nerveuse, avec une vraie structure, une bonne longueur ; la chair un peu étriquée rend ces muscles et ses os un peu saillants.

18. Californie – Mondavi "Cabernet Sauvignon Reserve" 1995 :
DS16 – PP16,5 – PC16 – LG15. Note moyenne : 16 - Prix : 110 €
- Robe grenat dense et brillante.
- Nez séducteur, ouvert et volubile, marqué par l'élevage : café froid, cacao, vanille, grillé, épices, cerise kirschée…
- Bouche svelte mais intense, savoureuse, de bonne tenue mais qui vaut plus par ses saveurs chatoyantes de tabac, de cèdre et d'épices que par la race ou la profondeur de sa matière.

Conclusion :
- La dégustation était intéressante sur le papier : comparer les diverses expressions géographiques des cépages bordelais, en essayant de faire fi des préjugés ancien/nouveau monde. Elle s'est avérée décevante dans les faits. Malgré quelques bons vins, une certaine monotonie s'est rapidement installée, et finalement on n'a pas appris grand chose. Est-ce du à  la sur-représentation injustifiée des vins chiliens, au retour à  des verres INAO peut-être inadaptés à  ce type de vin, ou à  la malchance (le « Pirate » bordelais est sorti en premier…) ?

- Le fait que cette dégustation nous laisse dubitatifs devrait nous inciter à  retenter l'expérience des « grands vins » basés sur les cépages bordelais, en opérant une sélection plus cohérente, plus homogène, plus qualitative et plus représentative de ce qui se fait dans le monde. Je propose dans la foulée, sans citer de noms : 1 ou 2 vins espagnols, 3 ou 4 vins italiens (1 nord, 1 sud, 2 Toscane), 1 vin suisse (merlot du Tessin), 1 Languedoc, 1 Loire, 2 bordelais (1 Médoc et 1 Merlot), 3 vins américains (Californie et peut-être Washington), 1 vin chilien, 1 vin sud-africain, 1 ou 2 vins australiens, 1 vin néo-zélandais, plus une ou deux bizarreries si on les trouve…

Laurent Gibet

Vos commentaires sur les vins chiliens ne m'etonnent guere, si ce n'est que j'attendais un peu mieux d'Almaviva 1997. Si vous deviez refaire la degustation, puis-je suggerer Clos Apalta a la place. Il me semble avoir pris le dessus sur Almaviva ces 2-3 dernieres annees. Et nous ne sommes pas dans le stereotype qui risque effectivement de s'installer lors de ces degustations.

Ayant adore Ornellaia 98, je suis un peu surpris du commentaire sur Sassicaia. Et Dominus que si ramasse a ce point ....

1. Dégust de février 2000 :

Concha y Toro-Rothschild Maipo Almaviva Cabernet sauvignon 1996 :
Note moyenne : 16 vers 16,5 - prix : 320 F
• Assemblage bordelais : CS + CF + merlot. Maison liée à  Mouton-Rotschild.
• Une cuvée récente et ambitieuse.
• Robe sombre, très dense, mais les bords semblent déjà  tuilés.

1er groupe :
• Nez volubile et véritablement racé, déployant un éventail se senteurs articulées (notes herbacées, lard fumé, tabac) sur un fond fruité très mûr.
• Attaque souple, milieu de bouche charnu et noblement parfumé (humus, tabac, fumée, fer, …). La structure ressort en finale, induisant longueur et droiture.

2ème groupe :
• Nez intense, médocain avec de belles notes de poivron noble.
• Bouche nette, racée, équilibrée, plus élégante et fondue que celle du 97.

Concha y Toro-Rothschild Maipo Almaviva Cabernet sauvignon 1997 :
Note moyenne : 16 - prix : 320 F
• Assemblage bordelais : CS + CF + merlot. Maison liée à  Mouton-Rotschild.
• Une cuvée récente et ambitieuse.
• Robe tout aussi dense mais sans nuances orangées sur les bords. Intense et brillante.

1er groupe :
• Nez puissant, le fruit est davantage en évidence, peut-être moins complexe que le 96 mais toujours ample et racé, poli par un élevage luxueux et dénué d'agressivité.
• Bouche veloutée, très dense et longue, sapide, rétro-olfaction complexe et harmonieuse d'épices et de tabac. Peut-être un peu de chaleur en finale.

2ème groupe :
• Nez intense, de nouveau très médocain avec des notes de poivron noble, de graphite, d'herbes aromatiques.
• Bouche moins nette, moins accomplie cependant que le 96. On remarque un côté poudreux (de type cacao) et une légère amertume.

Casa Lapostolle Clos Apalta 97 :
Note moyenne : 15,5 vers 16 - prix : 180F
• Maison liée à  Grand-Marnier. Tout comme Almaviva, elle constitue une cuvée ambitieuse. Michel Rolland participe à  son élaboration.
• Cabernet-sauvignon + merlot + carmenere (proche du cabernet-franc).
• Robe impressionnante, noire d'encre avec une frange violacée, à  la fois visqueuse et pleine de vivacité.

1er groupe :
• 1er nez flatteur de café grillé et de fumée, puis émergent un fruité de myrtille écrasée et des notes plus exotiques (goudron, menthol, poivre). Encore assez monolithique aromatiquement, mais l'équilibre bois/fruit semble cohérent.
• Bouche très riche, luxueusement (lourdement) boisée, matière énergique et assez vive en attaque. La finale s'alourdit et semble s'enliser quelque peu dans son sucre résiduel et de lourdes notes de fruits à  l'eau de vie et de noix de coco grillée.

2ème groupe :
• Nez profond et déjà  assez complexe : mûre, cassis, réglisse, violette, café, tabac, épices. Un côté VDN.
• Bouche massive, fermée, sanguine, tonitruante, opulente, un brin chaleureuse. Un côté soyeux, opulent de merlot bien mûr.

2. Sassicaia est dans une phase renfrognée, dificle à  juger, vraisemblablement.

3. Enfi, nous avons gouté Dominus 3 fois, jamais bien :

Déc 99 :
7- Dominus Estate 86 (Christian Moueix) :
Note : 15 vers 14,5 - 950 F
• 80% merlot, 20% CS.
• Robe évoluée, sans plus.
• Nez intense exprimant des notes de cassis, de cacao, de fruits à  l'eau de vie, d'herbe séchée, de menthol, de sous-bois, de truffe. Il semble malheureusement que l'aération essoufle le vin.
• Illustrant une seconde déception, la bouche s'avère peu agréable, marquée par un peu de sucre résiduel. Les notes de bouquet séché, de noyau sont corrompues par un mélange de sécheresse et d'amertume. Des notes pharmaceutiques agressives complètent le tableau. Malgré une relative jeunesse, cette bouteille apparaît fatiguée, dépassée. Niveau qualitatif aux antipodes de l'objectif d'excellence et de prestige d'une telle cuvée.

janv 2000
7- Dominus estate 1988 :
Note : 14,5 - prix : 850 F
• 80% merlot, 20% Cabernet-Sauvignon.
• Robe présentant des signes déjà  notables d'évolution, foncée avec des bords acajou.
• Nez évolué également et assez complexe. Des senteurs de champignon (morille), de fruits à  l'eau de vie, de goudron, de réglisse, de camphre, de cassis, d'herbe séchée.
• Mais comme dans le cas du millésime 86, la bouche déçoit. Elle est un peu austère et relativement courte. Des notes de viande fumée, de réglisse agrémentent sans ostentation un vin qui semble plat et finit sur une légère amertume. Ce vin est dépassé, et compte-tenu de la réputation (et donc du prix) de cette cuvée, il constitue indéniablement une grosse déception.

Merci pour les archives. Avez-vous regoute les derniers millesimes de Clos et d'Almaviva (depuis 99) ? Cela m'interesserait de connaitre l'evolution de la qualite du cru au fil des annees, car j'ai une impression (peut-etre non fondee) que le progres atteint chaque annee dans une viniculture encore en evolution permet a chaque cru de s'ameliorer avec chaque nouveau millesime.

Non.

J'en ai en cave (99) mais je vais attendre un peu !

Laurent

Moi aussi je vais attendre mon 99 .... on coordinera une degustation en parallele d'ici a 2006 (bbb)