Nous étions quatre LPViens vendredi soir dans ce restaurant de Vannes: Nidal, notre guide du WE, Jean-Philippe, Laurent Gibet et moi-même.
Celui-ci est tenu par un couple de passionnés dont le mari fut sommelier du célèbre
Fat Duck (considéré comme l'un des meilleurs restaurants du monde). Il ne faut donc pas être surpris qu'ici le vin a un rôle central. Tous les mois, une nouvelle thématique autour d'un pays ou d'une région viticole. Une fois les vins choisis, un menu est élaboré afin d'avoir des accords les plus parfaits possibles.
Nous attaquons le repas avec une
corne d'abondance au magret de canard fumé, cuisses confites et poires pochées. Je n'ai jamais cuisiné le canard avec la poire, mais je crois que je vais m'y mettre car le mariage est intéressant. Sans parler du côté sucré/salé qui sied bien au canard, le côté moelleux de la poire compense agréablement le filandreux du confit. Le contrepoint acide et poivré de la roquette et croutillant du brick sont également bienvenus. Un plat intéressant à tout point de vue!
Et le vin dans tout ça? Alors là, on tombe dans de l'inconnu total: c'est un
eau bénite de cave - terme de Rabelais désignant le vin - 1ères côtes de Bordeaux moelleux des
Ets Janoueix. la robe est dorée, le nez est sur les fruits jaunes ( et la rillette selon Laurent). La bouche est pleine, ronde, très douce avec des arômes et un velouté de pêche. Seule la finale un peu courte trahit la limite de ce vin très agréable.
Le mariage avec le plat est intéressant. Je n'aurais osé servir un blanc moelleux avec du confit de canard, et ça fonctionne très bien. C'est ici que l'on voit que l'expérience d'un grand sommelier est incomparable.
Le plat suivant est de
l'esturgeon confit à la libournaise et chou frisé. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le poisson n'a pas été confit dans de la graisse, mais dans du vin blanc, longuement à basse température. Ce travail rend la texture de la chair vraiment intéressante. Le chou frisé apporte de la niaque à l'ensemble et fonctionne bien avec le poisson.
On ne change pas une équipe qui gagne: le vin suivant provient aussi de chez
Janoueix. C'est un
"les charmeuses", de l'appellation entre-deux-mers (non millésimé comme le précédent). La robe est janue pâle. Le nez est sur la pomme mûre et la vanille. La bouche est fraîche avec de la vivacité, mais aussi de la rondeur et du fruit. Finale de bonne tenue. Vin remarquable pour cette appellation pas assez souvent qualitative.
Pour finir, un
cannelé bordelais, sauce au caramel parfumé chocolat, glace vanille. La glace est pas mal, la sauce impec, quant au cannelé, mon avis est mitigé: autant l'intérieur très fondant est intéressant, autant l'extérieur un peu caoutchouteux n'est pas du meilleur effet...
Par contre, le
macvin du
Domaine Martin-Faudot (100% chardonnay) était franchement intéressant. Le nez est sur des notes de figues, de raisin sec et de caramel. la bouche est onctueuse, sans lourdeur aucune, et d'une belle puissance aromatique. Finale longue et persistante. De la belle ouvrage.
On peut dire en conclusion que la force de ce restaurant ne réside pas dans sa cuisine, intéressante sans plus, mais plutôt dans le choix judicieux des accords mets/vin, et encore plus par le charme de ses hôtes, passionnants à tous points de vue. On y passe une très bonne soirée!
Pour des photos des plats et du lieu, c'est
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Eric