En rouge, Stag's Leap et Ridge produisent en effet des vins remarquables (cf Cask 23 1994 et Montebello 1996 et 1998).
D'autres rouges US pourraient surprendre : Philip Togni 1993 ...
Comment se goûtaient les Bordeaux 1970 (non égrappés) en 1976 ?
Haut-Brion 1970 et Montrose 1970 goûtés fin 2007 montraient des vins probablement difficiles d'abord en 1976 ... (idem pour Lafleur).
Source wikipedia :
Les 11 juges choisis pour la dégustation étaient Odette Kahn, rédactrice en chef de la Revue du vin de France, Jean-Claude Vrinat du restaurant Taillevent, Raymond Oliver du restaurant Le Grand Véfour, le sommelier Christian Vanneque de La Tour d'Argent, Hubert de Villaine du domaine de la Romanée-Conti, Pierre Tari de Château Giscours, Pierre Bréjoux de l'Institut national des Appellations d'origine, Michel Dovaz de l'Institut du vin, Claude Dubois-Millot de Gault-Millau, et enfin les organisateurs de l'événement, Steven Spurrier et Patricia Gallagher de l'Académie du Vin, une école d'œnophilie fondée par Spurrier. Spurrier et Gallagher notèrent également les vins dégustés, mais seuls les votes des juges français furent comptés dans le compte final[1]. La dégustation se fit à l'aveugle, dans des bouteilles neutres, afin de ne pas révéler aux juges la nationalité du vin qu'ils goûtaient.
Spurrier demanda aux juges de noter les vins sur 20, selon quatre critères : couleur et clarté, nez, bouche et harmonie. Un verre de vin de chablis 1974 fut servi aux juges pour les mettre en bouche.
Vins blancs (chardonnay)
États-Unis - Chateau Montelena 1973 (œnologue : Mike Grgich) - 14,4
France - Roulot (Meursault Charmes) 1973 - 14,05
États-Unis - Chalone Vineyard 1974 - 13,44
États-Unis - Spring Mountain Vineyard 1973 - 11,55
France - Joseph Drouhin Le Clos des Mouches (Beaune) 1973 - 11,22
États-Unis - Freemark Abbey Winery 1972 - 11,11
France - Ramonet-Prudhon (Bâtard-Montrachet) 1973 - 10,44
France - Domaine Leflaive Les Pucelles (Puligny-Montrachet) 1972 - 9,88
États-Unis - Veedercrest Vineyards 1972 - 9,77
États-Unis - David Bruce Winery 1973 - 4,66
Selon Tabler, le seul journaliste à être présent à l'événement, les juges affichèrent leur confusion dès les premiers vins servis. « Il s'agit clairement d'un Californien, il n'a pas de nez », déclara Dubois-Millot après avoir goûté un Bâtard-Montrachet 1973, qui reconnut après la dégustation des blancs (mais avant l'annonce des résultats) : « Nous pensions reconnaître des vins français alors qu'il s'agissait de californiens, et vice-versa »[1]. Le chardonnay de David Bruce fut jugé sévèrement par l'ensemble des juges. Pierre Bréjoux lui donna un zéro, et Odette Kahn un 1 sur 20.
Spurrier avait prévu d'annoncer l'ensemble des résultats à la fin de la dégustation, mais décida de les lire avant d'entamer les vins rouges. Les 11 juges donnèrent tous leurs meilleures notes à un vin californien, Chateau Montelena et Chalone recueillant respectivement 6 et 3 des meilleures notes accordées individuellement. Chateau Montelena accumula un score de 132 points, devant le Meursault Charmes Roulot, recueillant lui 126,5 points[3]. Selon Taber, l'annonce des notes fut un choc pour l'ensemble des juges.
Vins rouges (cabernet-sauvignon)
Les juges se montrèrent moins bavards lors de la dégustation des vins rouges[1]. Trois des bordeaux du concours étaient un millésime 1970, identifié par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux comme parmi les meilleurs au cours des 45 dernières années. Le quatrième bordeaux était un 1971, un millésime décrit par le Conseil comme « très bon ». Selon Taber, Spurrier avait choisi des bordeaux qu'il pensait voir éclipser facilement les rouges californiens — il s'agissait également pour le marchand de vin d'un coup de publicité.
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars 1973 – 14,14
France - Château Mouton-Rothschild (Pauillac) 1970 – 14,09
France - Château Montrose (Saint-Estèphe) 1970 – 13,64
France - Château Haut-Brion (Pessac-Léognan) 1970 – 13,23
États-Unis - Ridge Vineyards Monte Bello 1971 – 12,14
France - Château Léoville Las Cases (Saint-Julien) 1971 – 11,18
États-Unis - Heitz Wine Cellars 'Martha's Vineyard' 1970 – 10,36
États-Unis - Clos Du Val Winery 1972 – 10,14
États-Unis - Mayacamas Vineyards 1971 – 9,77
États-Unis - Freemark Abbey Winery 1967 – 9,64
Les résultats furent plus serrés pour les rouges, le Stag's Leap ne gagnant la première place qu'à un point et demi près (127,5) devant le premier bordeaux.
L'un des juges, Odette Kahn (qui accorda ses deux meilleures notes à deux vins californiens), tenta de récupérer son bulletin à la fin de l'événement. Spurrier déclina la requête, suite à quoi elle refusa de lui parler, sauf à une occasion où elle l'accusa d'avoir falsifié les résultats de la dégustation[1]. L'un des viticulteurs lauréats, Warren Winiarski de Stag's Leap, reçut des lettres de producteurs français dénonçant les résultats comme un coup de chance. Certains juges ayant participé à la dégustation refusaient toujours d'en parler en 2005.
George M. Taber, le journaliste du magazine Time présent à l'événement, relata la dégustation et ses résultats dans un court article[4]. Il fut boudé pendant un an en représailles par les représentants du secteur vinicole français[5].
L'événement fut quasi-ignoré par la presse française. Trois mois plus tard, Le Figaro publia un article intitulé « La guerre des crus a-t-elle eu lieu ? », qualifiant les résultats de « risibles » et « ne pouvant être pris au sérieux »[1]. Six mois après la dégustation, un article au ton similaire paru dans Le Monde[1].
Le New York Times rapporta que plusieurs dégustations avaient eu lieu auparavant aux États-Unis, jugeant les chardonnays américains supérieures à leurs rivaux français. L'une de ces dégustations eut lieu à New York seulement six mois avant celle de Paris, mais les « partisans des vins français arguèrent que les dégustateurs étaient des Américains avec un penchant subjectif pour les vins américains. De plus, ajoutèrent-ils, restait la possibilité que les vins de Bourgogne aient soufferts pendant leur long voyage à partir des caves françaises. »
Analyse des résultats de 1976
Certains critiques ont avancé que les dégustations manquaient de rigueur scientifique. Spurrier même déclara que les « Les résultats d'une dégustation à l'aveugle ne peuvent pas être prédits et ne pourront même pas être reproduits le lendemain par les mêmes juges goûtant les mêmes vins »[6]. La thèse de doctorat très controversée que Frédéric Brochet présenta sur son analyse de la dégustation tend à aller dans le sens de l'opinion de Spurrier, documentant la subjectivité à laquelle sont soumis les œnophiles[7],[8].
Les notes de 1976 était basées sur une moyenne des scores numériques. Dans le magazine Decanter d'août 1996, Spurrier déclare avoir donc ajouté les notes de juges, divisant ensuite le total par le nombre de notes (9). Il ajoute qu'on lui reprocha par la suite cette méthode, jugée statistiquement sans grande valeur.
Orley Ashenfelter et Richard E. Quandt analysèrent les résultats des 11 juges en utilisant une méthode différente, et incluant dans leur analyse les méthodes de notation des juges, certains ayant attribué leurs notes sur une échelle relativement large, tandis que d'autres préférèrent une notation plus sévère[6]. Le classement qui en résulta est le suivant :
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars 1973
France - Château Montrose 1970
France - Château Mouton-Rothschild 1970
France - Château Haut-Brion 1970
États-Unis - Ridge Monte Bello 1971
États-Unis - Heitz Wine Cellars 1970
France - Château Léoville Las Cases 1971
États-Unis - Freemark Abbey Winery 1969
États-Unis - Mayacamas Vineyards 1971
États-Unis - Clos du Val Winery 1972
Ashenfelter et Quandt séparent les vins en trois catégories statistiques. En haut, le Stag's Leap 1973 et le Montrose 1970. Le second groupe regroupe le plus gros des vins restants (3 à 9).
Reconstitutions
Certains critiques avancèrent que les vins rouges français vieilliraient mieux que leurs homologues californiens. Plusieurs reconstitutions eurent lieu pour tester cette théorie.
Dégustation de San Francisco en 1978
La dégustation de San Francisco de 1978 eut lieu 20 mois après celle de Paris. Steven Spurrier s'y déplaça de la capitale française pour participer aux évaluations, qui eurent lieu au Vintners Club.[1]
Le 11 janvier 1978, 98 juges dégustèrent à l'aveugle les mêmes vins blancs qui furent goûtés à Paris.
États-Unis - Chalone Winery 1974
États-Unis - Chateau Montelena 1973
États-Unis - Spring Mountain Vineyard 1973
France - Domaine Leflaive Les Pucelles (Puligny-Montrachet) 1972
Le Meursault Charmes Roulot 1973, le Clos des Mouches Joseph Drouhin 1973 et le Bâtard-Montrachet Ramonet-Prudhon 1973 arrivèrent en bas du classement.
Le 12 janvier, 99 juges dégustèrent les cabernet-sauvignons.
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars 1973
États-Unis - Heitz Wine Cellars Martha’s Vineyard 1970
États-Unis - Ridge Vineyards Monte Bello 1971
France - Château Mouton Rothschild 1970
Les Château Montrose 1970, Haut-Brion 1970 et Léoville Las Cases 1971 arrivèrent en bas du classement.
Dégustations du XXe anniversaire
Deux dégustations eurent lieu le jour du dixième anniversaire du fameux Jugement de Paris. Les vins blancs ne furent pas goûté, le consensus étant qu'ils auraient mal vieilli.
Dégustation du French Culinary Institute en 1986
Steven Spurrier, qui organisa la dégustation originelle, contribua à cet événement. Huit juges dégustèrent à l'aveugle neuf des dix vins évalués.
Résultats
États-Unis - Clos Du Val Winery 1972
États-Unis - Ridge Vineyards Monte Bello
France - Château Montrose
France - Château Léoville Las Cases 1971
France - Château Mouton Rothschild 1970
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars 1973
États-Unis - Heitz Wine Cellars 1970
États-Unis - Mayacamas Vineyards 1971
France - Château Haut-Brion
Dégustation de Wine Spectator en 1986
Quatre des juges étaient des experts du magazine américain Wine Spectator, les deux autres n'appartenant pas à la rédaction. La dégustation se fit à l'aveugle.
Résultats
États-Unis - Heitz Wine Cellars 1970
États-Unis - Mayacamas Vineyards 1971
États-Unis - Ridge Vineyards Monte Bello
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars 1973
États-Unis - Clos Du Val Winery 1972
France - Château Montrose 1970
France - Château Mouton Rothschild 1970
France - Château Léoville Las Cases 1971
États-Unis - Freemark Abbey Winery 1967
France - Château Haut-Brion 1970
Dégustation du XXXe anniversaire
Une reconstitution de la dégustation pour en célébrer le XXXe anniversaire fut organisée en 2006 par Steven Spurrier des deux côtés de l'Atlantique, l'un dans la vallée de Napa et l'autre à Londres, avec 9 juges de chaque côté, plus 31 dégustateurs dont les scores furent comptabilisés séparément[9]. Certains critiques pensaient que les vins californiens auraient moins bien vieillis que les vins français. Les juges des deux continents récompensèrent un cabernet Ridge Monte Bello 1971 de la meilleure note. Quatre autres rouges californiens occupèrent le haut du classement, suivis par les bordeaux, un Château Mouton-Rothschild 1970 arrivant sixième[10]. Le résultat fut qualifié d'« incompréhensible » par Michel Dovaz[9].
Résultats
États-Unis - Ridge Vineyards Monte Bello 1971
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars 1973
États-Unis - Mayacamas Vineyards 1971 (ex-aequo) et Heitz Wine Cellars 'Martha's Vineyard' 1970 (ex-aequo)
États-Unis - Clos Du Val Winery 1972
France - Château Mouton-Rothschild 1970
France - Château Montrose 1970
France - Château Haut-Brion 1970
France - Château Léoville Las Cases 1971
États-Unis - Freemark Abbey Winery 1967
La seconde partie de l'événement consista à goûter des millésimes récents des mêmes vins (lorsqu'ils étaient disponibles) ou de crus similaires, mais cette dégustation ne put se faire entièrement à l'aveugle, les juges étant informés au préalable sur la nationalité des vins qu'ils goûtaient, et les deux groupes furent notés séparément. Les viticulteurs bordelais et certains Californiens avaient en effet refusé le principe d'une dégustation à l'aveugle[11]. Par ailleurs, Grgich Hills Cellar, le domaine de Mike Grgich, vinificateur du chardonnay 1973 de Chateau Montelena, fut remarquablement absent, Jim Barret, le propriétaire de Chateau Montelena, ayant insisté pour que seul l'un des domaines soit présent, mais pas les deux[12]. Les régions viticoles américaines (AVA) correspondantes pour les vins américains figurent entre parenthèses.
Résultats cabernet-sauvignons californiens
États-Unis - Ridge Monte Bello (California) 2000
États-Unis - Stag's Leap Wine Cellars (Napa Valley) Cask 23 2001
États-Unis - Staglin Family Vineyard (Rutherford) 2001
États-Unis - Ex-aequo : Shafer Hillside Select (Stag's Leap District) 2001 et Joseph Phelps Insignia (Napa Valley) 2002
États-Unis - Clos du Val Reserve (Napa Valley) 2000
Résultats bordeaux
France - Château Rauzan-Ségla (Margaux) 2000
France - Château Montrose (Saint-Estèphe) 2000
France - Château Latour (Pauillac) 2000
France - Château Léoville Las Cases (Saint-Julien) 2001
France - Château Haut-Brion (Pessac-Léognan) 2000
Résultats chardonnays californiens
États-Unis - Talley Rosemary's Vineyard (Arroyo Grande) 2002
États-Unis - Ramey Hyde Vineyard (Carneros) 2002
États-Unis - Patz & Hall Hyde Vineyard (Carneros) 2004
États-Unis - Chateau Montelena (Napa Valley) 2003
États-Unis - Peter Michael Point Rouge (Sonoma County) 2003
États-Unis - Mount Eden Vineyards (Santa Cruz Mountains) 2002
Résultats bourgognes blancs
France - Domaine Leflaive Les Pucelles (Puligny-Montrachet) 2002
France - Domaine Drouhin Clos des Mouches (Beaune) 2002
France - Louis Jadot Les Caillerets (Chassagne-Montrachet) 2002
France - Domaine Roulot (Charmes Meursault) 2002
France - Louis Latour (Bâtard-Montrachet) 2002
France - Bonneau du Martray (Corton-Charlemagne) 2003