Pierre,
Avant toute chose, il ne faut pas croire que je m’immisce dans ce débat pour défendre la position de Franck, ni même lui donner un petit coup de pouce.
Mais comme souvent sur LPV, quand il s’agit de « science », on voit exposer des positions quasi-péremptoires qui ne reflètent pas la complexité et la finesse dont il faut faire preuve en la matière, surtout si l’on veut faire avancer les choses. Je n’ai pas ici la prétention de maîtriser cette complexité, de démontrer cette finesse ni même de faire avancer vraiment les choses. Je ne suis pas spécialiste de ce domaine mais il se trouve qu’à un moment de mes études, j’ai du choisir entre 3 disciplines scientifiques dont la thermodynamique (et j’ai choisi in fine la biologie moléculaire). Mais mon cursus me permet de revenir sur votre phrase « Par ailleurs je ne vois pas bien en quoi
« le vivant » aurait une énergie qui serait différente du reste (une pierre qui tombe d’une falaise, un kg de charbon sont moins vivants qu’un cep de vigne mais peuvent avoir une énergie bien supérieure et mieux ordonnée). »
On parle depuis quelques posts d’énergie (à tort et à raison en mélangeant parfois plusieurs notions, vous avez raison) et vous parlez de 1er principe de la themodynamique qui affirme que l’énergie (au sens de la Physique ou de la Thermodynamique) se conserve (laissons de côté le cas du référentiel non inertiel). L’énergie, dont l’unité est le Joule ou des dérivés comme l’electron-volt, se transforme uniquement d’une forme en une autre ou s’échange d’un système à un autre système mais reste égale (énergie cinétique, énergie thermique, énergie électromagnétique, différentes énergies potentielles, énergie de masse, de liaison, énergie gravitationnelle…) lors des changements d’états d’un sytème. On peut même peut être y ajouter l’énergie noire, dont la nature est inconnue et qui représenterait pour certains astrophysiciens les 2/3 de la densité énergétique totale de l’univers connu.
Cependant, puisqu’on parle de système, d’échange énergétique intra ou inter-système, il faut introduire une autre fonction d’état qui s’appelle l’entropie (notée S), plus abstraite et qui se mesure en joule/kelvin. En thermodynamique statistique, elle est liée au nombre d’états microscopiques des composants d’un système qui peuvent former un état macroscopique donné de ce système. Du coup, elle est souvent vue comme la mesure du degré de désordre d’un système. Elle est l’objet du second principe de la thermodynamique qui établit que toute transformation d’un système (isolé ou « fermé ») s’accompagne d’une variation d’entropie positive (ou nulle dans certains états). Pris dans le sens universel, cela se traduit par la pensée vulgarisée que l’univers évolue en étant de plus en plus désordonné. C’est même une façon d’explique le temps (la flèche du temps), car cela explique que certains phénomènes sont irréversibles (sans intervention extérieure) et donc qu’il y a un avant, un après, un ‘sens du temps’.
Cependant, la diminution d’entropie (c'est-à-dire une organisation, une création d’ordre) dans un système « ouvert » est possible si l’augmentation de l’entropie de l’environnement du système est au moins plus importante que la diminution de l’entropie du système ouvert considéré. En d’autres termes, un système peut augmenter son niveau d’organisation si plus de désordre est créé ailleurs dans l’univers !
Et c’est là qu’intervient la théorie dite des structures dissipatives qui a valu le prix Nobel de chimie à Ilya Prigogine en 1977. Celui-ci a montré qu’un système dissipatif, ouvert, placé dans un environnement où il échange énergie et/ou matière avec l’extérieur et loin de l’équilibre thermodynamique, peut s’organiser de lui-même. Or les systèmes vivants sont des systèmes dissipatifs. En cela les échanges énergétiques du vivant sont très différents des échanges énergétiques de bien des systèmes : une vigne qui fait son cycle ne peut pas être comparée à une pierre qui tombe d’une falaise, comme vous le suggérez, sur le plan énergétique. Le bilan énergétique aboutit à des transformations radicalement différentes quant au bilan entropique ! Pas d’organisation possible pour la pierre, mais un ordonnancement différent et plus « organisé » possible pour la vigne.
Et je m’arrête là, car les choses sont en fait encore bien plus complexes, sans avoir besoin de faire appel pour autant à la syntonie vibratoire.
Je vous avoue que je crois que la plupart des viticulteurs en bioD n’avaient pas vu les choses sous cet angle