Ce débat déborde largement la petite sphère viticole... et c'est tant mieux car j'ai l'impression que nous sommes en train d'accélérer un processus de scission, certes entamé depuis longtemps sous forme larvée, mais qui prend une tournure inquiétante depuis quelques jours entre les blocs "anglophones" et "vieille Europe". Pour ma part, en tant qu'Européen (viscéralement neutre en tant qu'helvète), j'essaie au travers de sources diverses, d'essayer de comprendre les éclairages des uns et des autres. Les témoignages de Claudine, de Carpe Diem ou d'AlexR. sont à cet égard particulièrement instructifs.
1) L'attentat du 11/9 doit, à mon sens, être considéré comme une agression insupportable contre le monde libre tout entier, et non pas contre les Etats-Unis uniquement. L'émotion et le traumatisme engendré sont grands aux USA car ça s'est passé sur leur sol. Mais de par le monde, chaque opposant à toute forme d'intégrisme devrait en fait se sentir personnellement visé et touché par ce drame.
2) Je me sens dépassé, comme beaucoup d'entre nous sans doute, par ce qui se passe actuellement. Les forces occultes, raisons d'Etat secrètes et autres intérêts géo-politiques, stratégiques ou financiers des uns et des autres ressortent comme des zombies du sous-sol et nous éclatent à la face alors que personne parmi le peuple n'est véritablement préparé à en assimiler leur compréhension ou leurs conséquences.
3) Je suis véritablement soucieux des conséquences collatérales à moyen-long terme par rapport à ce qui se passe maintenant. Où se situe le point de non-retour au-delà duquel les relations entre les blocs sus-mentionnés deviendront si difficiles, antagonistes et compliquées que tout espoir de cohabitation harmonieuse, culturelle, économique, commerciale ou humaine risque d'être durablement altérée?
Par exemple, les effets secondaires d'une action militaire en Irak ne sont jamais évoqués en détail (du moins pour le grand public).
a) Localement en Irak, quel avenir politique va se dégager? Est-ce qu'on ne risque pas de déstabiliser toute une région en imposant de force un président fantoche du style Karza௠en Afghanistan qui n'aurait aucune légitimité, aucune représentativité et aucun pouvoir, si ce n'est de dire oui aux "libérateurs"?
b) Au-delà des drames humains des populations locales en Irak - Kurdistan et limitrophes, et des risques de souffrances chez nous (en Occident) à la suite de possibles attentats terroristes de rétorsion, quels pourraient être les effets dévastateurs de cette crise sur une économie mondiale déjà bien essouflée? On voit les sentiments protectionnistes des uns (Anglophones)
et bientôt des autres ("Vieille" Europe) se réveiller brutalement. Ce sont de très mauvaises nouvelles, car tout ceci va gripper le modèle d'échange international mis en place depuis 50 ans, grâce auquel nous connaissons tous une prospérité relative inégalée jusqu'ici. La croissance et la consommation risquent de fortement baisser - peut-être à des niveaux
comparables à ceux de la grande crise de l'entre-deux guerres dans les années 30. Sans parler de millions de personnes qui risquent perdre leur emploi et de la réaction en chaine de multitudes de drames humains personnels.
c) N'oublions jamais que le Nazisme est né du chaos de la dernière grande crise des années 30. Dieu sait quel monstre visqueux et anthropophage pourrait bien naître aujourd'hui d'une pareille situation ?
La perspective dans ces conditions de voir le prix d'un Latour, d'un Pétrus ou d'une Romanée-Conti revenir alors au vingtième de ce qu'ils valent actuellement ne me réjouit guère...
Science-fiction? Mauvais rêve? Je ne parierai pas mes économies là -dessus!
Cassandrement vôtre,
Alain