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CR: JuraTour 2012 : Quand le Coprez n'est pas là, les pirates sortent du bois

  • chrisdu74
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L’annonce d’un bœuf Limousin façon côtes a donné des ailes aux participants du LPV Jura Tour 2012 . Nous avons assisté (enfin, participé :)o ) à une débauche de vins de toutes origines. La faute sûrement à l’absence du coprèz (Tophe le Bison-bon-tin) qui a du se faire porter pâle. Faute de sa sévérité légendaire (le dernier qu’a goûté cancoillotte et plumes ne fait pas le fier), le programme a fait la part belle à de nombreux vins non jurassiens, à l’insu de mon plein gré !

Le thème était donc "éclectique" , chacun proposant un duel en dégustation à l'aveugle et quelques extras. Bref commentaire en passant, je constate à la pauvreté de mes notes que les pures éclectiques en aveugle sont vraiment déstabilisantes, il est très dur de se concentrer sur ce qu'on a dans le verre sans chercher à se raccrocher à un goût standardisé, à rechercher des sensations prédéfinies par ce que le vin peut ou doit être. Et alors, entre Rhônes sur la finesse et Bourgognes corpulents, voire grands bordeaux à maturité, on oublie l'étiquette et on savoure.

CR: Revenons à notre dégustation :

Avant d’être débordé par la base, j’ai quand même le temps de péter quelques canons orthodoxes (l'occasion de tester des outsiders, en dehors de Dieu, les papes et la sainte-trinité - casting sur demande ;) ) sur les fameuses Saint-Jacques aux morilles du révérend Phil, coquillages qu’il avait péché au lamparo dans le Léman la nuit précédente :

0) Crémant Domaine Macle (le même qu’en Novembre, achat 2010, lot 2007)

Encore un petit peu raide en Novembre, il commence à se faire. Belle bulle fine, nez sur la pomme fraîche et bouche toujours ferme. Un crémant structuré moins sexy que certains mais agréable néanmoins

1) Arbois 2006 Savagnin Dom Désiré Petit

Nez sur la pomme un peu trop mûre. La bouche est souple, ronde. Pas plus de souvenir

2) Côtes du Jura 2006 Savagnin Dom. CHEVASSU

Nez très fin, assez peu expressif. En bouche c’est vif et tendu. Initialement on est sur la pomme un peu comme le précédent mais ça passe à l’aération

La côte est sur la braise, on passe aux rouges et c'est là qu'on s'égare loin de l'orthodoxie juratourienne. La faute à ça :

3) HAUT-MEDOC 2009 Château Cornélie

Nez de fruit très mûrs, du cassis et une pointe de poivron. En bouche l’attaque est souple et fruitée, il y a une grosse matière et de fins tanins astringents. La finale n’est pas très complexe mais très fruitée.

[j’ai vaincu le signe indien, enfin un cornélie 2009 qui sort bien dans une dégustation de groupe ; moi du coup, j’ai déjà presque tout bu ]

4) MOULIS 2001 ch. Chasse-Spleen

Au nez, on trouve des fruits, c’est plus complexe et plus profond que le précédent ; En bouche ça attaque sur les fruits mais c’est coupé par une astringence féroce. J’ai pensé à un 2008

5) VACQUEYRAS Ch. Des Tours 2004

Nez Superbe ! En bouche, beaucoup de fruits, de la fraise, intense et poivré. J’aime beaucoup

6) ARBOIS Trousseau 1995 A&M TISSOT

Robe claire de vieux vin. Au nez, il reste des fruits. La bouche est fruitée, sur la finesse. L’astringence sèche la finale qui de plus renarde un peu. BIEN+

7) ARBOIS Trousseau 1989 A&M TISSOT

Le nez est animal. En bouche, l’attaque est souple avec un passage légèrement aqueux. Un beau volume toutefois, des fruits et des tanins toujours un peu astringents mais pas agressifs. Très bien

Après cet intermède jurassien, on attaque un double duel issu de la cave de Joseph qui recèle des trésors ([size=x-small]pas que l'intégrale de l'almanach Vermot - pardon pas taper[/size] ) :

8) CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru Derrière la Grange 1989 dom. BOURGEOIS-ROBLOT

Le nez est très intense, profond, animal. La bouche est superbe de puissance et de finesse. EXCELLENT

9) CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er cru Les Sentiers 1986 dom. GROFFIER

Le nez est encore plus intense, la bouche semblable en plus évolué. EXCELLENT Deux vins d’une jeunesse certaine

10) CHARMES-CHAMBERTIN Grand Cru 1988 A.ROUSSEAU

J’ai juste noté qu’il sentait la rose et la m… à la fois mais que c’était excellent. C’est même celui là que j’ai regouté en premier le dimanche

11) CHARMES-CHAMBERTIN Grand Cru 1993 dom. DUGAT-PY

Le nez est un peu plus fondu que les précédents ; la bouche est très puissante. Un peu trop astringent toutefois. Semble peu évolué mais va-t-il évoluer un jour ? TRES BIEN quand même

Enfin, un égaré de l’ordonnancement qu’il aurait mieux valu ne pas ressortir à ce moment :

12) HAUT-MEDOC Cru Bourgois ch. SOCIANDO-MALLET 1990

Nez sur les poivrons mûrs un peu compotés façon ratatouille. Je trouve que ces notes de poivrons se renforcent avec l’âge d’ailleurs. En bouche c’est frais, c’est mûr, fruité et poivronné. Encore astringent, d’une jeunesse insolente mais pas très complexe et surtout pas du tout à son affaire en fin de soirée et sans rien pour l’accompagner.

Lundi soir, 72h plus tard, je l’ai trouvé bien plus fondu et fort agréable.

On ressort quelques valeurs locales sur le fromage et le dessert :

13) ARBOIS Chardonnay-Savagnin 1989 A&M TISSOT

Sale nez très réduit, pas d’autres notes

14) ARBOIS Vin Jaune 1989 Cuvée DELPHINE J.PUFFENEY

La robe est doré foncé, le nez est d’abord très réduit mais ça s’arrange à l’aération. Des notes de fruits surmaturés apparaissent. En bouche, c’est Rhaaah Lovely !!! Une explosion d’arômes, de la noix, des épices. 10 jours plus tard, c’est une fin de bouteille en apothéose, un peu trouble mais c’est pas grave ; un condensé d’archétype de grand jaune avec les notes jurassiennes au summum de leur finesse plus la trame acide sur l’orange amère.

15) ARBOIS Vin Jaune 1989 A&M TISSOT

Peu de notes mais un très beau souvenir, le plus ouvert de la série, sur une bouche très vive, tendue et acide.

Pour finir, sur le dessert :

16) Vin de Paille dom. MOSSU 2005

Un paille assez puissant, dans le style macvin

Des notes succintes malgré un plaisir certain sur pas mal de vins.

En fait, pour en revenir à un débat récent, je ne suis pas complètement satisfait par la formule hybride de goûter un nombre important de bouteilles à table car il est difficile de recracher et de profiter de tout. Je préfère soit la dégustation préalable des bouteilles (qui peuvent être en nombre important), soit un repas avec maximum 2 bouteilles sélectionnées par plat.

Mais je n'ai à m'en prendre qu'à moi même, ayant une nouvelle fois explosé mon quota !
01 Jui 2012 13:38 #1

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Nez sur les poivrons mûrs un peu compotés façon ratatouille. Je trouve que ces notes de poivrons se renforcent avec l’âge d’ailleurs.

même sensation sur le dernier sociando 90 bu, il y a 2 ans il m'avait semblé moins marqué.
01 Jui 2012 13:58 #2

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C'était beaucoup moins marqué le Lundi. Mais une paire d'autres bouteilles bues depuis 2 ans étaient semblables avec peu d'oxygénation préalable; la prochaine, je tenterai une aération très longue...

[size=x-small]PS : Faut réécrire le titre en minuscule, sinon y a le(s) modo(s) qui tousse(nt), merci pour eux lui[/size]
01 Jui 2012 14:07 #3

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Chouette CR, Chris', avec un intro gondolante ! (tu)

L'interrogation sur le vin de Dugat Py est très intéressante !
Seraient-ce des vins pour les générations futures ?

Oliv
01 Jui 2012 21:18 #4

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J’ai juste noté qu’il sentait la rose et la m… à la fois mais que c’était excellent.

::S
C'est la faute à Rousseau tout ça ??;)
01 Jui 2012 22:46 #5

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Le vins de Dugat-Py, quand on les achète, on fait un geste pour ses petits enfants voir même arrière petits enfants! :D
02 Jui 2012 12:45 #6

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Réponse de Philippipipourrah sur le sujet Re: Quand le Coprez n'est pas là, les pirates sortent du bois

Merci Chris d’ idisk.mac.com/dignac... pour ce joli CR !

Camarade-président, j’ai aussi ressenti comme assez déroutant de passer d’une région et d’un cépage à l’autre au fil de bouteilles qui se suivent sans cohérence entre elles si ce n’est la joyeuseté éclectique d’une auberge espagnole (ou d'un gîte arboisien). Mais peut-être est-ce que je n’y suis pas (encore) (suffisamment) habitué - hypothèse 1 -, ou alors cette manière de procéder n’est en fait pas idéale - hypothèse 2 -, car elle induit le risque de téléscopages entre des vins qui se succèdent de façon somme toute aléatoire, i.e. en fonction des apports et d’un ordonnancement-qui-fait-ce-qu’il-peut-le-pauvre-avec-ce-qu’on-lui-soumet.

Mais LE truc qui m’a frappé lors de cette dégustation, c’est que la quasi-totalité des bouteilles les plus évoluées se présentaient beaucoup mieux lorsqu’on les a regoûtées 36h plus tard, voire davantage, qu’au moment initial où on avait choisi des les boire :
- à part le Charmes-Chambertin de Dugat-Py qui a évolué très timidement le surlendemain, les trois autres bourgognes de 20 à 25 ans d’âge se sont pleinement épanouis (le Groffier et surtout le Rousseau sont même devenus somptueux) en laissant apparaître leur complexité d’arômes, leur équilibre et leur profondeur, alors qu’ils présentaient au début un nez méchamment animal, animal, animal, animal, animal (merci Francis Cabrel) ; et les bouteilles à moitié vides avaient été simplement rebouchées avec leur bouchon, sans vide d’air ni azote ni autre technique ! C’est un cépage fragile le pinot noir ?...
- si l’Arbois Trousseau 1995 d’André & Mireille Tissot a peu changé sur les 5 jours où je l’ai regoûté, le 89 lui n’a cessé de s’améliorer, et le fond de la bouteille était super gourmand ! Là aussi, comme pour les bourgognes, conservation à moitié ou aux trois-quarts vides sans se poser de question ni s’inquiéter.
- l’Arbois Sélection 1989 (70% chardo - 30% savagnin) avait un sale pif, votre Honneur ? J’en conviens, au premier contact il m’a évoqué le nez bizarre, tendance urineuse, du Côtes du Jura Vin Jaune 1982 de Bernard Badoz bu en novembre dernier. Mais là encore, s’il a starté en mode diesel (comme Federer dans la première semaine d’un tournoi du Grand Chelem ;)), il a progressivement élevé son niveau de jeu sur les jours suivants.
- Les deux Arbois jaunes 89 ont logiquement bénéficié d’une aération prolongée, déjà perceptible le surlendemain : le Tissot a gagné en ampleur et en plénitude pour, l’espace d’un moment, donner l’impression qu’il arrivait presque au niveau du Puffeney; mais ce dernier gardait une -bonne- longueur d’avance en terme de finesse, de palette aromatique et de crémosité. "En bouche, c’est Rhaaah Lovely !!!", se lâche Chris de la dame de Haute-Savoie du 74 ; "10 jours plus tard" à le lire, c’est même devenu « Oh oui, oh oui, encore, encore » ("Encore et encore" : faut que j’arrête les réf’ à Cabrel, on va finir par croire que je suis groupie B)).
- Last exemple, le Sociando 90 qui, toujours selon Chris d’ www.nextiraone.eu/va... le nouveau commerçant ;), s’est aussi sensiblement amélioré pour dépasser son viscéral poivron variétal.

Ces constats répétés me posent de sacrées questions sur la préparation optimale des belles bouteilles d’âge respectable qu’on sort pour les jubilés et autres "grandes occasions", et qu’on espère bien sûr voir et boire dans leur plus belle expression : faut-il envisager d’en transvaser trois jours avant la moitié dans une bouteille vide afin d’avoir deux bouteilles à moitié pleines qui s’aèrent et s’épanouissent tranquillement ? Oui je sais ce serait du quitte ou double, c’est ça qui est chiant avec le vin, c’est que c’est un produit vivant, et donc imprévisible, déroutant, plein de charme en fait…

:), Philippe
02 Jui 2012 15:24 #7

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Bravo à Chris, Philippe, Ricou et Hubert et merci pour tous vos compte-rendus aussi complets que spirituels...
Moi aussi, j'ai été très agréablement surpris par l'évolution de ces bourgognes déjà vénérables regoutés 36 heures après leur ouverture; les vins ont perdu les arômes un peu déviants décelés à l'ouverture et ont considérablement gagné en complexité d'arômes et en finesse à une exception près toutefois !
Le Charmes-Chambertin 1993 de Dugat-Py : regouté 36 heures après ouverture, il n'avait quasiment pas évolué, toujours aussi monolithique et dur. A nouveau 36 heures après, il était proprement imbuvable et a terminé sa carrière dans l'évier !
Il est vrai qu'il avait voyagé 400 kms... Mais, comme Chris, je suis convaincu qu'avec le temps, il ne se bonifiera pas...
Grosse déception sur un vin de ce domaine aussi réputé que dispendieux !
17 Jui 2012 11:35 #8

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