Anjou blanc « Les Roulier », Richard Leroy, 2008
Robe jaune or pâle.
1er Nez sur la pomme, la poire comice, le miel sec, avec quelques aromes lactés.
Attaque vive en bouche, le vin est structuré autour de l’acidité et développe des parfums de pommes au four, de poire en sur-maturité, on frôle le blet selon un dégustateur. Ici, le vin hésite entre un caractère oxydatif et le caractère fruité opulent d’un chenin de la Loire. Encore dominé par l’élevage et la confirmation des notes fermentaires présentes au nez, on sent poindre une franche minéralité. La finale est correcte, personnellement je la trouve courte mais le vin est très jeune.
Stéphane Bernaudeau, « Les Nourrissons », 2008
Belle robe jaune claire
Nez expressif et complexe sur les agrumes frais, les épices, les fruits secs oléagineux rapidement dominé par le pralin, l’orange amère et le citron. Je sens le rôti du raisin si ce n’est le début d’un beau botrytis.
La bouche est tranchante, le vin construit autour d’une franche acidité et d’une minéralité superlative. L’acidité transporte un bel arôme de citron baldi et la bouche riche et sèche se montre effilée comme une lame de rasoir. Un pur vin de roche, minéral, sapide, frais, digeste et très long.
Je connaissais le 2001, j’avoue que regoûté en fin de soirée la classe folle de ce vin et l’arôme très précis de sorbet au citron d’Italie sont autant d’invitations à ouvrir ce flacon à 3 ans avant de l’oublier pendant 5 à 7 ans. Avec L’expérience, je ne peux que m’incliner devant les grands Chenins et seuls les grands Riesling peuvent m’en détourner….J’attends toujours le choc sur un grand chardonnay.
Domaine Richard Leroy, « Noël de Montbenault », 2006
Joli robe jaune à reflets dorés
Nez élégant, sur la poire, le miel, les fruits à l’eau de vie. Une certaine acidité volatile est perceptible sans qu’elle ne me paraisse franchement dérangeante. Le vin évolue bien à l’oxydation et délivre des parfums de fruits confits, de fenouil et de cire d’abeilles.
La bouche est élégante, vive, fluide avec une acidité traçante et une belle minéralité. Légèrement chaud en fin de bouche, ce vin est comme le feu, puissant et légèrement penchant vers l’alcool, il lui faut de l’aération et du temps pour qu’il s’apaise. A carafer impérativement.
Vouvray, Domaine Huet, « Le Mont » 2006
Après les Nourrissons, voici « Rosemary’s baby ».
1er vin du domaine Huet dégusté pour ma part, je m’attends à un feu d’artifice. Ce sera un pétard mouillé.
Avec l’âge, plus je m’approche de Saint Pierre et du jugement dernier, plus je redoute l’odeur du souffre et les portes de l’enfer. Me voici comme saisi à l’intérieur de l’œuvre monumentale de Rodin, happé par des mains d’esclaves aux formes aguicheuses qui m’attirent vers le bas et les flammes. En bouche, un baiser rougi au fer rouge provoque douleur et répulsion. Entre le cri de Munch et le hurlement féminin qui achève la quête du héros de Blow out de Brian de Palma :
1er Nez soufré, allumette, poudre à pétard. Pierre à fusil, fruits secs très grillés, très empyreumatique pour les gentils.
En bouche, on sent une belle matière, un peu de rondeur et de gras mais pour moi le souffre est rédhibitoire comme l’amertume en fin de bouche, (100 mg total selon polo la science).
Savennières, Damien Laureau, "Le Bel Ouvrage" 2008
Robe jaune pâle
Nez expressif sur le citron, le limoncello, puis la poire William, les pommes fermières avec une petite pointe de volatile.
La bouche est soignée avec une très belle matière bien traitée. On croque à pleines dents le fruit, la pomme en particulier. La finale amère est de toute beauté. Un bien bel ouvrage ma foi
Saumur, Domaine Guiberteau, Brézé 2004
Belle robe jaune or pâle
Nez magnifique de pureté et de précision. Une pointe acide élancée vient vous exciter les muqueuses olfactives. On s’éloigne des arômes variétaux du chenin, pour se placer sur un registre floral, (fleurs blanches de vergers), d’agrumes (ananas victoria) et de fruits blancs à noyaux (mirabelles).
La bouche est équilibrée, doté d’un fruit magnifique, mirabelle, melon, ananas rôti, le citron avec une belle minéralité. Demeure un côté vanillé en note de fond qui nous rappelle l’élevage et signifie un autre style plus cadré. Cela pourrait être la limite de ce vin et une restriction mais j’adore.
Domaine de Bellivière, Eric Nicolas, Vieilles Vignes éparses 2002
Robe jaune or à reflets ambrés
Nez dense, riche et miellé. Puis apparaissent des notes de pommes au four, de vieux calvados, et de fumée. Une légère volatile là encore.
La bouche est pleine, grasse, riche, moelleuse mais sans sucre résiduel perceptible. L’acidité présente la rend encore très dynamique. C’est puissant et minéral.
Le vin se mange, quasi tannique il lui faut un met qui lui en imposera à son tour. Une volaille crémée, un risotto, une blanquette de veau à l’ancienne seront parfaits. Un chèvre crémeux, un fromage laitier puissant voire un puant normand demandent à être taster avec ce vin naturel et de terroir.
Stéphane Bernaudeau, « Les Nourrissons », 2001
Robe jaune or, vieil or
Nez miellé, sur un registre d’agrumes, (oranges sanguines, citron), le musc, les épices (safran)
En bouche c’est la texture qui me frappe d’emblée et l’impression de croquer un loukoum sec, j’entends par là sans sucre. Le vin est moelleux avec un équilibre et une densité superlative. C’est pur, minéral, nettement plus enrobé que le 2008. Les notes aromatiques convoquent l’ananas et le citron. C’est puissant, chaud et enveloppant.
Le plus grand vin blanc bu à ce jour….avec un nourrisson 2008 qui ravit par sa fraîcheur, sa fougue et sa classe.
Quart de Chaume, Château de Suronde, 2001
Je n’avais encore rien goûté jusque là. Le plus grand vin de botrytis dégusté à ce jour.
Magnifique robe ambrée
Nez complexe de miel, de cire et d’encaustique. Puis des notes de poires et de moka. Cela sent le safran, la cannelle, les gâteaux alsaciens de noël, le pain d’épice. Enfin la somptueuse note de truffe blanche qui annonce la minéralité.
En bouche le vin est d’un somptueux moelleux. Riche, étonnamment tonique et acide pour un vin de botrytis. C’est une délicate pâtisserie à base de figue, de datte et de noix. Splendides aromes lourds en fond de verre. Là encore, le vin devient aliment et un transport pour la méditation. Il accompagne fort bien une tarte aux pommes au délicat feuilleté encore chaude bien que ce soit un vin qui se suffit à lui-même. Un truc de vieux devant un feu de cheminée et une peau de bête à ses pieds.
Cliché !
Les Rouges
1. « Verre des poètes » Emile Heredia, pineau d’Aunis, 2005
Un vin encore jeune, sauvage, doté d’une trame tannique qui appelle le casse croute et les pâtés.
2. Domaine de Bellivière, « Rouge-gorge », pineau d’Aunis 2002
A l’ouverture le vin montrait un jus très naturel, sur la groseille à maquereau avec un beau végétal sauvage. Là matière est très pure.
Là, 3 heures après, il s’avère liégeux, légèrement bouchonné pour l’assemblée. Moi, je dis « Méfiate », c’est du pineau d’Aunis et c’est trompeur en terme de saveur.
3. Saumur- Champigny, René Noël Legrand, « Les Terrages » 1997
A l’ouverture, le nez révèle un pur arome de cerise. Le vin en bouche se montre très près du fruit, encore vivant, avec des tannins encore présents.
PB le trouve écœurant au nez et en bouche. Plus tard, le vin évolue sur des notes très organiques. Il "giboie". Cela sent les viscères et le sang qui n’est pas du jour.
Un vin pour gargantua amateur de gibier faisandé. Cela se confirme surtout le lendemain
4. Bourgueil, Yannick Amirault, « Petite cave », 2000
Un vin qui essaye de nous la faire !
Petit millésime, matière juste correcte et beau maquillage. PB ne se lasse pas tromper, les jeunes et moi-même non plus. On note aussi une déviation aromatique, cela sent un peu l’écurie. Un vin qui aurait du être bu jeune, sur le fruit et l’élevage.
Il était magnifique en fût si l’on accepte le bois neuf, avec un côté quasi bourguignon.
5. Saumur Champigny, Clos Rougeard, « Poyeux » 2002
Première fois comme on les rêve.
La robe est belle comme sortie du pressoir, c'est-à-dire emprunte de jeunesse et de pureté naturelle sur le ton groseille.
La bouche est un modèle d’équilibre. La encore un vin de texture, tout en dentelle. L’acidité présente est à peine perceptible et le vin construit sur une trame tannique sans aucune aspérité. Caressant, le vin délivre des notes de framboise et de groseille juteux cueillis dans les odeurs végétales et de chlorophylle.
Un vin qui mérite sa réputation, tout simplement classieux, il vous emmène sur la rive droite Bordelaise et se place à côté des grands Saint Emilion à dominante cabernet franc.
Le plus grand vin de Loire rouge dégusté à ce jour avec l’unique cuvée 1989 VV de Mr Alliet à Chinon.
6. Bourgueil, P. Breton, « Les Perrières », 2005
Enorme de matière et de présence et ouvert trop tôt. A ce stade, il est fermé à double tour, muet, un peu autiste. Attendre, Attendre, Attendre.
7. Bourgueil, P.J. Druet, « Cuvée Beauvais », 1995
En voila un qui aura été attendu.
Et bien moi qui pestais, il y a deux ans contre son auteur, affirmant haut et fort que ce type de vin ne se fait jamais, je m’incline.
Je m’incline d’autant plus que j’aime le vigneron dont l’expérience et le sens du climat sert beaucoup ses pairs. Seulement voila, les élevages longs sont sa marque de fabrique aussi.
Bu le lendemain, cette fois le vin se révèle grand. Il faut encore le carafer ou le chambrer la veille. L’élevage s’efface alors totalement pour libérer le fruit emprisonné. Cela embaume les fruits rouges. La framboise, puis la cerise à l’eau de vie. Des notes discrètes d’humus, de sous bois et de champignon apparaissent alors et enfin la truffe noire qui signe la minéralité et le terroir de Benais.