Un petit tour dans la France du terroir, ça a du bon ! Et ça valait vraiment le coup de me cailler un peu les miches à moto sur l’autoroute pour venir de Paris car la chaleur humaine de cette réunion a vite dissipé la fraîcheur accumulée sur les coteaux du Vexin puis dans la plaine picarde… Merci à Laurent pour cette organisation sans faille (et à son épouse qui a certainement apporté sa pierre à l’édifice !). On a vraiment passé un bon moment !
Première série : les vouvray secs 2005
1)François Pinon *
Premier nez un peu sur le vernis. Ce vin me donne une impression de “pas naturel”, un peu bidouillé avec des arômes un peu artificiels. Normalement ça ne devrait pas être le cas avec ce vigneron qui revendique un travail très proche du bio…
2)Pascal Delaleu, Domaine de la Galière Cuvée Terroir *(*)
Vin un peu plus net, plus riche mais assez végétal quand même. Raisins moyennement mûrs à mon avis. Au total pas trop désagréable mais manque de profondeur et de matière.
3Fouquet, Domaine des Aubuissières, Le Marigny *
Vin sans matière, la bouche est très courte. C’est limite fluide.
4)Catherine Dhoye-Deruet, Domaine de la Fontainerie, Le “C” **
Le vin le mieux construit des quatre premiers. Mais me paraît marqué par l’alcool avec une finale chaleureuse pas très agréable.
5)Jacky Blot, Domaine de La Taille aux Loups Clos de la Bretonnière **(*)
Assez joli nez, fin, minéral. La bouche démarre assez bien, avec une belle tension mais j’ai trouvé la finale un peu abrupte, pas très élégante.
6) Huet, Clos du Bourg ****
Le premier vin qui me “parle”. J’aime cette petite austérité présente au nez comme en bouche. C’est un vin très droit, très tendu avec beaucoup de fraîcheur. C’est très digeste, élégant, fin, avec de la longueur en fin de bouche.
7)Vincent Carême Le Peu Morier *(*)
Sucre résiduel marqué. Du gaz. L’acidité ne me paraît pas suffisante pour “tenir” ce vin. Ça finit très court et dissocié.
8)François Chidaine Les Argiles ***(*)
Très joli nez fin, joliment aromatique. Bouche fine, précise, droite, tendue. Un très bel équilibre et de la longueur. Déjà délicieux.
9)Foreau Clos Naudin **
Nez très réservé, bouche très austère qui ne se livre pas. C’est un peu dur, un peu agressif. Je suis peut-être passé à côté. Les vins de Philippe Foreau sont effectivement plutôt austères jeunes, mais là je n’ai pas pu aller au-delà de cette difficulté à “entrer dans le vin”.
10) Huet, le Mont ****
Un vin que l’ai découvert en deux temps. La première approche m’a plutôt séduit avec une bel équilibre et une belle tension, mais la matière m’a paru pas très profonde. En faisant plus attention j’ai vu que la finale finissait discrètement dans un premier temps puis allait en s’élargissant et en montrant une puissance contenue qui m’a beaucoup plu. Superbe minéralité et gros potentiel avec les années.
11)François Chidaine Clos Baudoin ****(*)
Nez profond, très dense. Matière également très dense, tendue. Un équilibre “superlatif” entre puissance et finesse, un vin a la fois large et droit, très aromatique, sans aucune vulgarité. Grande longueur. Absolument superbe.
Deuxième série : les montlouis secs 2005
12)Lise Girard et Bertrand Jousset, Sur Le Fil *
Vin marqué par son élevage. Il y a pas mal de résiduel et du gaz. Finale dure, pas agréable. Vin dissocié.
13)Xavier Weisskopf, Domaine le Rocher des Violettes, Touche-Mitaine *(*)
Nez plus fin que le précédent, mais la bouche est dure, austère. Il y a de la matière mais la finale est amère, pas agréable du tout.
14)Domaine Les Loges de la Folie, La Nef des Fous *
Nez un peu sur le vernis. Du gaz. Bouche fluide, très courte. C’est très plat et dissocié.
15)Alex Mathur, Domaine Levasseur, Les Lumens *(*)
Le nez est assez fin. L’attaque en bouche est séduisante (un peu aidée par un poil de résiduel), le vin est tendu, bien construit, mais la finale se révèle limité défectueuse, peut-être un peu liégeuse.
16)Jacky Blot, Domaine de La Taille aux Loups, Rémus *(*)
Nez un peu sur le vernis. La bouche est très marqué par l’élevage, un boisé vraiment inutile qui marque tellement la bouche qu’on n’a pas envie de chercher plus loin si il y a une matière suffisante pour digérer ce bois plus tard. Personnellement je ne pense pas.
17)Damien Delécheneau, Domaine de La Grange Tiphaine, La Clé de Sol ***(*)
Nez assez fin, bouche riche à l’attaque mais dotée d’une belle tension avec une belle acidité en finale. C’est bein équilibré, la finale est assez longue, il y a une belle évolution à espérer avec les années.
18)Xavier Weisskopf, Domaine Le Rocher des Violettes, La Négrette ***
Un vin qui a de la personnalité. Le nez est encore marqué par les levures, mais la bouche est riche, dense. Ce n’est pas hyper élégant mais c’est un vin qui a de la présence.
19)Lise Girard et Bertrand Jousset, Singulier *
Nez peu expréssif. Bouche sans grande matière, très courte et une légère “pétouille” en finale qui ne paraît pas un problème de liège mais plutôt d’élevage.
20)François Chidaine, Le Clos du Breuil ****
Très beau nez, à la fois fin et profond. Bouche avec un peu de résiduel mais très bel équilibre avec une sensation minérale très présente. C’est à la fois riche et tendu, puissant et fin. Superbe. Un tout petit chouïa de personnalité en moins que le vouvray Clos Baudoin du même vigneron.
Troisième série : verticale de la cuvée Les Rogelins de René-Noël Legrand (Saumur Champigny)
2004 : grosse puissance tannique, mais aucune sécheresse. L’élevage est marqué, mais il y a une matière suffisante derrière. Quand on goûte les millésimes suivants on sait que ça évoluera bien. On sent quand même une maturité moins poussée que les autres millésimes.
2003 : sans doute celui qui se goûtait le moins bien de la série. Normal, c’est un 2003 ! Blague à part, il n’est pas trop marqué par le millésime (pas d’arômes cuits). On sent quand même une belle puissance et on peut quand même envisager un vieillissement profitable.
2002 : déjà un peu d’évolution. Les tannins sont nettement assouplis. C’est très fin, mûr avec une grande persistance. Très beau vin.
1997 : très fondu, riche, doux mais bien équilibré. Le manque d’acidité ne pose aucun problème car si le vin est fondu, il n’est pas mou du tout. Une superbe bouteille de repas.
1995 : tannins mûrs, fondus, plus de matière que le 1997 et une acidité très marquée mais équilibrée par la richesse de la matière. Un vin qui appelle le repas.
1989 : c’est la troisième fois que je goûte ce vin et mon plaisir reste le même à chaque fois. La jeunesse de la robe est du nez est étonnante pour un vin qui approche tout de même de son vingtième anniversaire. La matière est très, très mûre, sur des notes de poivron rouge. Si je pouvais en acheter 6 tout de suite, ce serait sans hésiter !
Il y avait aussi les vins dégustés (bus ?) pendant le repas. Pas pris de notes mais je garde un grand souvenir du Vouvray Les Argiles 2002 de Chidaine, du Saumur Champigny Clos Rougeard 2002 (cuvée générique) et de l’Anjou 2005 Les Noël de Montbenault de Richard Leroy. En ce qui concerne les deux vins (Faugères Jadis de Barral 2000 et Quarts de Chaumes Suronde 1999) que j’avais moto-transportés jusqu’à Amiens, je laisse la communauté les commenter…
Merci encore à Laurent pour cette magnifique rencontre très internationale (belgico-suisso-française !). Et à une autre fois j’espère !
Philippe