Aaaah, Noël, ce joli prétexte pour se retrouver en famille et festoyer ce que nous avons fait dignement et que je vous relate ci-après.

[size=large]Zakouskis (toasts de foie gras d'oie confit de figue au porto, chips de parmesan, mini quiches provençales, mini feuilletés de saumon)[/size]

[size=large]Champagne Barnaut, Grande Réserve Brut Grand Cru[/size]

2/3 Pinot Noir, 1/3 Chardonnay
Champagne d'une dizaine d'année, à la robe vieil or évoluée et à la bulle fine et discrète.
Nez sur le sous-bois, fougère, légèrement champignonné, noix, un peu pomme surmûrie.
La bouche est vineuse, sur le même registre aromatique souligné par une effervescence assez douce.

[size=large]Coteaux du Languedoc, Domaine de Montcalmès 07[/size]

50% roussane et 50% marsanne. Vinification et vieillissement en barriques et demi-muid de un ou deux vins pendant 24 mois.
J'avais quelques craintes pour cette première bouteille que j'ouvrais, un vin que j'avais adoré au domaine mais qui a apporté son lot de déceptions dans plusieurs CRs sur le forum, j'avais donc une certaine appréhension. Et bien, il fût magnifique.
Un superbe nez sur la pêche jaune, l'ananas, assez exotique avec de jolies notes d'élevage.
La bouche est ronde, tapissante, sur un fruit mûr, un fin côté vanillé présent mais bien intégré. Jolie longueur, en finesse. Il a beaucoup plu. Attention par contre à la température de service, il était parfait vers 11-12°, un des convives l'a un peu oublié et sur le fond de verre plus chaud, l'alcool se marquait.

[size=large]Trio de verrines de saumon fumé (tomate cerise avocat, crabe et fromage frais)[/size]

[size=large]Riesling Grand Cru Sommerberg, Domaine de l'Oriel 07[/size]

Nez sur le citron confit, le silex, de fines notes pétrolées restants discrètes.
Bouche assez ronde (c'était plus tranchant en jeunesse dans mes souvenirs de dégustation au domaine), sur le citron confit, riche, avec une finale nette très légèrement salivante et minérale (mais pas autant qu'un Kirchberg de chez Sipp par exemple). S'accordait bien avec les verrines où il jouait à niveau équivalent avec le saumon sans l'agresser par une acidité trop vive.

[size=large]Scampis à l'espagnole (flambés au Cognac, sauce tomatée, ail, Madère, échalotes, poivre de Cayenne, crème)[/size]

[size=large]Vin de Pays d'Oc, Domaine Fabre, cuvée Chimère 07[/size]

100 % Viognier, faible rendement (15 hl/ha), fermentation et élevage en fûts de chêne Français neufs avec contrôle des températures.
Robe ambrée, presque orangée.
Nez puissant sur l'abricot mûr, limite confit, des notes florales et des touches beurrées, miellées d'élevage.
La bouche est riche, puissante, contrebalançant parfaitement la sauce épicée, riche elle aussi. Le fruit en bouche est confit, l'abricot est bien marqué, l'élevage aussi, mais sur cet accord, ça fonctionne bien.

[size=large]Granité poire Cognac[/size]

[size=large]Filet pur de porc lardé à l'ananas, couronne de pdt, marmelade d'ananas[/size]

[size=large]Saint-Chinian, Mas de Cynanque / Acutum 08[/size]

Syrah 60%, Mourvèdre 20%, Grenache 20%. Elevage de 12 mois en fûts, sur un assemblage de barriques neuves, de 1 et de 2 vins.
Bouteille épaulée le matin pour le soir (faute de carafe, mes 2 carafes étaient déjà occupées pour les vins suivants).
Robe sombre.
Nez sur les fruits noirs, garrigue, des touches fumées, un peu suie, épices.
Bouche serrée, sur les fruits mûrs, le thym, un peu réglisse et des notes minérales, un côté un peu terreux, bouche proche de la cuvée plein grès avec l'élevage en plus qu'on retrouve avec les touches fumées du nez. Tanins un peu secs en finale, mais c'est jeune et prometteur.

[size=large]Vin de Pays de l'Hérault, Grange des Pères 07[/size]

Séquence émotion, mon graal, le cadeau de mes 30 ans qui dort en cave depuis 1 an et demi, c'est Noël, on est en famille, envie de se faire plaisir, j'ouvre donc ma première GDP. Ouverture le matin vers 11h pour déguster un premier verre et voir si la carafe est nécessaire pour plusieurs heures. J'ai ri en portant le premier verre à mon nez, les fameuses notes d'anchois sont là (bon, soyons honnêtes, je ne l'aurais pas lu sur le forum à plusieurs reprises, je n'aurais pas mis le doigt sur l'anchois, plus sur un côté salé, fumé, un peu, avec des gros guillemets "fumet de poisson"). Ce n'est évidemment pas l'arôme principal de ce bouquet complexe, cerise, fruits plus rouges que noirs, notes de garrigue, légères, il y a beaucoup de profondeur et de subtilité, un côté un peu bourguignon (que j'ai un peu de mal d'expliquer, c'est mon ressenti sur ce premier verre). Roulement de tambour, première gorgée, c'est beau, subtil, fin, pas très puissant, long ... mais fermé malgré tout, ça me laisse un peu sur ma faim en l'état, j'hésite à carafer de suite car par rapport au vin suivant, la structure n'est pas la même, je caraferai finalement vers 16h, la GDP restera donc environ 5 heures en carafe.

A table, après avoir respiré en carafe, c'est le vin qui aura fait défiler le plus de région avant que nos convives ne reviennent en Languedoc (ont été cité, Rhône, Tempranillo, Bordelais, ...). Le vin est un peu plus ouvert que le matin, le nez est plus maintenant une corbeille de fruits rouges que juste la cerise, le bouquet est un savant mélange de ces fruits, de légères notes de garrigue, de touche d'olive, d'anchois, d'épices douces, c'est à nouveau fin et subtil.
La bouche est, elle aussi, subtile, fine, longue ... mais, honnêtement, pour moi tout comme pour mon père qui dégustait lui aussi sa première GDP, c'était superbe, mais le mythe nous laisse un peu sur notre faim, on s'attendait à plus (on attend certainement toujours trop d'un mythe). C'est superbe, mais pour ce prix, on peut se faire 2 à 3 fois plaisir avec d'autres jolies cuvées languedociennes. Excellent donc, mais pas exceptionnel, certainement le deviendra-t-il avec quelques années de plus ... je laisse donc les petites sœurs dormir gentiment en cave.
L'accord avec le plat était par contre parfait.

Que mettre après une GDP ? Ce n'est pas une tâche facile que de passer derrière, défi relevé par

[size=large]Saint-Chinian, Mas de Cynanque / Nominaris 08[/size]

Micro-cuvée de 1000 bouteilles. Syrah majoritaire (presque 100 %, quelques baies d'autres cépages pour respecter le décret de l'AOC), élevage 24 mois en fûts 1/3 neufs, 1/3 d'un vin, 1/3 de 2 vins. Rendements infimes de 8 hl/ha.
Même exercice que pour la GDP, ouverture à 11h et là, wow, quelle monstre de concentration, c'est clair, il n'y a pas de doute, carafe ! Il y sera resté près de 12 heures.
Robe encre, presque noire, dense.
Nez puissant, sur les fruits noirs avec un côté chocolat amer marqué, fines notes de garrigue, épices, notes de torréfaction, un peu praline Mon Chéri (les belges connaissent, pour ceux que ça intrigue voir ici ).
La bouche est dense, puissante, les tanins serrés, mais déjà soyeux, doux, le chocolat se marque à nouveau par delà les fruits noirs mûrs, confiturés, les épices et la réglisse. Longueur +++. C'est assez monstrueux, mais tout en équilibre, ça n'a pas la subtilité de la GDP, mais c'est malgré tout très fin, et surtout, il sera passé sans sourciller derrière la GDP et lui aura même été préféré (en l'état en tout cas, le même "match" se refera volontiers quand les 2 auront quelques années de plus).

[size=large]Toast chaud de bouquet des moines au sirop de Liège[/size]

[size=large]Cidre de Rhuys, cidre bouché breton brut[/size]

Joli cidre apportant fraîcheur et amertume sur ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, bulle vive, bouche nette, acidulée avec une belle amertume en finale.

[size=large]Bûche glacée[/size]

Un Rivesaltes Tuilé Rancio Château de Nouvelles 96 était prévu sur le dessert ... mais bon, la coupe était pleine, on n'en pouvait plus ... une prochaine fois.

Dieu que tout ça était bon ... merci petit Jésus (en culotte de velours pour plusieurs des vins)

Joli réveillon, et beau CR !

O.

Superbe CR et qui me rappel des discussions ici, sur les vins du Sud, il n'y a pas si lontemps, où d'aucun se questionnaient sur "qui se risquerait à ne servir que des vins Sudistes dans de grandes occasions".
Ce beau repas relaté ici, où beaucoup de bouteilles semblent parfaitement à leur place sur une cusine féstive, me parrait révélateur d'un changement en marche.
Alex6

Pour connaître GDP 2007 et Nominaris 2008 je suis étonné du jugement final.

le compte-rendu est superbe et très détaillé.
Si apoitou pense que c'est un changement en marche, je pense que je suis encore en queue de peloton, car ces goûts qui nous emmènent vers le porto, ce n'est pas vraiment mon Graal.
Mais de toute façon, c'est intéressant d'avoir fait cette expérience, enrichissante, et si bien racontée.

Merci pour vos sympathiques retour sur ce CR.

Alex, j'avoue ne même pas m'être posé la question, je sers des vins qui correspondent à mes goûts et dans le cas de ce réveillon de Noël, aussi à ceux de mon père qui est assez axé Languedoc-Roussillon et vallée du Rhône.
J'ai aussi hésité à mettre quelques vins italiens intéressant qui dorment dans ma cave, en Chianti Classico et Vino Nobile di Montepulciano, le Bordelais et la Bourgogne n'ont pas l'exclusivité de la production de bonnes choses, ils ont juste la quasi exclusivité du feu des projecteurs ... et c'est tant mieux pour les amateurs d'autres belles régions (LR, Loire, Rhône, ...).

François, je pense que tu devrais faire l'effort de te laisser guider à déguster quelques beaux vins du LR car cette image de goût de Porto est assez péjorative pour les belles choses que la région peut produire et est de plus tout à fait fausse pour les vins provenant de coteaux en altitude qui permettent malgré le climat de garder de la fraîcheur dans la bouteille.

lolop écrivait:

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> Pour connaître GDP 2007 et Nominaris 2008 je suis étonné du jugement final.

Je le confirme pourtant, et l'ensemble des convives aussi, la GDP est un vin subtil, très fin, mais en deça des espoirs que j'y avais mis, le temps devrait aider à le rendre plus magique. Nominaris a été servi dans des conditions idéales après un très long carafage et une température de service modérée (15°) pour dompter la richesse de cette cuvée. Peut être n'était-ce pas le cas lors de ta dégustation, d'où le jugement différent ... et puis, reste toujours les goûts ...

"Si apoitou pense que c'est un changement en marche, je pense que je suis encore en queue de peloton, car ces goûts qui nous emmènent vers le porto " Punaise faut l'écrire ça françois !!!

Ecrire cela, c'est ne pas connaître grand chose aux vins du Languedoc ou du Roussillon, et on ne peut "laisser passer" une sentence pareille sans réagir.. Mais évidemment, difficile dans ces régions de trouver des étiquettes à partager. Grange des pères ou Montcalmes ne disent rien à beaucoup de non amateurs donc compliqué..

Alors oui, boire ou gouter une Petite Sibérie de temps en temps, ça fait chic mais j'espère que tu ne vas pas dire à hervé que ces vins en général font porto... Ceci dit il y a de nombreux portos magnifiques !!

Arnaud

Suite aux discussions récentes sur la région L.R., j'ai bien l'intention d'explorer ces vins, et je compte bien remettre en cause ce que j'ai écrit ci-dessus.
Je serai heureux d'être émerveillé.

On n'est pas obligé de ressortir sa méchanceté sous-jacente chaque fois que l'on discute. ça n'avance à rien.

OK François, mes propos ont été excessifs.. Mais tu ne peux pas écrire sur une région entière ce type de propos, tout en ne connaissant que très peu celle ci. Tu es passionné par le vin, comme beaucoup d'entre nous ici, donc ne te permets pas de telle généralisation.. J'ai moi même écrit que certains vins "anciens" m'avaient subjugué, comme Clos de Tart 64 récemment, donc goutes certains crus du Languedoc ou du Roussillon (les bons) et je serais ravi d'échanger avec toi sur le sujet.

Arnaud

A vrai dire, je n'avais pas compris pourquoi ça se mettait à parler de Porto dans ce fil. J'avais cru qu'il s'agissait d'une référence au premier plat. Si c'est pour associer les vins de L-R au goût de Porto c'est en effet bien triste. Anchois, à la limite, mais Porto je ne vois pas

O.

Je ne cherche pas du tout à avoir raison, car ça ne se justifie pas. Mais j'ai lu :
puissant, sur les fruits noirs avec un côté chocolat amer marqué, fines notes de garrigue, épices, notes de torréfaction

puis
le chocolat se marque à nouveau par delà les fruits noirs mûrs, confiturés, les épices et la réglisse

Et ces mots m'ont fait penser, l'espace d'un instant, à porto. Il ne faut rien chercher de plus.
Mais si un vin de 2008 est déjà chocolat et torréfié, ce n'est pas la tendance que je cherche dans le goût d'un vin rouge.

Comme je l'ai dit, la somme des rapports positifs me donnent envie d'explorer ces vins, donc j'essaierai, dans un esprit positif.
A noter que cet esprit ouvert, je l'ai, comme le montre cet exemple :

L’ami caviste nous fait boire trois vins à l’aveugle. Le premier est doux d’approche, agréable et juteux, et ce qui me plait, c’est qu’il n’en fait pas trop. C’est un Coteaux du Languedoc Domaine de la Marfée, les champs murmurés Thierry Hasard 2005. Disons-le tout net, j’ai beaucoup aimé, car c’est franc, facile à boire, sans chichi et sans fausse note. Ce n’est pas le cas du vin suivant : Marius, vin de pays des Côtes Catalanes 2005 qui titre 14,5°. Il a en lui tout ce modernisme auquel j’ai un mal fou à me faire. Jeannie dit : « cooked ». Ce vin a, pour elle, un fruit complètement brûlé, cuit, éteint. Elle non plus ne l’aime pas, ce qui doit venir d’un problème de bouteille, car le vigneron qui le fait n’est pas connu pour mal faire. La belle surprise, c’est le vin Peyre Rose Oro, Coteaux du Languedoc blanc 1996 de Marlène Soria, une magicienne du vin. Ce vin d’une couleur inspirée par le nom, virant vers le rose, est assez fumé, avec des notes oxydatives qui évoquent le Jura ou un vin de Bourgogne ayant prématurément mûri. Mais ce vin bien sec, d’une forte personnalité se boit avec un plaisir certain. Je le trouve parfait, car il joue juste. Deux bonnes pioches, c’est un score excellent. Je suis ravi de ces découvertes.

Il faut être ouvert pour avoir en cave un double magnum :
double magnum de Saint-Chinian, les vignerons de Roueïre 1998. J’avais ouvert la bouteille vingt heures à l’avance, et carafé plus de quatre heures. Le résultat est un vin extrêmement agréable qui a plu au clan qui s’est créé autour de ma fille aînée des amateurs de vins de pays. C’est un vin très agréable, auquel il manque bien sûr un vrai final. Mais il se boit avec plaisir.

Donc je pense pouvoir dire : ces vins ne sont pas dans mes axes de recherche, et par ailleurs avoir envie de mieux les connaître.