Les vins ne furent pas dégustés à l’aveugle. On a commencé par une série de 3 vins autrichiens puis 2 riesling allemands. Puis 13 riesling (presque) alsaciens, cocorico oblige.
Schloss Gobelsburg tradition 2004 du Weingut des Stiftes Zwettl
NB : région de production : le Kamptal, une vallée le long de la rivière Kamp, à l'est de la Wachau.
Robe jaune or.
Nez soufré, végétal, sur les agrumes. Bouche perlante, avec des sr. Un vin simple et court.
Même producteur : Alte Reben 2004 (VV)
Nez sur le pamplemousse, mais avec un côté poussiéreux qui peut évoquer un problème de bouchon.
Plus dense en bouche, plus long, mais pas l’éclate. Difficile de se prononcer sachant que le nez comme la bouche ne sont pas nets.
Idem en version (Kammerner) Gaisberg 2004 (13%)
Nez poussiéreux , gagnant en précision à l’aération.
Perlant, acidité et alcool dissociés. Peu de plaisir en l’état.
Bref, une gamme pas convaincante, à revoir dans un autre contexte.
On poursuit avec deux vins de la Moselle
Köwericher Laurenti… Spätlese 2005 de Heinz Schmitt (13%)
Nez marqué par des notes de roses, soufre, abricot, violette. Végétal et floral.
Bouche riche, manquant de fraîcheur, chaleur alcoolique en finale. Peut-être servi trop chaud.
Schiefferterrassen 2004 de Heymann Löwenstein (12,5 %)
Robe or doré.
Nez puissant, notes terpéniques, de la finesse.
Gras, fin, possédant quelques sr, l’acidité rappelle le pamplemousse rose mûre avec une légère amertume apportant de la saveur au vin. Joli vin.
C’est parti pour la série des riesling alsaciens avec un intrus.
Jubilée 2004 de Hugel (issu du Schoenenbourg)
Nez épicé, sur la citronnelle, le pain d’épices. Abricot, kumquat. J’aime sa finesse.
Belle acidité, s’exprimant par une attaque en dentelle. Notes d’agrumes (citron, ananas, pamplemousse) du plus bel effet. Un vin complet, probablement promis à un bel avenir.
Muenchberg 2002 dom. Julien Meyer
Robe dorée.
Nez sur le calva, le rhum, la pomme tatin. Oxydation que je qualifie de ménagée, car elle est fine et surtout pas lourde. Le vin s’épure à l’aération ce qui est bon signe.
Attaque acidulée, sur l’orange très mûre, l’ananas. Belle finale, à l’amertume maîtrisée. Un très beau vin, dont j’aime la personnalité et dont le potentiel au vieillissement me paraît intéressant. Bien sûr, on peut lui reprocher de n’être pas « typique » d’un riesling. Pour moi, c’est un beau Muenchberg !
Pfersigberg H 2001 du dom. Gérard Schueller
Robe dorée (un peu moins que le précédent, ce me semble)
Nez fruité, sur le litchi, l’abricot, l’anis étoilé. Belle finesse.
Bouche bien sèche, acidité et finesse d’école. Note fumée en finale, qui conclut par une fine amertume. Un vin qui fait saliver. Ce vin représente pour moi un modèle de ce que j’attends d’un beau riesling : de la finesse, de la complexité, de la tension et de la longueur en bouche qui en fait un grand vin de gastronomie. Bravo !
Altenberg de Bergbieten cuvée Henriette 2000 de Frédéric Mochel
Vin légèrement bouchonné dont le nez et la bouche sont parasités. Dommage, la matière semblait de premier ordre (jolie texture, acidité mûre).
Sommerberg L31D 1998 d’Albert Boxler
Nez réduit, la notion de “rillettes“ me paraît très juste. Bravo « Vetshow »
Bouche riche (s.r.), citronnée, poudre de riz. Paraît mollasson par rapport aux précédents. Cela m’étonne de la part de cette cuvée dont je garde un souvenir de grande tension.
Schlossberg cuvée Sainte Catherine II 1993 du dom. Weinbach
Nez sucré sur le safran, notes terpéniques (pour ne pas dire hydrocarbures
) Très intéressant
Belle allonge, grande finesse de l’acidité et des saveurs. Note de violette du plus bel effet. Grande longueur et de la jeunesse à revendre. Ce vin a gagné en précision à l’aération. Grand.
Voici l’intrus :
Brauneberger Juffer Riesling Trocken Auslese 1988 de Fritz Haag (10,5%)
Robe or doré
Nez sur la cire, la cannelle, fraîcheur sur la menthe, le gingembre confit.
Bouche complexe, fine, très élégante. Long sans être énorme. Je retrouve la grande classe des crus de Haag (souvenir émus d’un 92 bouleversant de complexité en bouche). J’adore.
Schoenenbourg 1998 de Deiss (env. 60% riesling)
Carafé avant service.
Nez énorme, sur les fruits mûrs, l’abricot, le kumquat
On monte nettement en s.r. Perlant, vin riche, fermé à l’ouverture, mais gagne beaucoup au fil de la dégustation. Très beau en bouche. A garder encore de nombreuses années pour un énaurme plaisir !
Muenchberg 1998 d’Ostertag
Ce cru (version 95 je crois) avait brillé il y a quelques années, comme me l’a rappelé Frank, lors d'une dégustation consacrée aux riesling alsaciens (avec Weinbach et d'autres pointures). C’est pour cela que j’ai amené cette bouteille, pour la tester en grandeur "réelle".
Très belles notes de mirabelle et de framboise au nez. Charmeur.
Belle attaque où je retrouve la mirabelle, pas très long malheureusement et manque de densité en bouche. Décevant en finale, qui retombe trop vite. Grande déception.
On enchaîne sur la série des Frédéric-Emile de Trimbach (Geisberg & Osterberg) en finissant sur le fameux CSH (Rosacker)
FE 1990
Robe dorée légèrement cuivrée.
A l’ouverture, fine réduction, sur le pain grillé, les terpènes. Austère.
Longueur intéressante, belle fraîcheur, vin sur la réserve qui gagne en précision et en largeur. Je fais partie de ceux qui considèrent ce vin trop jeune.
FE 1989
Robe jaune, paraît plus jeune.
Au départ, je préférais nettement ce vin, qui me paraissait plus frais, plus profond, plus ample. En fait, plus charmeur, plus prêt à boire. Très joli vin, mais durera-t-il aussi longtemps que le 90 ?
FE 1983
Robe or.
Nez complexe sur les fruits secs et les fleurs.
Finesse, longueur, complexité en bouche, tout est rassemblé pour en faire une très grande bouteille !
Clos Saint Hune 2001
Nez sur la peau d’orange, les agrumes. Frais et fin. Très réservé, mais est-ce étonnant ?
Grande acidité, qui tend le vin comme un arc. Fines notes de cire et de terpènes. Cristallin est bien le terme qui convient. Vin élégant, sur la réserve. J’aimerais bien goûter un Clos Saint Hune d’une vingtaine d’années pour savoir si ce vin mérite sa réputation de superstar des riesling d’Alsace.
J’ai dû partir précipitamment pour ne pas râter mon train (ce fut d’ailleurs assez compliqué, étant parti un peu tard… mais j’y suis arrivé). Juste le temps de goûter à l’excellente entrée préparée par le cuisinier de l’Alchimiste accompagnée d’un
Clos Windsbuhl 2003 de Zind-Humbrecht, profond, riche, pas super complexe et plutôt accessible. Je suis peut-être passé à côté de ce vin, pressé que j’étais. Pour anecdote, le Rangen 2003 de ZH me semblait d’un tout autre niveau, bien plus personnel, à l’amertume incommensurable. Le contexte, certes, était très différent.
Merci aux Gentils Organisateurs pour cette soirée mémorable et aux généreux donateurs (je pense en particulier à un LPVien absent de cette soirée, mais présent par sa générosité). J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à ma première soirée LPV : rencontrer de nouveaux LPViens, tous aussi passionnés et sympathiques, et retrouver de "vieilles" connaissances est des plus agréables. Que ceux qui hésitent à franchir le pas soient rassurés : on s'amuse beaucoup, pas de prise de tête et on partage notre passion en toute simplicité. Bravo !
Phil:)