STRASBOURG (France), 19 sept (AFP)
Avec sa robe brillante et ambrée, son nez fin et ses arômes de vanille, noisette ou camphre, le "plus vieux vin du monde" en fût, un vin blanc d'Alsace (est) millésime 1472, vieillit depuis plus de 500 ans dans la cave des Hospices civils de Strasbourg dans l'est de la France. Après 531 ans dans son tonneau, "c'est extraordinaire que ce soit encore du vin", commente Philippe Junger, le responsable de la cave historique ouverte samedi et dimanche au public à l'occasion des Journées du Patrimoine.
"Le vieillard a conservé une étonnante verdeur", et un "nez puissant, très fin", a conclu en 1994 un test de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), analyses chimiques à l'appui. Ce vin blanc, dont la robe a aujourd'hui la couleur ambrée du chêne, titre désormais à 9,4 degrés, avec une teneur en extrait sec (ensemble des matières solides constitutives d'un vin) particulièrement élevée qui garantit d'ailleurs la persistance du vin d'origine, précise M. Junger.
"Environ 1% de son volume s'évapore chaque année, c'est la part des anges. On ajoute donc une bouteille d'un vin sec chaque trimestre. Mais dans ce tonneau, il y a au moins l'extrait sec de 300 litres de vin de 1472, alors ça reste le vin de 1472", assure cet ancien cuisinier passionné, qui explique la survie de ce cru notamment par son acidité.
"C'est un vin de nez, très acide en bouche. Il est extraordinaire mais il ne faut pas en abuser", ajoute encore celui qui a eu le privilège de goûter le plus vieux vin du monde en fût "jusqu'à preuve du contraire". Célèbre dès le XVIIe siècle, ce breuvage est aujourd'hui le "trésor" de la cave strasbourgeoise, commente le directeur de l'hôpital civil, Pascal Picard, qui précise que sa cave génère chaque année un bénéfice de quelques dizaines de milliers d'euros.
Depuis dix ans, l'hôpital, également négociant en vins, a en effet signé une convention avec une quarantaine de vignerons d'Alsace qui donnent leur meilleur cru à élever sous ces voûtes de 1395, seuls vestiges de l'ancien hospice civil incendié en 1716. Loin de l'époque où l'hôpital acceptait des vignes en échange d'une opération et produisait son propre vin, quelque 150.000 bouteilles labellisées "Hospices de Strasbourg" continuent ainsi à sortir chaque année de ces fûts de chêne. Et 3.000 d'entre elles, laissées en loyer par les viticulteurs alsaciens, rejoignent des crus de toute la France sur les rayons du magasin de la cave.
Ce procédé, (que l'on retrouve dans les vin des glaciers en Valais ), n'est probablement ici qu'une arnaque à touristes et permet surtout de faire croire qu'on a devant soi du millésime 1472. Et quand celui qui a le privilège (en est-ce bien un ?) de goûter ce vin dit qu'il ne faut pas en abuser, je crois rêver ! Si les mecs se piquent le tube depuis 500 ans avec le même tonneau, on arrive assurément à des dilutions proches de l'homéopathie (l'empreinte du vin ?). Et l'extrait sec doit être joliment délavé avec le temps. Et va savoir ce qu'ils ont pu ajouter dedans tous les trois mois ("une bouteille de vin blanc sec")...
On peut y trouver éventuellement un certain romantisme, mais je doute franchement des qualités gustatives de ces vins.
cordialement
Yves Z