Escapade au pays de Cyrano – 3ème Partie.
En revenant du sud de Bergerac pour se restaurer, nous passons la Dordogne en prenant le vieux pont qui nous donne une vue magnifique sur la vieille ville se trouvant au bord de la rivière. Les maisons de pierres jaune-ocre et aux toits pointus de petites tuiles vieillies caractéristiques de la région donnent un coté moyenâgeux à l'ensemble.
Nous nous posons sur le vieux port où se trouve l'embarcadère pour l'une des dernières gabares, mémoire du temps où le commerce fluvial à l'aide de ces bateaux à fond plat a servi au développement de la région et de la ville.
Nous prenons la rue des Récollets pour rentrer dans la vieille ville. Sur la droite se trouve la Maison des vins de Bergerac établie dans le cloître des Récollets 16ème – 18ème siècle, vestige de la Guerre des religions, Bergerac ayant été un fief Protestant. Nous arrivons ainsi sur la place de la Mirpe où trône fièrement Cyrano de Bergerac immortalisé par cette statue et Rostand. Pourtant si Cyrano à bien existé il était parisien ! Mais Bergerac l'a adopté à la suite du célèbre roman.
Nous remontons toujours, au sens stricte du terme, pour tomber sur la place Pélissière (Marchands de Peaux). Elle offre une vue magnifique sur l'église Saint Jacques et son clocher-mur, sur sa fontaine La Font-Ronde qui servait de lavoir.
Sur cette place se trouvent une série de restaurants – bars où nous décidons de nous restaurer simplement d'un sandwich au jambon de pays. Que demande le peuple !
Après ce petit aparté sur Bergerac, capitale du Périgord Pourpre (Pas besoin d'explication sur la couleur je suppose), revenons à nos moutons.
Nous repartons au sud de la ville, après avoir traversé la Dordogne, en direction de Conne de Labarde sur la route Agen – Monbazillac pour trouver le vignoble des Verdots que nous ne connaissons pas encore, mais dont nous avons entendu parlé. En effet, David Fourtout, dernier d'une famille de vigneron depuis 4 générations semble marqué de son empreinte le domaine par des qualités de vinificateur certaines. La propriété citée dans l'ouvrage de Fêret, datant de 1903 sous le nom Verdeau, figure sur les cartes les plus anciennes du Périgord (Source documentation du Domaine).
En arrivant, le nouveau chai, immense avec ses deux tours sur les cotés, saute aux yeux. Ce chai est devenu le symbole de la maison. Celui-ci a été inauguré avec le mariage de David cet été en servant de salle de réception. Le chai a mis plus de temps que prévu à être construit et utilisé, car une rivière souterraine a été découverte lors de sa réalisation. La cave creusée dans la roche se trouve sous le chai, enfin je pense car nous ne l'avons pas visité. Nous sommes accueillis par la future mariée qui nous amène dans l'ancienne salle de dégustation.
Le vignoble est constitué de 30 hectares dans les appellations Bergerac Rouge, Bergerac Sec, Bergerac Rosé, Côtes de Bergerac Rouge, Côtes de Bergerac Blanc Moelleux et Monbazillac.
20 ha de vignes plantées en cépage rouge sont produites sur des calcaires à la roche mère superficielle. Les différents cépages rouges se répartissent comme suit :
- 60% Merlot Noir ;
- 14% Malbec ;
- 13% Cabernet Franc ;
- 10% Cabernet Sauvignon ;
- 3% Périgord (Cépage local dont certains font le fameux verjus, Verjus extrait de raisins verts).
Par contre, les cépages blancs représentant 10 Ha sont plantés sur des argiles avec la répartition suivante :
- 70% Sémillon ;
- 12% Sauvignon Blanc
- 10% Muscadelle ;
- 8% Sauvignon gris.
Là 3 catégories de vin sont offertes à la dégustation : Les Clos des Verdots, Château les Tours des Verdots et les Verdots selon David Fourtout. Et en final, nous aurons droit à la perle blanche ou plutôt dorée, le Vin selon David Fourtout !
Les Clos des Verdots qui s'expriment en rosé, blanc sec, rouge et moelleux sont vinifiés selon la tradition et élevés jusqu'à 18 mois en cuve suivant les cuvées. Ils représentent les racines de cette propriété.
De manière à ne pas chargée la mule ;-), nous décidons de ne pas goûter ces cuvées ce qui est bien dommage mais nous devons rentrer sur Périgueux par la suite.
Cependant entre temps, j'ai eu la chance de pouvoir aller au salon des Caves Particulières où David était présent et voici le CR du blanc sec dégusté à cette occasion :
Clos des Verdots 2001 : Très Florales et minérales. Franc et beaucoup de fraîcheur. Excellent rapport qualité / prix. ***
Le Château les Tours des Verdots (Référence au nouveau chai et ses 2 Tours) se trouve en Blanc Sec, Rouge et Moelleux. Cette cuvée représente le fruit d'une sélection rigoureuse, d'assemblages subtils des différents cépages avant un élevage et vieillissement en fûts de Chêne. Ces vins sont faits pour la garde. Ils cherchent finesse et puissance tout en préservant élégance et l'équilibre. Tout un programme !
Dégustation des Tours des Verdots Blanc 2000 :
Robe : Jaune Paille.
Nez : Légèrement boisé avec des notes de fruits blancs, de pêches de vigne.
Bouche : Equilibré entre le gras et une certaine minéralité agréable qui donne beaucoup de finesse à l'ensemble. Belle longueur.
De la même manière que le précédent, voici un CR de mon passage aux caves Particulières :
Tour des Verdots 2001 : A partir de celui-ci jusqu'au VIN nous allons progresser dans le gras et la concentration matières et arômes. Beau Blanc. Très bon rapport Qualité/Prix ***(*)
Les Verdots selon David Fourtout sont déclinés en Blanc Sec, Rouge et Moelleux.
Les grands vins du Domaine, issues d'un terroir exceptionnel et qui ont une attention toute particulière : Vendange en vert, effeuillage, récolte manuelle en essayant de trouver la pleine maturité pour les vins blanc sec et rouge, tries successives des grains nobles pour le Moelleux, fermentation et élevage en barriques de chêne merrain à grain fin de 10 à 11 mois pour le Sec à 16 – 18 mois pour les vins rouge et moelleux.
Nous ne pouvons déguster le Blanc Sec en 2000 car il est déjà épuisé ! Et oui le succès a fait son effet.
Nous nous rabattons avec plaisir sur le Rouge 2000 (Mise récente) :
Robe : Pourpre d'une belle densité. La matière est là .
Nez : Dominé par l'élevage en fûts de chêne avec des notes boisé, toasté et vanillé même si les fruits noirs apparaissent en finale.
Bouche : L'attaque est franche sur les tanins fins et fondus bien présents mais la structure doit encore se mettre en place. Cette bouteille déjà charmeuse d'une belle suavité présente une belle longueur. Il est clair que ce vin s'apparente aux Bordeaux rive droite même si ici nous sommes sur la rive gauche. Pas un grand vin mais une bouteille sympa et agréable.
Par contre, j'ai pu déguster les Verdots 2001 en Blanc Sec aux Caves Particulières et c'est vraiment très beau, voici le CR :
Les Verdots 2001 : Complexité importante avec des notes d'agrumes en plus des fleurs et fruits blancs et en bouche on commence à avoir un gras plus présent. ****
Enfin, nous terminons par le VIN, quintessence du savoir-faire de vinificateur de David. Certains diront que ce vin n'est pas l'expression du terroir, mais je n'en suis pas si sure car la muscadelle sur ces terroirs de Bergerac donne des notes superbes et fait la différence.
VIN 2000 :
Robe : Jaune Paille.
Nez : Superbe de fleurs blanches, tilleul, thé, d'épices et de muscat avec des notes toastées d'élevage.
Bouche : Ouuaaah, nous sommes surpris par le gras et l'amplitude de ce vin presque huileux. Cependant l'acidité reste présente ce qui donne élégance et équilibre à ce vin. C'est grand et très très long. Un vrai coup de cÅ“ur !
Par la suite, j'ai regoûté ce VIN et voici mes notes :
Le Vin selon David Fourtout 2000 (25/11/2002)
Robe : Jaune Paille légèrement dorée
Nez : Très beau nez complexe Epicé, Miel, Acacia, Aubépine, Amende, Poire avec des notes légères d'agrumes en finale.
Bouche ample avec beaucoup de gras mais d'un grand équilibre. En finale un coté minérale.
Note : 9.5/10
Le VIN 2000 : 3ème dégustation et c'est vraiment superbe de complexité de gras. Vraiment mon coup de cÅ“ur. Tient la dragée haute au Corton ! *****
Et oui, quand on aime, on ne compte pas !
Et voilà notre périple au pays de Cyrano se termine, nous faisons demi-tour et repartons sur Périgueux dans la grisaille d'Août 2002, mais plein de souvenir et surtout de bouteilles ;-)
En conclusion, je dirai que ce domaine excelle en Blancs Secs, ce qui est peu surprenant sachant que Bergerac semble se relancer grâce à ceux-ci. Souhaitons bonne chance à ce vignoble qui en a bien besoin pour affronter la concurrence actuelle. La qualité démontrée par ces vignerons cités dans ce périple doit montrer la voie à suivre pour les autres.
The End
PS : Passant sur Bordeaux plus tard, nous mangeons au St James et discutons du VIN avec le sommelier qui le compare à un Grand Bourgogne et qui est aussi très enthousiasmé par ce premier essai de David. On peut dire transformé donc. Maintenant attendons le 2001 même si le volume sera moitié moindre. Il va falloir se battre pour obtenir quelques flacons au vue de ce début de notoriété.
Enfin, comme vous l'avez certainement remarqué, je ne suis pas un littéraire et j'ai écris dans les précédents épisodes Syrano avec un S et non avec un C. Je m'en excuse auprès de Savinien.