Puisque mon discours peut paraitre discourtois et la formulation mal choisie, je vous ai choisi un exemple concret.
J'ai repris des CRs d'un club de dégustation In Vino Veritas au sujet de la Coulée de Serrant.
J'ai pointé en rouge pour le gras présent (qualité) et en bleu pour le manque de gras (défaut).
1. La Coulée de Serrant 2003 :
DS14,5 – PC14/14,5 – MS13,5. Note moyenne du groupe : 14 - Prix : 42 €
- Teinte dorée moyennement soutenue, robe grasse.
- Nez d'emblée marqué par l'alcool - relent d'éther, notes de marc - le fruit (la prune jaune) est pur mais inhibé.
- Beaucoup de chaleur en bouche, de gras aussi. Un peu de CO2 apporte un soupçon de fraîcheur. On sent qu'il y a de la densité, de la minéralité, de la longueur dans ce vin dont l'expression semble anesthésiée par la nature solaire du millésime.
2. La Coulée de Serrant 2002 :
DS16,5 – PC16,5 – MS16/16,5. Note moyenne du groupe : 16,5 - Prix : 42 €
- Robe grasse, couleur soutenue, reflets vieil or latents.
- De la fraîcheur au nez, de la profondeur, du fruit (encore sur la prune : mirabelle, reine-claude…), du miel, et des notes végétales ou plutôt "vertes" qui nous accompagnerons tout au long de la dégustation (tilleul, verveine, gentiane…).
- La matière est élancée, dense, élégante, cohérente, longue ; bien campée sur cet équilibre (acidité + amertume), austère mais noble, qui sera lui aussi un caractère récurrent dans la série.
4. La Coulée de Serrant 2000 :
DS17 – PC16,5 – MS16. Note moyenne du groupe : 16,5 - Prix : 42 €
- Robe dorée, profonds reflets verts.
- Nez puissant, volontaire, nettement défini ; de la poire, du miel, du minéral, du végétal (verveine, menthe…)
- Matière dense, grasse. Profil aiguisé (la droiture, la tension, la minéralité) mais capiteux. Très belle conjugaison de l'amertume et de l'acidité qui prolonge la finale. Personnalité très affirmée
6. La Coulée de Serrant 1998 :
DS12 – PC12 – MS12,5. Note moyenne du groupe : 12,5 - Prix : 42 €
- Robe paille, nettement plus fluide que les précédentes.
- Nez ingrat et manquant de netteté : coquille d'huître, fougère, notes moisies, iodés. Vraiment peu engageant.
- Mince, dur, efflanquée, il possède un peu de longueur, une certaine tenue, mais pas de charme. Petit vin.
7. La Coulée de Serrant 1997 :
DS16 – PC16 – MS16. Note moyenne du groupe : 16 - Prix : 42 €
- Robe colorée, mate, grasse, reflets vieil or.
- Nez abondant, ouvert, légèrement oxydatif : pineau (marc et fruit), pruneau, cire… Une belle minéralité schisteuse (comment la décrire : poivrée, camphrée, ferrugineuse ?) relève l'ensemble.
- Le vin tapisse la bouche ; ample, gras, chaleureux, il semble posséder davantage de sucre résiduel que les autres millésimes (sucrosité réelle ou suggérée par le glycérol et l'alcool ?). La finale, longue, vive, minérale, reprend les choses en main. Ce millésime opulent, particulier, se déguste mieux ce soir qu'en d'autres occasions, où nous l'avions trouvé un peu mou et franchement oxydè
15. La Coulée de Serrant 1989 :
DS17 – PC17/17,5 – MS17,5/18. Note moyenne du groupe : 17/17,5 - Prix : 42 €
- Robe intense, proche de celle du 1990, avec davantage de brillance.
- Nez concentré, riche mais frais, délié mais pas exubérant : mangue (quel exotisme pour la Coulée !), beurre frais, rillettes…
- Beaucoup de présence en bouche, d'assise, de gras, avec nettement plus de fraîcheur, de finesse, d'élégance que dans le 1990.
16. La Coulée de Serrant 1988 :
DS16,5 – PC17/17,5 – MS17. Note moyenne du groupe : 17 - Prix : 42 €
- Assez pâle, jeune, couleur camomille, bords translucides.
- Nez mesuré dans son expression mais extrêmement limpide, aérien : tisane, verveine, cire, profonde minéralité camphrée…
- Très sec en bouche, très vif, tendu, austère. Limpidité aromatique et structurelle véritablement cristalline. Aucun gras ne dépasse, le corps ne souffre pourtant d'aucune maigreur. Finale sereine, très longue, appointée comme une sagaie, minérale et fumée. Ce vin m'a fait puissamment penser au Clos Sainte-Hune du même millésime.
Conclusion: On peut remarquer que la notion de gras n'évoque jamais un effet de lourdeur, par contre un manque évoque la maigreur.
CQFD