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A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

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Introduire une notion comme celle du « partage » dans l’acte de dégustation me gène un peu.
La dégustation est, avant tout, une affaire personnelle. On ne partage pas une bouteille comme on partage une pintade ou une tarte aux pommes.
La dégustation est un parcours d’introspection que j’amorce à chaque fois que je désamorce une bouteille.
Mon compagnon de dégustation, « Le Génie », appelé à tort ; Modération, que je libère à chaque fois que je débouche une bouteille, vient à moi. Il se tiens debout, par respect, me dit reconnaissant, souriant de toutes ses belles grosses dents :
- Maître je suis votre servant n'ayez pas peur. Je puis réaliser, pour peu que vous me le demandiez, trois voeux qu'importe j'obéirai parole d'honneur.
Je le regarde, ébahi, et lui dis : Préservez en moi Le Désir !. Car quand le désir va, tout va !

Ouvrir une bouteille est l’offrande que nous faisons à dionysos pour qu’il entretienne cette flamme « désir » en nous.

En gastronomie, seule la dégustation du vin est assortie d’un « Bonus » : La présence d’un génie !

Déguster, c’est être en état de délivrance. Déguster est une délivrance !

Nidal
21 Juil 2006 11:13 #31

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  • Thierry Debaisieux
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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

Nidal,

Désolé, pour moi l'essentiel, c'est de tenter de faire partager mes émotions face à un vin que j'aime, d'apporter du plaisir avec les flacons que j'ouvre ;)

Bien cordialement,
Thierry
21 Juil 2006 11:33 #32

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La dégustation serait donc, selon Nidal, une expérience solitaire. Certes, peut-être. Mais justement, Jérôme, Thierry et les autres n'évoquent pas ici l'acte isolé de goûter un vin dans un but d'analyse (Nidal parle bien d'introspection). Quel intérêt cela présente-t-il ? Quel est le plaisir de cette ivresse solitaire des profondeurs d'une bouteille ? Quel égoïsme entretient-on alors ?

Déguster un vin ne fait sens que si le partage existe. Je me permettrai une analogie. La lecture nous offre également l'introspection, la méditation, la présence du génie. Mais le bonheur de la lecture s'invente dans notre capacité à partager cette rencontre, ces émotions suscitées, cette compréhension lumineuse d'une dimension de l'existence que nous offre un bon livre. Il en va de même, me semble-t-il, avec le vin.

Jean-Philippe Durand

"La cuisine n'est que passion et partage" - Marc Meneau
21 Juil 2006 13:32 #33

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21 Juil 2006 15:26 #34

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Les dégustations marathon ne m'ont jamais attiré, les petites non plus d'ailleurs ....
95% des bouteilles dégustées sont en fait bues à table. Et il m'arrive de ne pas ouvrir de bouteille pendant ..... 3 semaines !
On pourrait croire alors que la moindre bouteille me transporte directement au 7ème ciel, et bien même pas !! Je reste souvent très, trop critique.

Suis-je un spécimen unique ? ;)

Amitiés,
M@nuel.
21 Juil 2006 23:17 #35

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

Il n'y a pas de raison d'être plus sévère pour un vin que pour toute autre nourriture.
Or on est loin de manger tous les jours de la gastronomie stratosphérique.
Et on l'accepte, réservant ses émotions de palais pour un repas sur dix, sur vingt ou sur cent, selon l'usage que l'on fait de la grande cuisine.
Un vin, on le reçoit avec plaisir d'abord. Et puis, si ça ne vibre pas, ça ne vibre pas. Et ce n'est pas grave.
Le vin d'un repas n'a pas tous les jours besoin d'être un vin de compétition.


Cordialement,
François Audouze
22 Juil 2006 09:36 #36

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C'est très juste, mais il me semble que par notre passion, c'est un peu notre attente. Trouver le vibrato dans chaque verre! Il y a une sorte d'escalade, une recherche jamais assouvie (la quête du Graal?).

Je crois aussi qu'il se produit à mesure que nous avançons dans cette connaissance du vin, une sorte de démythification, ou tout du moins, un changement d'angle de vue sur le mythe. L'envers du décors, le fait aussi de ne plus prendre des vessies pour des lanternes, notre oeil critique (palais critique!) est aiguisé et nous ne nous faisons plus avoir par la frime ou par les propos des maîtres à penser. Il ya une part de désillusion derrière tout cela : ça fait un choc que d'aprendre que Petrus peut être infâme, ça fait un choc que d'apprendre que ce vin qui coûte dix fois moins cher que celui-là peut-être meileur.
Ce qu'il faut, pour ne pas perdre pied, c'est rebondir sur cette désillusion pour donner un autre élan à cette passion, sans doute est-ce cette mutation que je vis comme d'autres, un changement d'orientation, sorte de distanciation nécessaire. Est-ce la raison pour laquelle François s'est réfugié dans le londe des vins anciens? Est-ce la raison pour laquelle Bertrand a totalement dissocié vin et gastronomie? Est-ce la raison pour laquelle Olif et d'autres se plaisent à rechercher l'original, l'extra ordinaire, le décalé, le bizarre? Est-ce la raison pour laquelle Vincent est rentré dans les ordres? Est-ce pour cela que Laurent recherche l'ostentation à tout prix? Est-ce donc cela l'issue inéluctable? Nous sommes nés amateurs de crus classés Bordelais pour mourrir spécialistes d'une spécificité?

Jérôme Pérez
22 Juil 2006 12:37 #37

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C'est marrant, j'ai plutôt l'impression de l'inverse en ce qui me concerne. Plus ça va, plus je multiplie les expériences et cherche sans cesse de nouveaux horizons. Je serai malheureux d'être "spécialiste d'une spéficité" :(

Je pense être un grand buveur par rapport à beaucoup (pas une journée sans vin!), et pas vraiment de lassitude. Par contre une plus grande exigence c'est certain. Pour reprendre ce que dit Jérôme, j'ai perdu pas mal d'illusion, et les grandes étiquettes ne m'impressionnent plus vraiment... Je suis plutôt à la recherche du vin qui me parle, qui m'émeut et celui-ci peut être à 4/6€...

Eric

Eric
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22 Juil 2006 13:32 #38

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

Est-ce la raison pour laquelle Bertrand a totalement dissocié vin et gastronomie?

Ma raison principale c'est qu'entre le vin et la nourriture, il faut choisir, sinon il y a toujours la même victime: le vin!

Je m'en suis aperçu très tôt, juste après ma première visite en Bourgogne en septembre 1975: sitôt rentré, je me suis lancé dans la grande cuisine d'après Curnonsky, et je me suis très vite rendu compte de l'étendue des dégâts ...Je mets au défi les inconditionnels du vin "à table sinon rien" ou "le vin ça ne mérité d'être bu qu'avec des copains" (ça semble la mode actuelle sur LPV) de distinguer un Chapelle, d'un Latricières, d'un charme ou d'un Chambertin en mangeant (même des nouilles)! ce qui est un grand plaisir en dégustation pure.

blg
22 Juil 2006 14:10 #39

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Pour avoir fait plusieurs dégustations hors repas, j'y trouve effectivement des satisfactions, mais sachant que le commun des amateurs que je suis n'a pas accés à un grand nombre de ces dégustations............ si nous voulons assouvir notre passion, il faut créer des moments d'échanges et de rencontres, celà passe bien souvent par la table où le vin s'exprime autrement. L'essentiel est préservé, notre passion peut s'épanouir, pratiquant les différentes formes de dégustations, je suis toujours curieux de faire des découvertes, mais je ne suis qu'un tout jeune passionné.

Laurent L
22 Juil 2006 14:37 #40

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je m'en fous de distinguer un LAtricières d'un Charmes ou même un Pommard d'un Rully, ce que je veux c'est que le vin me plaise. Quand je mange du saumon fumé je ne cherche pas à retrouver son origine et le nom de la personne qui l'a élevé et celle qui a pratique le fumage. J'apprécie ce mets.

Pourquoi ne pas envisager une dégustation comparative de saumons fumés mais c'est autre chose. Comme ce sont deux choses différentes que de déguster et de boire.

rentré dans les ordres je ne vois pas... je bois de plus en plus pour le plaisir (le plaisir d'une légère ivresse y compris) et la vie est trop courte et mon budget aussi pour me risquer à faire des essais hasardeux juste "pour voir"... moi c'est juste pour boire. Les essais je les fait lors de salons, de visites ou de dégust pros sans acheter de bouteille.

Je ne travaille pas pour un guide culinaire quand je vais au restaurant c'est parce que je sais que je vais bien manger, pas pour essayer. Pour le vin c'est pareil.
Comme je bois de plus en plus, évidemment je le cherche de plus en plus respectueux de ma santé. Comme j'ai une "attirance" pour ce qui touche à l'écologie je privilégie les vignerons qui respectent l'environnement tout comme je préfère acheter mon munster dans une ferme bio-D, des légumes bios etc etc
Comme je recherche la plus grande simplicité j'apprécie les produits sans fards, les vins les moins fardés possibles et une cuisine simple (pas les délires mégalomanes des Ferran Adria, Veyrat, Gagnaire et Cie) la plus proche possible du produit et sans le dénaturer.

«Un homme se doit de croire en quelque chose... Moi, je crois que je vais boire un autre verre !»
22 Juil 2006 15:35 #41

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

Jérôme,
Je crois que vous passez par une phase de doute. Je suis persuadé que tout va se remettre en place pour votre plus grand profit, avec les bonnes hiérarchies.

Mon parcours n'est absolument pas ce que vous décrivez. Plus que beaucoup d'autres, et c'est un fait, pas un titre de gloire, j'ai accès aux vins de tous niveaux. Et je ne me lasse pas d'explorer tous ces niveaux, même si, en dessous d'un certain seuil de qualité, je décroche. Et j'ai dit qualité, pas prix.
Pavie, Pégau, certains Languedoc vivront sans moi.

Pour les vins anciens, c'est un réel amour, combinant la recherche de goûts qu'aucun vin jeune ne peut donner à une excitation que procure le fait de boire de l'histoire.

Si Pétrus est faible parfois, ça ne me dérange pas. Il suffit que quand il est performant, je sois au rendez-vous.

Je ne puis en aucun cas être de l'avis de Bertrand, car certaines des plus grandes joies de ma vie ont été quand un plat et un vin se magnifient l'un l'autre. Un plat peut avoir un effet exhausseur du vin qui est incroyable.
Je l'imagerais de la façon suivante en prenant la notation Parker : un plat peut ajouter de 3 à 5 points à un vin, au delà de sa notation intrinsèque.
Tant que Bertrand n'aura pas été touché par cette grâce là, il ne pourra pas comprendre que le vin n'est pas une victime mais se réjouit d'un plat.
Tout l'apport de Jean Philippe Durand à ce forum est une preuve vivante de ce que j'écris sans cesse.
Mais évidemment Bertrand peut vivre sans.

Jérôme, je dois faire un déjeuner ou dîner d'amis. J'ai bien envie de vous inviter, juste pour le plaisir de bavarder ce ces questions que vous vous posez.
Et évidemment de partager quelques flacons choisis.
On peut en reparler en septembre par mails. Le souvenir de notre contact m'autorise à penser que ce contact nous ferait plaisir.


Cordialement,
François Audouze
22 Juil 2006 15:47 #42

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Bertrand Le Guern a écrit:
> ...Je mets au défi les inconditionnels du vin "à table sinon
> rien" ou "le vin ça ne mérité d'être bu qu'avec
> des copains" (ça semble la mode actuelle sur LPV)
> de distinguer un Chapelle, d'un Latricières, d'un
> charme ou d'un Chambertin en mangeant (même des
> nouilles)! ce qui est un grand plaisir en
> dégustation pure.


Que ceux capables de cette performance à coup sûr, en dégustation, lèvent le doigt !

Je n'en suis pas capable, je le regrette mais quelle importance de reconnaitre tel ou tel vin à l'aveugle ? Le fait de l'avoir reconnu ne donnera ni plus ni moins de plaisir et c'est ça qui compte pour moi......et beaucoup d'autres.

Quant au vin victime du repas : j'ai bien peur que le Chambertin craché dans la cuvette ne soit pas très heureux non plus:) .

Il est certain qu'avant d'aborder un concerto de Rachmaninov il faut d'abord faire beaucoup, beaucoup de gammes .Mais de là à passer sa vie à ne faire que des gammes............

Conclusion ? Laissons chacun prendre son plaisir comme il l'entend !
Seules la passion et la sincérité son exigibles . Je ne doute pas de celles de Bertrand
22 Juil 2006 15:55 #43

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  • Thierry Debaisieux
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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

François,

D'accord avec le dernier post:
Une de mes plus grandes émotions gustatives s'est produite à table, avec la rencontre entre un lièvre à la royale et un Rayas 1978...
Le vin, d'abord bu seul, a acquis un supplément " de perfection" quand il a pu dialoguer avec le plat.
Malheureusement, une expérience unique: je n'ai bu qu'un Rayas 1978 jusqu'à présent ;)

Cordialement,
Thierry
22 Juil 2006 16:18 #44

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La dégustation, ce n'est en quelque sorte qu'un "apprentissage". Pour apprendre une région, une appellation, un domaine (pour enrichir notre culture du vin) ou pour apprendre avant d'acheter.

Le vin, c'est fait pour être bu, pas pour être craché, et bu à table le plus souvent. C'est là que je trouve les plus grandes émotions, évidemment. Même si une dégustation technique peut apporter des satisfactions, celles-ci sont de la rigolade par rapport aux satisfactions du vin partagé à table.

Les amours platoniques, ça va cinq minutes mais ce n'est quand même pas tout à fait satisfaisant, non ?

Philippe

Philippe
22 Juil 2006 17:37 #45

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"Les amours platoniques, ça va cinq minutes mais ce n'est quand même pas tout à fait satisfaisant, non ?

CERTES !!!

mais je ne m'aventurerai pas sur le terrain du cracher ou pas cracher !!!!

Pour moi aussi les "dégustations" ce sont des gammes, un apprentissage. Et aussi dans mon exercice professionnel un moyen de comprendre, comparer, conseiller...

mais quand je veux me faire plaisir je bois, je ne regarde pas des photos de Monica Bellucci mais je partage du plaisir avec une femme qui en critères objectifs ne lui arrive pas à la cheville sans doute mais avec qui je partage un moment d'émotion. Le vin c'est l'émotion également.

je ne sais plus quel poête disait qu'il faut se méfier de qq'un qui n'est jamais ivre, il a sans doute qqchose à cacher. (Appolinaire peut-être ... ?)

«Un homme se doit de croire en quelque chose... Moi, je crois que je vais boire un autre verre !»
22 Juil 2006 18:42 #46

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

je le regrette mais quelle importance de reconnaitre tel ou tel vin à l'aveugle ?

L'important ce n'est pas de "reconnaître un vin à l'aveugle", mais de percevoir des différences ténues qui seront masquées à tout coup par un plat.

blg
22 Juil 2006 19:09 #47

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mais pourquoi ??

en tout cas pourquoi tout le temps ?

il y a un temps pour tout : un temps pour goûter et un temps pour consommer (dans tous les domaines).

l'un n'empêche pas l'autre

à quand une grande rencontre LPV "on boit, on mange, on parle de tout et de rien (parce que là aussi il ya un temps pour parler de choses sérieuses et un grand temps pour parler juste pour le plaisir)

«Un homme se doit de croire en quelque chose... Moi, je crois que je vais boire un autre verre !»
22 Juil 2006 19:13 #48

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à quand une grande rencontre LPV "on boit, on mange, on parle de tout et de rien (parce que là aussi il ya un temps pour parler de choses sérieuses et un grand temps pour parler juste pour le plaisir)

Vincent, tu viens de donner la description des DBA... ;)

Luc
22 Juil 2006 19:22 #49

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  • nidal
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Toujours à propos de la dégustation

Constat :
Dans le beau monde qui gravite autour du vin, nous sommes, hélas, bien trop nombreux à laisser passer sous silence un facteur essentiel dans la perception globale d’une dégustation.

Je veux parler de la présence de l’alcool dans le vin.

Ces 10° à 12.5°/litre qui, une fois ingérés, avec le reste, ne devraient plus passer…inaperçus !

Combien de fois entend-t on parler de la robe, du nez, des tanins……….
- …Belle robe, nez sur les fruits rouges, bois bien intégré, tanins arrondis……
- …Parker a goûté 150 échantillons lors d’une journée marathon de dégustations de primeurs à Bordeaux.
- …Bettane attribue une note de 18/20 à Montrose 1996, alors que J.M. QUARIN ne lui donne qu’une note moyenne de 17.5 / 20.
Oui, mais ce sont des vins recrachés……. l’alcool, tout comme le bois, tout comme les tannins, tout comme les arômes, participe au mécanisme de la perception d’un vin ! Ces Messieurs, ils ne sont pas allés jusqu’au bout de la dégustation… ! ! ! Ils trichent !

Un passionné de vin est, par définition, un jusqu’au-boutiste !

Etre en état de déguster :
Un vin (évalué) après une gorgée recrachée, ne devrait pas, si l’on intègre le paramètre de l’alcool, garder la même note après trois verres dégustés.
C’est donc cette petite chose qui fait la différence entre un dégustateur professionnel (pressé) qui expédie le vin, avec ses certitudes et un amateur qui, fort de ses incertitudes, se laisse tenter par l’expérience de la dégustation, accepte, reçois et gère le "tabou alcool", en se donnant la temps et surtout en étant bien disposé à la dégustation.

Argument :
Le vin est un des rares facteurs-faiseurs de plaisir physique et/ou intellectuel à contenir cette composante qui est l’alcool. Il nous propose ce tout petit supplément d’âme (car l’alcool agit sur l’âme en la rendant euphorique !) . C’est ensuite à la disposition intellectuelle de chacun de gérer, le moment, la durée, le sens et la qualité de traitement de ce « Bonus ». Buveur gai ou buveur imbibé, il faut choisir !
Le vin propose. Nous disposons.

Un compte rendu de dégustation qui élude, qui esquive la question de l'alcool dans le mécanisme de la dégustation est un compre rendu...tronqué !!!

La magie du vin :
En étant un produit vivant, Il y a autant se sensations dans un bouteilles de vin que des êtres humains sur terre, que des mois dans une année, que des jours dans un mois, que des heures dans une journée , que des minutes dans une heures, que des secondes dans une minute….. Le vin change sans cesse, notre perception aussi. …..…..C’est pour cela qu’un amateur de vin ne se lassera jamais de sa passion !

Dégustation ou partage :
On n’apprécie pas, de la même façon, un vin que l’on recrache et un vin que l’on boit.
On n’apprécie pas, de la même façon, un vin que l’on bois avec un met (l’amour par procuration) et un vin que l’on déguste pour lui-même (l’amour in vitro !, traduisez dans une bulle !)…
On n’apprécie pas, de la même façon, un vin que l’on déguste, seul (en solitaire), et un vin que l’on déguste en groupe (Faire l'amour par personne interposée...Ca s'est fait !!!), entre copains……..Trop d’inattention, trop de concession, trop de tout…. « Partager c’est s’aliéner ! », Paul Géraldy. (Remettez vous en tête, pendant quelques instants, l’image de ces passionnés de la lecture, dans leur bulle, dévorant un livre dans le métro).
Partager un repas, une bouteille avec des amis, c’est bien.
Arriver à faire partager son plaisir face à un vin c’est encore mieux……
Mais en fait, vous faites quoi pendant les 29 autres jours restants du mois…..quand les amis vaquent à leurs affaires, quand les copains vivent leur vie……………………………., vous dégustez ou vous partagez ?

Au delà du partage, il y a la dégustation, mais comme vous pouvez le voir, l’un n’empêche pas l’autre !.

Nidal
22 Juil 2006 20:20 #50

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Nidal,

Avec tout ce que tu viens de dire, ce post n'est pas prêt de finir ;)

Je ne suis pas d'accord sur le vin de tirer moins de plaisir d'un vin qu'on recrache que d'un qu'on ne crache pas. Quand tu as une dizaine de vins au programme, qui tire le plus de plaisir avec le dixième vin? Celui qui a entièrement bu les 9 premiers (et qui sature à tous les niveaux), ou celui qui les a recrachés?

Si on ne boit qu'un vin ou deux pendant le repas, c'est une autre affaire. Mais quoiqu'il en soit, lorsque l'on a pris l'habitude de cracher, on ne ressent pas de frustration particulière à le faire... Dans le top ten des vins qui ont marqué ma vie, il y en bien la moitié sinon plus qui ont été recrachés...

Si je vivais seul, je boirais beaucoup moins avec beaucoup moins de plaisir. C'est un comme le tourisme: je trouve ça déprimant tout seul :( Comme pas mal l'ont exprimé, la notion de partage est très importante pour moi. Je prends d'ailleurs plus de plaisir à partager un vin avec quelques amis amateurs de bons vins que juste à deux. Les émotions qu'il génère , surtout s'il est accompagné d'un beau plat, sont incomparables, et ce qui se passe alors autour de la table est immense: le temps s'arrête et l'émotion devient vraiment palpable. Comment pourrait-on se priver de de tels moments???

Eric

Eric
Mon blog
22 Juil 2006 21:09 #51

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

De Bertrand :
"L'important ce n'est pas de "reconnaître un vin à l'aveugle", mais de percevoir des différences ténues qui seront masquées à tout coup par un plat."

C'est incroyablement linéaire. ça appelle une pincée d'humour :

C'est pour ça que je recrache mon caviar, car il dénature le goût de ma crème fraîche.

C'est pour ça que je recrache mes fraises, car elles dénaturent le goût de ma crème Chantilly.

Bertrand, pourquoi refusez vous le simple concept de "gastronomie" ?
Depuis des siècles, des gastronomes se sont rendu compte de l'apport considérable que se rendent mutuellement un mets et un vin.
Si on continue, siècle après siècle, à en parler, et à travailler dessus, il doit bien y avoir une raison : c'est que ça marche.


Cordialement,
François Audouze
22 Juil 2006 23:14 #52

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

Bertrand, pourquoi refusez vous le simple concept de "gastronomie" ?

Parce que j'ai beaucoup essayé, et que j'ai pratiquement TOUJOURS été déçu ... à tel point que ça m'est devenu insupportable de boire (même de l'eau) en mangeant.

blg
23 Juil 2006 06:29 #53

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Allo, Docteur Freud, c'est pour une urgence ! ;)

Philippe

Philippe
23 Juil 2006 09:44 #54

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Bertrand Le Guern a écrit:
>> L'important ce n'est pas de "reconnaître un vin à
> l'aveugle", mais de percevoir des différences
> ténues qui seront masquées à tout coup par un
> plat
.

Je conçois très bien que l'analyse très fine puisse être une fin en soi et apporter une grande satisfaction intellectuelle, mais le plaisir des sens et la convivialité sont d'un autre domaine ou le vin n'est qu'un merveilleux médiateur.

Et s'il y a les 3 ensemble, on n'est pas loin du pied ! :)

Mais Bertrand quand on a un Stradivarius à la maison, et qu'on sait s'en servir, c'est dommage de ne pas le sortir en concert ...........
23 Juil 2006 16:37 #55

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20sang,
Evitez de parler de ce que vous ne semblez pas bien connaître : la cuisine de Marc Veyrat n'est ni délirante ni mégalomaniaque. Le produit est traité au plus juste et n'est pas dénaturé. L'ensemble du plat est le résultat d'une démarche artistique, poétique, créatrice qui vise l'émotion dans un souci constant de cohérence et d'évidence. Il ne faut pas se limiter aux intitulés des plats qui peuvent surprendre, il faut les goûter pour les comprendre.

Sinon, je suis totalement d'accord avec vous : l'essentiel est que le vin plaise.

Jean-Philippe Durand

"La cuisine n'est que passion et partage" - Marc Meneau
23 Juil 2006 22:59 #56

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: A cet instant…je décide de mettre fin à la dégustation !

J'ai beaucoup aimé cette discussion.
Je crois que je peux comprendre Bertrand. Quand on n'a pas mordu à quelque chose, rien ne peut y faire.
Mon père avait été élevé, quand il était enfant, avec sa chambre donnant sur une fromagerie. Rien n'a pu y faire, il n'a jamais pu manger un seul fromage de sa vie. J'ai tenté de le convaincre de la neutralité de certains fromages qui ne heurteraient pas son goût. Rien n'a pu y faire.
Donc que Bertrand soit bloqué par quelque chose, je peux très facilement le concevoir.
Comme plusieurs contributeurs l'ont dit : notre monde de passionné est divers. C'est ce qui permet à chacun de trouver des amateurs qui partagent des émotions de même nature.
Je suis heureux que cet échange ait démontré que nous sommes plusieurs à mettre en avant le plaisir d'un vin à table plutôt que son analyse intrinsèque, plaisante au demeurant.

Comme je l'ai dit, cet échange fait beaucoup pour l'intérêt de LPV, qui gagne ainsi en chaleur humaine.


Cordialement,
François Audouze
24 Juil 2006 18:52 #57

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Jérôme,

Je ne me reconnais pas dans ton portrait simplifié ...

Je bois des vins variés, dans des contextes variés ...

Je ne suis pas un puriste des accords.
J'aime boire du vin pour lui seul, beaucoup. Plutôt à plusieurs que seuls pour échanger des impressions.
Je ne conçois pas un beau repas sans des vins choisis.
Je ne conçois pas, dans ce cas, de ne pas boire le vin servi (mais il y a des contre-exemples quand trop de bouteilles sont proposées).

Je me sens de ce fait passe-partout !
Et j'ai envie de continuer à me confronter aux vins les plus prestigieux.

En même temps, je l'ai écrit, je me suis régalé à découvrir récemment les 2 cuvées de Loïc Rouire (domaine du Possible).
Je garde aussi pour le moment des traces de ce que je déguste, pour mémoire.

Mais, oui, j'aime les mots du vin !
25 Juil 2006 15:09 #58

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Nous sommes nés amateurs de crus classés Bordelais pour mourrir spécialistes d'une spécificité?

A ceux qui se sentiraient sur cette pente, il leur faut quitter "l'art pour l'art".

Cordialement,
Hamitan
25 Juil 2006 15:47 #59

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Ces grandes dégustations sont des orgies.

L'analyse fine , les notes et les classement sont des alibis qui servent à justifier l'injustifiable.

Cela participe à une perte de sens gigantesque sur la nature même du produit en question et par conséquence sur le délire des certains prix.

Vivement 20 à 30 ans, c'est le temps qu'il faudra pour que l'on se rende compte que cette voie n'est pas la bonne.

Entre temps, hélas on vit une période lamentable et 'j'en veux' de plus en plus à ce qui mettent des notes à tout va.

Je comprends donc le premier post de Jérôme où je partage de nombreux points de vues.

Jmm
25 Juil 2006 15:49 #60

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