L’annonce d’un bœuf Limousin façon côtes a donné des ailes aux participants du
LPV Jura Tour 2012
. Nous avons assisté (enfin, participé :)o ) à une débauche de vins de toutes origines. La faute sûrement à l’absence du coprèz (Tophe le Bison-bon-tin) qui a du se faire porter pâle. Faute de sa sévérité légendaire (le dernier qu’a goûté cancoillotte et plumes ne fait pas le fier), le programme a fait la part belle à de nombreux vins non jurassiens, à l’insu de mon plein gré !
Le thème était donc "éclectique" , chacun proposant un duel en dégustation à l'aveugle et quelques extras. Bref commentaire en passant, je constate à la pauvreté de mes notes que les pures éclectiques en aveugle sont vraiment déstabilisantes, il est très dur de se concentrer sur ce qu'on a dans le verre sans chercher à se raccrocher à un goût standardisé, à rechercher des sensations prédéfinies par ce que le vin peut ou doit être. Et alors, entre Rhônes sur la finesse et Bourgognes corpulents, voire grands bordeaux à maturité, on oublie l'étiquette et on savoure.
Revenons à notre dégustation :
Avant d’être débordé par la base, j’ai quand même le temps de péter quelques canons orthodoxes (l'occasion de tester des outsiders, en dehors de Dieu, les papes et la sainte-trinité - casting sur demande
) sur les fameuses Saint-Jacques aux morilles du révérend Phil, coquillages qu’il avait péché au lamparo dans le Léman la nuit précédente :
0)
Crémant Domaine Macle (le même qu’en Novembre, achat 2010, lot 2007)
Encore un petit peu raide en Novembre, il commence à se faire. Belle bulle fine, nez sur la pomme fraîche et bouche toujours ferme. Un crémant structuré moins sexy que certains mais agréable néanmoins
1)
Arbois 2006 Savagnin Dom Désiré Petit
Nez sur la pomme un peu trop mûre. La bouche est souple, ronde. Pas plus de souvenir
2)
Côtes du Jura 2006 Savagnin Dom. CHEVASSU
Nez très fin, assez peu expressif. En bouche c’est vif et tendu. Initialement on est sur la pomme un peu comme le précédent mais ça passe à l’aération
La côte est sur la braise, on passe aux rouges et c'est là qu'on s'égare loin de l'orthodoxie juratourienne. La faute à ça :
3)
HAUT-MEDOC 2009 Château Cornélie
Nez de fruit très mûrs, du cassis et une pointe de poivron. En bouche l’attaque est souple et fruitée, il y a une grosse matière et de fins tanins astringents. La finale n’est pas très complexe mais très fruitée.
[j’ai vaincu le signe indien, enfin un cornélie 2009 qui sort bien dans une dégustation de groupe ; moi du coup, j’ai déjà presque tout bu ]
4)
MOULIS 2001 ch. Chasse-Spleen
Au nez, on trouve des fruits, c’est plus complexe et plus profond que le précédent ; En bouche ça attaque sur les fruits mais c’est coupé par une astringence féroce. J’ai pensé à un 2008
5)
VACQUEYRAS Ch. Des Tours 2004
Nez Superbe ! En bouche, beaucoup de fruits, de la fraise, intense et poivré. J’aime beaucoup
6)
ARBOIS Trousseau 1995 A&M TISSOT
Robe claire de vieux vin. Au nez, il reste des fruits. La bouche est fruitée, sur la finesse. L’astringence sèche la finale qui de plus renarde un peu. BIEN+
7)
ARBOIS Trousseau 1989 A&M TISSOT
Le nez est animal. En bouche, l’attaque est souple avec un passage légèrement aqueux. Un beau volume toutefois, des fruits et des tanins toujours un peu astringents mais pas agressifs. Très bien
Après cet intermède jurassien, on attaque un double duel issu de la cave de Joseph qui recèle des trésors ([size=x-small]pas que l'intégrale de l'almanach Vermot - pardon pas taper[/size] ) :
8)
CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru Derrière la Grange 1989 dom. BOURGEOIS-ROBLOT
Le nez est très intense, profond, animal. La bouche est superbe de puissance et de finesse. EXCELLENT
9)
CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er cru Les Sentiers 1986 dom. GROFFIER
Le nez est encore plus intense, la bouche semblable en plus évolué. EXCELLENT Deux vins d’une jeunesse certaine
10)
CHARMES-CHAMBERTIN Grand Cru 1988 A.ROUSSEAU
J’ai juste noté qu’il sentait la rose et la m… à la fois mais que c’était excellent. C’est même celui là que j’ai regouté en premier le dimanche
11)
CHARMES-CHAMBERTIN Grand Cru 1993 dom. DUGAT-PY
Le nez est un peu plus fondu que les précédents ; la bouche est très puissante. Un peu trop astringent toutefois. Semble peu évolué mais va-t-il évoluer un jour ? TRES BIEN quand même
Enfin, un égaré de l’ordonnancement qu’il aurait mieux valu ne pas ressortir à ce moment :
12)
HAUT-MEDOC Cru Bourgois ch. SOCIANDO-MALLET 1990
Nez sur les poivrons mûrs un peu compotés façon ratatouille. Je trouve que ces notes de poivrons se renforcent avec l’âge d’ailleurs. En bouche c’est frais, c’est mûr, fruité et poivronné. Encore astringent, d’une jeunesse insolente mais pas très complexe et surtout pas du tout à son affaire en fin de soirée et sans rien pour l’accompagner.
Lundi soir, 72h plus tard, je l’ai trouvé bien plus fondu et fort agréable.
On ressort quelques valeurs locales sur le fromage et le dessert :
13)
ARBOIS Chardonnay-Savagnin 1989 A&M TISSOT
Sale nez très réduit, pas d’autres notes
14)
ARBOIS Vin Jaune 1989 Cuvée DELPHINE J.PUFFENEY
La robe est doré foncé, le nez est d’abord très réduit mais ça s’arrange à l’aération. Des notes de fruits surmaturés apparaissent. En bouche, c’est Rhaaah Lovely !!! Une explosion d’arômes, de la noix, des épices. 10 jours plus tard, c’est une fin de bouteille en apothéose, un peu trouble mais c’est pas grave ; un condensé d’archétype de grand jaune avec les notes jurassiennes au summum de leur finesse plus la trame acide sur l’orange amère.
15)
ARBOIS Vin Jaune 1989 A&M TISSOT
Peu de notes mais un très beau souvenir, le plus ouvert de la série, sur une bouche très vive, tendue et acide.
Pour finir, sur le dessert :
16)
Vin de Paille dom. MOSSU 2005
Un paille assez puissant, dans le style macvin
Des notes succintes malgré un plaisir certain sur pas mal de vins.
En fait, pour en revenir à un débat récent, je ne suis pas complètement satisfait par la formule hybride de goûter un nombre important de bouteilles à table car il est difficile de recracher et de profiter de tout. Je préfère soit la dégustation préalable des bouteilles (qui peuvent être en nombre important), soit un repas avec maximum 2 bouteilles sélectionnées par plat.
Mais je n'ai à m'en prendre qu'à moi même, ayant une nouvelle fois explosé mon quota !